mardi 17 juin 2025

Festival GOD SAVE THE KOUIGN 2025

Le festival God Save The Kouign est sold out pour la première fois et depuis plusieurs semaines déjà ! Cela ne surprendra personne chez les habitués de l'évènement, on le sentait venir. En six éditions seulement, GSTK est devenu un rendez-vous incontournable, réunissant tous les amoureux du Rock sous toutes ses coutures dans un festival à taille humaine. La programmation est une nouvelle fois excellente et, cerise sur le gâteau de cette édition, un troisième jour a été ajouté pour la venue exceptionnelle de Manu Chao. Lors de son passage à la salle Cap Caval de Penmarc'h en septembre dernier, le courant est visiblement très bien passé entre l'ex leader de la Mano Negra et les organisateurs du festival pour lesquels il a accepté de revenir.  On peut d'ailleurs constater sur les réseaux sociaux qu'il ne quitte plus le sweat GSTK qu'il lui a été remis à cette occasion. Un vrai coup de maître et un signe qui en dit long sur la réputation et les valeurs du festival. 

Pour ma part j'ai laissé le dimanche aux aficionados de Manu Chao, mais j'étais bel et bien présent sur les deux premiers jours du festival, motivé et très bien entouré. 

Retour sur le God Save The Kouign 2025 : c'est parti !

La nouvelle est tombée le matin, D-A-D, groupe tête d'affiche de ce vendredi, ne viendra pas au God Save The Kouign à cause de l'annulation de son vol. Un coup de froid pour tout les fans du groupe Danois qui se produit rarement en France. Le festival prend acte, impossible de remplacer une tête d'affiche du calibre de D-A-D en quelques heures, néanmoins les organisateurs réussissent le tour de force de rajouter un groupe à la prog du jour : les Nantais de Basic Partner, l'une des révélations des dernières Trans Musicales. Chapeau ! Le running order est quelque peu chamboulé, et j'arrive sur le site au milieu du set de nos jeunes invités de dernière minute. Avec un premier album (New Decade) sorti il y a deux mois chez l'excellent label À Tant Rêver Du Roi, Basic Partner se paye une belle place dans le peloton des groupes Post Punk Noisy comme Chest ou Rendez-Vous. Sur scène la noirceur est palpable et les embardées de saxo de Clément Le Gallo ajoutent une touche particulière qui font de Basic Partner un groupe à l'identité forte et que j'aurai plaisir à revoir plus longuement. 


Je retrouve ensuite Dätcha Mandala que j'avais découvert en 2018 au festival Beauregard où ils avaient offert au public une prestation très convaincante. Le trio bordelais compte désormais trois albums au compteur (dont l'excellent Koda sortie en 2024) et a baroudé sur plusieurs centaines de dates un peu partout dans le monde. Dans un style très Heavy Rock à la Led Zep' et toujours aussi généreux et énergique en live, Dätcha Mandala s'est construit une grosse réputation et ce concert puissant en sera une nouvelle démonstration.

 


C'est sur la musique de Rocky que les Fun Lovin Criminals entrent en scène. Moi qui écoutais en boucle leur superbe album Come Find Yourself il y a bientôt trente ans, je me demandais bien à quoi pouvait ressembler ce groupe aujourd'hui avec Brian Leiser comme seul membre rescapé du trio fondateur. Le doute s'est évaporé dès les premiers titres. Cool attitude et  maîtrise de long en large : The Fun Lovin' Criminal, Bombin' The L, Loco, Run Daddy Run, Smoke 'Em, du classieux hip hop new-yorkais sauce latino. Au clavier, chant et cuivre Brian Leiser se place naturellement en patron et va pousser le jeu jusqu'à se faire apporter un cigarillo en plein solo. Le nouveau titre Little Bit Further est lui aussi un vrai régal, de bonne augure pour le nouvel album à venir en août. Le set se termine avec l'inévitable Scooby Snacks, toujours aussi efficace puis Big Night Out qui vient clôturer un excellent concert des Fun Lovin' Criminals que je n'aurais honnêtement jamais pensé voir ici.


