dimanche 31 mars 2019

CHRISTIAN OLIVIER @ Le Tétris, 28 mars 2019 Le Havre

C'est quoi ce bordel Carpentier ? Qu'est-ce qui se passe au Havre ? Je ne comprend toujours pas comment les Havrais ont pu passer à côté de Christian Olivier de cette façon-là. Une soirée pourtant estampillée "Les Immanquables" dans l'agenda des spectacle du Tétris (très chouette endroit, au passage) à un tarif franchement sympa, mais surtout en présence d'un artiste majeur mêlant comme personne, poésie, graphisme et rock depuis plus de trente ans, que ce soit en solo ou avec Les Têtes Raides, La Coterie, Les Chats Pelés et d'autres nombreuses collaborations.
Bon, c'est comme ça... Les absents ont toujours tort. En tout cas, nous qui étions dans le secteur, nous n'avons pas laissé échapper la belle opportunité.


La première partie est assurée par Pablo Elcoq, artiste normand à la voix rauque qui revisite la célèbre "note bleue" à travers plusieurs reprises d'artistes tels que : Screamin Jay hawkins, Nina Simone, Rickee Lee Jones, Joe Cocker, Michael Jackson et même Tinariwen. Chaque morceau est précédé d'une petite préparation de boucles rythmiques, puis d'une courte explication sur son histoire et sa création. Détendu et appliqué, Pablo Elcoq nous a fait passer un bon moment avec un répertoire bien choisi.


Christian Olivier est accompagné de quatre musiciens et débute avec les titres de son dernier album After Avant sorti l'année dernière. C'est son deuxième ouvrage solo depuis la mise en veille des Têtes Raides en 2015. On y retrouve le même esprit et la même poésie dans les textes. L'orchestration elle, y est plus électrique et moins cuivrée. L'accordéon quant à lui est toujours à portée de main. 
Les préoccupations sociales actuelles sont exprimées sans détour dans les nouvelles compositions (Non, After Avant, Love, Micorazòn) et résonnent tout particulièrement à la lecture du texte de Kateb Yacine : La Gueule Du loup, d'octobre 1961, qui dénonce le massacre de dizaines d'Algériens par la police parisienne lors d'une manifestation pacifiste. Les chansons des Têtes Raides, jouées ce soir (Fulgurance, Civili, Fragile, La Tâche...), reflètent elles aussi une actualité souvent sombre.

 

L'ambiance est un peu bizarre car malgré le plaisir certain que prend le public ce soir, il a tout de même du mal à l'exprimer, sûrement freiné par la configuration intimiste de l'échange. Christian Olivier en a vu d'autres et s'en amuse : "Bon, comme c'est le feu ce soir....on va en faire une autre !"
Mention spéciale aux magnifiques : Je Crie, Le Bien Du Mal, Des Silences et à Les Sols, morceau instrumental composé pour le documentaire On a 20 ans pour changer le monde.
On s'inquiète un peu lorsque l'homme au chapeau nous annonce la lecture de Pouf Et Youpi, un livre pour enfant qui dissimule en fait entre ses pages le texte de Shoot, titre chanté en anglais dans le dernier opus. La blague est bonne. 

 

Le groupe a quitté la scène mais revient sans trop se faire prier : "On est obligé là, parce que ....Bon...Merci !". Deux reprises pour débuter ce rappel, Love Me Tender puis le génial Putain Putain de TC Matic. 
Enfin la lampe suspendue descend jusqu'au dessus de Christian Olivier qui a saisi son accordéon pour faire résonner les notes de Ginette. Chanson emblématique des Têtes Raides qui fêtent ses 30 ans déjà ! Comme le rituel l'exige, la vieille ampoule jaune est envoyée valser au dessus des têtes pour un moment toujours très émouvant. Le public est debout, c'est l'heure de L'Iditenté, autre titre imparable dans la très grande discographie du groupe. Il reste à se quitter, sur les paroles de Je Chante que Christian Olivier termine a capella. 
Excellent concert qui aurait mérité un public plus nombreux.



dimanche 24 mars 2019

STUCK IN THE SOUND + YOU, VICIOUS ! @ Le Novomax, 23 mars 2019 Quimper

C'est le printemps et c'est le moment idéal pour poser sur la platine Billy Believe, le nouvel album de Stuck In The Sound. La pochette pourrait rappeler celle du 666.667 club de Noir Désir si elle n'était pas estampillée d'un visage de rocker façon manga mexicain (ça existe ça ?). La comparaison s'arrêtera là. Musicalement Billy Believe est un retour au Rock Indé pêchu, dans le pur style de Pursuit ou de Shoegazing Kids, deux albums emblématiques du groupe. Un style ou Stuck In The Sound excelle, en témoigne Alright, le single lancé en éclaireur en fin d'année dernière.
Mais Stuck In The Sound se vit surtout en Live, alors quand cette tournée toute fraîche passe par Le Novomax (2ème date), on n'hésite pas une seconde, on met sa capuche et on fonce. Visiblement, on n'est pas les seuls car ce soir c'est complet ! Let's go !


