jeudi 30 novembre 2017

THE STRANGLERS @ La Carène 28 novembre 2017 Brest

Woke up on a good day and the world was wonderful...

Les Stranglers ont régalé mardi soir à La Carène. Passant en revue, à l'occasion de leur Classic Collection Tour, leurs chansons les plus emblématiques. Une tournée Best Of jouée à guichet fermé, pour les Men In Black de Guilford qui affichent plus de 40 ans de carrière au compteur. Impressionnant ! 


Les Étrangleurs version 2017 c'est : deux piliers fondateurs, Dave Greenfield aux claviers et Jean-Jacques Burnel à la basse, Baz Warne à la guitare et au chant et Jim Macauley à la batterie. Après une intro Waltzinblack, le groupe dégaine un furieux Toiler On The Sea. Le décor est planté, ce début de set résume si bien ce groupe inclassable. Une valse suivie d'un titre punk. Avant d'enchainer avec Grip, le charismatique leader franco-anglais Jean-Jacques Burnel prend le temps de glisser quelques mots à la salle comble : "Je vous vois avec vos pulls, vous avez froid ? ". L'homme est taquin, on le sent provocateur mais toujours avec le sourire. Son jeu de basse est génial, brutal et rapide comme sur Nice 'N' Sleazy, sur Bear Cage ou encore sur le magnifique Walk On By. Morceau sur lequel Dave Greenfield fait un festival au synthé et la joue façon Ray Manzarek des Doors. Superbe.


L'album Feline est ensuite à l'honneur avec un enchainement magnifique Midnight Summer Dream/European Female.  Baz Warne et JJ Burnel se relaient au chant et la magie (noire) de ces titres opère encore 35 ans après leur sortie. Pour prolonger l'envoûtement, les Stranglers emploient les grands moyens : Always The Sun qui, malgré quelques petits cafouillages rythmiques ce soir, fait toujours son effet puis le délicieux Golden Brown pendant lequel Jean-Jacques Burnel vient jouer dans le crash barrière au contact de son public.



A parcourir en une soirée Live l'œuvre du groupe, on mesure aisément toutes les inspirations générées derrière lui : Peaches15 StepsNorfolk Coast ou Relentless comme autant de sillons tracés pour The Specials, Blur, Deus, Editors ou Kasabian pour ne citer qu'eux. Retour au son punk en fin de set sur 5 Minutes et Tank. Les Stranglers quittent la scène sous les ovations d'un public composé majoritairement de quinquas admiratifs bien qu'étrangement calmes. Avant le rappel, Jean-Jacques Burnel ne peut s'empêcher d'interpeller la salle : "Vous êtes très polis. Trop polis." dit-il sourire en coin et regard brillant "Mais j'ai une explication. Vous êtes Celtes et les Celtes prennent les artistes pour des Dieux qu'on n'ose pas déranger...ou alors c'est que vous n'avez pas assez picolé pour bouger votre cul !". Ça pique mais ça passe. Message reçu (tardivement), le public se lâche enfin sur le plus vieux titre des Stranglers : Go Buddy Go et sur le hargneux No More Heroes qui clôture un concert d'une très grande classe.

...Midnight summer dream has me in its spell.

                                                                                                                                                           Jérôme


vendredi 24 novembre 2017

ARCHIVE @ La Carène 22 novembre 2017 - Brest

Ce concert est complet, comme la plupart des dates de leur tournée française. Ce n'est pas si fréquent de voir La Carène pleine à craquer un mercredi de fin novembre. Le public Brestois n'a pas manqué la belle opportunité d'assister un moment marquant. La dernière fois que nous avions vu Archive, c'était en 2015 aux Vieilles Charrues. Le groupe Anglais avait alors bénéficié d'un horaire totalement ingrat : 19H. Comme un feu d'artifice en plein jour, ce fût un beau gâchis tant le visuel scénique et le light show prennent une place importante dans les lives du groupe. Confirmation encore ce soir.