 

Il m'a fallut un peu de temps pour passer à autre chose et j'ai eu du mal à entrer dans le délire High Fade dont j'attendais le set avec impatience pourtant. Peut-être trop. Le trio venu d'Ecosse (au look improbable) vaut cependant le détour et distille un très bon Rock Funky qui me rappelle les premiers albums de Inspector Cluzo (avec la basse en plus). Le public lui, se prend immédiatement au jeu et réagit au quart de tour aux sollicitations de Harry Valentino, guitariste ambianceur en t-shirt marcel et chapeau de cow-boy, tandis que Oliver Sentance, en espèce de jeune Raymond Domenech Hippie est au taquet sur sa basse.



Après une pause repas bienvenue, je retourne sous le chapiteau constater le feu allumé par Ko Ko Mo. Warren et K20 se démènent devant un écran d'images stroboscopiques et hypnotiques à faire rager les photographes. Le groupe nantais honore sa deuxième participation au God Save The Kouign après un premier passage en 2019 lors du Vol.2. Avec l'annulation de D-A-D, Ko Ko Mo se retrouve donc propulsé en tête d'affiche de cette première soirée, un costard que le furieux binôme a endossé sans trembler. Personnellement, je n'ai jamais été très fan mais je reconnais chez eux un jeu de scène très costaud et une énergie indéniable qui embrase le public à chaque fois. Vu l'ambiance sous le chapiteau ce soir, la mission est accomplie haut la main.


Nous sommes encore nombreux devant les toulousaines de Madam. Leur Rock Garage survolté va retourner en deux temps trois mouvements la scène 2 du God Save The Kouign. Quel punch ! Visiblement ravies d'être là et d'avoir un si bon retour du public, Gabbie Burns (chant et guitare), Anaïs Belmonte (batterie) et Marine Masachs (basse) ont assuré un show de haute volée à grands coups de riffs et de rythmique frontale. À l'instar de Treaks, ou de We Hate You Please Die, Madam s'impose avec autorité et fait entendre sa voix sur les comportements sexistes sans pour autant tomber dans le manifeste féministe. Le set passe à une vitesse folle et se termine avec Gabbie Burns déchainée sur sa guitare au beau milieu de la foule, devant le sourire radieux de Marine Masachs. Mention spéciale aux excellents Mad, The Ride, Battleground, She's Gone et Dance qui clôture un concert explosif.



La soirée se termine avec Wine Lips, groupe originaire de Toronto dont le style et la voix de Cam Hilborn (guitare et chant) rappellent indéniablement les O'Sees. C'était clairement l'un des groupes que j'attendais le plus aujourd'hui et l'attente en valait la peine. Tel un ouragan au pays des tempêtes, Wine Lips a déferlé sur Penmarc'h et a laissé le public sans dessus dessous (même si certains n'avaient pas besoin de grand chose pour se retrouver en mal d'équilibre). Rythmique de malade assurée par Charlie Wear (basse) qui me fait penser à Jack Black, et surtout par Aurora Evans (batterie) qui maintient un tempo de malade et enchaine les breaks toutes les vingt secondes. Les deux guitaristes ne sont pas en reste et alternent riffs punk/rock et solos psychés. Impressionnant ! Il ne me reste plus qu'à rentrer poser mes oreilles au frigo et dormir un peu pour être paré pour la deuxième journée. 

 



L'avantage d'être en festival à Penmarc'h, c'est qu'on est quand même dans un superbe coin. Réveil, ballade, repas entre amis et sieste avant de retourner sur le site... On n'est pas malheureux ici !




Ce sont les Bloyet Brothers qui ouvrent cette seconde journée au God Save The Kouign. Originaires de Redon, le trio guitare/batterie/clavier dégage une grosse énergie Blues/Rock sur laquelle le synthé Moog pose une touche psyché. Efficace, bien réalisé, bien chanté... une belle entrée en matière qui satisfait les festivaliers déjà nombreux sur site.



