mardi 19 juillet 2022

VIEILLES CHARRUES 2022

30 ans ! Le festival des Vieilles Charrues était bouillant pour cet anniversaire et ces retrouvailles avec ses fidèles après deux années d'annulation (même si l'année dernière les organisateurs avaient proposé une version aménagée et très réduite). Lors de la conférence de presse d'ouverture, les organisateurs, Jean-Luc Martin, Jérôme Tréhorel, Jeanne Rucet et Jean-Jacques Toux n'ont pas pas manqué de revenir sur les chiffres monstrueux du festival depuis trente ans : plus de 5 000 000 de festivaliers, près de 1 700 concerts et 7 200 bénévoles. De quoi donner le vertige. Spécialement pour cet anniversaire et pour changer du traditionnel feu d'artifice, le festival proposera chaque soir un spectacle lumineux animé par plus de 400 drones. Une prouesse technique réalisée par la start-up bordelaise Dronisos. On regrettera tout de même le manque de têtes d'affiche internationales et un grand nom "qui claque" pour marquer le coup, c'était surement dans les tuyaux au départ avec la possible venue des Rolling Stones, cela ne s'est pas fait finalement. Dommage. Cela n'a pas empêché le festival d'être complet car à Carhaix c'est la fête avant tout. 

Sur mes 3 jours de présence (jeudi, samedi et dimanche), voici ma sélection de concerts : Lulu Van Trapp, Les Têtes Raides, Lætitia Shériff & Friends, La Jungle, Last Train, Stromae, Dewære, Midnight Oil, La Battue, An'Pagay, Structures, Metronomy et Orelsan.


Il y a déjà beaucoup de monde sur le site, je pars voir Lulu Van Trapp, qui ouvre le festival sur la scène Gwernig. La disposition est atypique, le batteur, est aligné au devant de la scène comme les autres membres du groupe. Rebecca au chant n'est pas sans rappeler Catherine Ringer. Dans la voix soul/rock, dans le charisme aussi. Lulu Van Trapp joue un rock/psyché jouissif qui fait mouche auprès du public. Seul bémol, un son très perfectible surement du à l'infrastructure chapiteau. 

  

Les Têtes Raides étaient là en 2001, pour ce qui reste comme l'une des plus belles éditions du festival en terme d'ambiance et d'intensité. Christian Olivier et sa tribu, programmés en remplacement de Maxime Le Forestier, fêtent les 30 ans des Charrues mais aussi les 30 ans de Ginette, leur chanson emblématique. Les années passent mais on ne se lasse pas de GinoFragile et de Latuvu (et son snippet Voilà Voilà de Rachid Taha). Mention spéciale à Ginette bien sûr avec sa lampe qui balance au rythme des bras du public, mais aussi à cette magnifique chanson du dernier album qui s'intitule Le Frisson et qui porte bien son nom. Le rappel est superbe, Putain Putain en hommage à Arno et L'Iditenté. Not 💀 Dead !

 

 

Retour sur Gwernig pour le set de Lætitia Shériff & Friends. Très bien entourée, accrochée à sa basse, la rockeuse a livré un concert impeccable. Une vraie classe, des mélodies parfaitement construites et des morsures rock comme peu savent le faire. A l'instar de Mademoiselle K ou du Prince Miiaou (reviens !), Lætita Shériff est précieuse et trop sous-estimée dans le paysage musical français. Une scène Grall aux Charrues aurait été parfaite pour elle.


Ce concert était celui que j'avais surligné sur le programme de la journée. La Jungle, duo guitare/batterie qui joue un Transe/Rock radical a retourné Gwernig dès le premier morceau. Jim (guitare et chant) avait bien tenté de dissuader le public en entrant en scène : " Vous êtes en forme ? C'est parce que c'est le premier jour...Y'a Clara (Luciani) qui joue en même temps que nous, vous n'y allez pas ? C'est peut-être bien ? ". En vain, ceux qui étaient là savaient... Quelle énergie et quelle puissance ! Rythmes tribaux, boucles technos, guitare grunge et énorme tempo de Roxie à la batterie. Les quelques textes s'apparentent plus à des onomatopées ou à des incantations et la musique, rappelant parfois The Prodigy, est ensorcelante et irrésistible. Top concert !


