Chaque année, le Label Charrues met un coup de projecteur sur deux groupes ou artistes émergents de la région et leur offre un appui fort dans leur développement artistique. Ce parrainage se traduit également par un soutien logistique, financier et par une tournée gratuite dans quatre salles bretonnes (cette année L'Echonova, La Carène, L'Ubu et Bonjour Minuit) avant un live attendu sur la scène Grall du festival des Vieilles Charrues en juillet. Depuis 2014, en véritable dénicheur de talents, le label Charrues a accompagné Totorro, The Same Old Band, Fragments, Colorado, Sônge, Atoem, Di#se, Dewaere, La Battue et Championne pour ne citer qu'eux. Pour cette nouvelle édition, les heureux élus sont Fallen Alien (Frehel) et Horizontal Francis (Landerneau) avec en première partie Ne Rangez Pas Les Jardins (Loc-Envel).
Label Charrues 2025, c'est parti !
Trois sur scène, puis quatre et enfin cinq pour cette soirée qui s'est étalée sur plus de trois heures. Il y a du beau monde dans le hall de La Carène. J'aperçois Jeanne Rucet et Jean-Jacques Toux, programmatrice et programmateur des Vieilles Charrues venus superviser leurs protégés ainsi que plusieurs représentants de la scène Rock brestoise (Gwendoline, Lesneu et Bantam Lyons entre autres). Ne Rangez Pas Les Jardins ouvre le bal avec sa poésie rock qui attrape le public direct. Rock, Jazz, Folk, on oscille entre l'univers de Dominique A et celui de Serge Teyssot-Gay. Dans un style assez frontal et théâtral, la magnétique Léa Digois interpelle le public avec des textes sombres sur lesquels Louis Hamon, Swann Yde et elle, posent une griffe très esthétique et parfois violente. Belle découverte !
Un noyau dur frère/soeur (Clément et Coline) est à la base de Fallen Alien. Le jeune groupe originaire de Frehel assurait il y a un an, la première partie de Championne et de Our Lights au Run Ar Puns pour la soirée Label Charrues 2024...une progression logique pour Fallen Alien qui s'est déjà produit sur la scène du festival Art Rock l'année dernière et qui est sur le point de sortir son premier album. Dans un style assez planant, Coline alterne spoken word à la Kae Tempest et envolées Katebushiennes tandis que Clément et ses deux acolytes jouent un Indie Rock qui rappelle parfois MGMT comme sur Porosity dont le clip est disponible ici. Visiblement ravis de se produire à Brest où ils ont vécu quelques temps, les Fallen Alien ont reçu un très bon accueil du public et quittent la scène après une prestation convaincante.
Changement d'ambiance avec Horizontal Francis. Le groupe débute avec Gros Balèze : véritable tuto loufoque de self-défense issu de leur Ep Au Revoir Chevals, sorti il y a plus d'un an maintenant. Horizontal Francis c'est un mélange de Fauve, Gwendoline et de Bref. Leur répertoire est un recueil d'histoires absurdes et déjantées dans un style proche de l'écriture automatique ou de l'impro. Autodérision et cynisme sont de mise chez Horizontal Francis qui est au Rock français ce qu'Arne Vinzon est à la New Wave : pas forcément pris au sérieux au premier abord et pourtant diablement efficace et très bien foutu. Comme ils le disent si bien dans leur chanson éponyme : c'est pas du Vianney non plus...faut p't être pas déconner ! Pas mieux !
Fallen Alien et Horizontal Francis sont à retrouver :
- le mercredi 4 juin à l'Ubu de Rennes
- le vendredi 13 juin au Bonjour Minuit de Saint Brieuc
Dans la foulée du concert brestois de jeudi, direction Le Novomax de Quimper cette fois avec Treaks et Ditter. Un plateau excitant de deux groupes cousins dans leur conception et dans leurs revendications qui, chacun dans son propre style, abordent sans détours les thèmes du patriarcat, du consentement et de l'affirmation de soi. De quoi envoyer un bon coup de pieds aux couilles à tous les relous et les bas du front. On en connait tous...cœur avec les doigts. Ce sont les nantais de Treaks qui lancent les hostilités, casque et protège-dents obligatoire, ça va frapper fort !
