Retour en Bretagne après quatre jours passés en Terre normande au festival Beauregard. Avec 156 000 festivaliers en 5 jours, cette 17ème édition repousse encore un peu le record de fréquentation du festival. Avec une jauge de 32 000 personnes par jour, les organisateurs doivent désormais cibler tous les publics, tous les univers musicaux et tous les âges. Présent depuis la première édition en 2009, je ne me souviens pas avoir vu autant de monde, de familles et d'enfants sur le site. Un signe de la bonne réputation du festival en terme de confort, d'accueil et d'ambiance. La programmation, elle, est obligatoirement impactée, plus mainstream qu'auparavant, néanmoins Beauregard arrive toujours à sortir des noms qui "sortent du lot" et qui me font y revenir chaque année. J'avais toutefois fais l'impasse sur la soirée before du mercredi, avec Lucky Love, Black Eyed Peas et DJ Snake, définitivement pas ma tasse de thé.
Retour sélectif donc, sur quatre jours au festival Beauregard 2025.
Jeudi : Last Train, Jean-Louis Aubert, Girl In Red, Air
C'est sous un soleil radieux que je débarque à Hérouville Saint-Clair, bien entouré comme chaque année. La circulation toujours très compliquée sur le périph' de Caen me fait rater Guesney, le vainqueur du tremplin 2025 et j'arrive juste à temps pour le concert de Last Train. C'est le troisième passage du groupe à Beauregard après avoir assuré la première partie des Insus en 2016 et de Muse en 2022. Le premier coup de guitare sur Home est tellement fort et inattendu qu'il fait sursauter tout le monde, le quatuor alsacien est toujours aussi imprégné sur scène et joue son set avec une grosse intensité. Musicalement, c'est costaud, même si les cassures et les silences avant tempêtes sont un peu trop prévisibles et répétitifs à mon goût. Ceci dit j'aime beaucoup les valeurs de ce groupe et la générosité dégagée sur scène. Jean-Noël Scherrer et ses frères d'armes jouent le jeu à fond, lui ira dans la foule se faire porter à bout de bras avant un final magnifique The Big Picture.
Rien à reprocher à Jean-Louis Aubert, 70 ans au compteur, qui est venu enchanter tout le public réuni devant la grande scène Beauregard. Une set list impeccable mêlant carrière solo et reprises de Téléphone, un concert en mode best-of, d'un daron du Rock tout sourire du début à la fin. Très plaisant.
Changement de génération avec Marie Ulven Ringheim alias Girl In Red qui se produit dans la foulée sur la scène John. La jeune norvégienne, étoile montante de la Dream Pop, est un petit phénomène que pas mal de monde attend ce soir. Souriante et toute mimi, bonnes vibes, Girl In Red charme sans difficulté un public d'ado tout acquis à sa cause qui reprend par cœur les hits Hemingway ou encore I Wanna Be Your Girlfriend.
Petit tour sur site pour se restaurer et s'hydrater tout en profitant de la belle déco mise en place. La pinte de bière quant à elle est passée de 50cl à 45cl... Une pinte c'est une pinte c'est quoi ce bordel Carpentier ! (Hommage).
Concert somptueux ensuite de Air qui vient fêter les 25 ans de Moon Safari, leur premier Lp devenu l'un des albums cultes de la French Touch. En trio et installés dans ce qui ressemble à une fenêtre ou une capsule de vaisseau spatial, le visuel est d'une élégance rare. Musicalement c'est impeccable, (presque trop, mais le style du groupe laisse peu de place aux impros) et je ne boude pas mon plaisir puisque c'est la première fois que je les vois sur scène. Superbe !
Vendredi : Blonde Redhead, The Dandy Warhols, Lamomali, Biga*Ranx
Début des hostilités un peu tardif pour moi en ce vendredi, j'en profite pour flâner au niveau des stands dont ceux concernant la prévention contre les violences faites aux femmes et la conduite en état d'ivresse. Présence indispensable de ces structures pour rappeler les principes essentiels de bonne conduite afin que cet événement reste une fête. J'aime toujours y faire mon curieux, j'y aperçois une jeune festivalière tentant de faire un petit parcours avec les fameuses lunettes simulation alcoolémie... Pas évident !
