samedi 24 octobre 2020

BROR GUNNAR JANSSON + ROTOROBOTS @ La Carène, 23 octobre 2020 - Brest

Les deux artistes, invités ce soir à distribuer un peu de baume au cœur au public réparti dans le hall de La Carène, sont Rotor Jambreks et Bror Gunnar Jansson. Deux "one man band", désormais à la tête d'une poignée de robots musiciens pour l'un et d'un ténébreux trio Blues pour l'autre. En raison des exigences sanitaires, la Carène s'est muée en cabaret et le concert se déroule dans le grand hall de la salle brestoise. Cette configuration, déjà testée à de nombreuses reprises, est un très bon compromis, tant le son et la visibilité sont excellents. Si l'ambiance est moins brûlante, et puisqu'il faut bien faire avec, ce mode concert intimiste a le gros avantage d'offrir aux spectateurs attablés devant la scène, un live d'une proximité rare et dans des conditions finalement très confortables. Alors pas d'excuses, on continue d'aller aux concerts!

Il a beau être entouré de robots musiciens, c'est plutôt un voyage dans le passé que nous propose Rotor Jambreks, avec sa nouvelle création : Rotorobots. Plus Retrogaming que I.A. Plus Planète Interdite que Blade Runner. Les musiciens robots sont en charge d'une partie de la section rythmique ainsi que d'une guitare supplémentaire. Le reste, (guitare, chant, grosse caisse et caisse claire) est joué par "L'humain", comme l'annoncent les machines en début de set. Plus qu'un concert, un concept!



Quelques nouveaux morceaux, bien ancrés Rock 90's, sont présentés ce soir, dont un somptueux Fire With Fire qui fleure bon le Soundgarden de Chris Cornell. Entre chaque titre joué, les robots interviennent maladroitement et amusent le public, comme lorsque la voix "GPS" remercie chaleureusement le public de - nom de la ville - ou lorsqu'elle est incapable de lire correctement When This Is Through, le prochain titre à jouer (comme quand mon GPS essaie de prononcer Penmarc'h ou Le Faou). Le set s'accélère un peu plus sur la fin avec notamment Boiling Point, Cut Loose et Under The Carpet. Riffs Blues/Rock, mélodies Pop, rythmiques Swing, Rotor Jambreks sait tout faire et le prouve encore une fois ce soir. On se quitte après les remerciements de rigueur : « Thank You - nom de la ville -». Épatant.



J'avais en tête le magistral concert de Bror Gunnar Jansson aux Vieilles Charrues en 2019. Ce jour-là, j'avais pris une belle claque, et sans sommation. En configuration 360° et ras-du-sol, le suédois avait littéralement retourné le chapiteau Gwernig, laissant à toutes celles et ceux qui étaient présents, le sentiment d'avoir assisté à l'un des grands moments de l'édition. Je retrouve chez lui quelque chose que j'aime beaucoup : l'authenticité de CW. Stoneking et la noirceur de Timber Timbre. Il me tardait de le revoir. L'entrée en scène est précédée d'une bande son très lugubre (morceau de piano dont j'ignore l'auteur). Un fond sonore de circonstance quand on connait les textes macabres que chante Bror Gunnar Jansson. Il chante les meurtres sordides, les féminicides, les crimes atroces. Sa musique prend sa source essentiellement dans le blues. Le blues poisseux, le blues aux mains sales. La musique parfaite pour la lecture du Dalhia Noir ou d'American Psycho. Le groupe s'installe et débute avec Body In A Bag. Le ton est donné.



Premier gros frisson sur God Have Mercy, superbe prière hurlée, qui fait planer d'un coup le fantôme de Robert Johnson au dessus de nos têtes. Le rythme s'accélère sur There's A Killer On The Loose, où Bror Gunnar Jansson pose ses premiers solos pendant que Stefan Bellnäs (basse) et Emanuel Svensson (batterie) maintiennent un tempo très tendu. Nul besoin d'inventer des histoires à faire peur, la réalité est suffisamment terrifiante. C'est ce que raconte Machine ou comment, en 2017, Peter Madsen a assassiné la journaliste Kim Wall venue faire un reportage à bord de son sous-marin. Dans Breathe, son dernier titre sorti cet été, Bror Gunnar Jansson évoque les derniers instant de Georges Floyd, victime des violences de la police américaine. Mention spéciale au superbe Det Stora Oväsendet (le grand tumulte en Suédois), morceau  instrumental de plus de 10 minutes, où 9 notes résonnent en répétition, tel un carillon funèbre. 

