dimanche 19 mai 2024

IT IT ANITA + DITTER @ la Carène, 17 mai 2024 - Brest

Après deux concerts axés folk (Cat Power puis Timber Timbre), le temps était venu de repousser le potard du volume en butée. La Carène proposait ce vendredi la soirée idéale pour replonger dans le bain à remous avec DITTER et IT IT ANITA. D'un côté, un joyeux post punk décomplexé, de l'autre un rock noisy puissant et ravageur. De quoi se décaper le conduit auditif et préparer son body summer festival de la meilleure des façons. Let's go !

Vous expliquer comment on s'est tous retrouvé à chanter en cœur le refrain Bz Bz Bzzzzzz Blop Blop, soit le bruit d'un vibromasseur en action (que vous avez tous reconnu bien entendu), ce n'est pas bien compliqué. C'est tout simplement que Ditter est assez irrésistible sur scène et on se prend très vite au jeu, côté chant et côté "bouge ton corps". La rythmique de Sam et François, respectivement à la basse et à la guitare, est imparable et la présence scénique de la pétillante Rosa, au chant, est tout aussi efficace. Le style musical du groupe est assez large, le côté club de Follow No One et de Me Money & Politics peut rappeler M.I.A ou The Dø quant à I Do Hate You ou Lalala Song, elles naviguent plutôt vers The Libertines ou Wet Leg.



Ce qui émane surtout de Ditter c'est un plaisir immédiat ! Des chansons très accrocheuses dotées d'une pointe d'humour et d'une bonne humeur très communicative, un vent rafraichissant même à travers des textes sérieux comme Cherche Pas (seul titre chanté en français), qui aborde le sujet du consentement, sur un tempo rock soutenu, à la Mademoiselle K. Le set est passé très vite, je ne me suis pas ennuyé une seconde à voir cet hydre à trois têtes s'agiter devant nous et nous manger tout cru depuis les premières notes du concert jusqu'aux dernières. Mention spéciale à U Need A Break, que j'ai trouvé particulièrement jubilatoire. Belle découverte ! 



Le changement de plateau est l'occasion de passer au Merch féliciter le trio de Ditter, en place et tout sourire pour dédicacer son Ep : Me Money & Politics. Je profite de cette pause pour saluer les darons de Fréquence Mutine et du Novomax que je croise près du stand de Christophe Mevel de Bad Seeds, venu avec quelques bacs contenant les plus belles galettes de son shop. Je vois l'album de Beth Gibbons, Lives Outgrown sorti ce jour et produit par Lee Harris, le batteur de Talk Talk, c'est parti pour de savoureuses minutes d'échanges sur notre amour commun pour ce groupe fabuleux. Colour Of Spring, Spirit Of Eden, Laughing Stock, 'O'Rang, tout y passe...nous aurions pu en parler des heures. C'était bien sympa ! 

Retour dans le Club de La Carène, où il fait déjà super chaud avant même le début de set de It It Anita, ça promet ! J'ai le souvenir du passage du groupe au festival invisible 2019  ici même enfin dans le hall (et pas dans le couloir comme l'a évoqué, pendant le set, Elliot, à la basse 😄). Quatre sur scène à l'époque, trois aujourd'hui après le départ de Damien Aresta, et ça fait encore plus de bruit ! Reste Michaël Goffart (chant et guitare), Elliot Stassen (chant et basse) et Bryan Hayart (batterie), absent ce soir et remplacé par un autre batteur très efficace dont j'ignore le nom.



L'entrée en scène sur Proud Mary de Creedence Revival est un leurre, tout comme la pochette de Mouche, leur dernier album, qui est un gros plan d'un golden retriever tout choupinou. Parce qu'avec ces gars là, musicalement on est plus sur du pitbull terrier ou du rottweiler. Disposés face à face sur scène, Michaël et Elliot se partagent le chant et se renvoient le bâton de dynamite. Brutal et rapide, It It Anita a musclé son jeu (encore plus) sur ce troisième album défendu ce soir sur scène. L'énergie dépensée est impressionnante, les titres sont puissants à l'image de Disgrace, Crippling Guilt, Don' Bend (My Friend) ou encore Ode To William Blake que j'ai vraiment beaucoup aimé. 

Le public est au taquet et est très communicatif, ce qui semble ne pas déplaire au groupe liégeois. "C'est la troisième fois qu'on joue à Brest, c'est toujours génial...maintenant il nous faut encore de l'eau parce que pour vous c'est l'ouest mais pour nous c'est le sud ici !" explique Elliot, amusé, en reprenant son souffle. Michael lui, profite de ces quelques temps morts pour changer sa guitares après l'avoir martyrisée sans ménagement. Le groupe continue en mode Beastie Boys avec Psychorigid, puis revient au hardcore avec 11, titre plus ancien issu de l'album Laurent, et Kinda The Same, un des sept morceaux de Mouche joués ce soir. Fin du set sur le Grohlien NPR, riffs superbes et distorsion à vous retourner le cerveau puis Giving:Taking alternant calme et rage. 


Le public est cabossé mais en redemande, le groupe s'exécute et revient pour le dernier uppercut : 9 Lives et User Guide qui clôturent parfaitement cette grosse heure de furie belge. Habitué aux tempêtes, le public brestois s'est bien fait secoué ce soir. It It Anita n'a pas failli à sa réputation de groupe à l'énergie folle et furieuse et sera à l'affiche du Festival de la mer à Landunvez (29) le 26 juillet. Préparez-vous !


Toutes les photos ICI

Jérôme

mardi 7 mai 2024

CAT POWER @ La Cité des Congrès, 26 avril 2024 - Nantes

De retour de Nantes pour le concert de CAT POWER sings Dylan à La Cité des Congrès.