Blonde Redhead est le groupe que j'attends le plus aujourd'hui, j'avais même un peu tanné mes équipiers sur ce concert à ne pas manquer. Pas assez visiblement, puisqu'ils ont lâchement abandonné l'affaire au bout de quelques minutes tandis que j'étais totalement envoûté par la prestation Indie Rock sophistiquée des New-Yorkais. Blonde Redhead, constitué des jumeaux Amedeo et Simone Pace (guitare et batterie) et de Kazu Makino (chant et clavier), c'est 10 albums studio en 30 ans et une maîtrise impressionnante sur scène. Devant moi les premiers rangs sont essentiellement occupés par des ado en place pour Damso qui jouera dans 4 heures 30. La moitié d'entre eux est plongée dans son portable, seul le moment ou Kazu Makino enfilera un T-Shirt "Palestine Will Live Forever", les fera réagir. C'est déjà ça ! Moi, j'ai adoré !
Je connais The Dandy Warhols essentiellement pour le formidable documentaire Dig ! sorti en 2004 et racontant les destins croisés de ce groupe et du Brian Jonestown Massacre d'Anton Newcombe. 20 ans plus tard les deux groupes existent encore et je suis assez curieux de voir ce que donnent sur scène Courtney Taylor-Taylor et sa troupe. Assez vite la mayonnaise a pris. Si les américains sont un peu statiques sur scène, leur bonne humeur, le sourire permanent de Zia McCabe au clavier et leur Pop Psyché nous a fait passer un très agréable moment. Le public était nombreux et le groupe avait la banane (ha ha).
Petite ballade sur site encore où je croise comme tous les ans le happening de La Brigade Javotte, cette année en tableau vivant. Très sympa !
Je profite ensuite du début set de Lamomali, le collectif fondé par Matthieu Chédid et Fatoumata Diawara, mais la foule est nombreuse et Matthieu Chédid prend un peu trop de place à mon goût. Je décide donc de prendre de la hauteur et de contempler le site depuis la grande roue. Toujours aussi impressionnant !
On ne va pas se mentir, ce vendredi n'est pas la journée la plus folle... Heureusement que Blonde Redhead et The Dandy Warhols ont assuré ! Pour finir, je passe un peu de temps devant Biga*Ranx que je ne connais pas. Il y a des palmiers sur la scène, ça sent l'herbe fraîche... C'est du reggae. Plutôt du ragga autotuné et c'est bien dommage car ça a le mérite d'être dansant et l'ambiance est là. Après 5 ou 6 chansons où on entend le mot Beauregard à toutes les sauces et des couplets débités à une vitesse folle, je quitte le site gentiment. Damso, Gesaffelstein et MYD ce sera sans moi !
Samedi : Madam, Isaac Delusion, Bloc Party, The Last Dinner Party, The Black keys
En ce début d'après midi, sur la scène John, je retrouve avec plaisir Madam que j'ai pu découvrir au festival God Save The Kouign il y a 3 semaines. Comme à Penmarc'h donc, mais en plein jour cette fois, les 3 Toulousaines vont foutre le feu à la prairie de Beauregard en un rien de temps. Le public est bouillant et se démène devant la rythmique impressionnante du groupe. Madam est décidément irrésistible, aussi bien musicalement que dans cette cool attitude qui me ravit encore une fois. Ne changez rien !
Changement de style avec la Pop lounge de Isaac Delusion qui prend place sur la grande scène Beauregard. Un set très bien exécuté, bien qu'un peu linéaire. La fin du concert est plus intense, poignante même lorsque Loïc, au chant, dédie l'ultime morceau du set à sa grand-mère décédée quelques heures avant le début du concert.
12 ans après une excellente prestation ici même, Bloc Party revient fêter les 20 ans de leur album Silent Alarm. Depuis, entre plusieurs pauses, changements de membres et albums moins retentissants, je les avais un peu oubliés pour être honnête. En tout cas Kele Okereke est bien là et il a soulevé de la fonte depuis la dernière fois ! Le set commence fort avec So Here We Are, premier des 7 titres de Silent Alarm qui vont être joués. Si les autres morceaux, moins connus, ont fière allure en live, dès que le groupe entame Banquet, Like Eating Glass ou Helicopter, le public se transforme, cela en dit beaucoup sur l'impact de cet album devenu un classique. Louise Bartie à la batterie est impeccable et Kele Okereke possède toujours cette voix puissante. Je n'attendais rien de spécial de ce concert et j'ai passé un très bon moment.
