jeudi 29 novembre 2018

PAUL McCARTNEY @ Paris La Défense Arena - 28 novembre 2018

Dans les locaux de Milouze En Live...(dans mon salon quoi) :

- Hey, tu sais quoi? J'vais citer Thierry Roland dans ma chronique sur McCartney.
- Quoi? J'vois pas l'rapport?
- Mais si, tu sais, sa phrase à la fin de France - Brésil en 98 : "Maintenant qu'on a vu ça, on peut mourir tranquille..."
- N'importe quoi, on parle de McCartney et toi tu parles de foot...
- Je sais mais la phrase est restée et puis McCartney quoi ! Ça colle bien avec ce que je ressens.
- Nan, c'est nul comme idée. T'as qu'à écrire un truc du genre "au dessus c'est l'soleil..."
- J'le sens moins ça. J'vais resté sur Thierry Roland c'est plus sûr, et en plus pendant le concert y'avait PSG-Liverpool, alors... 
- Coïncidence ?
- ...



Comme l'a si bien dit Thierry Roland le soir du 12 juillet 1998 : «Je crois qu'après avoir vu ça, on peut mourir tranquille ! Enfin le plus tard possible. Ah ! C'est superbe ! Quel pied ! Oh putain !». 
Cette citation est bien la plus appropriée pour exprimer ce que je ressens à la fin du concert de Sir Paul McCartney. C'est vrai que pour cette fois, je manque d'objectivité tant je le considère comme un monument, un Père fondateur, un Dieu vivant. Mais franchement, il est bien difficile de trouver quelque chose à redire à la prestation du Beatles ce soir. À 76 ans, le Fab Four vient encore une fois démontrer, à l'issue de 2h45 de live, combien il est immense et combien son influence a été majeure dans toute la musique Pop/Rock de 1962 à nos jours. 

Il est 20h15, Paul McCartney et ses 7 musiciens entrent en scène. L'artiste, qui s'exprime en français, est en pleine forme : silhouette de jeune homme, humeur joviale, et surtout une simplicité et une humilité à faire pâlir plus d'une "RockStar" (Tiens ! J'aperçois Alex Turner, leader des Arctic Monkeys, au premier rang).
La salle de La Défense est pleine de ses 40 000 spectateurs, le son est assez moyen de là où je me situe (tribune latérale bloc 105, rang 7), il y a un peu d'écho, dommage. Et pour terminer sur les quelques aspects perfectibles de la soirée, j'ajouterai qu'en tribune ce soir, quand je me lève pour danser ou exprimer mon enthousiasme, j'ai l'impression d'être un vrai Punk ! Il aura fallut attendre presque 2 heures pour que les gens se dévissent de leur strapontin et bougent un peu plus. Pour le reste ce sera inoubliable.


La Set-List est incroyable : 23 chansons des Beatles sur 38 chansons joués ce soir ! Les 15 autres sont issues des albums solo ou avec les Wings. Il est bien difficile de passer en revue la totalité de ces chansons, mais il y a pourtant quelques moments qui surpassent le reste à mes yeux. Notamment cet enchaînement magnifique au piano : Let 'Em In, My Valentine (dédicacée à sa femme Nancy, présente ce soir), Nineteen Hundred And Eighty-Five et Maybe I'm Amazed



Grosse série "Beatles - premières années" jusqu'au superbe Blackbird
"C'est une chanson sur les droits civiques" annonce Paul. La scène est très peu éclairée et s'élève pour porter Macca à sa juste place. C'est également de là-haut qu'il rend un hommage émouvant à son grand ami John sur Here Today. Un peu plus tard, ce sera au tour de George Harrison "mon petit frère, mon frèrot..." d'être célébré. Paul interprète alors Something, d'abord seul au ukulélé, puis rejoint par le groupe, devant des photos de George projetées sur l'écran. 

 


Superbe version de Eleanor Rigby sur cette seconde partie de set et passage très psychédélique avec For the Benefit Of Mr. Kite (habituellement chantée par John Lennon sur Sgt Pepper's Lonely Hearts Club Band), avant un final incroyable, lancé avec Band On The RunBack In The U.S.S.R. et Let It Be. Et croyez-moi, entendre cette chanson en live chanté par lui...c'est beaucoup, beaucoup d'émotions. Il faudra de la pyrotechnie et une autre chanson emblématique pour nous sortir de là, c'est Live And Let Die. Grandiose !