YOU, VICIOUS !  Expérience et maîtrise
C'est le nouveau projet musical de Max Balquier (chant, guitare, basse, synthés) et de Bren Costaire, deux musiciens rescapés de Frigo, excellent groupe rennais qui sévissait il y a une quinzaine d'années. Le premier morceau, Stranger Lady, débute sur une ambiance synthétique progressivement gagnée par une grosse rythmique puis par la guitare qui vient prendre sa place comme une évidence. Belle démonstration d'entrée de jeu.
Musicalement on retrouve chez YV la noirceur de groupes 80's tels que The Opposition, Killing Joke ou encore The Cure (période Pornography) mêlée à l'intensité de Mogwaï ou de Ghinzu. Mention spéciale à Trapped Mind et Puzzle In Me particulièrement prenants. Chaque titre joué est un festival batterie/guitare ; les sonorités électro ne sont jamais encombrantes et le rendu est résolument Rock. Excepté lorsque le groupe plonge délibérément dans la transe électro comme sur le puissant Dance With The Shaman qui clôture le set.
Un peu avant, les deux musiciens ont dédié Burn The House à toute l'équipe du Novomax et de Polarité[s] pour leur soutien inconditionnel depuis 20 ans : "Ça a commencé dans un petit local à Ergué Armel. On est tellement heureux de jouer aujourd'hui sur cette putain de scène devant un putain de public !". Tracer sa route sans oublier d'où on vient, c'est aussi ce qui fait la qualité d'un groupe.
Excellente prestation.

 


STUCK IN THE SOUND : Retour et cardio
Dix minutes avant l'entrée en scène, on pouvait déjà apercevoir le groupe en backstage s'échauffer (voix, bras, poignets) tel un sportif avant une compétition. Un signe de la performance à venir. Capuche à poste et guitares en main, le groupe débute le set avec Brother, titre phare de l'album Pursuit sorti en 2012. Rapidement la température de la salle monte d'un cran sous les riffs de Romain Della Valle et de Emmanuel Barichasse sur Ouais et Dies Irae. Tout le monde est déjà au taquet dès le troisième morceau, pas de préliminaires : avec Stuck In The Sound, c'est direct à l'essentiel. Avant de dégainer Bandruptcy, José Réis Fontao se lâche un peu : "On est trop content d'être de retour en France, on était en tournée US pendant dix jours, au pays des burgers... et des armes. On est revenus gros ! Vraiment quel pied d'être avec vous."


Le plaisir est partagé sans modération, les nouveaux titres s'enchaînent : Alright, Break Up, Serious, See You Again dans le pur style du groupe. Seul Vegan Porn Food semble initier une tentative plus "dark" dans les compos. Et franchement, ce titre est canon ! Globalement, la musique de Stuck In the Sound est bien plus proche des Wombats, de Fidlar ou de Sum 41 que de n'importe quel autre groupe en France. Preuve de leur singularité dans le paysage audio national. Le show bat son plein, Pop Pop Pop, Shoot Shoot enflamment le Novomax une bonne fois pour toute. José au chant est intenable et il faudra une panne de micro de François Ernie, le batteur, pour imposer au groupe une pause salvatrice de quelques minutes. José plaisante encore sur l'alternance effort/récupération : "Ça fait du bien, c'est bon pour le cardio ! Sinon, je propose de chanter en français entre chaque morceau au lieu de parler, ça vous branche ?". Après un vote à main levée dans la salle, le public préfèrera de stopper les tirades "à la Calogero" du chanteur amusé et soulagé aussi. Il enchaîne avec Tender, superbe ballade qui soulève encore une fois le public quimpérois.


 

Le set se termine sur Let's Go et après des salutations d'usage, le groupe reprend directement sa place pour enchaîner un rappel. Au chant, José est toujours aussi taquin : "On va vous jouer une chanson sur un animal, ça s'appelle Petit Chat. Moi, je suis allergique au chat... Je voulais l'appeler Petit Chien mais le groupe n'était pas d'accord". Ce nouveau morceau est tendu et neveux, un peu comme un chat au milieu d'une meute de chiens. L'ambiance ne retombera pas sur Toy Boy et It's Friday, le public est bouillant, tout le monde danse, certains slamment. Il reste à ovationner comme il se doit ce groupe qu'on est si heureux de retrouver sur scène. La set-list du soir (qui bénéficie désormais d'une discographie large) est imparable et le contrat est plus que rempli pour Stuck In The Sound. Les 5 zikos terminent trempés de sueur (pas d'inquiétude pour les kilos en trop, ils seront rapidement perdus) et peuvent entrevoir sereinement la suite de la tournée.


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                                                                                                                                                   Jérôme