Party toujours mais The Last Dinner Party ensuite scène John. Le groupe londonien fait dans le style baroque (voire kitch) de la déco de scène jusqu'aux tenues portées. Comme dans un cabaret, on a le droit à un tableau différent à chaque chanson. On pense par moment à Kate Bush, à Abba pour les meilleurs titres. Le concert n'est pas désagréable et malgré les efforts de Abigail Morris, au chant, qui occupe très bien la scène, je me suis un peu ennuyé.
Je me dirige ensuite vers le Studio, petit chapiteau en mode DJ Set où on peut danser au lieu d'aller au concert scène Beauregard. En chemin, je me fais interpeller par Arthur, jeune Quimpérois qui remarque et me félicite sur mon T-Shirt de Moundrag (excellent groupe de Paimpol). Salut à toi Arthur, tu as de très bon goût musicaux ! D'ailleurs, niveau t-shirts, il y a du lourd !
Pendant l'enchaînement Hoshi/Gazo, j'ai un peu de temps et je continue mon exploration des différents recoins du festival. Près de l'entrée du festival je découvre une multitude de stands pour petits et grands, jeux de plein air, jeux de société, maquillages, dessins, initiations aux arts du cirque... Bref, de quoi faire une parenthèse bien sympathique entre deux concerts. Je n'ai d'ailleurs pas résisté au plaisir de faire une petite partie d'échecs (j'ai les noirs).
Allez, fini de jouer et place aux Black Keys ! Le duo Dan Auerbach / Patrick Carney accompagné de quatre musiciens supplémentaires sur scène va nous faire une démonstration de Blues/Rock de haut niveau. Une set list imparable dont la moitié des morceaux sont tirés de leurs formidables albums Brother et El Camino. Un set pêchu où on assiste à défilé de guitares entre les mains expertes de Dan Auerbach et à une belle reprise de Canned Heat - On The Road Again. Mention spéciale à Everlasting Light, Man On A Mission (nouveau titre), Howlin' For You et le sublime Little Black Submarines. L'inévitable Lonely Boy sera joué en dernier dans une ambiance de feu. Magnifique concert des Black Keys.
Heureux et sonné, j'en reste là pour aujourd'hui et je quitte le festival tandis que le château de Beauregard prend de drôles de couleurs.
Dimanche : Servo, King Hannah, The Limiñanas, Wet Leg, Amyl & The Sniffers, Fontaines D.C.
Il a plu cette nuit sur Caen et sa banlieue (ça aura son importance un peu plus tard), mais en arrivant à 15h pétantes sur le site tout est sec. Encore une fois, la météo est parfaite pendant Beauregard qui n'aura quasiment connu que des éditions ensoleillées depuis 2009. C'est le groupe SerVo qui lance cette dernière journée. Le trio rouennais joue un Post Punk tendu et sombre qui me rappelle un peu Rendez-Vous. C'est plutôt bien mené mais on n'aura pas de grande surprise ici, mis à part ce cassage inutile de guitare à la fin.
King Hannah vient de Liverpool et cela ne s'entend pas ! On est plutôt sur te terrain de Bill Callahan ou d'Angel Olsen si on cherche des références à l'Indie Folk du groupe constitué du noyau dur Hannah Merrick et Craig Whittle. Elle, dans une magnifique robe rouge, est impassible et chante d'une voix monocorde tandis que lui, casquette et chemise à carreaux, distille ses notes de guitares comme on boit un bon bourbon. De ceux qui vous séduisent doucement le palais avant de vous brûler la gorge. C'est assez clivant comme ça à 16 h, en festival, certains s'allongent et font une pause, d'autre n'adhèrent pas et passent leur chemin Pour celles et ceux qui comme moi sont restés, ce fût un excellent concert.
