vendredi 29 novembre 2024

ALAIN CHAMFORT @ Cabaret Vauban, 28 novembre 2024 - Brest

Pour reprendre, l'expression d'un ami qui a toujours le bon mot, Alain Chamfort est un peu le Bryan Ferry français. Un taulier de la variété dans ce qu'elle sait faire de mieux, un dandy délicat et discret, un anti Sardou/Hallyday. Son dernier album intitulé L'Impermanence, sorti en mars de cette année, est, de loin, celui que j'ai préféré parmi tout ce que j'ai écouté en 2024, catégorie chanson française. À l'instar de Christophe, qui, en 2016, à plus de 70 ans, avait sorti le sublime Les Vestiges Du Chaos, Alain Chamfort signe un retour magistral avec un album oscillant entre fragilité et modernité. Un album d'une grande élégance, qui  lui ressemble tout simplement. 

Dans un Cabaret Vauban complet et plein à craquer, je faisais clairement partie des plus jeunes du public. Pendant les 30 minutes qui ont précédées le début du concert, c'est le best of de Joe Dassin qui était diffusé dans la salle.  De quoi chauffer l'ambiance ? Carrément ! Toutes les personnes autour de moi reprenaient en cœur L'Équipe à Jojo ou Dans Les Yeux D'Émilie...un peu flippant d'ailleurs ! Les lumières s'éteignent, c'est parti ! Ce sont d'abord les quatre jeunes musiciens du groupe qui commencent et interprètent Baby Boum, avant qu'il arrive à son tour sur les notes de La Fièvre Dans Le Sang. Après cette entrée en matière plutôt directe, Alain Chamfort, indique avec humour avoir hésité entre stades ou petite salles pour cette nouvelle tournée. Il en a confié la direction musicale à Adrien Soleiman qui s'est donc chargé de piocher dans le répertoire du chanteur, entre anciennes et nouvelles compos pour façonner une set-list assez irréprochable je trouve. Dans ce début de show, les tubes sont présents avec Clara Veut La Lune et Bambou, pourtant, ce sont finalement les titres Amour Année Zéro, Contre L'Amour ou Notre Histoire qui ont ma préférence. Sur cette dernière chanson, Julia Jérosme (clavier et chant) apporte une très belle intensité sur le final.


Le décor de scène est sobre, un vase et des fleurs comme sur la pochette de L'Impermanence, son dernier album dont il joue ensuite 4 titres : L'Apocalypse Heureuse, Whisky Glace, l'irrésistible En Beauté et le fragile Par Inadvertance. Alain Chamfort, qui se charge essentiellement de composer les musiques de ses chansons, rend ensuite hommage à ses paroliers, Jacques Duvall et Pierre-Dominique Burgaud pour ne citer qu'eux. C'est le moment d'enchainer un Medley très années 80, même dans le son : Bébé Polaroïd/Bons Baisers D'Ici/Souris Puisque C'Est Grave. Le public est au taquet, et Alain Chamfort semble lui aussi passer un très bon moment. Tout en regardant sa troupe, il lâche comme un cri du cœur : "Je suis vraiment content d'être là...". Et puis, il est presque à domicile finalement, lui qui a des origines morbihannaises et dont le "vrai nom" est Alain Le Govic. 



C'est l'heure du slow ! Lumière chaude, back to 1986 pour un langoureux Traces De Toi. Le Vauban est sous le charme, la séduction opère depuis longtemps et l'osmose est parfaite. Avant de quitter la scène, Alain Chamfort, visiblement ému, tient à remercier son public fidèle, sans qui il n'aurait pu traverser les décennies et exercer ce métier encore aujourd'hui. Le dernier morceau est une magnifique reprise de Barry Manilow : Le Temps Qui Court. À côté de moi une dame demande à sa voisine : "C'est pas une chanson de Alliage au départ ?"...Misère ! Longuement ovationné, Alain Chamfort ne se fait pas attendre et revient une première fois, plongé dans une lumière rouge, pour interpréter Noctambule puis Géant que le public chante avec lui. J'ai, pour ma part préféré Paradis et le Gainsbourien Volatile, présent sur l'album Secrets Glacés paru en 1983. Ce rappel s'achève sur l'incontournable Manureva, qui, 45 ans après sa sortie, n'a pas pris une ride et se retrouve même boosté par une magnifique rythmique, assurée par Antoine Boistelle (batterie) et Jérôme Arrighi (basse et chant). 



Les notes hautes de Palais Royal n'ont pas effrayé le chanteur revenu une seconde fois à la demande du public. Les deux derniers titres, qui scelleront une fois pour toute le concert, sont issus du dernier album : Tout S'Arrange À La Fin, chanson très disco, dans le même esprit que Souris Puisque C'Est Grâve et que n'aurait pas renié Claude François, lui qui avait lancé la carrière d'Alain Chamfort il y a 50 ans. Puis, les musiciens quittent la scène, Alain Chamfort reste seul au piano pour interpréter La Grâce, peut-être sa plus belle chanson où il pose un regard tendre sur le passé et sur les émotions qu'il a pu transmettre autour de lui, au public et aux générations d'artistes dont il a été l'oncle magnifique. Un moment suspendu qui clos un superbe concert au cours duquel je ne me suis pas ennuyé une seule seconde. C'est la première fois que je voyais Alain Chamfort sur scène, il a été comme je l'imaginais, impeccable, d'une humilité et d'une simplicité dont beaucoup devrait s'inspirer. La classe de bout en bout. 


Jérôme

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