dimanche 7 avril 2024

Rodolphe Burger + Sofiane Saidi + Mehdi Haddad @ L'Archipel, 04 avril 2024 - Fouesnant

La qualité de programmation de l'Archipel m'amène une quatrième fois à Fouesnant cette année. Après Alela Diane, H-Burns + Animal Triste et Zaho De Sagazan, c'est cette fois le projet Mademoiselle qui me semblait tout simplement immanquable. Mademoiselle est une hydre à trois têtes, une rencontre aussi évidente que géniale entre Rodolphe Burger, Sofiane Saidi et Mehdi Haddad, des artistes qui n'ont cessé de multiplier les collaborations et de mêler leur talent et leur culture à celle des autres. Le résultat est splendide, l'album est une vraie réussite, un beau métissage de blues, de raï et d'électro qu'il me tardait donc de voir joué sur scène.

La salle de l'Archipel est pleine une fois de plus, les trois artistes s'installent et le set débute sur Vous Êtes Belle (Mademoiselle). Rodolphe Burger et Sofiane Saidi se partagent le chant, l'un dans un style résolument Gainsbourien et l'autre en virtuose du raï. Mehdi Haddad, lui, semble ne faire qu'un avec son oud électrique, sa réputation de Jimi Hendrix du Maghreb n'est pas usurpée et chaque solo qu'il entreprend est une vraie merveille, à commencer par celui réalisé sur 504, le second titre de la soirée. La rythmique est soutenue, Sofiane Saidi derrière ses claviers fait office de chef d'orchestre et sur One Two Three, c'est la présence de Rachid Taha qui transparait de partout, lui qui incarnait tant le rock et ses alliages. Après le bluesy I Drink Alone, une très belle reprise de George Thorogood, le trio interprète Embrasse Marie Pour Moi, l'un des morceaux les plus intenses du set à mes yeux et à mes oreilles. Le light show est splendide et le son impeccable, malgré quelques soucis rencontrés sur un des amplis de Mehdi Haddad qui a paru un peu agacé par cet imprévu.


 

La seconde moitié de concert gagne encore plus en chaleur et en énergie. Des gens se sont levés pour danser dans les allées, Sofiane Saidi incite les autres à en faire autant, à quitter leur confortables fauteuils et à se laisser aller sur les nappes électro de Sahara Malakoff (Le Désert). Une autre reprise est jouée : Hey Baby de Jimi Hendrix sur laquelle Mehdi Haddad se hisse aisément au niveau du guitariste légendaire. Superbe ! Fin de set relevé avec Le Dédain, puis La Terre De Feu (Que Sera Votre Vie?), où Mademoiselle revisite à la sauce algérienne un des titres phares de Kat Onoma. 

Le public en redemande et c'est tout d'abord Mehdi Haddad qui revient seul pour un solo somptueux en intro de Hard Times. Il est rejoint par Sofiane Saidi qui, tel un muezzin, invite ses fidèles par son chant puissant, puis par Rodolphe Burger, revenu lui aussi pour distribuer de gros coups de griffes avec sa fameuse Gibson. Le concert s'achève sur le tempo soutenu de Ndjoum, où l'instru électro/raï pourrait facilement se confondre à la musique traditionnelle bretonne, elle aussi jamais meilleure que lorsqu'elle est bousculée et enrichie par d'autres cultures. L'ouverture, la curiosité et le mélange font bon ménage. Une évidence qu'il est toujours bon de rappeler et ce soir c'est chose faite de la plus belle des manières.

 Merci Mademoiselle.

Jérôme

dimanche 31 mars 2024

FRUSTRATION + STRUCTURES @ L'Echonova, 30 mars 2024 - Saint-Avé

Soirée torride à l'Echonova samedi soir en dépit de la météo pourrie digne d'un mois de décembre. Trois groupes énervés au programmes : Mary Bell, Structures et Frustration. Saint-Avé n'étant pas la porte d'à côté, je n'ai pas pu arriver à temps pour le set de Mary Bell, ce sera pour une autre fois. Lorsque j'entre dans la salle, c'est au moment du changement de plateau. Il y a du monde partout et je constate  que le public est très varié niveau âge. Quelques enfants, des ados, beaucoup de quinquas et aussi pas mal de cheveux blancs, ça fait plaisir à voir qu'une bonne soirée punk rock rassemble encore plusieurs générations d'aficionados. Le temps de jeter un œil sur le merch et de prendre une boisson et je me positionne pour Structures, que je vois pour la seconde fois ce soir, après leur passage au Vieilles Charrues en 2022.