Vu il y a 3 semaines au festival God Save The Kouign, j'avais hâte de retrouver les Limiñanas car le concert breton m'avais laissé sur ma faim. Le moins qu'on puisse dire c'est que c'était bien parti. Si Keith Streng, à la guitare, en faisait des caisses en prenant la pause toutes les 10 secondes, j'ai trouvé Tom Gorman, au chant, très bien en place et l'énergie était là et puis patatra... À la fin du 3ème titre joué (J'adore Le Monde), un mur d'eau tombe du toit de la scène. On pense d'abord à un effet spécial mais on s'aperçoit rapidement que le groupe (surtout Tom Gorman et Marie Limiñana), les instruments, les câblages et pédales électriques sont trempés. Le groupe est aussi surpris que désolé de devoir interrompre le set, surtout que l'eau continue de tomber à chaque coup de vent, une poche d'eau s'étant visiblement formée sur le toit. Intervention de Paul Langeois qui, comme on s'y attendait, vient annoncer l'annulation du concert. Aucun risque ne sera pris et on procède immédiatement à la vérification de la structure.
Conférence de presse repoussée, concert de Jyeuhair avancé, ça bouge de partout et tout le monde œuvre pour que le reste de journée se déroule bien et comme prévu. Ce sera le cas ! La scène Beauregard est contrôlée et le concert de Wet Leg peut avoir lieu. Entrée musclée pour Rhian Teasdale qui montre ses biceps et son nouveau look. On est donc passé de la dégaine bobo à la punkette sexy, de Mary Ingalls à Harley Quinn en deux ans. Autre constat, Hester Chambers, véritable binôme avec qui Rhian Teasdale partageait le micro il y a peu, est désormais très en retrait, laissant toutes les lumières à sa camarade. C'est étrange et ça sent le plan de carrière et marketing à plein nez, comme on se le disait avec mon ami Fabrice, que j'ai retrouvé à la fin du concert. Wet Leg change son image, on l'a bien vu, sa musique reste toutefois bien gentillette et je suis resté loin de ce délire hype.
On change de monde avec Amyl & The Sniffers scène John. Amy Taylor débarque en maillot de cuir rouge. (plus on avance dans la journée moins les artistes sont habillés) C'est à se demander si Grian Chatten de Fontaines D.C. ne va pas arriver en slip tout à l'heure. Pieds au plancher, la tornade blonde va tout déchirer. Quelle énergie et quel charisme ! Elle capte toutes les attentions certes, mais autour d'elle, Declan Martens (guitare), Bryce Wilson (batterie), Gus Romer (basse) sont impressionnants dans le tempo et pourtant tout en décontraction. Declan Martens me fait penser à Jeff Lynne jeune, mais là on est plus près des Stooges que de Electric Light Orchestra. Les Australiens enchaînent tous les titres et retournent, au propre comme au figuré, le public de Beauregard. Top concert !
Pas le temps de souffler, je file vers la scène Beauregard pour Fontaines DC. En quelques années le groupe irlandais s'est hissé en haut du peloton des groupes de Rock et il me tardait de les découvrir en live. Je n'ai pas été déçu du tout et ce, malgré un son vraiment mauvais pendant la première moitié du set, dommage. Cela ne m'a pas empêché d'apprécier la très bonne prestation du groupe, avec entrée en matière très solide avec Jackie Down The Line et Boys In A Better Land entre autres. Grian Chatten, connu parfois pour se la jouer un peu trop, est impeccable En arrière plan, une déco imposante et réussie avec ce gros ballon en forme de cœur que l'on retrouve sur la pochette de Romance, leur dernier album. Gros final avec In The Modern World (que j'adore), I Love You et le monstrueux Starburster qui reste l'un des grands moments du festival pour moi. De très bons albums, une notoriété qui grandit à vue d’œil, un chanteur charismatique : nous verrons ce que l'avenir leur réserve mais il est probable que les zéniths soient vite trop petits pour Fontaines DC. À noter que tout comme Blonde Redhead et Amyl & The Sniffers pour ne citer qu'eux, Fontaines DC a profité de sa visibilité pour évoquer leur soutien au peuple Palestinien de façon on ne peut plus frontale.
Un dimanche magnifique avec pour seul regret le set avorté des Limiñanas. Il n'aura plu que sur eux au cours de ces 4 jours. Je laisse les festivaliers avec Clara Luciani et Martin Solveig, je préfère rester avec Fontaines DC comme dernière impression.