Un petit mot tout d'abord sur la première partie assurée par Robin Foster. Installé en Bretagne depuis plus de vingt ans, l'Anglais joue ici "à domicile". Personne n'a oublié Beth, le charismatique groupe Brestois au sein duquel le guitariste officiait et tout le monde salue la brillante carrière solo qu'il mène depuis. A commencer par Dave Penn le chanteur d'Archive, avec qui il a collaboré entre autres. Le premier titre joué Hercules Climbs The White Mountain est très inspiré de ce qu'a pu faire Talk Talk sur Laughing Stock. Robin Foster posséde un vrai don pour restituer les ambiances aériennes et iodées des grands espaces. Sa musique est une invitation au voyage et il n'est pas étonnant qu'on fasse souvent appel à lui pour composer des bandes originales de film. On se dit qu'un appui vidéo aurait été intéressant pour accompagner ces versions instrumentales. Avant de finir sur Brest By Night, Robin Foster offre au public une belle version de Loop, titre joué à l'époque de Beth et qui révélait déjà son grand talent de compositeur.


Ils sont sept sur scène et tous, à l'exception des deux chanteurs Dave Pen et Pollard Berrier, arborent la même combinaison marquée du double F opposé, symbole de leur dernier Lp The False Fondation. Un album difficile d'accès à l'écoute mais qui va déployer son énorme potentiel sur scène comme une évidence.



Le voile placé au-devant de la scène durant les quatre premiers titres apporte un bel effet 3D/ombres chinoises et renforce admirablement leur scénographie. Le groupe semble au cœur d'une cage numérique, comme enfermé dans un tube cathodique d'ordinateur. Les effets sont captivants : pluie de flocons sur Sell Out, flammes sur Stay Tribal et fail informatique sur The False Fondation. C'est ensuite pendant Fuck U que le voile tombe pour passer en mode live " à découvert".


Archive alterne les morceaux rythmés et mélancoliques comme l'incontournable Bullets issu de leur album Controlling Crowds (qui a eu le plus de succès en France). Le gros son de l'Electro industriel et des guitares Rock s'unissent pour un rendu puissant, atypique mais toujours cohérent, puis laisse la place à l'émotion, portée par les voix de Pollard ou de Dave et quelques notes épurées de piano. L'enchaînement Words On Signs/Distorted Angels/Baptism est magistral, toujours sous l'impulsion constante du grand manitou Darius Keeler, pilier co-fondateur du collectif, qui coordonne l'ensemble tel un chef d'orchestre sans baguette. 



Les mélodies et les variations de gammes rappellent celles de Radiohead. Référence qui saute aux yeux notamment sur Blue Faces, interprété quasi a capella par Dave Pen dans un silence de cathédrale avant un nouveau déferlement de sonorités électroniques. Le show Archive se termine par Numb, titre toujours précieux en live, extrait de l'album You All look The Same To Me. Un tempo initial très binaire qui se termine en orgie de guitares pour un bouquet final explosif après deux heures d'immersion.

Une nouvelle prestation de haute volée pour Archive dont l'univers toujours plus riche, novateur et envoûtant ne cesse de nous surprendre.

                                                                                                                                                                              Jérôme & Stan


Toutes les photos du concert ICI.

dimanche 19 novembre 2017

OCTAVE NOIRE + LOUIS-JEAN CORMIER @ Le Triskell 18 novembre 2017 Pont L'Abbé

En ce triste jour qui voit disparaître Malcolm Young, le co-fondateur et métronome en chef d'ACDC, rien de tel qu'une bonne soirée de concerts pour se requinquer. Direction Le Triskell à Pont L'Abbé dans la nuit et la brume (on est au cœur du Pays Bigouden Carpentier !), pour deux prestations au programme : Octave Noire, une des révélations françaises de l'année, et le talentueux Louis-Jean Cormier que personnellement j'avais hâte de revoir, 10 ans après l'avoir découvert avec son ancien groupe Karkwa.

