jeudi 30 novembre 2017

THE STRANGLERS @ La Carène 28 novembre 2017 Brest

Woke up on a good day and the world was wonderful...

Les Stranglers ont régalé mardi soir à La Carène. Passant en revue, à l'occasion de leur Classic Collection Tour, leurs chansons les plus emblématiques. Une tournée Best Of jouée à guichet fermé, pour les Men In Black de Guilford qui affichent plus de 40 ans de carrière au compteur. Impressionnant ! 


Les Étrangleurs version 2017 c'est : deux piliers fondateurs, Dave Greenfield aux claviers et Jean-Jacques Burnel à la basse, Baz Warne à la guitare et au chant et Jim Macauley à la batterie. Après une intro Waltzinblack, le groupe dégaine un furieux Toiler On The Sea. Le décor est planté, ce début de set résume si bien ce groupe inclassable. Une valse suivie d'un titre punk. Avant d'enchainer avec Grip, le charismatique leader franco-anglais Jean-Jacques Burnel prend le temps de glisser quelques mots à la salle comble : "Je vous vois avec vos pulls, vous avez froid ? ". L'homme est taquin, on le sent provocateur mais toujours avec le sourire. Son jeu de basse est génial, brutal et rapide comme sur Nice 'N' Sleazy, sur Bear Cage ou encore sur le magnifique Walk On By. Morceau sur lequel Dave Greenfield fait un festival au synthé et la joue façon Ray Manzarek des Doors. Superbe.


L'album Feline est ensuite à l'honneur avec un enchainement magnifique Midnight Summer Dream/European Female.  Baz Warne et JJ Burnel se relaient au chant et la magie (noire) de ces titres opère encore 35 ans après leur sortie. Pour prolonger l'envoûtement, les Stranglers emploient les grands moyens : Always The Sun qui, malgré quelques petits cafouillages rythmiques ce soir, fait toujours son effet puis le délicieux Golden Brown pendant lequel Jean-Jacques Burnel vient jouer dans le crash barrière au contact de son public.



A parcourir en une soirée Live l'œuvre du groupe, on mesure aisément toutes les inspirations générées derrière lui : Peaches15 StepsNorfolk Coast ou Relentless comme autant de sillons tracés pour The Specials, Blur, Deus, Editors ou Kasabian pour ne citer qu'eux. Retour au son punk en fin de set sur 5 Minutes et Tank. Les Stranglers quittent la scène sous les ovations d'un public composé majoritairement de quinquas admiratifs bien qu'étrangement calmes. Avant le rappel, Jean-Jacques Burnel ne peut s'empêcher d'interpeller la salle : "Vous êtes très polis. Trop polis." dit-il sourire en coin et regard brillant "Mais j'ai une explication. Vous êtes Celtes et les Celtes prennent les artistes pour des Dieux qu'on n'ose pas déranger...ou alors c'est que vous n'avez pas assez picolé pour bouger votre cul !". Ça pique mais ça passe. Message reçu (tardivement), le public se lâche enfin sur le plus vieux titre des Stranglers : Go Buddy Go et sur le hargneux No More Heroes qui clôture un concert d'une très grande classe.

...Midnight summer dream has me in its spell.

                                                                                                                                                           Jérôme


vendredi 24 novembre 2017

ARCHIVE @ La Carène 22 novembre 2017 - Brest

Ce concert est complet, comme la plupart des dates de leur tournée française. Ce n'est pas si fréquent de voir La Carène pleine à craquer un mercredi de fin novembre. Le public Brestois n'a pas manqué la belle opportunité d'assister un moment marquant. La dernière fois que nous avions vu Archive, c'était en 2015 aux Vieilles Charrues. Le groupe Anglais avait alors bénéficié d'un horaire totalement ingrat : 19H. Comme un feu d'artifice en plein jour, ce fût un beau gâchis tant le visuel scénique et le light show prennent une place importante dans les lives du groupe. Confirmation encore ce soir.


Un petit mot tout d'abord sur la première partie assurée par Robin Foster. Installé en Bretagne depuis plus de vingt ans, l'Anglais joue ici "à domicile". Personne n'a oublié Beth, le charismatique groupe Brestois au sein duquel le guitariste officiait et tout le monde salue la brillante carrière solo qu'il mène depuis. A commencer par Dave Penn le chanteur d'Archive, avec qui il a collaboré entre autres. Le premier titre joué Hercules Climbs The White Mountain est très inspiré de ce qu'a pu faire Talk Talk sur Laughing Stock. Robin Foster posséde un vrai don pour restituer les ambiances aériennes et iodées des grands espaces. Sa musique est une invitation au voyage et il n'est pas étonnant qu'on fasse souvent appel à lui pour composer des bandes originales de film. On se dit qu'un appui vidéo aurait été intéressant pour accompagner ces versions instrumentales. Avant de finir sur Brest By Night, Robin Foster offre au public une belle version de Loop, titre joué à l'époque de Beth et qui révélait déjà son grand talent de compositeur.