Comme chaque année, un grand merci à tous les bénévoles croisés durant le festival, toujours aussi sympathiques et souriants.
Je termine ce post avec mon rituel, le top 5 qui n'engage que moi, puisque je n'ai pas pu (ou voulu) tout voir.
Le festival God Save The Kouign est sold out pour la première fois et depuis plusieurs semaines déjà ! Cela ne surprendra personne chez les habitués de l'évènement, on le sentait venir. En six éditions seulement, GSTK est devenu un rendez-vous incontournable, réunissant tous les amoureux du Rock sous toutes ses coutures dans un festival à taille humaine. La programmation est une nouvelle fois excellente et, cerise sur le gâteau de cette édition, un troisième jour a été ajouté pour la venue exceptionnelle de Manu Chao. Lors de son passage à la salle Cap Caval de Penmarc'h en septembre dernier, le courant est visiblement très bien passé entre l'ex leader de la Mano Negra et les organisateurs du festival pour lesquels il a accepté de revenir. On peut d'ailleurs constater sur les réseaux sociaux qu'il ne quitte plus le sweat GSTK qu'il lui a été remis à cette occasion. Un vrai coup de maître et un signe qui en dit long sur la réputation et les valeurs du festival.
Pour ma part j'ai laissé le dimanche aux aficionados de Manu Chao, mais j'étais bel et bien présent sur les deux premiers jours du festival, motivé et très bien entouré.
Retour sur le God Save The Kouign 2025 : c'est parti !
La nouvelle est tombée le matin, D-A-D, groupe tête d'affiche de ce vendredi, ne viendra pas au God Save The Kouign à cause de l'annulation de son vol. Un coup de froid pour tout les fans du groupe Danois qui se produit rarement en France. Le festival prend acte, impossible de remplacer une tête d'affiche du calibre de D-A-D en quelques heures, néanmoins les organisateurs réussissent le tour de force de rajouter un groupe à la prog du jour : les Nantais de Basic Partner, l'une des révélations des dernières Trans Musicales. Chapeau ! Le running order est quelque peu chamboulé, et j'arrive sur le site au milieu du set de nos jeunes invités de dernière minute, alors que les locaux de Gunsmoke Brothers Band avaient ouvert le festival un peu plus tôt.
Avec un premier album (New Decade) sorti il y a deux mois chez l'excellent label À Tant Rêver Du Roi, Basic Partner se paye une belle place dans le peloton des groupes Post Punk Noisy comme Chest ou Rendez-Vous. Sur scène la noirceur est palpable et les embardées de saxo de Clément Le Gallo ajoutent une touche particulière qui font de Basic Partner un groupe à l'identité forte et que j'aurai plaisir à revoir plus longuement.
Je retrouve ensuite Dätcha Mandala que j'avais découvert en 2018 au festival Beauregard où ils avaient offert au public une prestation très convaincante. Le trio bordelais compte désormais trois albums au compteur (dont l'excellent Koda sortie en 2024) et a baroudé sur plusieurs centaines de dates un peu partout dans le monde. Dans un style très Heavy Rock à la Led Zep' et toujours aussi généreux et énergique en live, Dätcha Mandala s'est construit une grosse réputation et ce concert puissant en sera une nouvelle démonstration.
C'est sur la musique de Rocky que les Fun Lovin Criminals entrent en scène. Moi qui écoutais en boucle leur superbe album Come Find Yourself il y a bientôt trente ans, je me demandais bien à quoi pouvait ressembler ce groupe aujourd'hui avec Brian Leiser comme seul membre rescapé du trio fondateur. Le doute s'est évaporé dès les premiers titres. Cool attitude et maîtrise de long en large : The Fun Lovin' Criminal,Bombin' The L, Loco, Run Daddy Run, Smoke 'Em, du classieux hip hop new-yorkais sauce latino. Au clavier, chant et cuivre Brian Leiser se place naturellement en patron et va pousser le jeu jusqu'à se faire apporter un cigarillo en plein solo. Le nouveau titre Little Bit Further est lui aussi un vrai régal, de bonne augure pour le nouvel album à venir en août. Le set se termine avec l'inévitable Scooby Snacks, toujours aussi efficace puis Big Night Out qui vient clôturer un excellent concert des Fun Lovin' Criminals que je n'aurais honnêtement jamais pensé voir ici.