 

Plus le concert avance et plus les musiciens semblent se détendre et se faire plaisir. Prolongeant les morceaux jusqu'à virer en grosse impro psyché. C'est le cas sur Stalker, ou les 3 musiciens sont tellement "pris" dans leur jeu, qu'ils en oublieraient presque leur auditoire. Le groupe remarque le regard déconcerté de quelques spectateurs et annonce d'un air amusé : « Oh! We are sorry for that. We'll never do it again! ». Dans la foulée, sur le furieux Stay Out All Night Long, Bror Gunnar Jansson enchaîne les solos de guitare à faire pâlir Jack White. On est loin de la légère retenue du début de concert, le public est comblé et demande un rappel. Vœu exaucé avec en final l'irrésistible The Bear Snake. Bror Gunnar Jansson confirme tout le bien que l'on pense de lui. Il a musclé sa musique et son jeu de scène et ça lui va très bien. Il semble évident que nous n'en sommes qu'au début de l'histoire et que ce garçon va rayonner de plus en plus fort. Et pour répondre à  Bror Gunnar Jansson qui demandait, en fin de concert, si nous avions appris des mots en suédois : Tak Så Mycket.


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                                                                                                                                                                   Jérôme

samedi 3 octobre 2020

Elliott Murphy @ Salle Cap Caval, 2 octobre 2020 - Penmarc'h

Les festivals et les concerts font partie de notre ADN. Être contraints d'y renoncer, depuis 7 mois, est un vrai déchirement. Au printemps, nous étions nombreux à penser qu'en septembre tout ceci ne serait plus qu'un vieux souvenir pénible. Il n'en est rien, et la situation est devenue très critique pour l'ensemble des professionnels du spectacle. Milouze En Live tient à apporter un soutien total aux artistes, musiciens, organisateurs, programmateurs, producteurs, techniciens, afficheurs, à toutes celles et ceux qui subissent de plein fouet cette crise sans précédent.

On ne va pas se mentir, la venue de Elliott Murphy à Penmarc'h en cette sombre période est une véritable bouffée d'oxygène. C'est un des rares concerts de la région qui n'est pas annulé ou reporté. Un événement devenu précieux et que l'on doit à la volonté commune, des organisateurs et de l'artiste. Alors oui! Tandis que la tempête Alex s'abat avec force sur la Bretagne depuis hier, Elliott Murphy, sur scène ce soir, c'est le phare d'Eckmühl. Avec, à la louche, 35 albums en près de 50 ans de carrière, la comparaison avec le gigantesque édifice de pierre, qui se dresse quelques centaines de mètres plus loin, n'est pas usurpée. Un monument, un guide au beau milieu du chaos. 

La première partie du concert est assurée par Alan Le Berre, jeune artiste local pris de passion pour le Rock'n Folk. Le set est partagé entre compositions aux textes engagés et covers habillement choisies. City Of New Orleans de Steve Goodman (le Salut Les Amoureux de Joe Dassin), La Route de Michel Corringe, Proud Mary de Creedence Clearwater Revival, Folsom Prison Blues de Johnny Cash et Johnny Be Good de Chuck Berry en rappel. De belles références que les spectateurs récompensent par des applaudissements nourris. Une entrée en matière réussie pour le Penmarc'hais. 



