vendredi 26 mai 2023

Johnnie Carwash @ Echopark - L'Echonova, 25 mai 2023 - Saint Avé

Open barbecue et apéro sonore secret. Le concept est simple et tellement chouette : l'Echonova fournit la musique et les braises, le public se ramène avec ses grillades et ses envies de fête. Un pique-nique musical et familial gratuit sur le parvis de la salle, qui est le premier des six rendez-vous Echopark qui vont s'étendre jusqu'au 1er juillet. Une série de concerts en plein air, répartie sur Vannes et ses environs, pour célébrer la fin de la saison culturelle et l'arrivée de l'été. Une programmation impeccable à retrouver sur le site de l'Echonova. Revenons à ce premier rencard, après une heure d'animation DJ, l'identité du groupe secret est dévoilée à la montée sur scène (en cherchant un peu avant on pouvait facilement les démasquer) : Johnnie Carwash. Une autre très bonne idée !

Groupe de Lyon constitué de Manon à la guitare et au chant, Bastien à la basse et Maxime à la batterie, Johnnie Carwash joue un rock garage aux reflets noisy pop, à mi-chemin entre Frankie Cosmos et leurs contemporains de Johnny Mafia ou We Hate You Please Die. Il y a de la fraicheur et de la spontanéité dans cette jeune formation mais aussi beaucoup de maitrise et un très bon feeling sur scène. Difficile de résister aux entrainants I Don't Give A Shit, Forever Yours, et à Slut Skirt et sa délicieuse intro basse/batterie. 

 

Des morceaux courts et intenses pour la plupart et une belle énergie déployée devant le public qui s'est rassemblé petit à petit devant la scène. D'autres restent attablés ou se posent dans l'herbe, mais tous sont bel et bien attrapés et conquis par la vivacité et la qualité du groupe. D'ailleurs, le stand de merchandising installé près de la scène connaitra un beau succès dès la fin du concert. Le set se termine avec U're A Dog, que Maxime dédicace (forcément) à tous les chiens, puis Nothin' qui s'achève dans un flot de guitares saturées. Après un  EP réussi et un premier album (Teenage Ends) qui l'est tout autant, Johnnie Carwash est en plein essor et planche déjà sur le second opus. Tous les voyants sont donc au vert pour le groupe lyonnais, on a déjà hâte de les revoir et de découvrir la suite.

Loin de la posture du groupe rock ténébreux et torturé, Johnnie Carwash joue la carte de la bonne humeur et de la décontraction tout en vous jetant un bon coup de pied au cul. Prochain concert breton pour celles et ceux qui ont raté celui-là : Les Vieilles Charrues.

Jérôme

lundi 15 mai 2023

You Said Strange + Tamar Aphek @ La Carène, 11 mai 2023 - Brest

La curiosité est un super défaut. C'est le leitmotiv des soirées découvertes proposées par La Carène plusieurs fois par trimestre à un tarif très attractif voire symbolique pour les abonnés. L'affiche est toujours alléchante et celle-ci ne fait pas exception. D'un côté le rock israélien envoutant de Tamar Aphek, de l'autre, la pop sombre psyché tendance shoegaze de You Said Strange, le groupe normand qui fait l'unanimité partout où il passe. Voilà pourquoi, super curieux j'étais.

Originaire de Giverny, You Said Strange s'est constitué, en moins de cinq ans, un parcours qui impressionne. Un album enregistré à Portland, une tournée américaine, une session live pour la mythique radio KEXP, une tournée anglaise, une pluie de critique positive pour la sortie, il y a quinze jours, de leur dernier ouvrage : Thousand Shadows Vol.2. Pas de hasard ou de chance ici, You Said Strange possède une élégance et un talent indéniables et une vrai "patte" musicalement parlant. Nous les avions découvert l'été dernier au festival Beauregard et notre sentiment s'est renforcé encore un peu plus après cette très belle prestation ce soir. Treize titres ponctués de noirceur, de réverb et de puissance qui vous transpercent lentement sans vous lâcher une seule seconde. Mention spéciale à Treat Me, véritable bijou au milieu de gemmes qui brillent tout autant. Sur cette tournée, le groupe se produit sans son bassiste Martin Carrière, convalescent et à qui son frère Eliott, au chant, adressera un touchant message avant Eastern Side, autre pépite du dernier Lp. La dernière chanson jouée est une reprise de Hank Williams, I'm So Lonesome I Could Cry, que You Said Strange s'approprie sans trembler, encore un signe qui ne trompe pas. Excellent !




