Malgré ce long weekend, qui aurait pu faire se détourner les quimpérois d'une soirée de concert, il y avait du monde au Novomax samedi pour cette très belle affiche Math Rock et Noise Trans avec respectivement Papier Tigre et La Jungle au programme. Ceinture de sécurité obligatoire, c'est clairement le genre de soirée qui secoue. Pour l'occasion, nous y sommes allés en tribu. Après une étape au pub puis au restau indien, nous voici devant les portes de la salle, baignant dans nos effluves de curry, prêts à nous faire bouffer tout cru.
Six ans après leur dernier concert, les Nantais de Papier Tigre reviennent sur scène à l'occasion des 20 ans de leur partenaire historique Murailles Music. Les trois zicos ont une expérience qui force le respect, que ce soit avec Papier Tigre, avec qui ils ont tourné dans le monde entier, où à travers leurs multiples projets tels que La Colonies De Vacances, Claptrap ou Spelterini. Pour ma part c'était la première fois que je les voyais sur scène, contrairement à mon camarade Cyrille, fan de la première heure, croisé quelques instants plus tôt dans le hall du Novomax et qui me racontait, encore tout ému, les avoir fait venir au festival Massey Fergusound de Briec il y a une quinzaine d'années. Tout une époque ! Pas de nouveaux titres ou de nouvel album ce soir, le set sera composé essentiellement de morceaux (une quinzaine au total) issus des 3 premiers albums du groupe, faisant même l'impasse sur The Screw leur dernier Lp datant de 2016. Pierre-Antoine Parois est installé derrière ses fûts au bord et au centre de la scène tandis que Eric Pasquereau (chant et guitare) et Arthur de La Grandière (guitare) occupent chaque extrémité.
Dès les premiers titres, le style singulier de Papier Tigre fait mouche ! Guitare noisy, riffs aigus, mélodies déstructurées et jeu de batterie mi Rock, mi Jazz, on y retrouve clairement du Nirvana, du Foals premières années et du Jesus Lizard entre autres. Une signature complexe et atypique, qui a ouvert la voie à d'autres groupes tels que Totorro, BRNS, It It Anita ou Lysistrata pour ne citer qu'eux. J'ai particulièrement aimé Health And Insurance, Dance Dealer et Some Statues Are Easily Destroyed With A Shotgun, dont les cassures et les reprises puissantes sont assez irrésistibles. Le public est très attentif, à commencer par Jim le guitariste de La Jungle, installé dans les premiers rangs du public et présent du début à la fin du set. Eric Pasquereau lui semble un peu fermé et agacé, et balance entre deux morceaux un sévère "on vous entend respirer...". Le public réagit et quelqu'un scande "c'est super bien..!" comme pour le rassurer sur son ressenti. L'ambiance restera plutôt linéaire jusqu'au rappel où les furieux A Killer Gets Ready et Wandering Cage clôturent une très bonne prestation malgré des sensations visiblement mitigées.
Place à La Jungle ! Le duo belge prend de longues minutes à s'installer, régler et ajuster câblages, pédales et fûts, on va vite comprendre pourquoi ! Jim à la guitare et au chant précise avant de débuter le show : "On nous a présenté avec la typographie du groupe anglais Jungle il y a quelques jours. Donc si certains ici s'attendent à écouter une sorte de Soul Trip/Hop, je préfère vous prévenir... cela n'arrivera pas". Pas de lézard, c'est bien pour LA Jungle qu'on est venu ! C'est la troisième fois que l'on voit Jim et Roxie sur scène après les Charrues en 2022 et le Run Ar Puns en 2019, à chaque fois impressionnants dans le rythme, le bruit et l'énergie déployés.
Des boucles électroniques, des onomatopées, des cris et des sons telles des incantations. On se sent par moment entourés de singes, d'oiseaux ou de batraciens avant d'être coursés par une centaines de rhinocéros en furie. Il est bien difficile de raconter la Transe Rock radicale de La Jungle. La rythmique est folle, Roxie à la batterie est rapidement trempé de sueur et semble totalement épuisé. Baguettes cassée en 20 minutes, il passe les quelques instants de répit entre les morceaux à s'étirer et à rafistoler ses pieds de cymbales et ses fûts tant il les martyrise. Les morceaux sont piochés dans la discographie foisonnante du groupe, Liberté Totale, Couleur Calcium entre autres et la part belle à ceux de Blurry Landscapes, leur dernier album en date.
Le public est en transe, comme envoûté, Le Novomax se transforme en dancefloor chamanique, à faire réveiller les morts, en ce jour de fête des défunts. Le rappel, je n'y croyais pas trop, vu l'état d'épuisement de Roxie que l'on irait bien aider à sortir de scène. Pourtant, La Jungle va revenir et finir son set avec The Knight The Transe, incroyable morceau pendant lequel Jim semble utiliser sa guitare comme une tronçonneuse tandis que Roxie trouve encore les ressources pour faire trembler la salle tout entière. Quelle énergie ! Nous repartons sain et sauf de cette soirée sauvage, finalement plus fatigués que Jim qui cherchait des adresses et semblait motivé pour une after. Insasiables !
Jérôme & Cie
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