Paul fait ensuite faire des vocalises au public, pour mieux les préparer à l'hymne final : Hey Jude. Tout le monde est debout, chantant et agitant les bras au son des Na Na Na Nanana Na...Hey Jude. Le groupe quitte momentanément la scène et revient pour un rappel dantesque : Birthday, Sgt Pepper's Lonely Hearts Club Band, mais surtout Helter Skelter, une des pépites du White Album (dont on fête les 50 ans cette année), considérée comme le tout premier titre Hard/Rock de l'histoire. 
Le final est une tuerie avec l'enchaînement Golden Slumbers/Carry That Weight/The End. Le concert se termine dans la joie, dans une explosion de couleurs, de confettis et de serpentins. Car après tout, comme le dit bien Ringo Starr : "Les Beatles, c'est juste un groupe de 4 copains qui font de la musique et des chansons qui parlent d'amour"

Paul McCartney salue longuement le public et s'éclipse après avoir clamé "À la prochaine".
Me reste alors, gravée en tête, la dernière phrase de The End, dernières paroles de la dernière chanson du dernier album des Beatles : 
"...and in the end, the love you take is equal to the love you make..."

                                                                                                                                                   Jérôme

La set-list complète (setlist.fr) :

  1. (The Beatles song)
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  2. (Wings song)
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  3. (The Beatles song)
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  4. (Wings song)
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  6. (The Beatles song)
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  8. (Wings song) (followed by "Foxy Lady" jam)
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  9. (The Beatles song)
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  10. (Wings song)
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  12. (Wings song)
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  14. (The Beatles song)
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  15. (The Quarrymen song)
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  16. (The Beatles song)
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  17. (The Beatles song)
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  18. (The Beatles song)
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  19. (The Beatles song)
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  22. (The Beatles song)
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  23. (The Beatles song)
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  25. (The Beatles song)
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  26. (The Beatles song)
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  27. (The Beatles song)
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  28. (Wings song)
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  29. (The Beatles song)
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  30. (The Beatles song)
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  31. (Wings song)
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  32. (The Beatles song)
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  33. Encore:
  34. (The Beatles song)
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  35. (The Beatles song)
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  36. (The Beatles song)
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  37. (The Beatles song)
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  38. (The Beatles song)
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  39. (The Beatles song)

vendredi 23 novembre 2018

BILL DERAIME @ Le Mac Orlan 22 novembre Brest

A l'occasion de ses 50 ans de carrière, Bill Deraime nous a offert en début d'année un 18ème album magistral. Composé de quelques chansons inédites et de titres emblématiques de son répertoire, qu'il a, pour l'occasion, revisités et réarrangés. S'offrant au passage des duos étincelants (avec Bernard Lavilliers pour L'Enfer) et parfois inattendus (avec Kad Merad pour Sur Le Bord De La Route). A plus de 70 balais, le grand Bill reprend la route pour partager avec nous, encore une fois, sa poésie et son blues.


Un mot tout d'abord sur la première partie assurée par Jacques Pellen. Ce guitariste brestois écume les scènes et les studios d'enregistrement depuis plus de 40 ans auprès des plus grandes figures de la musique bretonne. De Dan Ar Braz à Erik Marchand, des frères Molard à Annie Ebrel, pour ne citer qu'eux (car la liste est longue). Pour la sortie de son premier album solo intitulé A Hed An Aber, c'est seul cette fois qu'il se présente face au public. Et il n'en mène pas large. Il s'excuserait presque de faire patienter le public de Bill Deraime : "Rassurez-vous, ça ne va pas durer longtemps, je vais jouer vite pour ne pas vous faire trop attendre...". Pourtant il n'y a vraiment pas de quoi s'esquiver, bien au contraire. En l'espace d'une demi-heure, Jacques Pellen va démontrer, s'il le fallait encore, toute l'étendue de son talent. Notes cristallines sur le magnifique Her Mantle So Green, accords rugueux sur Babiole ou solo "à la John McLaughlin" sur Don't Buy Ivory Anymore... De formation guitare classique puis jazz tendance celtique, Jacques Pellen se définit comme un bluesman dégénéré. Avant de laisser la place "au Patron", il explique être venu jouer son tout premier concert ici même au Mac Orlan, en 1972, à l'occasion de l'arbre de Noël des sapeurs pompiers. Puis un peu plus tard en 1979 à Saint Malo, il se rappelle être sur scène avec Mélaine Favennec pour assurer, à l'époque, la première partie de Bill Deraime. Son retour ce soir, ici, est tout sauf un hasard...c'est un rendez-vous !