Daran est de nouveau sur les routes pour défendre Grand Hôtel Apocalypse, son dernier album et l'un de ses meilleurs de mon point de vue, toujours dans son style caractéristique mêlant textes poignants et musique Indie/Rock. Une patte que l'on retrouve peut-être plus au Québec notamment chez l'excellent Louis-Jean Cormier. Visiblement ravi d'être sur la scène du GSTK, l'artiste est souriant et passe de long moment à scruter le public et ses fidèles regroupés aux premiers rangs. Comme beaucoup d'autres avant lui, il s'amuse du nom étrange du festival et promet d'aller goûter une Kouign (le pancake local) sitôt le concert terminé. Coté zik la part belle est donnée à son dernier ouvrage dont le très beau Je Voulais Te Dire. Dans les anciens titres, il faut se contenter de peu et pour ma part, j'aurais bien troqué Déménagé contre Huit Barré ou Olivia. Avec 11 albums il y a de quoi faire ! Le seul titre qui ne fera pas débat c'est bien entendu Dormir Dehors repris en chœur par tout le public avant le final sur Une Sorte d'Eglise.



Cette histoire de Kouign m'a donné faim, aussi je profite d'une accalmie au stand qui lui est dédié pour déguster le fameux emblème du festival nappé d'un caramel maison. Délicieux ! La recette ? C'est cadeau !


Place à Juniore que je connais peu malgré leurs quatre albums au compteur. Le groupe parisien joue une musique Surf/Yé-Yé tendance Psyché qui n'est pas sans rappeler Psycho Tropical Berlin le premier album de La Femme. Au clavier et au chant, Anna Jean fait preuve d'un flegme un brin déroutant (mais assez raccord avec le style musical du groupe) et qui contraste avec l'énergie déployée sur scène par Lou Maréchal (basse), Swanny Elzingre (batterie) et par Samy Osta (guitare) qui se charge de la distribution de goodies en fin de set. Le public accroche bien et se trémousse sur les rythmes assez irrésistibles de Panique ou Ah Bah d'Accord. La transition parfaite pour les Limiñanas !


Toujours très bien entourés sur scène comme en studio, Lionel et Marie Limiñana se sont offert un nouveau line up pour cette tournée qui fait suite à la sortie de Faded leur dernier album. Autour du couple et de leur fidèle compagnon de route Alban Barate au clavier, on retrouve Clémence Lasme de Moodoïd (basse), Tom Gorman de Kill The Young (guitare et chant) et Keith Streng des Fleshstones (guitare). Une formation musclée qui va tenir un set très pêchu, bien soutenu par un Keith Streng intenable, multipliant les allers-retours sur scène et les postures Guitar Héro. Le set débute avec Prisoner Of Beauty, Shout et J'adore le Monde, trois titres du dernier album initialement chantés par Bobby Gillepsie (Primal Scream), Rover et Bertrand Belin. On ne sait jamais à quoi s'attendre avec The Limiñanas tant les titres lives peuvent varier selon le chant ou la version jouée. Surprendre au point d'être clivant parfois. Autour de moi les avis divergent, allant de l'ennui sur les longueurs psychédéliques que le groupe affectionne, à la grosse claque reçue par cette démonstration de puissance et de maitrise dans un style assez unique il faut bien le dire. Pour ma part j'étais mitigé. Mention spéciale à Istanbul Is Sleepy qui rend un bel hommage à Foulques de Boixo, avec la projection en fond de scène de séquences vidéos de cet inclassable artiste catalan, génial danseur qui accompagnait le groupe sur scène et dans leur clips. Adepte des reprises, de Julien Clerc à Suicide en passant par Them ou Can pour n'en citer que quelques unes, les Limiñanas vont offrir  un savoureux TV Set des Cramps au public du God Save The Kouign avant de quitter le chapiteau sous une belle ovation. Quant à moi, j'ai tout simplement hâte de les revoir dès juillet en Normandie où j'aurai peut-être un retour plus tranché.




J'ai quitté la petite scène sur une ambiance Champagne et petits fours avec Juniore, mais avec The Cold Stares on est plus sur Bourbon et steak de 400g. Le groupe américain aux influences Rivals Sons et Black Keys ferait la bande son parfaite de la série Sons Of Anarchy. Chris Tapp, voix puissante et bluesy distribue des solos à tour de bras et use de sa pédale wah-wah pour un rendu Heavy impeccable en tout point. Je ne m'attarde cependant pas, il est temps pour moi de faire un dernier arrêt au stands victuailles et boissons avant d'attaquer la dernière ligne droite.