Last Train remplace au pied levé Fontaines D.C. qui annule encore une fois son passage à Carhaix. Nous avons vu et chroniqué la très bonne prestation de Last Train au Festival Beauregard la semaine dernière avant le set de Muse, alors je ne vais pas radoter. C'était le 500ème concert du groupe alsacien ce soir et comme sur les 499 autres, Jean-Noël, Julien, Timothée et Antoine vont tout donner. Le temps du concert, rallongé de 15 minutes par rapport à celui de Beauregard, nous permettra entre autres d'avoir le superbe Fire

 

J'ai bien tenté de me restaurer auprès des nombreux stands présents aux quatre coins du festival... Tous étaient inaccessibles à moins de 30 à 45 minutes d'attente. A déplorer également un unique stand de nourriture végétarienne blindé de monde lui aussi... Bref, il m'a fallu attendre le début de set de Stromae à 22h30 (seul concert sur site à cette heure) pour pouvoir manger. J'ai donc assisté au concert avec 20 minutes de retard, depuis l'opposé du site. Avec les grands écrans cela n'est pas un problème. Gros show de l'artiste belge voix parfaite, charisme indéniable et une remarquable technologie en fond de scène avec de multiples bras articulés qui orientent de grands écrans différemment au gré des chansons. Impressionnant ! Au moment ou un chien robot amène son blouson à Stromae pour Papaoutai, j'aperçois un vrai chien qui slalome dans la foule à la recherche de son papa lui aussi. Les festivaliers eux, sont visiblement heureux d'être revenus aux Charrues et pas mal d'entre eux sont déjà bien "fatigués". Ce jour 1 ressemble beaucoup au jour 4 d'une édition normale. C'est bien cette bulle de bonheur, cet échappatoire où le temps s'arrête que beaucoup sont heureux retrouver. 

Retour sur la plaine de Kerampuilh après un vendredi Off. Les Charrues ne se sont pas arrêtés et ont fait la fête à Matmatah (à moins que ce soit l'inverse) qui venait pour la 6ème fois au festival. Je me positionne devant la scène Kerouac pour voir et découvrir Lous And The Yakuza mais la Pop/R'n B tendance rap de la jeune artiste belge me laisse de marbre, pas mon truc. J'en profite pour aller consulter les deux stands consacrés à la lutte contre les violences sexuelles et sexistes et à la menstruation et la problématique d'avoir ses règles en festival. Information, sensibilisation et distribution de capsules de gobelets de protections périodiques gratuites entre autres. Une présence visible, un engagement indispensable et à soutenir à 100%. Bravo !




Dewære est une formation originaire de Saint-Brieuc, ville natale du grand acteur Patrick Dewære. Accompagné et soutenu par le Label Charrues (au même titre que La Battue), c'est donc le 16 juillet, jour de la mort de Patrick Dewære, que le groupe se produit sur la scène Grall du festival. Plus qu'un signe, un rendez-vous ! Une entrée en scène en chantant pour Maxwell Farrington qui me fait immédiatement penser à Mark Hollis (chanteur de Talk Talk), dans sa posture et son attitude. Sa voix, en revanche rappelle plus celle de Scott Walker ou Lee Hazelwood. Autour de lui, Julien, Franck et Marc jouent un Noisy Rock ravageur. 


Voix de crooner et guitares à fond, n'est-ce pas un peu bizarre me direz-vous ? C'est justement cette alliance de baroque et de violence qui fait de Dewære un groupe à part et totalement irrésistible. De Voilà Now You're Old, à Make It In The Morning en passant par My Shangri-Laaa et à cette fabuleuse reprise des Korgis : Everybody's Got To Learn Sometimes (méconnaissable en version punk). Le public est déchaîné, parmi eux Jean-Jacques Toux, programmateur historique du festival et dénicheur de talents avec Jeanne Rucet pour le Label Charrues, est tout sourire et peut savourer pleinement, l'éclatante réussite de ses protégés. 