Il m'a fallut un peu de temps pour passer à autre chose et j'ai eu du mal à entrer dans le délire High Fade dont j'attendais le set avec impatience pourtant. Peut-être trop. Le trio venu d'Ecosse (au look improbable) vaut cependant le détour et distille un très bon Rock Funky qui me rappelle les premiers albums de Inspector Cluzo (avec la basse en plus). Le public lui, se prend immédiatement au jeu et réagit au quart de tour aux sollicitations de Harry Valentino, guitariste ambianceur en t-shirt marcel et chapeau de cow-boy, tandis que Oliver Sentance, en espèce de jeune Raymond Domenech Hippie est au taquet sur sa basse.
Après une pause repas bienvenue, je retourne sous le chapiteau constater le feu allumé par Ko Ko Mo. Warren et K20 se démènent devant un écran d'images stroboscopiques et hypnotiques à faire rager les photographes. Le groupe nantais honore sa deuxième participation au God Save The Kouign après un premier passage en 2019 lors du Vol.2. Avec l'annulation de D-A-D, Ko Ko Mo se retrouve donc propulsé en tête d'affiche de cette première soirée, un costard que le furieux binôme a endossé sans trembler. Personnellement, je n'ai jamais été très fan mais je reconnais chez eux un jeu de scène très costaud et une énergie indéniable qui embrase le public à chaque fois. Vu l'ambiance sous le chapiteau ce soir, la mission est accomplie haut la main.
Nous sommes encore nombreux devant les toulousaines de Madam. Leur Rock Garage survolté va retourner en deux temps trois mouvements la scène 2 du God Save The Kouign. Quel punch ! Visiblement ravies d'être là et d'avoir un si bon retour du public, Gabbie Burns (chant et guitare), Anaïs Belmonte (batterie) et Marine Masachs (basse) ont assuré un show de haute volée à grands coups de riffs et de rythmique frontale. À l'instar de Treaks, ou de We Hate You Please Die, Madam s'impose avec autorité et fait entendre sa voix sur les comportements sexistes sans pour autant tomber dans le manifeste féministe. Le set passe à une vitesse folle et se termine avec Gabbie Burns déchainée sur sa guitare au beau milieu de la foule, devant le sourire radieux de Marine Masachs. Mention spéciale aux excellents Mad, The Ride, Battleground, She's Gone et Dance qui clôture un concert explosif.
La soirée se termine avec Wine Lips, groupe originaire de Toronto dont le style et la voix de Cam Hilborn (guitare et chant) rappellent indéniablement les O'Sees. C'était clairement l'un des groupes que j'attendais le plus aujourd'hui et l'attente en valait la peine. Tel un ouragan au pays des tempêtes, Wine Lips a déferlé sur Penmarc'h et a laissé le public sans dessus dessous (même si certains n'avaient pas besoin de grand chose pour se retrouver en mal d'équilibre). Rythmique de malade assurée par Charlie Wear (basse) qui me fait penser à Jack Black, et surtout par Aurora Evans (batterie) qui maintient un tempo de malade et enchaine les breaks toutes les vingt secondes. Les deux guitaristes ne sont pas en reste et alternent riffs punk/rock et solos psychés. Impressionnant ! Il ne me reste plus qu'à rentrer poser mes oreilles au frigo et dormir un peu pour être paré pour la deuxième journée.
L'avantage d'être en festival à Penmarc'h, c'est qu'on est quand même dans un superbe coin. Réveil, ballade, repas entre amis et sieste avant de retourner sur le site... On n'est pas malheureux ici !
Ce sont les Bloyet Brothers qui ouvrent cette seconde journée au God Save The Kouign. Originaires de Redon, le trio guitare/batterie/clavier dégage une grosse énergie Blues/Rock sur laquelle le synthé Moog pose une touche psyché. Efficace, bien réalisé, bien chanté... une belle entrée en matière qui satisfait les festivaliers déjà nombreux sur site.