Structures c'est un binôme amiénois déterminé et intègre qui en quelques années seulement est devenu l'un des groupes fers-de-lance de la nouvelle génération rock hexagonal. Il a fallu attendre 5 ans, après un premier EP sorti en 2018, pour voir enfin l'album, A Place For My Hate, sortir. La faute à une période de belles galères : la crise sanitaire bien sûr mais aussi à l'implication d'un ex-membre du groupe et du patron du label, tous deux mêlés à des affaires plutôt sordides, bref... Des débuts compliqués. Mais comme on dit : c'est dans la tempête que l'on reconnaît le marin. Pierre (guitare et chant) et Marvin (basse et chant) n'ont pas tergiversé longtemps et ont pris des décisions radicales. Changement et réorganisation, le groupe évoluera désormais à deux et chez un autre label, on recommence tout à zéro ou presque. Le jeu en valait la chandelle, Structures est resté droit dans ses bottes et l'album qui a vu le jour est à la hauteur des attentes. Sur scène, ils sont entourés de 2 zicos supplémentaires, histoire de taper aussi fort que prévu. Le set débute avec le très bon Attitude suivi de Long Life et Mod3rn. Musicalement, ça oscille entre Interpol, The Prodigy, Fontaines D.C. et Nine Inch Nails dont Pierre porte le t-shirt. 



Post punk, certainement, mais pas que. Structures a du potentiel et les secousses électro qui ponctuent certains titres les placent dans une tout autre perspective. Le concert prend un peu plus de muscles à la mi-parcours avec Expectations et Satellite, deux titres un peu plus anciens mais toujours d'une efficacité redoutable. Le jeu de basse de Marvin est puissant et me rappelle par moment celui de Jean-Jacques Burnel des Stranglers, notamment sur Sorry, I Know It's Late But...et Expectations justement. C'est tendu, nerveux et ça finit très fort avec le splendide Arabian Knights Club puis Disaster, où Marvin, au micro cette fois-ci, vient se mêler à la foule sous une déferlante électro punk. Un moment fort du set. Structures achève sa prestation pied au plancher devant un public qui pogote joyeusement sur Blind, Strange Feeling et Pigs et conforte cette belle sensation de groupe au style marqué et à la personnalité forte. L'avenir leur appartient ! 

     


Quel plaisir de retrouver Frustration ! Ce sera la cinquième fois en 11 ans que j'en ai l'occasion. Il faut dire que les Parisiens ne délaissent jamais la Bretagne lors de leurs tournées. Cette fois c'est pour honorer la sortie de Our Decisions, leur cinquième Lp, dans les bacs depuis la veille ! Un album somptueux, pas évident à faire, me confiait Pat D, croisé à la pause clope, quelques instants avant, et marqué, entre autre, par une guitare encore plus agressive. Groupe taulier et groupe référence du post punk en France, chaque concert de Frustration est un évènement qui rassemble de plus en plus de monde et cette soirée ne fait pas exception. Le set commence avec Path Of Extinction, le titre qui ouvre l'album. Le jeu de basse sec et régulier de Pat D vient couvrir les chants d'oiseaux qui accompagnaient l'entrée en scène. Transition brutale, froide et fidèle à l'approche frontale du groupe. 