Trio composé de Clothilde (chant et guitare), Théophane (basse) et Owen (batterie), Treaks est devenu la sensation du moment, à grands coups de lives détonants et propulsés par la sortie de Ego, leur excellent premier album qui sera joué intégralement ce soir. Très à l'aise sur scène, Clotilde, et ses deux compères ont retourné le Novomax en cinq minutes, malheur aux retardataires ! Des textes forts, une musique agressive et Clotilde qui concentre tous les regards sur elle, tant l'intensité qu'elle met dans son jeu et dans son chant est grande. On en oublierait presque ses deux camarades, très bons dans cette rythmique soutenue. Queen, Sleep Apar et, Dirty, un bel enchainement que le public encaisse avec enthousiasme jusqu'au moment du premier uppercut avec Smiling, sombre et prenant titre post punk aux paroles assez glaçantes (smiling when you love me, smiling when you rape me...) qui m'a rappelé le tout aussi puissant Exorcise de We Hate You Please Die. Le public vacille une première fois, se retrouve dans les cordes sur Tiny Brain(chanson annoncée pédagogique pendant laquelle Clotilde descend dans le public hurler, My ass is not a cake, my body's not a game...) et finira KO sur Ego, qui achève un superbe concert puissant et engagé de Treaks.
Un an jour pour jour après leur concert à La Carène, j'étais impatient de revoir Ditter et de découvrir les nouveaux morceaux qui figureront sur leur prochain Ep, prévu pour l'automne. Le premier extrait sorti il y a quelques semaines : Way Too Cool For You, est absolument irrésistible et le clip qui l'accompagne est vraiment génial, je vous le conseille chaudement ! Là aussi c'est un trio qui œuvre sur scène : Rosa au chant, Sam à la basse et François à la guitare. Moins féroce que leur prédécesseurs, Ditter n'en est pas moins convaincant, dans un style plus Pop et plus dansant. Le public du Novomax accroche direct et se prend au jeu des danses gênantes sur Cringe, ou des chœurs sur Lalala Song, Vibrato et I Do Hate You. Mention spéciale au nouveau titreFree, belle ballade qui met en valeur la voix magnifique de Rosa dans un registre différent et plus posé. La bonne humeur, la décontraction et les compos entrainantes de Ditter font mouche encore une fois, le public danse et se lâche sur All About You, le savoureux U Need A Break (l'un des meilleurs titres du groupe à mon sens)et bien entendu sur le fameux Way Too Cool For You, certifié tube en puissance et qui clôture en beauté un set que l'on n'a pas vu passer. Total plaisir !
Retour aux affaires après un mois d'avril tranquillou. Au programme : Cucamaras et Chafouin, deux groupes, aux styles bien différents et que je ne connaissais pas vraiment. Ceci dit, quelques écoutes cette semaine m'ont permis d'échauffer mes oreilles comme il faut et d'arriver à la Carène plutôt confiant pour cette soirée découverte.
Les travaux et la fermeture du pont de l'Iroise, ça...je ne l'avais pas vu venir ! Déviation, timing chamboulé et arrivée à La Carène en plein milieu du set de Chafouin, à l'œuvre depuis vingt bonnes minutes dans la salle bien remplie. Pas évident de décrire la musique complexe et déroutante du trio brestois qui affiche neuf albums au compteur (le dernier en date "Tout Ce Qui Reste" est sorti le mois dernier). Expérimental, Noise Rock, Electro,...la basse est omniprésente et se mêle aux percussions, boucles électroniques et à la guitare en mode transe. Nul besoin de paroles, le dernier morceau joué est dédié à La Palestine, un trip instrumental puissant, intense qui termine en beauté ce (demi) set d'un inclassable et captivant Chafouin.
Dans la catégorie des jeunes groupes anglais prometteurs, Cucamaras coche toute les cases. Attitude de branleurs assumée, une énergie communicative et un style Punk Rock Indé qui fait mouche dès les premiers riffs. Le petit plus qui pourrait faire sortir Cucamaras de la mêlée se trouve peut-être chez ses chanteurs guitaristes (dont l'un ressemble à un Dylan électrique version 1965). Tous deux, assez opposés au niveau du style et du chant mais qui pourtant se complètent parfaitement sur scène. Originaires de Nottingham, on retrouve chez ce quatuor de nombreuses influences : Arctic Monkeys sur Wilmslow Storm et Death Of The Social, Fontaines D.C. sur Greener Lands, Shame sur Bleachers Yard, bref...pas les références les plus mauvaises. Mention spéciale aux excellentsLaughing, Western et Clothesline, tous trois issus de leur dernier Ep. Programmés il y a deux ans au Festival De La Mer, les Cucamaras ont évoqués à quel point ils avaient aimé s'y produire lorsqu'ils ont aperçu, dans le public, un spectateur portant un sweet du festival. Joli clin d'œil ! On pourrait penser que Cucamaras n'est qu'un groupe de plus en provenance d'Angleterre, pays qui en compte tant dans le genre, pourtant, il y a chez eux un je ne sais quoi qui pourrait faire la différence. L'avenir le dira ! Le set se termine avec Spoken Word, le public réclame un rappel mais le groupe n'ayant plus rien à jouer se contentera de venir saluer une dernière fois. Tss...