Elliott Murphy entre en scène, salue le public et clame haut et fort « Toujours vivant! ». Et visiblement en pleine forme, lui, désormais septua. Il est entouré de deux musiciens de grand talent. La violoniste australienne Melissa Cox et le guitariste normand Olivier Durand, complice de scène qu'Elliott Murphy considère comme son frère tant la connexion est grande entre eux. Le "Murph Street Band" en quelque sorte. Le set débute avec Drive All Night, qui aurait pu être rebaptisé Drive All Day quand on pense au calvaire qu'ils ont enduré pour arriver en pays Bigouden. Partis depuis 7h ce matin en train, bloqués à Rennes à cause d'un arbre tombé sur la voie, réinstallés dans un TGV qui tombe en panne, puis dans un TER qui tombe en panne à son tour et finalement récupérés à Vannes par un taxi dépêché par Cap Caval, lui aussi bloqué vers Quimper à cause d'un arbre sur la route. Incroyable chemin de croix pour arriver juste avant 20h à Penmarc'h. De quoi générer encore plus de respect pour ces 3 artistes qui ne laissent rien transparaître de leur fatigue, bien au contraire. 


Il n'y a aucun round d'observation. L'osmose entre le public et le groupe est immédiate. Made In Freud, Deco Dance, I Want To Talk To You, la sélection faite dans la discographie du song-writer est parfaite. Melissa Cox, au violon, excelle à la façon de Scarlet Rivera qui illuminait les titres de Dylan sur l'album Desire. Entre les différents titres joués ce soir, Elliott Murphy se laisse aller à quelques confidences : « 7 mois de vacances, je n'ai jamais eu ça depuis 45 ans! Je ne sais pas ce que vous avez fait pendant le confinement? Moi, j'ai beaucoup regardé la télé, applaudi les infirmières tous les soirs, beaucoup mangé et je me suis pas mal disputé avec ma femme aussi. Nous n'avions pas le temps de nous disputer avant! ». 

Écrite avant que le virus Covid-19 ne s'empare du monde, Elliott Murphy dédie What The Fuck Is Going On? à l'année 2020. Chanson qui dénonce les dérives des économistes et dont le titre colle à merveille à l'époque actuelle. « Comment peut-on traduire ça en français? », demande-t-il à ses musiciens. La meilleure réponse jaillie du public : « C'est quoi ce bordel? ». L'enchaînement qui suit est un vrai délice : Fix Me A Coffee, Navy Blue et You Never Know What You're In For. Trois magnifiques ballades, qui, chacune à leur manière, vous captivent et vous émeuvent. C'est l'écriture, la mélodie, la présence, la voix, le regard, l’honnêteté...tout ce qui fait d'Elliott Murphy l'un des meilleurs de sa génération. Il n'y a qu'à écouter le formidable On Elvis Presley's Birthday pour s'en rendre compte. 


 

Le concert touche à sa fin, le groupe joue deux "classiques" repris en chœurs par l'ensemble du public. Sur A Touch Of Kindness, Olivier Durand dégaine un splendide solo tout en maîtrise. Guitariste attitré depuis 25 ans, c'est aussi grâce à lui si les concerts d'Elliott Murphy sont aussi bons. Un peu plus tard, sur Come On Lou-Ann, il se livre à une vrai battle avec Melissa Cox, le violon répondant du tac au tac à la guitare, pour un plaisir total côté scène et côté gradins. On a cru, environ un quart de seconde, à la venue de Springsteen sur la scène de Cap Caval lorsque Elliott Murphy s'est tourné vers le backstage s'exclamant « Come on Bruce! ». En attendant un retour du Boss en 2022, d'après les confidences de son vieil ami, Elliott Murphy reprend Better Days puis nous offre une chanson inédite et encore jamais jouée sur scène : Hope. Comme un symbole.

 

Longuement ovationnés, les trois artistes quittent la scène, véritablement émus d'avoir enfin rejoué devant un public. Une émotion et une joie partagées avec les spectateurs qui sortent doucement de la salle en se foutant pas mal de la tempête qui fait rage. Ça fait un bien fou!