Après l'excellent State Of Alert, second morceau du dernier album, Frustration se lance dans une série de titres plus anciens dont It's Gonna Be The Same, Pepper Spray, Le Grand Soir et Excess. Il fait au moins 35°C dans la salle, pourtant Nicus à la guitare est emmitouflé dans son parka à capuche, foulard autour du cou. Fabrice au chant, regard droit, ton grave, phrasé autoritaire à la Jason Williamson (chanteur des Sleaford Mods), scrute devant lui le public qui bouillonne toujours un peu plus à chaque riff de Nicus. Mark à la batterie est impeccable, en retrait c'est lui qui donne le tempo, puissant sans pour autant, prendre le dessus sur les autres membres du groupe. Fred Campo au synthé est toujours aussi impressionnant de zenitude, pourtant l'aspect glaçant et anxiogène de certains titres du groupe, c'est lui sans aucun doute ! L'intro basse de Pat D sur Catching Your Eye est saisissante, le lascar a du jus, jongle entre concentration et provoc' et prend un malin plaisir à interagir avec le public. Dans la salle, c'est le feu, les slams s'enchaînent, les fringues et les gobelets volent sur la scène et une bonne partie des mecs sont torses nus à pogoter. Grosse ambiance !

 


Autre nouveau morceau savoureux joué ce soir : Riptide, à mi chemin entre Killing Joke et Depeche Mode. Moins speed que The Drawback ou Nowadays, joués juste après, mais l'un des meilleurs titres de la soirée à mon sens. Le set se termine avec Your Body, la salle est moite de chaleur et de transpiration, le groupe ne nous fait pas attendre longtemps et reviens donner le coup de grâce avec une salve de quatre titres imparables : Dreams, Laws, Rights And Duties suivi de Too Many Questions, Blind et enfin We Have Some...Marvin de Structures les rejoint sur scène et prend la basse, Fred Campo se jette dans la foule tandis que les Mary Bell au balcon dansent sur ces ultimes notes de Frustration à l'Echonova. Je retrouve, quelques minutes après, Pat D au merch, épuisé, trempé de sueur et qui me confie tout essoufflé "Super concert !" 
Sentiment partagé à 100%



Jérôme

mardi 26 mars 2024

NITS @ Le Trianon, 22 mars 2024 - Paris

50 ans de carrière pour les NITS ! L'évènement justifiait amplement le déplacement à Paris pour revoir Henk, Robert Jan et Rob se produire dans l'écrin du Trianon. Au fil des décennies, ils sont restés d'une élégance folle, de leurs compos jusque dans le graphisme de leurs œuvres, en passant par la syntaxe des chansons ou des titres d'albums. Jamais vraiment dans l'air du temp, le groupe néerlandais n'a pas eu le succès commercial qu'il mérite, pourtant les puristes s'accordent à dire que les NITS sont surement les plus légitimes héritiers des Beatles tant leur compositions sont créatives, éclatantes et toujours finement travaillées. Artistes complets et intelligents, les Nits sont bel et bien l'un des trésors les mieux gardés de la pop, pour reprendre une formule qui leur sied parfaitement. 

Le concert a débuté avec une longue standing ovation dès l'instant où nos 3 compères sont arrivés sur scène. Je ne crois pas me rappeler avoir vu cela avant et ça en dit long sur l'émotion et la reconnaissance du public envers le groupe. La déco, sobre représente un arbre, une maison et le feu. Celui qui a ravagé le home studio du groupe il y a deux ans, réduisant à néant toutes les archives, instruments et souvenirs que les Nits y abritaient depuis 40 ans. Leur dernier Ep est né de ce tragique évènement, les Nits sont toujours là mais la plaie est vive et le chagrin se ressent dans chacune des 6 chansons qui le composent. The fire had no heart, the fire had no mercy...chante Henk sur The Attic que n'aurait pas renié Leonard Cohen. 