OCTAVE NOIRE
Une lumière bleue inonde la scène, et une véritable symphonie électronique jaillit des synthés, le tout accompagné par une rythmique batterie puissante. L'intro est magistrale et digne d'une BO d'Ennio Morricone. Patrick Moriceau au chant parle de voyage, d'envol et de traversée en mer. «Le Finistère est le cadre idéal pour mes compositions.» glisse-t-il avant d'interpréter l'hypnotique Un Nouveau Monde


Les influences se ressentent assez nettement dans la musique d'Octave Noire. On pense à Daho sur L'envol, à Gainsbourg sur La Sainte Nuit. Cela m'a également fait penser à Yves Simon ou Alain Chamfort qui serait remixé par Jean-Michel Jarre sur La Neige en Eté. Bref, pas les pires références. Mention spéciale à Belem Belem, Tes Yeux Tes Mains Tes Lèvres et My Hand In Your Hand : version réadaptée du Temps Des Cerises. Et si le chanté/parlé minimaliste d'Octave Noire peut décontenancer un peu, les arrangements et la maitrise musicale sont déjà impressionnants. Talent !


LOUIS-JEAN CORMIER
Lorsque Louis-Jean cormier arrive sur scène, la première chose qui frappe c'est sa ressemblance troublante avec Rick, le héros survivant de la série Walking Dead...Drôle de pensée vite chassée dès qu'il saisit son micro pour raconter ses ballades dans les bois à Pont L'Abbé, ses envies de nudité avec le public, ou encore ses racines Bretonnes qui s'expliquent par le taux d'alcool qu'il a dans le sang. Le tout avec un bel accent bien de chez lui : «lâchez vous, je m'occupe du reste, vous embêtez pô d'foutaises...» . Ouf ! 


Blague à part, si Louis-Jean Cormier est assez méconnu en France, il bénéficie au Québec d'une très grande notoriété amplement méritée. L'ex-leader de Karkwa est incontestablement l'un des meilleurs auteurs compositeurs de sa génération. Sa poésie et sa musique Folk/Rock s'inspirent aussi bien de Felix Leclerc, son compatriote (dont il reprendra Le Tour De L'Île en fin de set), que de Thom Yorke et il suffit d'écouter les superbes Bull's Eye, Si Tu Reviens, St-Michel  ou encore Traverser Les Travaux pour s'en convaincre. 
Le duo guitare/batterie composé avec Vincent Carré donne une dimension intimiste qui fonctionne à merveille. Le chanteur est d'ailleurs très interactif avec le public et n'hésite pas à expliquer la genèse de ses chansons. Faire Semblant est dédicacée à Malcolm Young, puis ce sont deux titres de Karkwa, Le Pyromane et Moi-Léger qui sont joués.


On se délecte de mélodies mais aussi de ses histoires et de ses expressions. Par exemple lorsqu'il décrit une personne un peu "à part" mais qu'il aimait bien «On voyait bien qu'c'était pô l'crayon l'plus aiguisé d'la boite...». On le sent appliqué à dédramatiser et à retrouver au plus vite sa bonne humeur même après un texte touchant ou émouvant.
A la fin du set, Louis-Jean Cormier offre au public un nouveau titre, Passé L'Âge, puis enchaine avec une autre belle ballade intitulée Un Monstre, chanson sur la maladie expliquée aux enfants. Splendide. Un rappel de deux titres et c'est déjà fini. Pour ceux qui étaient venus en curieux ce soir, ils ressortent ravis et comblés. Les réactions dans le hall du Triskell après le show sont unanimes. Pour les autres qui connaissaient déjà l'artiste de Montréal, ce n'est que la confirmation que le meilleur de la chanson francophone se trouve au delà de l'Atlantique. Louis-Jean Cormier nous invite à mieux le connaître et à l'adopter. Il serait  bien dommage de le laisser filer. 

                                                                                                                                                      Jérôme



samedi 18 novembre 2017

STANLEY BRINKS & THE WAVE PICTURES @ Festival Invisible - La Carène - 17 novembre 2017 Brest

Dans le cadre du l'excellent Festival invisible Brestois, il est un concert qui a particulièrement attiré notre attention, celui de Stanley Brinks & The Wave Pictures. Petit rappel sur le parcours atypique de celui qui se cache depuis plusieurs années sous ce pseudonyme. Stanley Brinks n'est autre que André Herman Düne membre fondateur du groupe franco-suédois du même nom qu'il composait avec son jeune frère David-Ivar et le batteur Cosmic Neman. En 2006, après plusieurs albums magnifiques (Switzerland Heritage, Not On Top, Mas Cambios...), André quitte le groupe, fuyant la médiatisation et le succès engendré par le sublime album Giant. Il laisse alors son frère aux commandes, le groupe continu sans lui et enlève symboliquement le tréma de son nom, devenant ainsi Herman Dune. André lui s'exile à Berlin, prend un pseudo et replonge totalement dans la scène  underground, celle de l'Anti Folk et du Lo-Fi. Depuis, Stanley Brinks sort au minimum 2 albums par an, multiplie les collaborations et écrit des chansons à la pelle. On lui attribue une cinquantaine d'albums en moins de vingt ans. Sa venue dans l'Ouest est plutôt un évènement.