Ils sont sept sur scène et tous, à l'exception des deux chanteurs Dave Pen et Pollard Berrier, arborent la même combinaison marquée du double F opposé, symbole de leur dernier Lp The False Fondation. Un album difficile d'accès à l'écoute mais qui va déployer son énorme potentiel sur scène comme une évidence.



Le voile placé au-devant de la scène durant les quatre premiers titres apporte un bel effet 3D/ombres chinoises et renforce admirablement leur scénographie. Le groupe semble au cœur d'une cage numérique, comme enfermé dans un tube cathodique d'ordinateur. Les effets sont captivants : pluie de flocons sur Sell Out, flammes sur Stay Tribal et fail informatique sur The False Fondation. C'est ensuite pendant Fuck U que le voile tombe pour passer en mode live " à découvert".


Archive alterne les morceaux rythmés et mélancoliques comme l'incontournable Bullets issu de leur album Controlling Crowds (qui a eu le plus de succès en France). Le gros son de l'Electro industriel et des guitares Rock s'unissent pour un rendu puissant, atypique mais toujours cohérent, puis laisse la place à l'émotion, portée par les voix de Pollard ou de Dave et quelques notes épurées de piano. L'enchaînement Words On Signs/Distorted Angels/Baptism est magistral, toujours sous l'impulsion constante du grand manitou Darius Keeler, pilier co-fondateur du collectif, qui coordonne l'ensemble tel un chef d'orchestre sans baguette. 



Les mélodies et les variations de gammes rappellent celles de Radiohead. Référence qui saute aux yeux notamment sur Blue Faces, interprété quasi a capella par Dave Pen dans un silence de cathédrale avant un nouveau déferlement de sonorités électroniques. Le show Archive se termine par Numb, titre toujours précieux en live, extrait de l'album You All look The Same To Me. Un tempo initial très binaire qui se termine en orgie de guitares pour un bouquet final explosif après deux heures d'immersion.

Une nouvelle prestation de haute volée pour Archive dont l'univers toujours plus riche, novateur et envoûtant ne cesse de nous surprendre.

                                                                                                                                                                              Jérôme & Stan


Toutes les photos du concert ICI.

dimanche 19 novembre 2017

OCTAVE NOIRE + LOUIS-JEAN CORMIER @ Le Triskell 18 novembre 2017 Pont L'Abbé

En ce triste jour qui voit disparaître Malcolm Young, le co-fondateur et métronome en chef d'ACDC, rien de tel qu'une bonne soirée de concerts pour se requinquer. Direction Le Triskell à Pont L'Abbé dans la nuit et la brume (on est au cœur du Pays Bigouden Carpentier !), pour deux prestations au programme : Octave Noire, une des révélations françaises de l'année, et le talentueux Louis-Jean Cormier que personnellement j'avais hâte de revoir, 10 ans après l'avoir découvert avec son ancien groupe Karkwa.

OCTAVE NOIRE
Une lumière bleue inonde la scène, et une véritable symphonie électronique jaillit des synthés, le tout accompagné par une rythmique batterie puissante. L'intro est magistrale et digne d'une BO d'Ennio Morricone. Patrick Moriceau au chant parle de voyage, d'envol et de traversée en mer. «Le Finistère est le cadre idéal pour mes compositions.» glisse-t-il avant d'interpréter l'hypnotique Un Nouveau Monde


Les influences se ressentent assez nettement dans la musique d'Octave Noire. On pense à Daho sur L'envol, à Gainsbourg sur La Sainte Nuit. Cela m'a également fait penser à Yves Simon ou Alain Chamfort qui serait remixé par Jean-Michel Jarre sur La Neige en Eté. Bref, pas les pires références. Mention spéciale à Belem Belem, Tes Yeux Tes Mains Tes Lèvres et My Hand In Your Hand : version réadaptée du Temps Des Cerises. Et si le chanté/parlé minimaliste d'Octave Noire peut décontenancer un peu, les arrangements et la maitrise musicale sont déjà impressionnants. Talent !


LOUIS-JEAN CORMIER
Lorsque Louis-Jean cormier arrive sur scène, la première chose qui frappe c'est sa ressemblance troublante avec Rick, le héros survivant de la série Walking Dead...Drôle de pensée vite chassée dès qu'il saisit son micro pour raconter ses ballades dans les bois à Pont L'Abbé, ses envies de nudité avec le public, ou encore ses racines Bretonnes qui s'expliquent par le taux d'alcool qu'il a dans le sang. Le tout avec un bel accent bien de chez lui : «lâchez vous, je m'occupe du reste, vous embêtez pô d'foutaises...» . Ouf ! 


