mercredi 26 février 2020

Marcel Et Son Orchestre @ L'Olympia, 22 février 2020 - Paris

«Marcel ? Mais qu'est-ce que c'est qu'ça ?». Ces paroles de Plus C'est Con, Plus C'est bon devaient certainement trotter dans la tête des passants du boulevard des capucines samedi dernier, lorsque ceux-ci ont vu débouler des centaines de personnes vêtues de perruques multicolores, de pantalon pattes d'eph', de vieux manteaux panthères et de boas à plumes. Le carnaval de Dunkerque s'invitait à Paname ? Pas tout à fait. Marcel Et Son Orchestre offrait à ses fans un concert mémorable dans une salle de prestige : L'Olympia. Et les fans sont venus de partout pour ce gros rassemblement, ce grand moment de "lâcher prise" au son de Où Sont Passées Mes Pantoufles?, Médiseuse, Tout L'Temps T'Aimer Toujours, Les Neurones À Crêtes, 62, Méfie-Te, et tant d'autres.


Deux première parties étaient en charge de maintenir une salle déjà chauffée à blanc par l’événement : PMQ, L’Élégance voQale et Carotté. D'un côté, de la chanson paillarde, chantée en polyphonie et revisitée tout en finesse, de l'autre, du punk/trad québécois joué par une bande de joyeux drilles louant l'esprit de fête, la révolte et les légumes. Une parfaite entame tout à fait dans l'esprit de la soirée. Difficile ensuite de décrire la fièvre qui s'est emparée de L'Olympia tout entier. Quelle énergie et quelle ambiance ! Mouloud, Tof, Tibal, Bouli, Jb, Bidingue et Bistek ont tenu leur promesse, celle annoncée lors du financement participatif de leur double compilation Hits, Hits, Hits, Hourra !!! Celle d'une grande fête, généreuse et sans complexe. Voici ce que nous avons retenu de cette folie furieuse, dont nous sommes ressortis complètement rincés par les pogos et les chahuts incessants.


Une superbe ambiance donc, due à la performance du groupe et à celle d'un public totalement converti à la fantaisie de Marcel Et Son Orchestre. Comme se plait à le répéter Mouloud, alias Franck Vandecasteele : «Marcel c'est nous, l'Orchestre c'est le public». Cette phrase prend tout son sens un soir comme celui-là. Le groupe est renforcé par une section cuivres et percussions qui donne encore plus de punch à une set-list déjà très forte. La scène se trouve même totalement occupée lorsque Carotté revient jouer La Famille Ingall's, apportant une touche cajun totalement raccord. Et que dire du raz de marée de filles qui recouvre les planches de L'Olympia, presque jusqu'à noyer le groupe sur Femme Mûre.


Toujours prompt à soutenir les causes justes et à dénoncer la dureté et la malhonnêteté de la politique actuelle, Mouloud vise juste en guise d'introduction à À Qui Cela Profite ? 
«Ils ont inventé la précarité pour tous... Une femme en détresse sociale a dit quelque chose de très juste et qui résume bien la situation actuelle : Nous sommes passés de la honte individuelle à la colère collective...».

  

Autre surprise que nous avait réservé MESO : 3 acrobates et jongleurs qui sont venus régulièrement au cours du concert occuper la scène et compléter un bien beau tableau. Tellement évident, là encore, sur Cerf VolantFuite De Fantaisie et Trapèze Volant.
Pas forcément acrobate au départ, il l'est devenu au bout de 5 secondes : mention spéciale au téméraire Capitaine du canot pneumatique qui a bravement affronté la foule déchaînée, et qui, malgré deux ou trois chavirements, a su rester à la barre et mener son bateau tant bien que mal sur Brrr...(au début elle est froide).


Le temps passe et l'ambiance ne faiblit pas. Le set se termine sur Raoul Et Alain avant un ultime rappel. La communion avec le public est totale, en témoigne cette capture vidéo prise par le groupe sur Skakaline
Et pour finir en beauté, le groupe Shimaï, (2 sœurs : Lana au saxo et Emma au ukulélé) rejoint Marcel pour Les Vaches en version japonaise. Idéal pour redescendre en douceur après ce concert de folie !
Dans la joie jusqu'au cou !

                                                                                                                                                       Jérôme


vendredi 14 février 2020

BEAUREGARD #12

Le festival Beauregard est cher à notre cœur pour tout un tas de raisons, à commencer par la programmation, toujours de très bonne qualité. Cette année ne fait pas exception et nous nous réjouissons d'avance. Notre fibre Pop/Rock à méchamment vibrée lors de l'annonce globale du line up 2020. C'était mardi soir au Big Band Café, la salle de concert d'Hérouville-Saint-Clair, Paul Langeois et Claire Lesaulnier levaient le voile sur cette 12ème édition qui sonne comme un retour aux sources. Une affiche cohérente, homogène et très convaincante.


Parmi les 38 noms de l'affiche, on ne ratera pas Massive Attack, longtemps dans le viseur des programmateurs, Roger Hodgson, Madness,  The Jesus And Mary Chain, Archive, Body Count, The Fat White Family, Of Monsters And Men, Nada SurfThe Murder Capital, Giant Rooks, Kompromat et Samba De La Muerte

Tous surlignés également sur notre planning, SUM 41, Frank Carter & The Rattlesnakes, Last Train, -M-, Fatoumata Diawara, Parcels, Metronomy, Philippe Katerine et Thylacine, seront à ne pas manquer. La présence le même jour de -M- et de Fatoumata Diawara peut laisser entrevoir un duo sur scène, les deux artistes ayant collaborés sur Lamomali.