                                                                                                                                                   Jérôme

jeudi 6 août 2020

LESNEU @ Mercredis Musicaux, 5 août 2020 - Quimperlé

Ce sera donc LESNEU. Cinq mois après Mademoiselle K qui, sur le somptueux Final, nous chantait "Est-ce que vous reviendrez ?". Cinq mois après Lysistrata venu jouer sur scène le furieux Breathe In/Out de circonstance, c'est Lesneu qui vient nous ramener à ce que l'on aime tant : la musique live. Dans une configuration adaptée aux précautions actuelles (réservation, spectateurs en gradin, distanciation, jauge max de 300 et port du masque en déambulation), les Mercredis Musicaux organisés par la ville de Quimperlé ont pu se maintenir pour la plus grande joie des spectateurs venus profiter de cette occasion rare. Bien entendu, c'était complet. Alors oui, c'était un peu bizarre et frustrant de rester sagement assis, à distance, mais bordel, ça fait un bien fou !
Victor Gobbé, au cœur du projet Lesneu, vient donc présenter sur scène "Bonheur Ou Tristesse" premier Lp du groupe, après plusieurs mois de tournée avec Miossec, dont il assurait les premières parties en mode solo. Cette fois c'est le groupe au complet qui se présente devant les Quimperlois. Une vrai bande de potes musiciens multi-instrumentistes qui se retrouvent au gré des différents projets musicaux brestois (au sens large), que ce soit avec les Slow Sliders, Bantam Lyons, ou Djokovic entre autres.

 

Lesneu débute avec le somptueux Fringes, issu de leur tout premier Ep : Lovin'. Tout comme Griezou's Grief et Sergio également joué en début de set. Les six autres titres joués ce soir sont toutes des nouvelles compos.
La musique de Lesneu peut surprendre. Adepte du slow*, le groupe assume totalement et dégaine trois bijoux : Depression, Amoureux De Vous et Looking For You. Sur cette dernière, Victor Gobbé déploie toute sa puissance vocale, de quoi rappeler les plus belles envolées de Jeff Buckley. Carrément ! Quelques briquets s'allument dans les gradins, il ne manque que les couples enlacés dansant devant la scène pour compléter le tableau. Mais Lesneu sait aussi accélérer le tempo. Sur  le très "Strokien" (ça se dit ça ?) King's Fool, on retrouve un son plus axé sur les guitares et qui colle néanmoins très bien à l'empreinte du groupe.

* (Lesneu reprend d'ailleurs The Korgis : Everybody's Got To Learn Sometime sur La Mixtape II La Mort du collectif Mourir à Brest) 
  

Gros coup de cœur pour Shocked et son "riff synthé" entêtant. Un son cristallin et un rythme bien calé entre slow et pop, ce morceau résume le style du groupe à lui seul. Superbe !
C'est déjà l'heure du dernier morceau : Bonheur Ou Tristesse. On ne pouvait pas faire plus approprié. A la fois heureux de retrouver enfin du live, et frustré de le faire dans des conditions encore très contraignantes. Soulagé de voir l'horizon se dégager pour le secteur de la musique et du spectacle et inquiet des conditions sanitaires et organisationnelles à venir.
Le groupe insiste en criant sur leurs dernières notes Bonheur Ou Tristesse? 
Les deux mon Capitaine.

Finalement le mot de la fin reviendra à Victor, qui, en saluant les spectateurs avant de quitter la scène, lâche spontanément : "Bah c'était bien sympa !"


                                                                                                                                                            Jérôme

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lundi 9 mars 2020

LYSISTRATA @ Le Cargö, 7 mars 2020 - Caen

Le Club du Cargö n’est pas totalement plein, peu importe ! Les quelques 200 personnes présentes ne regretteront certainement pas d’avoir bravé la psychose épidémique actuelle. C'était, pour certains,  l'occasion de vérifier la grosse réputation scénique de Lysistrata, qui vient de sortir son deuxième album Breathe In/Out. Pour les autres, celles et ceux qui avaient déjà goûté à la fureur live des jeunes charentais, être là était une évidence.


Le tour de chauffe débute avec les caennais de Elecampane qui sont ici en terrain conquis, puisque ces 3 anciens membres Concrete Knives sont des habitués de la salle. Un set très bien mené par Nicolas, Augustin et Guillaume. Le plaisir est réel de retrouver ce groupe, vu au festival Beauregard  en 2015 et qui nous avait fait une très bonne impression.