Sentiment plus mitigé pour Tamar Aphek, avec un set qui pourtant démarrait sur les chapeaux de roues. La chanteuse guitariste israélienne est entourée de trois zicos débordants d'énergie. Gros son Rock sur Russian Winter tendant vers le Psycho sur l'excellent Corridor. Avec des morceaux bien plus pêchus en live que sur son album All Bets Are Off, Tamar Aphek surprend son monde jusqu'à ce que le concert ralentisse assez franchement sur la seconde moitié du concert. Stories, Dream Inside A Dream et Big Commotion font prendre un virage plus nébuleux au set et l'ambiance baisse d'un cran. Dommage, la dynamique était vraiment bonne. L'intensité revient enfin avec le très bon Star Quality qui clôture une prestation qui convainc par intermittence. 



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Jérôme

samedi 25 mars 2023

THE HOUSE OF LOVE + EggS @ Hydrophone, 23 mars 2023 - Lorient

La belle soirée lorientaise ! Jusqu'au bout je me suis demandé si elle allait avoir lieu. La tempête d'un côté, la colère, les manifestations et les blocages qui ont monté d'un cran de l'autre. Au milieu de cette ambiance hostile, l'Hydrophone, niché dans les bunkers de la base sous-marine est un vrai refuge, un abri. Et puis il y a The House Of Love, ce groupe qui en 1986 sortait un premier album superbe mêlant guitares shoegazes et mélodies sombres. C'était le temps des manifestations étudiantes, le temps où la foule était visible et entendue (Devaquet au piquet !). Trente-sept ans plus tard, le groupe, porté par son leader Guy Chadwick, a été remanié mais est toujours sur les routes, m'offrant ainsi l'opportunité de les voir sur scène pour la première fois. Joie !

C'est EggS qui assurait la première partie de la soirée. Collectif venue de région parisienne, crée en 2018 par Charles Daneau, à la guitare et au chant, autour duquel gravitent plusieurs musiciens permanents ou de passage. On pense aux Byrds, aux Replacements et à Clap Your Hands. Les chansons sont assez courtes et sans temps mort, ce qui rajoute une belle vitalité au set qui file à pleine allure. Et ce saxo qui vient s'ajouter à l'orchestration sans la parasiter d'un solo ou d'une lourdeur jazzy, c'était pas gagné mais c'est un grand oui au final. Le song writing est excellent, le style est atypique, reconnaissable au milieu de la multitude de groupes qui émergent dans l'indie rock hexagonal...bref, à découvrir d'urgence !



Guy Chadwick est désormais seul membre historique aux commandes de House Of Love. Le nouveau line-up est constitué de Keith Osborne (guitare principale), Hugo Degenhardt (batterie) et Harry Osborne (basse). Le set débute timidement avec Cruel puis Christine et Hope. La voix grave de Guy Chadwick est toujours aussi prenante malgré ses 67 ans. Le public lorientais se montre d'emblée chaleureux, enthousiaste et ne cache pas son plaisir à l'écoute des premières notes de The Beatles And The Stones, l'un des tubes du groupe. 
 

Pendant la pandémie, Guy Chadwick a profité des différents confinements pour travailler de nouveaux titres qu'il avait joués lors de concerts en ligne pour ses fans. Cela a abouti à un nouveau Lp sorti l'année dernière et intitulé A State Of Grace. Un album réussi, résolument rock et dont les chansons comme Light Of The Morning ou Sweet Loser sont très bien accueillies ce soir. Idem pour Sweet Water, qui avec le titre phare du groupe Shine On, vient faire remonter l'intensité du concert de plusieurs crans. Une spectatrice viendra même se hisser sur scène pour embrasser un Guy Chadwick tout surpris et amusé. "My wife is here !" lancera-t-il à la salle, tandis qu'un vigile raccompagnait gentiment la dame. Désormais plus détendu et devant un public totalement comblé, la fin de set est un régal. 

  

Petit moment suspendu au rappel avec Fade Away, qui est joué par Guy Chadwick seul à la guitare, avant que le groupe ne le rejoigne pour un final splendide avec I Don't Know Why I Love You et Love In A Car. Le groupe, ravi, quitte la scène de l'Hydrophone sous les acclamations d'un public impeccable du début à la fin. Il est des soirs comme ça ou tout roule, tout prend. Pas besoin d'en faire des tonnes, juste apprécier le moment. C'est aussi simple que ça.

Jérôme