Du côté des découvertes, toujours très bonnes chez JOHN, on écoutera avec attention Annabella Hawk, La Gallera Social Club et Eternal Youth. On note aussi la belle présence de Catherine Ringer, de Bertrand Belin et pour l'electro, Martin Solveig, Claptone et Perturbator. Pour finir, les amateurs de musique urbaine auront de quoi se réjouir avec deux représentants par jour : Nekfeu, Niska, Hamza & Sch, Ninho, PNL, Zola, Caballero & Jeanjass et Lorenzo

 

Aucun doute, le programme des 4 jours va être chargé !

A noter parmi les nouveautés 2020 :
  • L'espace VIP agrandi et modifié et l'espace Kid, agrandi lui aussi et déplacé pour être plus au calme (les enfants seront plus au calme 😁);
  • Un effort supplémentaire sera également apporté sur le développement durable sur le site (63% des déchets recyclés en 2019);
  • Distribution de cendrier plus importante afin éviter les mégots au sol;
  • Une équipe de bénévoles plus importante et toujours motivée (1 200 attendus cette année).
Enfin, soulignons la belle initiative de deux étudiants caennais Louis Bruyneel et Antonin Delarue, qui, soutenus par le festival, se lancent dans l'aventure du 4L trophy à bord d'une voiture aux couleurs et logo de Beauregard. L'équipage normand partira le 20 février de Biarritz pour traverser le Maroc et distribuer au passage des fournitures scolaires, des équipements sportifs et des denrées alimentaires aux populations locales. Un raid de plus de 6 000 kms à suivre ICI.

                                                                                                                                                          Stan


samedi 8 février 2020

PHILIPPE KATERINE @ La Carène, 7 février 2020 Brest

Quelqu'un qui, durant 5 minutes, récite son numéro de sécurité sociale, sur scène, sans avoir l'air ridicule, ne peut pas être foncièrement mauvais. C'était ce qu'un ami m'avait glissé à l'oreille avant le set de Philippe Katerine en 2006 à La Route Du Rock. Ce soir là, j'étais resté scotché devant la prestation et le charisme du chanteur que je découvrais en live. Depuis, l'artiste touche à tout est devenu incontournable, multipliant les projets et les collaborations, comme sur Confessions, son 11ème album sorti il y a quelques mois. On y retrouve Gerard Depardieu, Camille, Léa Seydoux, Angèle, Chilly Gonzales, Dominique A, Oxmo Puccino, Clair et Lomepal. Alors, Patouseul Philippe Katerine ? C'est le moins qu'on puisse dire ! Ce soir, Brestoises et Brestois se sont précipité·e·s à La Carène pour le voir et l'entendre expier ses pêchés les plus inavouables. 


Compositeur et musicien ayant accompagné et travaillé avec Philippe Katerine (entre autres) pendant plusieurs année, Eveno assurait la première partie du concert. Seul en scène, jouant, dans tous les sens du terme, avec sa guitare acoustique. Pendant une demie heure, façon humour potache, Eveno revisite quelques airs connus dont Petit Papa Noël, La Thune d'Angèle et une Marseillaise en version country et flamenco. Une maîtrise impeccable des 6 cordes et relation intime avec l'instrument qui donnera lieu à la naissance en direct d'un petit ukulélé. Parfaitement dans l'esprit de la soirée.


Vue imprenable sur des narines géantes à l'intérieur desquelles sort Philippe Katerine comme extrait par l'un des six doigts qui se dressent sur la scène. Entouré de cinq excellents musiciens, le chanteur va composer, sous nos yeux, un concert en trois actes. Le premier sera pêchu avec une série de titres phares, dont BB Panda, le génial Louxor J'adore, Blond, La Banane et Excuse-moi. Et puisqu'il est question de confessions ce soir, Philippe Katerine n'hésite pas à partager ses pensées : du spermatozoïde "winner" à  la musculature apparente dessinée par son t-shirt, de l'accent brestois aux délicieuses langoustines qu'il a dévorées égoïstement. Le public coopère avec délice, l'ambiance est d'emblée très bonne.


 

«On passe au plat principal, celui qui est sur la carte, c'est le moment du pot pourri». Quel régal ! Une dizaine de titres raccourcis et se succédant sans temps mort. Indéniablement un des moments forts du set. Moustache, La Reine D’Angleterre et Philippe pour le côté farfelu, l'angoissant 20-04-2005, mais surtout Rêve Affreux où Philippe Katerine prend des airs de Kanye West sur ce rap délirant. Musicalement c'est parfait et pourtant pas simple tant les morceaux sont souvent stoppés nets et récupérés brutalement. Le funky Sexy Cool, La Clef puis 88% (en duo virtuel avec Lomepal) clôturent ce second acte. Encore une fois le public prit un malin plaisir à répondre aux demandes les plus bizarre du chanteur, comme celle de compter 88 doigts à l'unisson. Très fort !


 

Changement de tenue et changement de rythme. Cette dernière partie de set se veut plus douce avec Bonhommes, Aimez-Moi, La Converse Avec Vous, Parivelib', Madame De. La dynamique a changé, on profite d'une autre facette plus délicate de l'artiste, interrompu tout de même par un faux appel de sa mère et par ses musiciens exigeant une pause syndicale. Après les ovations reçues des 1 300 personnes réunies à La Carène ce soir, Philippe Katerine reviendra seul pour un magnifique Moment Parfait a cappella. 
Déroutant, touchant, capable de parler masturbation, bifle et nonnes en gode ceinture pour finalement se délecter d'une conversation raffinée, réclamer des bisous et nous supplier de l'aimer. Passant du survet' au costume de velours bleu, des lunettes/pénis à la robe de chambre en satin blanc. Philippe Katerine est plus que jamais unique en son genre.

                                                                                                                                                 Jérôme


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