21H30, Lysistrata entre en scène, et dégomme nos tympans dès les premières minutes, pour ne plus nous lâcher pendant l’heure et demie qui s’ensuit. Théo, Ben et Max : une guitare, une batterie, une basse, et 3 voix qui résonnent, à tour de rôle ou à l’unisson, dans un déluge de décibels et de riffs distendus qui n’auront de cesse de nous scotcher sans temps mort. Les titres de Lysistrata sont denses, ponctués de quelques accalmies pour mieux exploser ensuite. Pas de fioriture, mais de la sueur, du rock, de la rage et une énergie incroyable qui fait honneur à la scène et au public. Voilà qui résume en quelques mots la grosse baffe qu’on se prend tous ce soir, à l'écoute de The Thread, Death By Embarassment, Sugar & Anxiety ou encore l'excellent Mourn.


On en sort rincé, secoué, lessivé (et peut-être un peu plus sourd aussi…!) tout comme nos trois lascars, mais avec l’impression d’avoir encore une fois, assisté à gros concert d'un des groupes les plus intenses de la scène Rock Indé actuelle.

                                                                                                                                                            Stan


 


mercredi 26 février 2020

Marcel Et Son Orchestre @ L'Olympia, 22 février 2020 - Paris

«Marcel ? Mais qu'est-ce que c'est qu'ça ?». Ces paroles de Plus C'est Con, Plus C'est bon devaient certainement trotter dans la tête des passants du boulevard des capucines samedi dernier, lorsque ceux-ci ont vu débouler des centaines de personnes vêtues de perruques multicolores, de pantalon pattes d'eph', de vieux manteaux panthères et de boas à plumes. Le carnaval de Dunkerque s'invitait à Paname ? Pas tout à fait. Marcel Et Son Orchestre offrait à ses fans un concert mémorable dans une salle de prestige : L'Olympia. Et les fans sont venus de partout pour ce gros rassemblement, ce grand moment de "lâcher prise" au son de Où Sont Passées Mes Pantoufles?, Médiseuse, Tout L'Temps T'Aimer Toujours, Les Neurones À Crêtes, 62, Méfie-Te, et tant d'autres.


Deux première parties étaient en charge de maintenir une salle déjà chauffée à blanc par l’événement : PMQ, L’Élégance voQale et Carotté. D'un côté, de la chanson paillarde, chantée en polyphonie et revisitée tout en finesse, de l'autre, du punk/trad québécois joué par une bande de joyeux drilles louant l'esprit de fête, la révolte et les légumes. Une parfaite entame tout à fait dans l'esprit de la soirée. Difficile ensuite de décrire la fièvre qui s'est emparée de L'Olympia tout entier. Quelle énergie et quelle ambiance ! Mouloud, Tof, Tibal, Bouli, Jb, Bidingue et Bistek ont tenu leur promesse, celle annoncée lors du financement participatif de leur double compilation Hits, Hits, Hits, Hourra !!! Celle d'une grande fête, généreuse et sans complexe. Voici ce que nous avons retenu de cette folie furieuse, dont nous sommes ressortis complètement rincés par les pogos et les chahuts incessants.


Une superbe ambiance donc, due à la performance du groupe et à celle d'un public totalement converti à la fantaisie de Marcel Et Son Orchestre. Comme se plait à le répéter Mouloud, alias Franck Vandecasteele : «Marcel c'est nous, l'Orchestre c'est le public». Cette phrase prend tout son sens un soir comme celui-là. Le groupe est renforcé par une section cuivres et percussions qui donne encore plus de punch à une set-list déjà très forte. La scène se trouve même totalement occupée lorsque Carotté revient jouer La Famille Ingall's, apportant une touche cajun totalement raccord. Et que dire du raz de marée de filles qui recouvre les planches de L'Olympia, presque jusqu'à noyer le groupe sur Femme Mûre.


Toujours prompt à soutenir les causes justes et à dénoncer la dureté et la malhonnêteté de la politique actuelle, Mouloud vise juste en guise d'introduction à À Qui Cela Profite ? 
«Ils ont inventé la précarité pour tous... Une femme en détresse sociale a dit quelque chose de très juste et qui résume bien la situation actuelle : Nous sommes passés de la honte individuelle à la colère collective...».