La scène est disposée dans le grand hall à côté du bar. une proximité et une configuration qui sied bien au groupe. Stanley Brinks débute le set avec un blues/folk qui captive d'entrée. Son timbre de voix est reconnaissable entre mille et ses mélodies sont tout simplement belles. Le jeu de guitare est lui aussi typique "Herman Düne". Des accords folk et des notes solos hachées dans les aigus. La set list du soir est composée de titres allant du style Hippie avec Back To My Island In The Sun, au Folk Caraïbes avec Spinola Bay, en  passant par des chansons plus tendues et plus sombres comme I Didn't Know You. Fidèle à son image, Stanley Brinks ne communique quasiment pas, glissant juste un timide "Merci Beaucoup" par-ci par là. Plus le concert passe et plus les verres se remplissent au bar comme sur la scène où trône une bouteille, à portée de main du groupe qui ne se prive pas (téquila? gin?). La chanteuse Freschard avec qui Stanley Brinks collabore régulièrement le rejoint sur scène pour interpréter deux morceaux dont le joyeux Africa. Pour finir Stanley Brinks et son jeune guitariste interprète le génial HD Rider, seule titre de Herman Düne joué ce soir. C'est l'heure de la dernière, Stanley Brinks s'allume une cigarette, se remplit son verre, entonne un déterminé I'll Come Back When I Come Back et quitte la scène discrètement avant la fin du morceau. On vient de passer un très bon moment en compagnie de quelqu'un d'assez rare.

                                                                                                                                            Jérôme



samedi 21 octobre 2017

THE CRAFTMEN CLUB + JIM JONES & THE RIGHTEOUS MIND @ Novomax 19 octobre 2017 Quimper

La soirée qui tabasse !
Jeudi dernier le Novomax a vibré comme jamais sous les riffs de deux groupes Rock de grande classe. Les excellents Craftmen Club suivis des furieux Jim Jones & The Righteous Mind chargés par ordonnance de remplacer The Bellrays, initialement programmés mais contraints d'annuler leur tournée pour raisons médicales. Le docteur ne s'est pas foutu de notre gueule !




THE CRAFTMEN CLUB
Le groupe que tu n'oublies pas. Le 3 août 2002, je voyais les Craftmen au festival Les Irréductibles à Plougrescant (un putain de festival). Le groupe Guingampais sortait tout juste son Ep en format CD-R. Je me souviens très bien de leur set (j'ai oublié celui de Hight Tone qui passait après). Trois albums et 15 ans plus tard, l'esprit Rock est intact, les riffs toujours aussi mordants. Le 4ème Lp "Colores" sort le 10 novembre et les nouveaux titres joués (6 sur les 14 du set) sont très très bons. Mention spéciale à Nos Enfants Rois, Colores (très Noir Dés') et La Route sur lequel Marc Corlett à la Basse est impressionnant. Autres moments forts du concert, le désormais hymne Animals, les violents Gary Blood et Goodbye Mother où Steeve Lannuzel délaisse son micro et sa guitare pour descendre dans le public prendre quelques gorgées de bière. Le final sur Back In Town est explosif et la salle du Novomax est chauffée à blanc. Authentiques et impressionnants de maitrise, les Craftmen Club sont clairement un des meilleurs groupes de rock hexagonal.