 

Ce premier set du concert est principalement consacré à ce dernier album, le 25ème de la carrière du groupe. L'émotion est palpable sur The Bird et sur The Tree, qui entre directement dans mon top 5 des chansons du groupe tant cette ballade est sublime. La voix de Henk Hofstede est impeccable, sa chemise longue, sa veste verte et son regard profond et bienveillant le font ressembler à un vieux maitre des beaux arts en pleine démonstration. Autour de lui, deux compagnons de longue date tout aussi doués : Rob Kloet à la batterie, dont les baguettes semblent glisser d'un fût à l'autre, capable d'une métrotomie d'orfèvre et d'improvisations jazz bluffantes et Robert Jan Stips aux claviers, impressionnant de maitrise derrière son air triste lorsqu'il joue. Un véritable Droopy virtuose ! C'est lui qui prend le relais au chant sur The House, premier "ancien titre" de cette première partie. Après le délicieux A Touch Of Henry Moore qui nous replonge dans les années new wave du groupe et l'inclassable The Infinite Shoeblack, digne de Prokofiev, les Nits terminent ce premier set avec Nescio, autre titre emblématique et salué longuement par le public. 

Après 20 minutes de pause, le concert reprend sur les notes entrainantes de dA dA dA, titre très McCartnéen, malgré la voix de Henk qui penche plus Lennon. Le clin d'œil aux Beatles ne s'arrête pas là car lorsque une fois de plus le public ovationne le groupe, Henk s'exclame : "Paris et les Nits sont des mots qui vont très bien ensemble ! Et nous nous sommes les marchands de pommes de terre !" Les chansons s'enchainent, passant en revue une discographie raffinée et brillante. Des chansons graves comme Lits-Jumeaux, qui évoque le destin parallèle d'un enfant juif et d'un jeune soldat SS, d'autres plus légères comme J.O.S. Days qui raconte les états d'âmes d'un jeune footballeur maladroit. La nostalgie n'est jamais loin avec les Nits, en introduction de Yellow Socks & Angst, Henk se rappelle et nous raconte son enfance (en français). Sa grand-mère qui tricotait tout le temps pendant que ses oncles jouaient aux cartes et que la télévision diffusait Johnny Hallyday. Idem pour les superbes The Bauhaus Chair et Beromünster, où il s'imagine voir ses parents danser à travers un poste de radio situé dans leur chambre. Le set s'achève avec Cars & Cars, où encore une fois Robert Jan est incroyable, ouvrant le morceau sur des notes douces, allant crescendo pour finir dans un tourbillon qui fait se lever le Trianon comme un seul homme. 

 

Le rappel est magistral avec tout d'abord The Eiffel Tower, deuxième titre de leur très bel album Les Nuits joué ce soir, puis In The Dutch Mountains, surement la chanson la plus connue du groupe. Quel bonheur, quel plaisir ! Henk, Rob et Robert Jan sont tout sourire, se marre comme des gosses et le public en redemande forcément. On ne va pas se quitter comme ça ! Pas avant une dernière ode à Paris, une évidence : la gare du Nord, le centre Pompidou, l'hôtel d'Angleterre...tout ces lieux qui valsent dans l'ultime chanson du concert Adieu Sweet Banhof que le public reprend en cœur avec le groupe. Les Nits saluent avec un bonheur visible un public qui n'en finit pas de les applaudir et de les remercier. C'est beau tout simplement, c'est 50 ans d'amour ! 

Jérôme

 

dimanche 17 mars 2024

GWENDOLINE : Release Party @ Cabaret Vauban, 16 mars 2024 - Brest

Nous avons découvert aux Vieilles Charrues l'été dernier. Au beau milieu de la kermesse carhaisienne, l'ovni Gwendoline avait effacé les sourires de celles et ceux qui étaient venus les voir se produire sur la scène Grall. Nous en faisions partie et nous n'étions pas ressortis indemnes de ce concert. Dans ses chansons sombres, noires, sur fond cold wave, Gwendoline dresse un constat amer de la société et de tous ses travers. Le verre n'est pas à moitié plein, non, il est vide depuis longtemps. Un style percutant, désabusé, angoissant et des textes chocs qui trouvent écho auprès d'un public de plus en plus nombreux à les suivre. Pour la sortie de leur deuxième album intitulé C'est à moi ça, Gwendoline s'offrait, samedi soir, une release party au Vauban, la salle la plus emblématique de Brest, pleine à craquer bien entendu.