Bill Deraime entre en scène d'abord seul, avec son batteur Philippe Draï, pour le premier titre du set qui sera Teddy Bicool (pour deux fois plus cool, explique-t-il). Ils sont rejoints pour S'Coue Toi...par le reste de la troupe : Florian Robin aux claviers, Pierre Elgrishi à la basse et l'élégant Paco alias Pascal Baco Mikaelian à l'harmonica. 
À bientôt 72 ans, Bill Deraime est toujours aussi friand de tirades incroyables pour introduire chacune de ses chansons. Pour Avant La Paix, il s'agit bien de la paix véritable, dont on parle. De la paix qui unit, celle qui appelle à la fraternité envers les plus faibles et à la communion entre les cœurs. Cette solidarité a toujours été l'une des préoccupations majeures de l'artiste qui s'investit beaucoup pour soutenir la cause des exclus et des plus démunis. Il dédiera un peu plus tard la chanson Encore Bouger au collectif Les Morts De La Rue.


On savoure sans retenue les retrouvailles avec les vieux titres emblématiques Le Chanteur Maudit, Faut Que J'Me Tire Ailleurs et Dimanche Après-Midi (version réarrangée de Sur Ma Chaîne Bon Marché) où "Paco" fait un solo superbe à l'harmonica. Et si Bill Deraime se perd un peu dans ses pédales "booster", sa voix, elle, est toujours aussi impressionnante. À mi chemin entre Joe Cocker et Ray Charles, à qui il voue une grande admiration. C'est justement pour préserver cette voix, qui fatigue un peu au fil des chansons, que notre brailleur préféré s'octroie une pause de 10 minutes à mi parcours.



De retour face au public avec Nouvel Horizon, très beau titre ouvrant le dernier Lp. Une chanson qui résume bien l'univers spirituel de Bill Deraime. Du blues certes, mais toujours teinté d'espoir. Garder la foi quoiqu'il arrive et croire en une prise de conscience salvatrice. S'en suit Sur Le Bord De La Route, la magnifique adaptation de Sittin' On The Dock Of The Bay d'Otis Redding et Moi Sans Toi, que Bill dédie à son épouse Flo  : "Mon âme sœur, ma dulcinée, ma squaw". Quelques morceaux encore : rythme reggae sur Je Rêve, Mon Obsession ou boogie sur Entre Deux Eaux


Le concert est terminé mais très vite, malgré la fatigue, Bill revient s'installer sur son tabouret. Le public réclame Babylone Tu Déconnes et bien sûr il l'aura :"Ok, de toute façon c'est le rituel!". Tube emblématique de Bill Deraime qui sonne encore si bien et que le public chante en chœur. Cet air là vous reste en tête un long moment. 
"Les occasions sont tellement rares, de rencontrer un mec comme ça...."

                                                                                                                                                       Jérôme

lundi 19 novembre 2018

ENDLESS BOOGIE @ Le Café Chantier 18 novembre 2018 Saint Eloy

Deux heures de Heavy Blues exécutées par un groupe culte de l'underground new-yorkais, au cœur du Finistère, dans une ville de deux cent habitants, sur les palettes d'un café associatif : c'était dimanche soir à Saint Eloy avec les rugueux ENDLESS BOOGIE ! Paul Major, aka Top Dollar, le chanteur/guitariste aux allures d'homme des cavernes, scrute les lieux et annonce d'emblée "It's seems that i am as old as this building, so i feel good here ...". Un accord parfait s'annonce, une rencontre qui va faire date. Au Café Chantier, les vieilles pierres vont vibrer sévère !


En route pour une virée à fond la caisse à bord d'un vieux truck transpirant le cambouis. Le groupe est venu interpréter Vibe Killer, leur dernier album sorti en 2017. La voix rauque tendance gutturale de Paul Major associée au tempo obsédant imposé par Jesper Eklow (guitare rythmique), Harry Druzd (batterie) et Mark Razo (basse), forment un rendu violent et hypnotisant. Du blues psyché tendance voodoo sur des titres dépassant souvent les vingt minutes. Alors on se laisse happer par les riffs tendus, et par cette basse qui résonne sans jamais s'arrêter. 