  

Autre surprise que nous avait réservé MESO : 3 acrobates et jongleurs qui sont venus régulièrement au cours du concert occuper la scène et compléter un bien beau tableau. Tellement évident, là encore, sur Cerf VolantFuite De Fantaisie et Trapèze Volant.
Pas forcément acrobate au départ, il l'est devenu au bout de 5 secondes : mention spéciale au téméraire Capitaine du canot pneumatique qui a bravement affronté la foule déchaînée, et qui, malgré deux ou trois chavirements, a su rester à la barre et mener son bateau tant bien que mal sur Brrr...(au début elle est froide).


Le temps passe et l'ambiance ne faiblit pas. Le set se termine sur Raoul Et Alain avant un ultime rappel. La communion avec le public est totale, en témoigne cette capture vidéo prise par le groupe sur Skakaline
Et pour finir en beauté, le groupe Shimaï, (2 sœurs : Lana au saxo et Emma au ukulélé) rejoint Marcel pour Les Vaches en version japonaise. Idéal pour redescendre en douceur après ce concert de folie !
Dans la joie jusqu'au cou !

                                                                                                                                                       Jérôme


vendredi 14 février 2020

BEAUREGARD #12

Le festival Beauregard est cher à notre cœur pour tout un tas de raisons, à commencer par la programmation, toujours de très bonne qualité. Cette année ne fait pas exception et nous nous réjouissons d'avance. Notre fibre Pop/Rock à méchamment vibrée lors de l'annonce globale du line up 2020. C'était mardi soir au Big Band Café, la salle de concert d'Hérouville-Saint-Clair, Paul Langeois et Claire Lesaulnier levaient le voile sur cette 12ème édition qui sonne comme un retour aux sources. Une affiche cohérente, homogène et très convaincante.


Parmi les 38 noms de l'affiche, on ne ratera pas Massive Attack, longtemps dans le viseur des programmateurs, Roger Hodgson, Madness,  The Jesus And Mary Chain, Archive, Body Count, The Fat White Family, Of Monsters And Men, Nada SurfThe Murder Capital, Giant Rooks, Kompromat et Samba De La Muerte

Tous surlignés également sur notre planning, SUM 41, Frank Carter & The Rattlesnakes, Last Train, -M-, Fatoumata Diawara, Parcels, Metronomy, Philippe Katerine et Thylacine, seront à ne pas manquer. La présence le même jour de -M- et de Fatoumata Diawara peut laisser entrevoir un duo sur scène, les deux artistes ayant collaborés sur Lamomali.

Du côté des découvertes, toujours très bonnes chez JOHN, on écoutera avec attention Annabella Hawk, La Gallera Social Club et Eternal Youth. On note aussi la belle présence de Catherine Ringer, de Bertrand Belin et pour l'electro, Martin Solveig, Claptone et Perturbator. Pour finir, les amateurs de musique urbaine auront de quoi se réjouir avec deux représentants par jour : Nekfeu, Niska, Hamza & Sch, Ninho, PNL, Zola, Caballero & Jeanjass et Lorenzo

 

Aucun doute, le programme des 4 jours va être chargé !

A noter parmi les nouveautés 2020 :
  • L'espace VIP agrandi et modifié et l'espace Kid, agrandi lui aussi et déplacé pour être plus au calme (les enfants seront plus au calme 😁);
  • Un effort supplémentaire sera également apporté sur le développement durable sur le site (63% des déchets recyclés en 2019);
  • Distribution de cendrier plus importante afin éviter les mégots au sol;
  • Une équipe de bénévoles plus importante et toujours motivée (1 200 attendus cette année).
Enfin, soulignons la belle initiative de deux étudiants caennais Louis Bruyneel et Antonin Delarue, qui, soutenus par le festival, se lancent dans l'aventure du 4L trophy à bord d'une voiture aux couleurs et logo de Beauregard. L'équipage normand partira le 20 février de Biarritz pour traverser le Maroc et distribuer au passage des fournitures scolaires, des équipements sportifs et des denrées alimentaires aux populations locales. Un raid de plus de 6 000 kms à suivre ICI.