 

Après cinquante ans de carrière et 13 albums studios au compteur, Midnight Oil débranche définitivement les amplis à l'issue de cette ultime tournée. Les Vieilles Charrues sont la dernière date européenne du groupe australien et il y avait logiquement beaucoup de monde pour l'évènement. Peter Garrett, "le géant vert" semble n'avoir pas pris une ride, lui qui entame sa 70ème année. Sa voix est toujours aussi atypique et imposante, le charisme est intact. La set-list est parfaite et fait la part belle à Diesel And Dust, l'album avec lequel la consécration est venue. Les moments forts sont nombreux : Put Down That WeaponThe Dead Heart, My Country, Kosciusko, Warakurna, Redneck Wonderland. 


Rob Hirst, à la batterie, n'en finit plus de jeter ses baguettes pendant et à la fin des morceaux. Il viendra présenter le groupe dans un français parfait, Peter Garrett, lui, ira même jusqu'à parler Breton, comme Bruce Springsteen ou Damon Albarn l'avaient fait avant lui sur cette scène Glenmor. Le final est grandiose avec Beds Are Burning et Forgotten Years repris en chœur par toute la plaine Kerampuilh. Midnight Oil quitte la scène sur un concert magistral, la belle histoire d'amour entre le groupe et le public français n'aura jamais failli et l'émotion était palpable. Merci Messieurs !



C'est le dernier jour du festival et la météo prévoit plus de 35°C aujourd'hui... Ça va être compliqué ! Les coins d'ombre sont chers et les tuyaux d'arrosage sont parés un peu partout sur le site et au devant des scènes. C'est le moment parfait pour la Sunshine pop de La Battue, second groupe parrainé par le Label Charrues et présenté au public sur la scène Grall. La Battue, c'est au départ Elie et Bertrand, une fratrie franco-anglaise à laquelle s'est ralliée Yuri Hu, chanteuse/claviériste d'origine Coréenne. Leur musique, composée uniquement de claviers et batterie, est positive, aérienne et très bien travaillée. 

On pense à Beach House à Laura Veirs à Sunflower Bean et au Beach Boys bien sûr tant les harmonies vocales sont maitrisées. Un bel univers musical, également graphique et où l'humour n'est jamais exclu. "On a fait un clip ou on organise des speed datings pour les chiens. On adore les chiens !" indique Elie avant Go, Set Go !. Bravo à Yuri Hu, pour l'interprétation à la flûte irlandaise de Bro Gozh Ma Zadoù, l'hymne breton, qu'elle a appris vite fait dans le fourgon en venant au festival. Excellente découverte qui confirme un très grand cru 2022 du Label Charrues.

 

Les places sous le chapiteau Gwernig étaient plus rares qu'un verre sans alcool au Bar 8. C'était, pour tous les gens venus chercher un peu de fraîcheur, l'occasion de découvrir An'Pagay et son cocktail de Funky/Jazz créole. Sept musiciens, deux batteries, un super groove addictif qui tombe à point nommé, au moment pile où, frappé par la chaleur, le coup de barre surgit. An'Pagay véritable barre d'énergie bienfaitrice.


Structures a réussi l'exploit de faire monter la température de quelques degrés supplémentaires sur la scène Grall. Le groupe originaire d'Amiens possède la noirceur d'Interpol et la violence de Rendez-Vous. Une Rough Wave autoritaire et puissante menée de front par Pierre à la guitare et au chant et Marvin à la basse. Chapeau au public qui, malgré la chaleur étouffante, n'a pas lâché une seule seconde et a su trouver les ressources nécessaires pour répondre, comme il se doit, à l'excellente prestation du groupe. Pierre, au chant, sourit face au festivaliers arrosés par la sécurité : "Allez, arrosez-moi tout ça...vous allez tout donner maintenant". Aucun répit, Structures cogne jusqu'au K.O. Mention spéciale à Satellite, Expectations, Nothing Ever Lasts, et Robbery : Brûlant !