Le son est parfait et le light show est une guirlande. Au bout d'une heure, les vieux briscards s'autorisent un pause de 10 minutes. Petite accalmie pour mieux revenir "Louder". C'est terriblement efficace, au devant de la scène, quelques uns sont pris d'une irrésistible envie de danser, de se tordre de plaisir, comme pour célébrer un rite ancestral. Les musiciens, eux s'observent pas mal, laissant le morceau évoluer au feeling tout en restant hyper concentrés.




Le concert se termine après deux titres en rappel et un morceau dédicacé à Little Bob et à Christian Vander, immense batteur de MAGMA. Paul Major est déjà au merch à signer ses Lp, Mark Razo part fumer sa clope et rejoint Jesper Eklow sur la terrasse tandis que Harry Druzd partage la bouteille de whisky du groupe avec les spectateurs venus le féliciter. Décidément rien à jeter chez Endless Boogie.

Et puis, quelques mots sur ce lieu si sympathique. Le Café Chantier est un endroit où l'on se sent tout de suite très bien. Un endroit simple, convivial. Un lieu imaginé par des copains, des bénévoles, voulant créer, dans ce village qui ne possède plus ni école ni commerce, un lieu d'échange, interculturel et intergénérationnel. Une bâtisse rénovée par le biais de chantiers participatifs et de bonnes volontés. Bref un lieu qui respire la solidarité et le partage que je vous recommande chaudement.

Toutes les photos ICI

                                                                                                                                           Jérôme


samedi 3 novembre 2018

DOMINIQUE A @ L'Archipel 2 novembre 2018 Fouesnant

Dominique A débute, à L'Archipel de Fouesnant, sa seconde tournée de l'année. Deux tournées pour deux albums sortis en 2018. Le premier, "Toute Latitude" plutôt sombre et tortueux, faisait la part belle aux guitares et à une rythmique tendance Trip hop. Il y a 6 mois, à La Carène à Brest, lorsque nous l'avions vu, Dominique A était en "full band" pour exprimer, de la meilleure façon, l'ambiance de cet album. En toute logique, c'est en solo cette fois qu'il vient présenter "La Fragilité". Le versant lumineux et calme de son projet. 


Après une première partie assurée par Laetitia Velma, Dominique A entre en scène avec La Poésie. Sublime texte écrit en hommage à Leonard Cohen et dont les notes de guitare graves et appuyées ne sont pas sans rappeler celles de The Partisan.
La mise en scène est minimaliste pour mieux laisser la place aux textes : Une lumière simple, efficace, quelques paysages flous projetés sur écran (pendant deux ou trois titres seulement) et deux guitares (une sèche et une électrique).



Les échanges avec le public ne sont pas rares. Dominique A explique parfois quelle fut l'inspiration ou l'évident constat qui l'ont mené au texte (Dobranoc, Dans Le Grand Silence Des Campagnes). Il insiste sur l'accueil chaleureux reçu ici, à Fouesnant, par toute l'équipe de L'Archipel : "C'est la 4ème fois que je viens jouer ici. Belle salle, belle ville...vous êtes bien lotis" dit-il en souriant. Et lorsqu'un spectateur lui répond : "On a un bon Maire ! " La réponse fuse : "Vous êtes de la famille ?". 

Et puis, on ne va pas faire dans le suspens, le live du nantais est encore une fois magnifique. La surprise serait que ce ne soit pas le cas. On va pas réécrire comment, seul avec sa guitare, Dominique A maitrise, comme peu savent le faire, l'art de la poésie et de la mélodie (L'Océan, Par Les Lueurs, Immortels, La Splendeur, Eléor...). On ne va pas disserter sur la générosité de l'artiste qui donne le meilleur de lui-même pendant près de deux heures, offrant à son public sept titres en rappel (En Surface, Le Temps Qui Passe Sans Moi, Le Convoi, ...). Enfin, à quoi bon expliquer encore comment la chair de poule nous gagne sur les réarrangements de certains titres, sur les passages a capella, sur les vocalises que l'artiste déploie (Central Otago, Gisor, Tout Sera Comme Avant, Corps De Ferme A L'Abandon, La Fragilité...) ou sur l'envoûtant Le Courage Des Oiseaux qui clôture ce concert. C'est beau et puis c'est tout.

                                                                                                                                                              Jérôme