JIM JONES & THE RIGHTEOUS MIND
Jim Jones n'a pas perdu de temps. Quelques semaines après en avoir terminé avec son groupe The Jim Jones Revue (split en 2014), il rebranchait sa guitare avec The Righteous Mind, une nouvelle formation montée avec son pote Gavin Jay. Moins Rockab' et plus Garage : un "doux" mélange de Grinderman, Tom Waits, MC5 et de Jerry Lee Lewis. Et ca part fort avec Boil Yer Blood. Le Rocker Anglais est très bien entouré, Gavin Jay et sa Rickenbacker aux genoux se démène quant aux autres zicos (batterie, guitare, lap steel et synthé), ils excellent et forment un ensemble imparable. Ça transpire le Rock de toute part. De No Fool (qui rappelle I Put A Spell On You de Screamin' Jay Hawkins) à Aldecide, de Save My Life à Hold Up, tout est joué pied au plancher et sans retenue. Ça pogotte sévère dans les premiers rangs du public. Ambiance Rock Tribal où j'aperçois un jeune fan poser religieusement son oreille sur une des enceintes "retour" pendant la déferlante de riffs que balance le gourou Jim Jones. Une vraie furie. Le guitariste se roule au sol, le batteur est inondé de sueur, et le clavier est en transe. Le temps passe vite et c'est déjà la fin. On a pris une bonne grosse claque ce soir, merci Monsieur. Avant de partir, Jim Jones demande d'un air diabolique "One more ? A quiet one or a fast one ?". Ai-je besoin de vous dire ce qu'il a choisi ?

Jérôme




samedi 7 octobre 2017

FAI BABA + LAST TRAIN @ L'Echonova 5 octobre 2017 Saint Avé

Belle soirée Rock à L'Echonova ce jeudi soir avec à l'affiche FAI BABA puis LAST TRAIN. Deux groupes déjà chroniqués ici, Fai baba m'avait fait très grosse impression à Beauregard cette année et je m'étais promis de les revoir dès que l'occasion se présenterait (et voilà), tandis que Last Train avait retourné le Run Ar Puns de Châteaulin il y a deux ans déjà. Bref, l'association des ces 2 groupes sur une même soirée a suffi à me conduire jusqu'à L'Echonova de Saint Avé (près de Vannes) pour la première fois.


FAI BABA
Je ne vais pas vous mentir, c'est surtout pour eux que j'étais venu. J'avais vraiment hâte de revoir le groupe Suisse pour confirmer l'impression ressentie il y a 3 mois au festival Normand. Fabian Sigmund (vêtu de blanc des pieds à la tête en passant pas sa Gretsch semi-acoustique) lance le set avec le langoureux Why Do I Feel So Alone ? L'équilibre entre les 4 musiciens est parfait avec une mention spéciale à Domi Chansorn à la batterie qui régale par son aisance, tandis le dandy à moustache derrière le micro jongle entre ses pédales à effets et le vibrato de sa guitare. Le rendu est superbe et oscille entre la nervosité de Timber Timbre (sur Fainted Lover) et le scintillant de Radiohead (Can't Get Over You). Un ami guitariste, présent au concert, me disait un peu plus tard reconnaître certains accords "tordus" dans le pur style Beatles. Je le crois sur parole. La frustration est grande lorsque un type de la Régie indique au groupe la fin du set pour cause de Timing, au bout de 40 minutes de concert...Je me contenterais donc de ces quelques titres (tous issus de leur dernier Lp intitulé "Sad & Horny"), impeccablement joués ce soir.





LAST TRAIN
Un premier album réussi (Weathering), deux années passées à écumer les salles de concert et les festivals et des premières parties de prestige (Les Insus, Johnny Hallyday, Muse...), Last Train peut faire valoir une notoriété méritée bien qu'encore fraîche. Des jeunes fans couvrent le premiers rang certes, mais les quadras sont là aussi (eh oui), attirés pas les sonorités Blues/Rock du Band Alsacien. La différence c'est que le quadra saute moins et ne crie pas le prénom des musiciens. Bon, comme à son habitude Last Train va jouer pied au plancher et va se dépenser sans compter, à l'image de leur leader Jean-Noël Scherrer qui ne tient pas en place et du batteur Antoine Bashung qui tape généreusement sur ses fûts (presque trop). Beaucoup d'énergie donc et une qualité indéniable. La voix éraillée de Jean-Noël Scherrer est impressionnante et les riffs de guitares fusent de toutes part. Le seul bémol à mes yeux est la construction très répétitive de la plupart des morceaux, avec une grosse accalmie au milieu du titre joué, qui fait trainer en longueur avant un redémarrage crescendo et un final explosif. On retient d'excellents morceaux tels que Between Wounds, House On The Moon, Leaving You Now, One Side Road (avec bain la foule pour Jean-Noël Scherrer) et Fire. Et si Last Train est parfois dans la posture Rock (cigarette au bec, crachats, regard sérieux qui balaie la foule) on va tout de même se réjouir de voir émerger avec tant de ferveur ce jeune groupe qui semble comme destiné à endosser le leadership de la nouvelle scène Rock française.