 

Encore un petit tour du site, cette fois-ci devant le château. Grande roue et DJ Bus pour celles et ceux qui veulent s'éloigner un moment de la foule.

Une semaine après les avoir vu à Beauregard, j'assiste à nouveau au live de Metronomy. Avec 15 minutes de plus ici, c'est deux titres supplémentaires, It's Good To Be Back et Holiday, que Joseph Mount et sa bande ont ajouté à leur sélection. Assez logiquement, j'y ai trouvé quelques longueurs. L'absence de light show a joué peut-être aussi car le soleil frappait encore bien à 20 heures passées. La fin de set, avec The Look et Love Letters est toujours aussi efficace.

 

Memes tra que pour Metronomy, j'assiste au deuxième concert d'Orelsan en 8 jours. Grosse foule et grosses poussières. Des conditions compliquées qui n'ont pas découragé les festivaliers encore une fois. Super show, avec en guest les sœurs jumelles d'Ibeyi (qui jouaient un peu plus tôt sur la même scène) sur le superbe Notes Pour Plus Tard. Sur Basique, c'est Thomas N'Gijol qui vient renforcer le crew et foutre un peu plus le bordel. Ferveur énorme, ça saute, ça chante et ça danse, le nuage de poussières envahit la plaine entière...C'est du propre !

Les Charrues peuvent souffler leurs 30 bougies sereinement, les retrouvailles ont été totales avec 280 000 festivaliers au compteur. Les artistes étaient visiblement tous comblés, heureux de l'accueil et de cette folle ambiance enviée par beaucoup. Cette réussite est l'œuvre de tous : des organisateurs, des techniciens, agents de sureté, partenaires et surtout des bénévoles sans qui rien ne serait possible. Je quitte le site sous les drones en pleine action, virevoltants, bruyants comme des abeilles pour finalement s'arrêter et former un appel lumineux. Un phare pour l'édition 2023 (13>16 juillet) qui devrait voir Céline Dion se produire enfin sur Glenmor (initialement programmée en 2020).

Mon Top Vieilles Charrues 2022 (J/S/D) :

Midnight Oil, Dewaere, La Jungle, Structures, La Battue

Jérôme

PS: Toutes les photos sont ICI

mercredi 13 juillet 2022

Festival BEAUREGARD #14

Il fallait bien 5 jours pour rattraper le temps perdu et fêter dignement le retour de la musique, du live et de la fête dans les jardins du château de Beauregard à Hérouville-Saint-Clair. Tous les ingrédients étaient réunis pour que les retrouvailles soient grandioses : une météo parfaite, une édition sold out, une très belle programmation, variée, équilibrée en tête d'affiche et en découvertes et surtout un mastodonte de la scène pour ouvrir le festival : Muse. En entrant sur le site, il a suffit de quelques minutes pour que tout nous revienne en pleine face. La joie des festivaliers, le sourire des bénévoles, l'excitation des fans qui courent vers les barrières pour se placer au plus près de leurs idoles, les parfums émanant des stands de restauration, la bière qui coule à flots...Non pas que nous avions oublié ces ambiances de festivals, c'est juste que nous l'apprécions peut être plus cette fois. 

Alors, ready ? Beauregard#14, on vous raconte, c'est parti !


JOUR 1 

Nous arrivons sur le site après la prestation de Bafang, qui inaugurait cette 14ème édition du festival. La soirée est sold out et seule la grande scène Beauregard est ouverte pour accueillir les 30 000 personnes venues essentiellement pour Muse. Avant cela c'est Last Train qui avait pour mission de chauffer le public déjà très nombreux. Le groupe alsacien avait laissé un beau souvenir en 2016 lorsqu'il était venu en première partie des Insus, il en sera de même cette année avec une très belle prestation, à la hauteur de leur réputation live. Last Train ne choisit pas la facilité en reprenant sur scène des morceaux loués par leurs fans, sans être forcément taillés pour les festivals, à l'instar de On Our Knees, How Did We Get There (ici, jouée en version courte) ou encore The Big Picture. Les mélodies sont souvent longues, passant du rock rageux aux douces notes de guitare solo. Le public, lui, ne s'est pas trop posé de questions, saluant comme il se doit un excellent concert. 