                                                                                                                                                          Stan


samedi 8 février 2020

PHILIPPE KATERINE @ La Carène, 7 février 2020 Brest

Quelqu'un qui, durant 5 minutes, récite son numéro de sécurité sociale, sur scène, sans avoir l'air ridicule, ne peut pas être foncièrement mauvais. C'était ce qu'un ami m'avait glissé à l'oreille avant le set de Philippe Katerine en 2006 à La Route Du Rock. Ce soir là, j'étais resté scotché devant la prestation et le charisme du chanteur que je découvrais en live. Depuis, l'artiste touche à tout est devenu incontournable, multipliant les projets et les collaborations, comme sur Confessions, son 11ème album sorti il y a quelques mois. On y retrouve Gerard Depardieu, Camille, Léa Seydoux, Angèle, Chilly Gonzales, Dominique A, Oxmo Puccino, Clair et Lomepal. Alors, Patouseul Philippe Katerine ? C'est le moins qu'on puisse dire ! Ce soir, Brestoises et Brestois se sont précipité·e·s à La Carène pour le voir et l'entendre expier ses pêchés les plus inavouables. 


Compositeur et musicien ayant accompagné et travaillé avec Philippe Katerine (entre autres) pendant plusieurs année, Eveno assurait la première partie du concert. Seul en scène, jouant, dans tous les sens du terme, avec sa guitare acoustique. Pendant une demie heure, façon humour potache, Eveno revisite quelques airs connus dont Petit Papa Noël, La Thune d'Angèle et une Marseillaise en version country et flamenco. Une maîtrise impeccable des 6 cordes et relation intime avec l'instrument qui donnera lieu à la naissance en direct d'un petit ukulélé. Parfaitement dans l'esprit de la soirée.


Vue imprenable sur des narines géantes à l'intérieur desquelles sort Philippe Katerine comme extrait par l'un des six doigts qui se dressent sur la scène. Entouré de cinq excellents musiciens, le chanteur va composer, sous nos yeux, un concert en trois actes. Le premier sera pêchu avec une série de titres phares, dont BB Panda, le génial Louxor J'adore, Blond, La Banane et Excuse-moi. Et puisqu'il est question de confessions ce soir, Philippe Katerine n'hésite pas à partager ses pensées : du spermatozoïde "winner" à  la musculature apparente dessinée par son t-shirt, de l'accent brestois aux délicieuses langoustines qu'il a dévorées égoïstement. Le public coopère avec délice, l'ambiance est d'emblée très bonne.


 

«On passe au plat principal, celui qui est sur la carte, c'est le moment du pot pourri». Quel régal ! Une dizaine de titres raccourcis et se succédant sans temps mort. Indéniablement un des moments forts du set. Moustache, La Reine D’Angleterre et Philippe pour le côté farfelu, l'angoissant 20-04-2005, mais surtout Rêve Affreux où Philippe Katerine prend des airs de Kanye West sur ce rap délirant. Musicalement c'est parfait et pourtant pas simple tant les morceaux sont souvent stoppés nets et récupérés brutalement. Le funky Sexy Cool, La Clef puis 88% (en duo virtuel avec Lomepal) clôturent ce second acte. Encore une fois le public prit un malin plaisir à répondre aux demandes les plus bizarre du chanteur, comme celle de compter 88 doigts à l'unisson. Très fort !


 

Changement de tenue et changement de rythme. Cette dernière partie de set se veut plus douce avec Bonhommes, Aimez-Moi, La Converse Avec Vous, Parivelib', Madame De. La dynamique a changé, on profite d'une autre facette plus délicate de l'artiste, interrompu tout de même par un faux appel de sa mère et par ses musiciens exigeant une pause syndicale. Après les ovations reçues des 1 300 personnes réunies à La Carène ce soir, Philippe Katerine reviendra seul pour un magnifique Moment Parfait a cappella. 
Déroutant, touchant, capable de parler masturbation, bifle et nonnes en gode ceinture pour finalement se délecter d'une conversation raffinée, réclamer des bisous et nous supplier de l'aimer. Passant du survet' au costume de velours bleu, des lunettes/pénis à la robe de chambre en satin blanc. Philippe Katerine est plus que jamais unique en son genre.