Nourri et hydraté, je file ensuite voir Royal Republic sous un chapiteau plein à craquer. Le groupe suédois n'a fait qu'une bouchée du God Save The Kouign et remporte haut la main le trophée du concert le plus fédérateur et festif du weekend. À l'instar de leur compatriote de The Hives ou des Australiens de Airbourne, mais dans un style très Heavy Pop, Royal Republic est assez irrésistible sur scène et use de tous les leviers pour mettre le feu. Le charisme de Adam Grahn y est pour beaucoup. Intenable, ce dernier ira même jusqu'au milieu de la foule offrir à un gamin un moment qu'il n'est pas près d'oublier, en le prenant sur ses épaules et en le faisant participer sur Ain't Got Time. Le public aura le droit à Venus, célèbre morceau de Shocking Blue et dernier single en date du groupe, joué en live pour la première fois. Si leurs albums sont loin de me convaincre, je constate encore une fois que Royal Republic met tout le monde d'accord en live. Groupe de scène par excellence.




En ce qui me concerne, la grosse claque va arriver sans prévenir (c'est un peu le principe) avec Stone, jeune groupe venu de Liverpool. En lead et au chant, le bien nommé Fin Power entouré de Elliott Gill (guitare), Sarah Surrage (basse) et Alex Smith (batterie). Stone réussit à mêler admirablement mélodies Brit/Pop et rage Punk/Rock avec une énergie impressionnante que je n'avais pas décelée à l'écoute de leur 1er album Fear Life For A Lifetime. Dès le second morceau Fin Power se retrouve torse nu à parcourir la scène comme un boxeur. Devant lui c'est bouillant, slam, pogo, fauteuil roulant qui surfe sur le public, tout y passe. Lui même fait son slam en mode planche tout en continuant son chant. Un set magnifique qui passe bien trop vite. Le public réclame longuement un rappel qui n'arrivera pas, timing oblige. Gros coup de cœur !

Nota : En rédigeant cet article, je découvre que notre cher Fin Power n'est autre que le rejeton de John Power, bassiste de The La's, groupe de Liverpool auteur d'un unique et formidable album contenant, entre autres, le célèbre tube There She Goes...les chiens ne font pas des poules !





Je pars encore un peu sonné me placer pour Sprints qui sera le dernier concert de la soirée et du festival en ce qui me concerne. Le chapiteau est moins garni qu'il y a une heure, mais les irréductibles sont là...plus ou moins fatigués en ce deuxième jour et à cette heure tardive. Dès les premières minutes, je constate que ce groupe a déjà franchi un cap. Son atout majeur est cette fabuleuse Karla Chubb (chant et guitare) qui capte toutes les attentions. Quelle présence ! Dans le public c'est chaud ! Pogo, circle pit, verres qui volent, devant le passage en revue de Letter To Self, le 1er album du groupe. À la guitare Zac Stephenson est blanc comme un linge et transpire à grosses gouttes tandis que Karla ne cesse de tournoyer comme une toupie avec sa guitare en furie. Aucun doute...Sprints c'est elle avant tout ! On pense bien sûr à Amyl And The Sniffers que ce groupe est déjà en train de rattraper à mon sens. Mention spéciale aux explosifs Adore Adore Adore, Feast, Heavy et à ce fabuleux Deceptacon, cover du groupe punk américain Le Tigre. Top concert !

Nota : Pour celles et ceux qui veulent une séance de rattrapage, Sprints repassera en Bretagne à l'occasion du Carnavalorock de Saint-Brieuc qui se déroulera les 17 et 18 octobre prochain. Je dis ça je dis rien.

 


Le festival God Save The Kouign continue sans moi, demain est le jour J pour les fans de Manu Chao et cela s'annonce déjà mémorable. L'édition 2025 aura tenu toutes ses promesses, que ce soit en termes de programmation ou en termes d'accueil et de vie sur site. Un grand merci aux organisateurs pour leur confiance, ainsi qu'à tous les bénévoles et à toutes les équipes qui œuvrent pour que ce moment soit le plus agréable possible et toujours avec le sourire. Rendez-vous l'année prochaine ! 


Jérôme

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