La déco de scène est imposante : lettres de feu, silhouette masquée "à la Squid Game", main géante, lance-flammes, visuellement Muse a mis le paquet. Musicalement c'est parti fort, avec Will Of The People, suivi de Hysteria, Psycho, Pressure, Won't Stand Down et Citizen Erased. Matthew Bellamy et Christopher Wosltenholme occupent régulièrement l'avancée de plus de 20 mètres pour le plus grand plaisir des fans dont certains attendaient l'ouverture des portes du festival depuis 9h ce matin. Le show marque un petit temps d'arrêt avec le titre instrumental The Gallery puis le dispensable Compliance qui ne convainc pas grand monde.

 

La seconde moitié de concert sera une alternance de moments puissants, partagés avec un public au taquet, comme sur Time Is Running Out, Supermassive Black Hole, et bien entendu Up Rising, et de belles cassures avec Nishe, Behond The Glove et le prélude de Chopin (repris par Serge Gainsbourg sur Lemon Incest). Sur Madness, Matt Bellamy reprend les choses en main et fait chanter la foule entière. On se demande bien pourquoi Muse ne profite pas des grosses périodes d'osmose avec son public pour enfoncer le clou. Toutefois, mention spéciale à Plug In Babyqui fait toujours son effet dès que l'intro en larsen jaillit des amplis et à Starlight, magnifiquement joué sous un ciel rougi par le couchant. Le concert prend fin sur Knights Of Cydonia. Revêtu d'un blouson lumineux, Matt Bellamy cède sa place sur l'avancée à Christopher Wosltenholme qui fait résonner les notes de L'homme à l'harmonica de Ennio Morricone. Le final est beau et spectaculaire, Muse a fait le show sans être transcendant. La set-list, clairement bancale, a provoqué des moments forts trop vite écourtés et l'émotion n'est jamais vraiment venue. Dommage.

 


JOUR 2

Arrivés après Own, artiste local vainqueur de la John's Session (tremplin du festival), nous prenons place devant la scène John pour prendre une bonne dose de punk américain avec Turnstile. Le jeu de guitare métal hardcore de Brady Ebert, mêlé au chant puissant de Brendan Yates donne un résultat hybride très efficace. Le groupe de Baltimore accélère et le public, plutôt jeune et déjà placé pour Laylow qui joue dans 2 heures, est bien content de bourriner sur Mystery, Big Smile, Don't Play, ou encore Endless. Beauregard est secoué sans ménagement pendant une heure, Turnstile marque les esprits, finit le concert dans la foule et donne le ton de cette édition qui, bien que variée, est très orientée rock cette année.

 

C'est Izia qui prend le relais sur la grande scène Beauregard. Souriante, radieuse, intenable, elle occupe sans difficulté la totalité de l'espace dont elle dispose et confirme son statut de bête de scène. Musicalement, nous ne sommes pas vraiment convaincus par le virage électro/pop pris par la chanteuse sur ses derniers albums. Le plaisir ressurgit néanmoins sur Let Me Alone ou sur Irradié, chanson de son père Jacques Higelin, que Izia reprend en milieu de set. Bel hommage. 

 

Madness fait office d'oldie dans la prog du jour avec plus de quarante années d'existence, mais le groupe de ska/pop britannique a toujours une belle énergie et des tubes à la pelle pour faire danser encore. Début de set en fanfare avec One Step BeyondLee "Kix" Thompson au saxo fait le pitre dès qu'il peut, bénissant le public à la sueur de son crâne et Suggs au chant ne perd pas une occasion blaguer. "Certains ici pensaient venir au 30 ans des Spice Girls, malheureusement elles ne sont pas là..."puis entonne les premières paroles de Wannabe avant NW5. Transforme ensuite la devise de la République française en "Liberté, Egalité, Beyoncé..."  avant House Of Fun.  Et dédie My Girl à Johnny Depp. Tout sourire, il nous annonce : "Vous savez que Boris Johnson a démissionné aujourd'hui ? Quel horrible personnage !". Puis, désigne le château de Beauregard "C'est la maison de Macron ? Il est ici ?".  Une désinvolture propre à ceux qui ont des heures de marche au compteur, ne se prenant jamais trop au sérieux et ne ratant pas une occasion de prendre du plaisir. Le final est superbe : Baggy Trousers, Madness, Our House, It Must Be Love et Night Boat To Cairo