Daran est de nouveau sur les routes pour défendre Grand Hôtel Apocalypse, son dernier album et l'un de ses meilleurs de mon point de vue, toujours dans son style caractéristique mêlant textes poignants et musique Indie/Rock. Une patte que l'on retrouve peut-être plus au Québec notamment chez l'excellent Louis-Jean Cormier. Visiblement ravi d'être sur la scène du GSTK, l'artiste est souriant et passe de long moment à scruter le public et ses fidèles regroupés aux premiers rangs. Comme beaucoup d'autres avant lui, il s'amuse du nom étrange du festival et promet d'aller goûter une Kouign (le pancake local) sitôt le concert terminé. Coté zik la part belle est donnée à son dernier ouvrage dont le très beauJe Voulais Te Dire. Dans les anciens titres, il faut se contenter de peu et pour ma part, j'aurais bien troqué Déménagé contre Huit Barré ou Olivia. Avec 11 albums il y a de quoi faire ! Le seul titre qui ne fera pas débat c'est bien entendu Dormir Dehors repris en chœur par tout le public avant le final sur Une Sorte d'Eglise.
Cette histoire de Kouign m'a donné faim, aussi je profite d'une accalmie au stand qui lui est dédié pour déguster le fameux emblème du festival nappé d'un caramel maison. Délicieux ! La recette ? C'est cadeau !
Place à Juniore que je connais peu malgré leurs quatre albums au compteur. Le groupe parisien joue une musique Surf/Yé-Yé tendance Psyché qui n'est pas sans rappeler Psycho Tropical Berlin le premier album de La Femme. Au clavier et au chant, Anna Jean fait preuve d'un flegme un brin déroutant (mais assez raccord avec le style musical du groupe) et qui contraste avec l'énergie déployée sur scène par Lou Maréchal (basse), Swanny Elzingre (batterie) et par Samy Osta (guitare) qui se charge de la distribution de goodies en fin de set. Le public accroche bien et se trémousse sur les rythmes assez irrésistibles de Panique ou Ah Bah d'Accord. La transition parfaite pour les Limiñanas !
Toujours très bien entourés sur scène comme en studio, Lionel et Marie Limiñana se sont offert un nouveau line up pour cette tournée qui fait suite à la sortie de Faded leur dernier album. Autour du couple et de leur fidèle compagnon de route Alban Barate au clavier, on retrouve Clémence Lasme de Moodoïd (basse), Tom Gorman de Kill The Young (guitare et chant) et Keith Streng des Fleshstones (guitare). Une formation musclée qui va tenir un set très pêchu, bien soutenu par un Keith Streng intenable, multipliant les allers-retours sur scène et les postures Guitar Héro. Le set débute avec Prisoner Of Beauty, Shout et J'adore le Monde, trois titres du dernier album initialement chantés par Bobby Gillepsie (Primal Scream), Rover et Bertrand Belin. On ne sait jamais à quoi s'attendre avec The Limiñanas tant les titres lives peuvent varier selon le chant ou la version jouée. Surprendre au point d'être clivant parfois. Autour de moi les avis divergent, allant de l'ennui sur les longueurs psychédéliques que le groupe affectionne, à la grosse claque reçue par cette démonstration de puissance et de maitrise dans un style assez unique il faut bien le dire. Pour ma part j'étais mitigé. Mention spéciale à Istanbul Is Sleepy qui rend un bel hommage à Foulques de Boixo, avec la projection en fond de scène de séquences vidéos de cet inclassable artiste catalan, génial danseur qui accompagnait le groupe sur scène et dans leur clips. Adepte des reprises, de Julien Clerc à Suicide en passant par Them ou Can pour n'en citer que quelques unes, les Limiñanas vont offrir un savoureux TV Set des Cramps au public du God Save The Kouign avant de quitter le chapiteau sous une belle ovation. Quant à moi, j'ai tout simplement hâte de les revoir dès juillet en Normandie où j'aurai peut-être un retour plus tranché.
J'ai quitté la petite scène sur une ambiance Champagne et petits fours avec Juniore, mais avec The Cold Stares on est plus sur Bourbon et steak de 400g. Le groupe américain aux influences Rivals Sons et Black Keys ferait la bande son parfaite de la série Sons Of Anarchy. Chris Tapp, voix puissante et bluesy distribue des solos à tour de bras et use de sa pédale wah-wah pour un rendu Heavy impeccable en tout point. Je ne m'attarde cependant pas, il est temps pour moi de faire un dernier arrêt au stands victuailles et boissons avant d'attaquer la dernière ligne droite.