Blague à part, si Louis-Jean Cormier est assez méconnu en France, il bénéficie au Québec d'une très grande notoriété amplement méritée. L'ex-leader de Karkwa est incontestablement l'un des meilleurs auteurs compositeurs de sa génération. Sa poésie et sa musique Folk/Rock s'inspirent aussi bien de Felix Leclerc, son compatriote (dont il reprendra Le Tour De L'Île en fin de set), que de Thom Yorke et il suffit d'écouter les superbes Bull's Eye, Si Tu Reviens, St-Michel  ou encore Traverser Les Travaux pour s'en convaincre. 
Le duo guitare/batterie composé avec Vincent Carré donne une dimension intimiste qui fonctionne à merveille. Le chanteur est d'ailleurs très interactif avec le public et n'hésite pas à expliquer la genèse de ses chansons. Faire Semblant est dédicacée à Malcolm Young, puis ce sont deux titres de Karkwa, Le Pyromane et Moi-Léger qui sont joués.


On se délecte de mélodies mais aussi de ses histoires et de ses expressions. Par exemple lorsqu'il décrit une personne un peu "à part" mais qu'il aimait bien «On voyait bien qu'c'était pô l'crayon l'plus aiguisé d'la boite...». On le sent appliqué à dédramatiser et à retrouver au plus vite sa bonne humeur même après un texte touchant ou émouvant.
A la fin du set, Louis-Jean Cormier offre au public un nouveau titre, Passé L'Âge, puis enchaine avec une autre belle ballade intitulée Un Monstre, chanson sur la maladie expliquée aux enfants. Splendide. Un rappel de deux titres et c'est déjà fini. Pour ceux qui étaient venus en curieux ce soir, ils ressortent ravis et comblés. Les réactions dans le hall du Triskell après le show sont unanimes. Pour les autres qui connaissaient déjà l'artiste de Montréal, ce n'est que la confirmation que le meilleur de la chanson francophone se trouve au delà de l'Atlantique. Louis-Jean Cormier nous invite à mieux le connaître et à l'adopter. Il serait  bien dommage de le laisser filer. 

                                                                                                                                                      Jérôme



samedi 18 novembre 2017

STANLEY BRINKS & THE WAVE PICTURES @ Festival Invisible - La Carène - 17 novembre 2017 Brest

Dans le cadre du l'excellent Festival invisible Brestois, il est un concert qui a particulièrement attiré notre attention, celui de Stanley Brinks & The Wave Pictures. Petit rappel sur le parcours atypique de celui qui se cache depuis plusieurs années sous ce pseudonyme. Stanley Brinks n'est autre que André Herman Düne membre fondateur du groupe franco-suédois du même nom qu'il composait avec son jeune frère David-Ivar et le batteur Cosmic Neman. En 2006, après plusieurs albums magnifiques (Switzerland Heritage, Not On Top, Mas Cambios...), André quitte le groupe, fuyant la médiatisation et le succès engendré par le sublime album Giant. Il laisse alors son frère aux commandes, le groupe continu sans lui et enlève symboliquement le tréma de son nom, devenant ainsi Herman Dune. André lui s'exile à Berlin, prend un pseudo et replonge totalement dans la scène  underground, celle de l'Anti Folk et du Lo-Fi. Depuis, Stanley Brinks sort au minimum 2 albums par an, multiplie les collaborations et écrit des chansons à la pelle. On lui attribue une cinquantaine d'albums en moins de vingt ans. Sa venue dans l'Ouest est plutôt un évènement.


La scène est disposée dans le grand hall à côté du bar. une proximité et une configuration qui sied bien au groupe. Stanley Brinks débute le set avec un blues/folk qui captive d'entrée. Son timbre de voix est reconnaissable entre mille et ses mélodies sont tout simplement belles. Le jeu de guitare est lui aussi typique "Herman Düne". Des accords folk et des notes solos hachées dans les aigus. La set list du soir est composée de titres allant du style Hippie avec Back To My Island In The Sun, au Folk Caraïbes avec Spinola Bay, en  passant par des chansons plus tendues et plus sombres comme I Didn't Know You. Fidèle à son image, Stanley Brinks ne communique quasiment pas, glissant juste un timide "Merci Beaucoup" par-ci par là. Plus le concert passe et plus les verres se remplissent au bar comme sur la scène où trône une bouteille, à portée de main du groupe qui ne se prive pas (téquila? gin?). La chanteuse Freschard avec qui Stanley Brinks collabore régulièrement le rejoint sur scène pour interpréter deux morceaux dont le joyeux Africa. Pour finir Stanley Brinks et son jeune guitariste interprète le génial HD Rider, seule titre de Herman Düne joué ce soir. C'est l'heure de la dernière, Stanley Brinks s'allume une cigarette, se remplit son verre, entonne un déterminé I'll Come Back When I Come Back et quitte la scène discrètement avant la fin du morceau. On vient de passer un très bon moment en compagnie de quelqu'un d'assez rare.

                                                                                                                                            Jérôme