dimanche 16 octobre 2022

BASTON + PARK @ La Carène, 14 octobre 2022 - Brest

Il pleut des cordes, y'a du vent, le temps est pourri, direction le port de co' pour être totalement raccord. Il y a du beau monde dans le grand hall de La Carène ce soir. Christophe Miossec est là, salué respectueusement par les brestois qui le reconnaissent, sans être dérangé pour autant. On aperçoit également Gaëlle, chanteuse de Beth, groupe talentueux qui œuvrait il y a plus de vingt ans déjà et dont Robin Foster a émergé. La nouvelle génération est là aussi, Victor Gobbé (Lesneu, The Slow Sliders) est venu supporter ses potes de Baston, le premier groupe de la soirée. Ce soutien constant, ce lien fort et cette fraternité entre ces artistes, sont à souligner. Si Brest n'a jamais cessé d'être féconde côté scène musicale, c'est aussi grâce à cet état d'esprit.

C'est avec les excellentes Mixtapes "Mourir à Brest" que j'ai découvert Baston. Réunissant la fine fleur du Rock de la région brestoise, on y entend Lesneu, Bantam Lyons, The Slow Sliders, Djokovic, et quelques autres. Sur ces "compilations", les groupes réarrangent leurs propres compos, de manière plutôt brute et y ajoutent des témoignages sonores qui nous plongent dans une ambiance hypnotique et urbaine. C'est gris, c'est pas spécialement beau mais tellement authentique et intense. C'est exactement dans cette mouvance que s'inscrit la musique de Baston. Sur leur album La Martyre, chaque titre évoque une boîte de nuit finistérienne, parce que oui, on va tous crever, mais on va danser avant. 

 

Sur scène, Baston est frontal, guitare réverb' qui oscille entre The Cure et Osees, basse vrombissante, batterie judicieusement mise en avant et un synthé omniprésent qui apporte une belle dimension ColdWave à la musique Garage/Psyché du groupe. Parfois cela m'a rappelé Mary Goes Round et rien que pour ça, merci à eux. Mention spéciale à Neptune et ses voix off, archives audios sur le rapport jeunesse/boîte de nuit (Y'a combien de gens qui dansent Nadège ?) et à Zodiac, autre moment fort du live. Belle reprise de Death In June, qui se mêle parfaitement au set., puis le concert se termine avec Viande, morceau saignant accompagné par la voix de Christophe Hondelatte narrant les histoires atroces extraites de "Faites entrer l'accusé". Terrible !



Assez inattendu au départ, Park est le mariage heureux et captivant de Lysistrata et de Frànçois Marry (de Frànçois & The Atlas Mountains). Le choc fructueux entre la force et l'intensité des uns avec la pop élégante et étoffée de l'autre. Un vrai tour de force à l'arrivée puisque Park ne ressemble à aucune de ses deux formations mères. Ben Amos Cooper, à la batterie, alterne le chant avec Frànçois Marry à la guitare, Théo Guéneau et Max Roy, guitare et basse, complètent le tableau, tous sur la même ligne au devant de la scène, unis comme un  seul  homme. 

 

Les chansons sont étendues et volontairement musclées par rapport à la version album. Upon A Rose, moment fort du set, qui se termine dans un déluges de décibels en est une belle démonstration. A Day Older, Réveil HeureuxGhost, les mélodies sont soignées et robustes. Les quatre garçons sont intenables et prennent un plaisir visible à se produire ensemble sur scène. Plaisir qu'ils vont partager un peu plus en faisant monter une personne du public pour jouer le "tambourineur" à leur côté sur Easy Living. Sur le dernier morceau, instrumental et puissant, Théo descend jouer dans le public et finit par laisser sa guitare à un spectateur qui se charge d'achever les festivités en faisant crisser les cordes sur le pied de micro. Sans prévenir, Park fait déjà figure de groupe solide et fait preuve d'une densité éclatante sur scène. À voir d'urgence !

 


Toutes les photos sont ICI

Jérôme

lundi 10 octobre 2022

Guadal Tejaz + Frustration @ Le Novomax, 8 octobre 2022 - Quimper

Il régnait dans le hall du Novomax une très bonne ambiance déjà avant le début des hostilités. Public nombreux (concert sold out), souriant, bavard et pressé d'en découdre avec cette programmation canon. Cold Wave et Post Punk made in France avec les bretons de Guadal Tejaz et les parisiens de Frustration, la référence en la matière depuis 20 ans. 


Guadal Tejaz ne manque pas de talent et de singularité. La voix particulière de Morgan Guillou et la puissance dégagée par leur style punk/krautrock méritent toute l'attention des afficionados du genre. Noche Triste, le second album du groupe, sort le 15 octobre et les 2 titres déjà en ligne et qui en sont issus laissent présager du tout bon. Pourtant, et assez bizarrement, je n'ai pas vraiment été convaincu par la prestation. Un brin décousu dans l'intensité, le set, peut-être encore en rodage, me laisse un peu perplexe et passe sans laisser l'empreinte attendue, malgré un final plus relevé avec notamment l'excellent Mercedeath

 

Ambiance surchauffée ensuite pour la première venue à Quimper de Frustration qui a fait honneur à son excellente réputation devant un public immédiatement conquis. Fabrice Gilbert (chant), Nicolas Duteil (guiatre), Fred Campo (synthé), Patrice Duc (basse) et Marc Adolf (batterie) sont toujours aussi bons et incisifs, faisant l'unanimité à chaque prestation. C'est hyper pro, violent sans être bourrin, puissant sans être excessif, tendu sans être froid. 


Le Novomax est survolté, même la scène est secouée et laisse apparaitre une faille sous les pieds de Pat' Duc. La set list, impeccable, qui balaie toute la discographie du groupe avec un focus logique sur So Cold Stream, le dernier album en date, mais aussi sur Uncivilized qui fête ses 10 ans cette année. Mention spéciale à Adrénaline, peu joué sur scène jusqu'à maintenant, Excess, toujours aussi explosif et à Le Grand Soir, rare titre de Frustration interprété en Français. Après un Dreams, Laws, Rights And Duties musclé, Pat' Duc et Fabrice Gilbert descendent dans le public achever l'ouvrage sur Blind.  L'osmose est parfaite et le plaisir total. Merci messieurs !


 
 

Jérôme