Nourri et hydraté, je file ensuite voir Royal Republic sous un chapiteau plein à craquer. Le groupe suédois n'a fait qu'une bouchée du God Save The Kouign et remporte haut la main le trophée du concert le plus fédérateur et festif du weekend. À l'instar de leur compatriote de The Hives ou des Australiens de Airbourne, mais dans un style très Heavy Pop, Royal Republic est assez irrésistible sur scène et use de tous les leviers pour mettre le feu. Le charisme de Adam Grahn y est pour beaucoup. Intenable, ce dernier ira même jusqu'au milieu de la foule offrir à un gamin un moment qu'il n'est pas près d'oublier, en le prenant sur ses épaules et en le faisant participer sur Ain't Got Time. Le public aura le droit à Venus, célèbre morceau de Shocking Blue et dernier single en date du groupe, joué en live pour la première fois. Si leurs albums sont loin de me convaincre, je constate encore une fois que Royal Republic met tout le monde d'accord en live. Groupe de scène par excellence.
En ce qui me concerne, la grosse claque va arriver sans prévenir (c'est un peu le principe) avec Stone, jeune groupe venu de Liverpool. En lead et au chant, le bien nommé Fin Power entouré de Elliott Gill (guitare), Sarah Surrage (basse) et Alex Smith (batterie). Stone réussit à mêler admirablement mélodies Brit/Pop et rage Punk/Rock avec une énergie impressionnante que je n'avais pas décelée à l'écoute de leur 1er album Fear Life For A Lifetime. Dès le second morceau Fin Power se retrouve torse nu à parcourir la scène comme un boxeur. Devant lui c'est bouillant, slam, pogo, fauteuil roulant qui surfe sur le public, tout y passe. Lui même fait son slam en mode planche tout en continuant son chant. Un set magnifique qui passe bien trop vite. Le public réclame longuement un rappel qui n'arrivera pas, timing oblige. Gros coup de cœur !
Nota : En rédigeant cet article, je découvre que notre cher Fin Power n'est autre que le rejeton de John Power, bassiste de The La's, groupe de Liverpool auteur d'un unique et formidable album contenant, entre autres, le célèbre tube There She Goes...les chiens ne font pas des poules !
Je pars encore un peu sonné me placer pour Sprints qui sera le dernier concert de la soirée et du festival en ce qui me concerne. Le chapiteau est moins garni qu'il y a une heure, mais les irréductibles sont là...plus ou moins fatigués en ce deuxième jour et à cette heure tardive. Dès les premières minutes, je constate que ce groupe a déjà franchi un cap. Son atout majeur est cette fabuleuse Karla Chubb (chant et guitare) qui capte toutes les attentions. Quelle présence ! Dans le public c'est chaud ! Pogo, circle pit, verres qui volent, devant le passage en revue de Letter To Self, le 1er album du groupe. À la guitare Zac Stephenson est blanc comme un linge et transpire à grosses gouttes tandis que Karla ne cesse de tournoyer comme une toupie avec sa guitare en furie. Aucun doute...Sprints c'est elle avant tout ! On pense bien sûr à Amyl And The Sniffers que ce groupe est déjà en train de rattraper à mon sens. Mention spéciale aux explosifs Adore Adore Adore, Feast, Heavy et à ce fabuleux Deceptacon, cover du groupe punk américain Le Tigre. Top concert !
Nota : Pour celles et ceux qui veulent une séance de rattrapage, Sprints repassera en Bretagne à l'occasion du Carnavalorock de Saint-Brieuc qui se déroulera les 17 et 18 octobre prochain. Je dis ça je dis rien.
Le festival God Save The Kouign continue sans moi, demain est le jour J pour les fans de Manu Chao et cela s'annonce déjà mémorable. L'édition 2025 aura tenu toutes ses promesses, que ce soit en termes de programmation ou en termes d'accueil et de vie sur site. Un grand merci aux organisateurs pour leur confiance, ainsi qu'à tous les bénévoles et à toutes les équipes qui œuvrent pour que ce moment soit le plus agréable possible et toujours avec le sourire. Rendez-vous l'année prochaine !