Après une première partie assurée par Aude Vaisselle + Bravo Béton, que nous n'avons pas pu apprécier (nous sommes arrivés à la fin du set), Gwendoline prend place et débute son concert avec Rock 2000, l'un de ses nouveaux titres. En format live, deux musiciens viennent prêter main forte à Pierre et Mickaël, les deux membres du groupe. Une rythmique prenante, un jeu de guitare RobertSmithien lancinant, un ton assez monocorde mais juste et des refrains imparables tels des hymnes : la formule Gwendoline fait mouche immédiatement. Autre élément percutant du live, les séquences diffusées sur l'écran géant en fond de scène. Véritable cinquième homme du groupe, c'est finalement lui que l'on voit le mieux. Textes et punchlines y défilent façon karaoké, impossible de résister à Chevalier Ricard ou Chèques Vacances



Sans aucun temps mort, les titres s'enchainent. Mention spéciale à Conspirepeut-être la plus flippante des chansons du groupe, à Clubs, Palace Meetic et Piñata et son fameux Suze Tonic ! Le public est prêt pour Héros National, véritable tube en puissance repris par la salle entière. Pierre au chant préviens : « Attention ça va zouker...». En plus c'est vrai ! Sur un air très dansant, presque caribéen, Gwendoline nous décrit froidement le portrait d'un type rêvant de passer à la télé, prêt à tout pour sortir de l'anonymat et quitter sa morosité quotidienne. Irrésistible ! 





Le set se termine avec Merci La Ville, autre nouveau morceau qui vient finir sur des nappes électro plus poussées, laissant entrevoir tout le potentiel musical que Gwendoline peut encore explorer. Deux rappels pour satisfaire le public chaud bouillant : Audi RTT  tout d'abord, chanté par la salle entière dans un gros moment de communion, puis une étonnante cover, non pas celle de la Mano Negra, que le groupe avait pris l'habitude de reprendre sur scène, non ! Ce sera Macumba, le tube intemporel de Jean-Pierre Mader, version schlag-wave. Tout l'art d'être là où on ne vous attend pas ! Longue et belle ovation méritée, Excellent album et superbe concert. Nous avons senti le groupe plus assuré et plus fort qu'il y a quelques mois, c'était flagrant. Nul besoin d'être médium pour prédire un très bel avenir à Gwendoline. Si Pierre et Mickaël masquent leur visage avec leurs mains sur la pochette du nouvel album, ils ne peuvent plus vraiment se cacher désormais car c'est déjà en train de se passer. 




Jérôme

mercredi 21 février 2024

Festival BEAUREGARD #16

Comme chaque année nous étions présents au Big Band Café d'Hérouville-Saint-Clair pour la soirée de présentation du festival Beauregard. Il ne restait que quelques noms à annoncer pour compléter une programmation brillante une fois de plus. Avec plus de 80% de son affiche déjà dévoilée, cette conférence présentée et animée par Radio Tsugi aura été l'occasion de parler des acteurs, partenaires, bénévoles, petites mains du festival, bref...toutes celles et ceux sans qui le festival ne pourrait pas exister. En effet, si depuis 2009, année de sa création, Beauregard bénéficie d'une excellente réputation, c'est aussi grâce à sa qualité d'accueil et à son organisation quasi irréprochable. Sur la scène du BBC, se sont relayés, entre autres, l'association ZorroMégot (ramassage de mégots sur le site et sensibilisation  des festivaliers), la société We Are Kraft (mise en lumière et déco mapping du château), la responsable de Couleur Jardin (habillage floral du site) et la Brigade Javotte (scénographie et happening pendant les interludes). Une belle mise en lumière car Beauregard, c'est aussi eux !

À tout ce petit monde s'ajoutent d'autres intervenants et animateurs du festival tels que le Judo Club d'Hérouville-Saint-Clair ou encore SNT-Crew, la compagnie de Break Dance de Caen, venu faire une démo pour l'occasion. La transition vers la programmation musicale se fait avec l'intervention de superfans venus témoigner de leurs moments inoubliables. Et quand certains évoquent sans hésiter les concerts de Other Lives, Dead Can Dance, New Order, Sting et Timber Timbre, nous ne pouvons qu'applaudir (mais pour Milouze En Live, Nick Cave & The Bad Seeds restera le BEST concert EVER 😉).