J'étais super bien placé, aussi je n'ai fais aucune photo ni vidéo pour profiter un max. De toutes façons Cat Power et les photos, je me souviens que c'était très cadrés lorsque je l'avais vu à Beauregard en 2019. D'ailleurs un costaud, au premier rang, devant moi qui filmait nonstop depuis trois chansons s'est fait "gentiment" reprendre par la security crew. Bref, ça ne s'y prêtait pas. 

Première moitié de set en acoustique Chan Marshall est entourée de deux zicos, piano / guitare. Kif énorme, et grosse émotion sur ces interprétations brutes et quasi a capella par moment. Desolation Row, It's All Over Now Baby Blue, Just Like A Woman et surtout Mr. Tambourine Man qui m'a clairement mis les poils. Si cette première partie de set a pu sembler longue pour certains, vu la durée des morceaux et leur côté répétitif, c'est bien celle que j'ai personnellement préférée, celle où la touche Cat power est la plus palpable.

Passage à l'électrique ensuite pour les 8 derniers morceaux, prestation en tout point fidèle au fameux concert de Manchester 1966 de Bob Dylan. Changement total d'ambiance donc, six sur scène autour de la chanteuse et réalisation impeccable de Tell Me, Momma jusqu'au formidable final sur Ballad Of A Thin Man et Like A Rolling Stone. Malgré les quelques quintes de toux que Cat Power étouffe dans une serviette entre les morceaux, la voix n'aura pas été affectée par le coup de froid qu'elle a visiblement pris en France. Souriante, captivante, bizarrement lookée (aussi à l'aise sur ces talons aiguilles Louboutin que moi sur des échasses), Cat Power a totalement relevé le difficile défi de reprendre Dylan, d'être à la hauteur d'une œuvre culte, de la personnaliser sans la dénaturer et d'y ajouter une évidente et magnifique sensibilité. 

Ceci dit, si mon amie Laure (qui a du annuler la mort dans l'âme sa venue à Nantes au dernier moment) demande comment c'était...on est d'accord pour lui dire que c'était vraiment nul. Merci 😉

dimanche 5 mai 2024

TIMBER TIMBRE @ 6par4, 4 mai 2024 - Laval

Lorsque Timber Timbre a annoncé sa tournée française il y a quelques mois, mon choix s'est orienté sur le 6par4. Revoir un groupe que j'affectionne tout particulièrement et découvrir la salle lavalloise (très bien accompagné), c'était autant de bonnes raisons pour faire le déplacement. La soirée était sold out depuis plusieurs jours, rien de bien surprenant quand on connaît la qualité du groupe qui vient de sortir un nouvel album très réussi intitulé Lovage.


Entouré de trois musiciens, Taylor Kirk, membre fondateur de Timber Timbre, arrive sous une chaleureuse clameur mêlant excitation et impatience. Bonnet sur la tête, le canadien, toujours aussi introverti, se place en fond de scène derrière ses partenaires et le concert débute avec les compos du dernier album dont l'excellent Ask The Community et son joli refrain Do you want to see a dead body ? Plongé dans une lumière rouge, le groupe s'exécute sans temps morts, la voix de Taylor Kirk, toujours baignée de reverb, me paraît moins grave qu'auparavant mais toujours aussi impressionnante. Musicalement Timber Timbre oscille entre dark Folk, Jazz visqueux et Blues psyché. Pas de guitare étonnamment, l'orchestration se limite à une basse, une batterie et deux synthés, apportant une certaine froideur par rapport aux précédentes tournées plus axées cordes et cuivres. Confessions of Dr. Woo, terminant en angoissante spirale instrumentale, en est une belle illustration. 

 

Si Creep On Creepin' On et Sugar Land ont emballé toute la salle, c'est surtout avec Troubles Comes Knocking que le set a gagné en intensité. Ont suivi Grifting, Curtains!? puis Woman que j'ai à peine reconnue, réarrangée et jouée de façon plus rapide que sa version studio. Le public, lui, manifeste ouvertement son plaisir entre chaque titre joué, l'ambiance au 6par4 est excellente pour cette première pour le groupe et pour moi. Mention spéciale pour le formidable Run From Me qui clôture le set et que Taylor Kirk interprète à merveille façon Crooner, relayé par une complainte glaçante de sa musicienne et choriste Erin Lang.

   

Le rappel ne se fait pas attendre, ambiance boule à facette pour Hot Dreams, slow d'enfer qui me fait toujours autant d'effet puisque je considère cette chanson comme étant la meilleure de TT, même si j'aurais préféré une fin au saxo plutôt qu'au synthé. Moment assez cocasse ensuite où Taylor Kirk vient gentiment sortir en backstage une jeune fille qui était monté sur scène et qui dansait sur le côté depuis quelques minutes... ce sera finalement la seule fois de la soirée où il se sera avancé autant ! Le final est impeccable : Black Water puis le rageux Do I Have Power marquent la fin du concert. On a espéré un second rappel comme sur certaines dates de la tournée où le canadien revenait seul à la guitare pour Lovage, pas pour cette fois même si la set list du live (récupérée ensuite) le mentionnait. Dommage.



Neuf ans après mon dernier concert de Timber Timbre, j'ai pris beaucoup de plaisir à les revoir sur scène (pour la quatrième fois depuis 2011). Avec tout de même moins d'intensité et d'émotion que les fois précédentes ceci dit. Le positionnement de Taylor Kirk y était peut être pour quelque chose. 
Le 6par4 testé et approuvé 👍 !

Jérôme