Jérôme





lundi 21 août 2017

La Route Du Rock 2017 - Dimanche

Après la pénible édition de 2014 (d'un point de vue organisationnel), seule la programmation pouvait me faire revenir une fois de plus à La Route Du Rock. Je ne prenais pas trop de risque car il faut bien admettre que d'un point de vue musical, le Festival Malouin est toujours très bon. C'était le cas encore cette année avec entre autres PJ Harvey, The Jesus And Mary Chain, Thee Oh Sees, Temples, Interpol, Soulwax et DJ Shadows. Un Line Up de qualité qui aura permis aux organisateurs de doubler le nombre de festivaliers par rapport à l'année dernière (15 000 festivaliers en 2016). Notre passage dans l'enceinte du Fort St Père ce dimanche fût bref mais très sympa. Chronique express !



THE PROPER ORNAMENTS : Du son très anglais à la Ride ou House Of Love en moins bien. Rien de folichon chez ces quatre garçons là qui ont une fâcheuse tendance à tourner le dos au public.


ANGEL OLSEN : Retour de la belle Américaine à La Route Du Rock, 3 ans après sa prestation sous le déluge. "You were there ? You remember that, don't you ?". Elle n'a pas oublié elle non plus ! Toujours bien entourée par ses 5 musiciens, Angel Olsen à désormais le droit a la grande scène. La première partie du set est assez convenue avec notamment High & WildShut Up And Kiss Me et Not Gonna Kill You, mais c'est avec le somptueux Sister que le concert prend de la hauteur. En tournée depuis plusieurs mois, on sent bien que les titres ont pris une sacré dimension sur scène à l'image de Special qui va s'étendre sur plus de 10 minutes dans un silence de cathédrale, le public totalement captivé. Le set se termine sur Woman, qu'Angel Olsen intreprète magistralement. Le soleil fait son apparition sur ce dernier titre et vient éblouir la chanteuse. Elle même qui finissait son set il y a trois ans une serviette de bain sur la tête. Comme quoi.




YAK : Déjà chroniqué ici il y a 1 mois au festival de Beauregard, le groupe Londonien n'a pas fait trainer les choses. Un créneau de 45 minutes seulement, et un set envoyé comme une balle de fusil. Le chanteur à la gueule d'ange Oliver Burslem (Sosie de Mick Jagger à 20 ans) en fait des tonnes mais ça envoie et ça fonctionne très bien. Du crachat, du slam, du jeté de micro (avec un gentil roaddie qui le remet immédiatement, parce que quand même ...) c'est un peu cliché mais ça fait du bien par où ça passe.



MAC DEMARCO : Le garçon le plus souriant du festival était de retour également à La Route Du Rock, pour défendre sur scène son dernier album intitulé "This Old Dog " dont je vous recommande l'écoute. Une tenue vestimentaire improbable, déconneur à la moindre occaz', et surtout musicalement bienfaiteur, Mac DeMarco alterne entre moments de rigolade et mélodies splendides telles que On The Level, Salad Days ou Moonlight On The River. On remarquera Angel Olsen et son groupe, confortablement installés sur le côté de la scène, prendre un verre et "narguer" le chanteur Canadien qui ne résistera longtemps pas à l'appel de la bière. La complicité entre ceux là n'est pas nouvelle, le Mac DeMarco reprenant de temps à autre la chanson Lights Out de son amie. Bref un vrai plaisir ce concert.