                                                                                                                                                 Jérôme


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samedi 11 janvier 2020

MATT BIANCO @ L'Archipel, 9 janvier 2020 - Fouesnant

Soirée de prestige à L'Archipel pour ouvrir cette nouvelle année musicale avec Matt Bianco, le célèbre groupe britannique, créé par Mark Reilly, Mark Fisher, Danny White et Kito Poncioni, auteur de tubes imparables au milieu des années 80. Au cœur d'une époque musicale à la qualité très variable, Matt Bianco nous enchantait déjà avec des compositions mêlant habilement pop, jazz, bossa. Le public ne l'a pas oublié, la salle fouesnantaise affiche complet. De la formation initiale, ne reste aujourd'hui que Mark Reilly, toujours actif et très bien entouré, sur scène comme en studio. En témoigne Gravity, splendide album, sorti il y a 2 ans.


Le concert débute avec Invisible, Gravity et Joyride, tous issus du dernier opus du groupe. Musicalement c'est parfait. Martin Shaw à la trompette, Graham harvey au piano, Paul Booth au saxophone, Geoff Gascoyne à la contrebasse et Sebastiaan de Krom à la batterie, le niveau est impressionnant ! Mark Reilly, au centre, ne dissimule pas son plaisir de retrouver la scène et le public français après quelques semaines de pause dans la tournée.


«Nous allons maintenant jouer un titre du tout premier album de Matt Bianco». Retour en 1984 avec Whose Side Are You On ? Sous l'impulsion du chanteur, le public de L'Archipel se laisse porter et reprend le refrain que Basia Trzetrzelewska entonnait à l'époque. Comme sur  le morceau Gravity, joué un peu plus tôt, l'absence de chœurs féminins surprend un peu, tant ils sont présents dans la version album. Le set se poursuit avec le somptueux Under The Moonlight, ballade jazzy ponctuée de séquences latinos et d'un solo de trompette, encore une fois remarquable. Dans la même veine, Paradise, Solace et Dancin' Easy métamorphosent L'Archipel en un cabaret en sous-sol, où l'on s'imaginerait croiser Nestor Burma ou Eddie Valiant au coin du bar. Un nuage de cigare plus tard, More Than I Can Bear vient bercer nos oreilles. Cette chanson est toujours aussi belle ! Elle l'est peut-être encore plus ce soir, jouée dans une version dénudée qui met en valeur la voix impeccable de Mark Reilly. Aucun fossé entre les premières et les dernières compos. Celles-ci se succèdent sans "casser" la fluidité du set.


Après ce moment feutré, retour au swing, teinté de cha cha, avec Sneaking Out the Back Door, joué pour la première fois ce soir lors de cette tournée, puis That's Life et Don't Blame It On that Girl. La température monte d'un cran, les musiciens se balancent des mini solos à tour de rôle, on troquerait bien les confortable sièges de la salle contre une fosse dansante. La performance la plus marquante est sans aucun doute celle de Sebastiaan de Krom, à la batterie, qui, pendant près de 10 minutes, va enflammer la salle en enchaînant un solo mémorable sur Before It's Too Late. Le batteur, laissé seul sur scène par le reste du groupe, va frapper sa batterie de long en large, les pieds de cymbales et de micros, les enceintes retours, le sol et même les chaussures d'une spectatrice du premier rang. Sans temps mort, ce dernier ira reprendre sa place pour finir le morceau, rejoint par ses compères. Un vrai régal !

 

Le set se termine devant un public debout, imitant Mark Reilly qui n'aura cessé de danser tout au long de la soirée. Summer In the City, l'irrésistible Yeh Yeh et, en rappel, le tout premier single de Matt Bianco : Get Out Of Your Lazy Bed.  Le groupe est ovationné comme il se doit et quitte la scène visiblement ravi. Bien qu'étant le premier de 2020, on peut déjà annoncer ce concert comme l'un des plus élégant et maîtrisé de l'année.
                                                                                                                                                                                               Jérôme

 

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