 

Désormais avec un statut de tête d'affiche, conforté par un second album réussi et de nombreux trophées empochés, la Clara Luciani de 2022 n'a plus grand chose à voir avec celle de 2019, qui était timidement venu chanter avant la furie Idles. A l'instar de son grand ami Julien Doré (à qui elle rendra hommage avec le public) Clara Luciani est désormais superstar sur scène. Beaucoup d'interaction avec le public et notamment les enfants, des tonnes de remerciements, de la bienveillance qui dégouline de partout et qui touchera le plus grand nombre. C'est carré, c'est tracé, c'est grosse prod'. Musicalement meilleure et largement entourée Clara Luciani assure le show, ça chante, ça danse, les paillettes et les confettis explosent...finalement tout le monde est content. Nous quittons le site sous les boom boom de DJ Snake et les lumières du festival.

  


  

JOUR 3

Il fait toujours aussi chaud à Beauregard. Nous profitons d'une journée plus calme (nous concernant) pour faire le tour du site. On y trouve beaucoup de choses : de la promotion de produits locaux, des happenings de danse, du hip hop, du graff, des barbiers, du merchandising, des élèves musiciens, des acrobates, des ramasseurs et ramasseuses de mégots destinés au recyclage, plus d'un milliers de bénévoles qui chaque jour s'activent pour rendre le festival opérationnel et plaisant. La direction du festival a toujours plébiscité le bien-être comme étant au cœur du projet Beauregard au même titre que la programmation et cela se voit !


 

Il est entré sur scène, a craché un gros glavio en l'air qu'il a regobé à la retombée. Voilà, ça a commencé comme ça.
La tornade Frank Carter & The Rattlesnakes a transformé Beauregard en Hellfest l'espace d'une heure. Comment vous dire...du punk/rock sans concession et un groupe monstrueux sur scène. Toutes les chorégraphies des auditoires punk hardcore y sont passées : pogos, wall of death, circle pit et j'en passe. Frank Carter lui -même a passé plus de temps dans la foule que sur scène, suivi de près par son guitariste solo Dean Richardson qui s'est offert un gros slam sur Devil Inside Me. L'ambiance était folle et correcte malgré tout. Frank carter au milieu de tout ceci s'est chargé d'assurer la sécurité de la foule, de retrouver des clés perdues, de siroter vin et cidre sur scène sans oublier de chanter une berceuse à sa fille...enfin façon Frank Carter. Grosse prestation pendant laquelle mon binôme a éclaté ses lunettes et éventré ses chaussures. On veut faire la maline...😄

 

 

Pas le temps de trop souffler, nous enchainons avec les californiens de Rival Sons scène John. Aussi élégants que Frank Carter était dégueulasse en terme de fringues. Musicalement excellents, impossible de ne pas penser à Led Zeppelin à l'écoute du blues/rock acéré du groupe. Scott Holiday nous gratifie d'un défilé de guitares plus belles les unes que les autres et la voix incroyable de Jay Buchanan nous transporte, que ce soit sur des morceaux rock comme Electric Man, Do You Worst ou sur des ballades comme Shooting Stars ou Feral Roots. Superbe concert !