Nous n'avons assisté ensuite qu'au début du set d'INTERPOL, tête d'affiche du jour, venu célébrer les 15 ans de son album phare Turn On The Bright Lights. La soirée s'arrêtera là avec le regret de ne pas pouvoir rester pour l'excellent TY SEGALL qui se produisait un peu plus tard dans la nuit. Ce sera pour une autre fois, à La Route Du Rock peut être ? 😏




jeudi 27 juillet 2017

U2 - JOSHUA TREE TOUR 2017 @ PARIS - Stade de France 25 juillet 2017

Pour la première fois dans leur immense carrière, le groupe s'autorise un regard sur le chemin parcouru au cours de leurs 40 années d'existence. Il semblait évident de s'arrêter alors sur l'album qui a tout changé : The Joshua Tree. Celui aux tubes intemporels, celui qui a mis le monde à leur pieds en cette année 1987, les plaçant par la même occasion parmi les plus grands groupes de tous les temps. 
La volonté des 4 paddies de célébrer les 30 ans de la sortie l'album seulement un an et demi après leur dernière tournée est une véritable aubaine. Toute personne ayant déjà vécu un live de U2 sait combien ces moments sont incroyables d'intensité, d'émotions et de ferveur et combien il est pénible de patienter 4 ou 5 années entre chaque passage du groupe en France. Cette tournée anniversaire où l'album est joué dans son intégralité et dans l'ordre est aussi l'occasion unique d'entendre et de voir sur scène des titres rarement voire jamais joués en live. C'en est trop, billet en poche, vignette Crit'Air (niveau 5) sur le pare brise...Let's go !


Il est à peine 21h00, The Whole Of The Moon des Waterboys résonne dans tout le Stade de France. Sous une clameur énorme (80 000 personnes) Larry Mullen Jr arrive seul et prend place derrière sa batterie, sur l'avancée en forme d'arbre, au milieu de la foule. Il saisit ses baguettes et assène une salve de coups formant une intro reconnaissable entre mille : Sunday Bloody Sunday. L'un des plus grands tubes du groupe. Tout un symbole, car en 1976, à l'age de 14 ans, c'est bien ce jeune blond réservé qui placarda une annonce sur les murs de son collège "Batteur cherche bassiste, chanteur et guitariste pour fonder un groupe...". Ont répondu à cet appel, Adam Clayton, David Evans (The Edge) et Paul Hewson (Bono). Ainsi est né U2.


Le début de set est un enchainement incroyable, Sunday Bloody Sunday, New Years Day, Bad et Pride (In The Name Of Love). Quel plaisir d'entendre le fameux riff de basse d'Adam Clayton sur New Years Day, chanté en version longue ce soir. De la tribune où je me situe, j'aperçoit le Sacré Cœur, la Tour Eiffel et le soleil couchant lorsque Bono entonne "Under A Blood Red Sky..." On n'est pas bien là ?
C'était prévisible, j'ai eu une nouvelle fois la chair de poule avec Bad. Le souvenir du concert du 6 décembre 2015 (initialement prévu le 14 novembre 2015) me revient inévitablement en mémoire. D'ailleurs Bono l'évoque avant que les premières notes de guitares ne me transpercent : "So many memories, here in Paris. So many ...". Comme à son habitude, Bono incruste des "snippets" au cœur de ses chansons, sur Bad c'est un bel hommage à David Bowie qui est rendu avec l'incursion de Heroes.


L'écran gigantesque s'illumine soudain et c'est la silhouette de l'arbre de Josué qui apparait sur fond rouge. l'avancée de la scène représente alors son ombre parfaite. Les quatre membres de U2 se regroupent et s'alignent face à la foule, Bono lève le poing, The Edge fait claquer l'intro mythique de Where The Streets Have No Name....c'est parti pour un grand moment de communion synchrone. "I Want to run...I want to hide..." 💓


De tout l'album, seuls With Or Without You et Red Hill Mining Town en version orchestrée avec cuivres (jamais jouée en live avant cette tournée) me semblent un peu "en dessous". Pour le reste, quel plaisir ! Plongé dans l'exercice périlleux de se mesurer au temps qui passe et à la comparaison, U2 défend chaque chanson comme jamais. 30 ans après les premières prestations live de l'album culte : I Still Haven't Found What I'm Looking For, Bullet The Blue Sky, sonnent toujours aussi bien. Mention spéciale au superbe  Running To Stand Still à la fin duquel Bono lance en français "maintenant on passe à la face B de la cassette ! ". 