Mais revenons à cette programmation 2024 !

Comme c'est le cas depuis quelques années, il y a deux artistes rap programmés chaque jour parmi une sélection qui va de la chanson française à l'électro en passant par la pop et le rock. Devenu un festival réunissant 30 000 personnes/jour, Beauregard se doit de satisfaire un maximum de gens. De l'adolescente à la senior, du connaisseur au néophyte. Malgré cet impératif Paul Langeois et Claire Lesaulnier, les deux co-directeurs du festival, ont toujours su y ajouter une touche spéciale. Quelques groupes ou artistes pas vraiment connus, qui vont surprendre le public et qui vont rester dans les mémoires collectives du festival au même titre que les têtes d'affiches.

Pour ne rien vous cacher sur nos intentions, nous sommes au taquet pour LCD Soundsystem, Fat White Family, Massive Attack, Véronique Sanson, Black Pumas, Zaho De Sagazan, Idles, Daho, Archive ou encore Bat For Lashes, Baxter Dury et The Prodigy. Et puis il y aura notre chouchou local Samba De La Muerte que nous avons hâte de revoir sur scène. Pour le reste on ne fait pas de plans et la surprise venir de n'importe où. Une fois de plus JOHN (personnage emblématique et mystérieux du festival) nous a placé dans les meilleures dispositions pour passer un début juillet mémorable. Il ne reste plus qu'à y aller, ce qui aujourd'hui est encore faisable pour le jeudi pour lequel il reste une poignée de billets et pour le vendredi où quelques centaines de pass vont être remis en ligne jeudi 22 février à midi pour satisfaire les fans de Prodigy. Pour les autres jours, il faudra guetter les mises en vente sur la bourse aux billets officielle dispo sur le site. 

Comme chaque année, nous serons présents pour vous faire vivre un maximum de concerts et vous rapporter l'ambiance et les meilleurs moments du festival avec articles et photos.

Retrouvez tous les détails de la programmation, la billetterie en ligne et l'ensemble des modalités pratiques sur le site du festival.

Milouze En Live





dimanche 18 février 2024

H-Burns + Animal Triste @ L'Archipel, 17 février 2024 - Fouesnant

Magnifique plateau musical à l'Archipel de Fouesnant où le folk électrique de H-Burns cède ensuite sa place à la noirceur rock de Animal Triste. Une fois de plus le public est au rendez-vous et la salle est pleine. Je crois bien qu'à chaque fois que je suis venu ici c'était le cas. Signe d'une programmation de qualité et d'un public curieux et fidèle à cette belle structure. Pour ma part, je me réjouissais à l'avance de découvrir sur scène ces groupes que j'apprécie déjà beaucoup à l'écoute de leurs différents albums. Cette escale bretonne, commune aux deux formations, était donc une occasion rêvée de faire d'une pierre deux coups. 


C'est sous les projecteurs bleus qui éclairent la scène de l'Archipel que H-Burns débute le set avec Blue Lights. En toile de fond, la magnifique peinture de Gilles Marrey évoquant une plage de Pacific City, réalisée à la demande de H-Burns et qui illustre la pochette du dernier album Sunset Park. Un décor parfait qui n'est pas sans rappeler les paysages alentours. Cette première partie de concert est d'ailleurs largement consacrée à ce dernier opus avec New Moon, la très belle ballade Morning Flight et le très entrainant Late Bloomers

 


H-Burns est le projet de Renaud Brustlein qui, depuis une vingtaine d'années, multiplie les collaborations avec divers artistes afin faire émerger des œuvres scintillantes mêlant le folk américain et le songwrinting anglo-saxon. Son style et sa musique me ramènent aux Cowboys Junkies, à Lloyd Cole, Jay Alanski ou Dominique A avec qui, à mon sens, il partage la même qualité d'écriture et la même excellence, même si l'un chante en anglais et l'autre non. Il n'y a qu'à écouter le magnifique Night Moves pour s'en convaincre. À la guitare basse, Ysé Lallemant vient poser sa voix sur le doux Sister tandis que Antoine Pinet délaisse sa guitare pour s'installer au clavier. Yann Clavaizolle quant à lui, aura su alterner douceur et montée en puissance sans jamais martyriser ses fûts plus que nécessaire. La seconde partie de concert est tout aussi impeccable que la première : Tigress, Nowhere To Be, Movies jusqu'à la standing ovation finale au moment du rappel avec Midlife et Naked. Épatant de justesse et d'élégance.