Je suis franchement bluffé par la dimension live de certains titres (pourtant pas les plus connus) et la voix de Bono qui peut sembler un peu juste parfois est toute en puissance sur : In God's Country en hommage aux Irlandais d'Amérique. Ce dernier y va de son intro bluesy à l'harmonica sur l'excellent Trip Through Your Wires  puis c'est le stade entier qui reprend avec le groupe le refrain de One Tree Hill. L'écran dynamise très bien l'ensemble, en images mais également en lumières tant il est imposant. Aux couleurs de l'Irlande ou à celles de l'Amérique, indissociables sur cet album.




Après un court extrait façon Western noir & blanc, où les personnages s'en prennent à un dénommé Trump qui leur ment "You're a liar Trump", l'atmosphère se noircie jusqu'à devenir angoissante lorsque The Edge fait gronder ses cordes sur Exit. Bono a laissé tomber les lunettes et s'est coiffé du fameux chapeau noir période 87'. Il gesticule, danse, vit littéralement ce titre noir longtemps délaissé en live, jusqu'à l'avalanche guitare/batterie tandis que l'écran renvoi une image saccadée du visage du chanteur en gros plan. Le très grand moment du concert. Énorme ! 



L'enchaînement qui suit est tout aussi beau, la douce mélodie de Mother Of The Disappeared vient clôturer ce set majestueux et c'est la Mère du Punk, Patti Smith, qui rejoint le groupe, pour chanter ce dernier titre devant Bono à genoux, comme elle l'avait fait ce fameux 6 décembre 2015 sur People Have The Power. Quel final !


Bien entendu, après ce moment de bravoure et une ovation méritée, le groupe réapparait pour un rappel exigé de sept titres période post Joshua Tree. C'est tout d'abord Miss Sarajevo, que le groupe interprète après un court témoignage filmé d'une réfugiée Syrienne de 15 ans. Son portrait géant sera passé de mains en mains dans les tribunes pendant le couplet enregistré de Luciano Pavarotti. Le texte touchant de cette chanson trouvant encore aujourd'hui tout son sens, bien que l'horreur se soit déplacée de Sarajevo à Alep. Puis ce sont les inévitables tubes que le public attend : Beautiful Day, Elevation et Vertigo. Un beau triptyque tout en couleur repris en cœur par tout le public. On entendra d'ailleurs quelques cris hystériques pendant Elevation lorsque Larry Mullen Jr, via l'écran de 2442 pouces, enverra un cœur avec les doigts à ses admiratrices. Love.



"Cette chanson est dédiée aux femmes qui à un moment donné, se sont dressées pour défendre leurs droits, leurs idées et la cause de toutes les femmes...". Les accords de Ultraviolet (Light My Way) résonnent, tandis que défilent sur l'écran géant plusieurs portraits de Femmes. De Angela Davis à Lena Dunham, de Malala Yousafzaï à Patti Smith, de Hillary Clinton à Emma Watson, de Anne Frank à Angela Merkel, des Suffragettes à Simone Veil, sous les applaudissements unanimes. 
Autre titre incontournable issu de l'album Achtung Baby : One. Et même si on l'a entendu des centaines de fois, on ne boudera pas notre plaisir à se faire embarquer à nouveau par cette sublime ballade. Chantée, dans un stade par 80 000 personnes, ça fait son petit effet, croyez-moi !
Pour finir U2 présente un nouveau titre : The Little Things That Give You Away qui figurera dans le prochain album intitulé Songs Of Experience (sortie envisagée fin 2017). Parce que depuis le succès planétaire de The Joshua Tree, U2 n'a jamais cessé d'avancer quoiqu'on en dise et quoiqu'on en pense. Parfois de façon convenu (All That You Can Leave Behind, How To Dismantle An Atomic Bomb) parfois de façon plus risquée (Zooropa, Pop, No Line On The Horizon). Larry, The Edge, Adam et Bono, dispatchés aux quatre coins de la plateforme centrale se regroupent comme un seul homme quand arrive le dernier couplet de cette nouvelle chanson. Sous le regard bienveillant de Bono, au milieu du gigantesque Stade de France, U2 reste au bout du compte un groupe de Rock formé par 4 collégiens Irlandais. L'histoire continue.


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La première partie était assurée par Noel Gallagher's High Flying Birds