Place à la noirceur avec Animal Triste. Je m'étais promis de voir au plus vite le groupe normand après les avoir manqué de peu au festival Beauregard 2023 où j'étais arrivé sur site juste après leur passage sur scène. Composé de musiciens qui œuvraient et œuvrent encore dans d'autres formations telles que Darko, Radiosofa ou La Maison Tellier, Animal Triste est un jeune groupe de vieux garçons qui jouent une musique influencée par les artistes que l'on a aimés et que l'on aime, comme le définit bien Yannick au chant. Un rock de daron, un rock à la barbe grisonnante, à la poignée de main solide et au regard direct. La présence scénique du groupe est forte, à six sur scène dont trois guitares...ça envoie du lourd ! 



Musicalement, on est plutôt dans l'univers de dEUS ou des Black Rebel Motorcycle Club, dont le chanteur/guitariste Peter Hayes est venu poser ses riffs sur l'excellent Tell Me How Bad I Am, l'un des titres de leur dernier album Night Of The Loving Dead. Autre morceau de choix joué ce soir, la belle reprise du Boss : Dancing In The Dark. La voix de Yannick Marais est puissante et me rappelle parfois celle de Bono période The Unforgettable Fire, c'est dire ! De toute façon pour s'attaquer aux chansons de Springsteen, faut être équipé et confiant et cette version, plus sombre, est splendide. Après les furieux Afterlife et Rearview Mirrors, le groupe calme volontairement le jeu avec Sky Is Something New, belle ballade issue de leur premier album, que Yannick avoue avoir placé en milieu de set pour calmer le côté cardio du début de concert.

 

Beaucoup de nouveaux morceaux ce soir semble-t-il, laissant entrevoir du très bon pour la suite. Mention spéciale à Montevidéo, dont les chœurs, le tempo et l'ambiance noire qui s'en dégagent en feraient la B.O. parfaite de Sons Of Anarchy et à River Of Lies, où le musicien Alain Johannes (PJ Harvey, Queens Of The Stone Age, Arctic Monkeys...) a posé la patte sur la version studio. Autant de balafres supplémentaires sur la fourrure de l'Animal qui parait plus fort que jamais. Le public en redemande, le groupe revient et interprète With Every Bird puis, en format acoustique la superbe berceuse Diamond Dreams qui clôt le dernier album et le concert de ce soir.

A défaut de tout renverser, la configuration de la salle n'étant pas très adaptée aux concerts rock, le public de l'Archipel aura été d'une grande qualité d'écoute et aura réservé un accueil très chaleureux aux deux talentueuses formations de la soirée...et c'était amplement mérité. 


Jérôme

samedi 10 février 2024

GaBLé @ Festival Longueur d'ondes, La Carène - 8 février 2024, Brest

C'est dans le cadre du festival Longueur d'ondes que le trio normand de GaBLé a fait son grand retour après sept années consacrées à d'autres projets. Nous n'avions pas revu le groupe depuis l'édition 2013 du festival Beauregard où le groupe jouait "à domicile" et nous avait fait une très forte impression. Toutes ces années sans GaBLé ce n'était pas raisonnable du tout ! Il était grand temps de remettre les pendules à l'heure et de se rappeler à quel point ce groupe est unique. 

À notre arrivée dans le grand hall de La Carène, Mathieu, Gaëlle et Thomas, les trois membres de GaBLé, sont tranquillement parmi les spectateurs en attendant l'ouverture du Club où se prépare Gærald qui assure leur première partie. C'est assez naturellement que nous nous retrouvons à discuter avec eux non loin du stand merchandising où sont proposés vinyles, cd, livrets de paroles et cartes postales du groupe. En l'espace de quelques minutes nous évoquons leur excellent dernier album PiCK THe WeaK (le 7ème en vingt ans) tout juste sorti il y a six jours mais aussi leurs précédents passages en Finistère, notamment aux festivals Invisible et Chacal à Poil dont la simple évocation a fait briller les yeux de Mathieu qui nous a confié en garder un souvenir impérissable. Il n'est pas le seul puisque toute la Fanbase finistérienne de GaBLé s'est visiblement donné rendez-vous se soir à La Carène pour ces retrouvailles.

Gærald semble tout droit sorti de l'univers BD de Wuvable Oaf. Personnage authentique et attachant en plein cycle ballade cold wave, lui qui explique au public avoir eu sa période électro/short en cuir. Une très belle voix tout juste soutenue par un fond de basse et quelques nappes de synthés qui n'ont pas suffit à nous faire entrer dans son univers comme dirait la grande chanteuse française Jennifer 😁. Cependant, une bonne partie du public semblait bien séduite par la sensibilité de Gærald, et a réservé un bel accueil à ses nouvelles compositions qui traitent aussi bien le sujet de l'amour et du fantasme que celui de la condition de la plante de bureau. 


Comment qualifier la musique de GaBLé ? Une expérimentation musicale permanente, un grand écart allant du Punk à L'IndieRock en passant par l'Électro et le bruitage DIY. Il y a du Talking Heads, du Têtes Raides, du Sleaford Mods, du Canned Heat et du Michel Gondry dans le mixeur de GaBLé. Si ce groupe était un album des Beatles, ce serait Yellow Submarine à n'en pas douter. Débrouillez-vous avec ça ! Leur dernier opus sorti la semaine dernière est peut-être le plus "léché" et le plus accessible de leur discographie. Seul bémol : sa durée. 31 minutes...on est à peine rassasié. Revenons au live qui débute tout naturellement avec FRuiTioN, le titre qui ouvre ce nouvel album.



Le groupe avoue rapidement "avoir un peu les jetons" après cette longue période sans jouer sur scène. Inquiétude vite chassée grâce au public enthousiaste et chaleureux d'entrée de jeu. Comme à leur habitude, Mathieu, Gaëlle et Thomas se partagent le chant, ensemble à deux ou trois voix ou bien à tour de rôle, récitants parfois chaque mot d'une phrase l'un après l'autre sur certains titres. Un exercice de style très bien maitrisé et qui est l'une de leurs particularités. Côté instruments c'est un régal aussi bien auditif que visuel : guitare, synthé, percussions, xylophones, flûte, peau de batterie, piano miniature, clochettes, mais aussi peigne, boite de conserve, douille, cris d'animaux sur bande magnétophone, jusqu'à la fameuse cagette que Thomas martyrise en fin de concert sur DRuNK FoX iN LoNDoN


Tout, chez GaBLé est hors des codes habituels, de la musique jusqu'au lettrage du groupe reconnaissable entre tous. Mention spéciale à Purée Hiphop et son phrasé épileptique, au superbe PoRTi qui bascule entre bug informatique et transe électro et à iNSTRuCTioNS où le groupe est capable d'interrompre une grosse rythmique de guitare pour y glisser trois notes de xylophone. Irrésistible ! Le public est au taquet, ça danse devant la scène sur We_LooK_AWay et ça joue le jeu sans se faire prier lorsque Thomas l'interpelle sur WHo TeLLS you? 

 

Les nouveaux morceaux prennent en live une densité évidente et s'intègrent parfaitement aux titres plus anciens pour former un ensemble cohérent et qui reste pourtant d'une originalité sans égale. Le retour sur scène est totalement réussi pour GaBLé, groupe euphorisant et talentueux à découvrir d'urgence pour les novices et à retrouver au plus vite pour les autres. Brest était la première date d'une tournée de trois mois dont les détails sont à retrouver sur les réseaux sociaux du groupe. Gaëlle, Mathieu et Thomas, un grand merci pour cette superbe soirée !

Jérôme, Aurélie & Cyrille