 

23h40, Liam Gallagher entre en scène et ressort 15 secondes après le début de Hello, la première chanson du set. On recommence. Il débute Rock'n Roll Star, l'arrête et recommence. Troisième titre Morning Glory, troisième interruption. Il a sa tête de con, il peste contre la régie, le public, il chante mal, bref, il n'y est pas du tout. Sur Stand By Me, il se barre définitivement en plein morceau, laissant le public, tous ses musiciens et choristes en plan. Nous apprendrons ensuite par l'organisation du festival que, son équipe, ne sachant pas où dormir et totalement désolée, est venue demander l'autorisation de brancher le tour bus pour la nuit. Il expliquera le lendemain avoir du arrêter à cause d'une laryngite. No comment.

 

Jour 4

Il fait de plus en plus chaud à Hérouville-Saint-Clair. En arrivant, sur le site, comme chaque année nous croisons Jean-Lou Janeir, journaliste normand ayant animé plusieurs émission musicales dont Décibels et toujours très affuté dès qu'il s'agit de parler zik. Abordable, adorable et toujours prompt à partager son ressenti, Jean-Lou est comme nous, sous le charme de Cannibale en train de cuire sur la grande scène. Il était temps que le groupe normand, qui a déjà signé deux excellents albums chez Born Bad Records, joue enfin à Beauregard son tropical rock. C'est enfin fait et très bien fait ! 



Nous avions hâte de découvrir sur scène les Londoniennes de Goat Girl dont les deux premiers albums sont de véritables bijoux d'indie rock. Après un début de set un peu calme, le concert s'est avéré être de mieux en mieux et fut à la hauteur des attentes, même si la musique du groupe se prête surement plus à une scène plus intimiste. On a aimé notamment Bang, The Crack, Where Do We Go From Here et Sad Cowboy.

 
 

La journée est franchement bien partie, nous zappons Fishbach pour nous placer idéalement pour Sleaford Mods, duo minimal/punk britannique qu'il nous tardait de voir en live. Pour ceux qui ne connaissent pas le groupe, le style peut surprendre. Deux énergumènes sur scène et un ordinateur. Au chant, Jason Williamson livre une vrai performance avec son phrasé incroyable de débit et d'intensité.  A la musique, (enfin au bouton ON) Andrew Fearn passe une heure à gesticuler derrière son complice. Mention spéciale à Nudge It, la surprenante reprise de Yazoo Don't Go et le rageux Tweet Tweet Tweet
Gimme Gimme !

 

La plus belle performance de la journée revient à Skunk Anansie. Skin au chant est entrée en scène en fée Maléfique et s'est comportée en déesse du rock, allant d'emblée dans le public. On peut saluer au passage l'attitude des fans d'Orelsan amassés devant la scène et qui découvrait le groupe pour une grande partie d'entre eux. Ils ont immédiatement répondus présents devant l'intensité de la prestation et le charisme du groupe. Rebelles depuis près de 30 ans, Skin et ses musiciens n'ont pas manqué d'envoyer un message politique dans un monde de plus en plus fou, faisant reprendre par la foule entière "My Body My Choice". Une grosse ambiance, un plaisir total et 100% partagé. 

 

Metronomy a la dure tâche de succéder à ce concert magistral. Joseph Mount et sa bande, dans un tout autre registre, vont livrer un show élégant et intimiste. Appuyé par un décor de scène et un light show raffinés, la set-list est très bonne : morceaux instrumentaux (Boy Racers, The End Of You Too) ceux chantés par Anna Prior à la Batterie (Love Letters, Everything Goes My Way) et les tubes imparables (The Bay, Salted Caramel Ice Cream, The Look). Visiblement ému de retrouver le public du festival, Joseph Mount exprimera toute sa gratitude au public dans un français impeccable. 

 

Orelsan à Caen, c'est les Beatles à Liverpool ! Véritable prophète en son pays, aimé de tous, hommes, femmes, enfants, jeunes, vieux, chiens et chats...tout le monde écoute Orelsan ici. La scène est donc logiquement inaccessible et nous en profitons pour faire un tour de grande roue et vous offrir cette vue incroyable (même si c'est mieux en vrai). C'est cadeau.


Orelsan aime sa ville et elle le lui rend bien. Le concert est très bon et l'ambiance ne retombe jamais. Défaite De Famille, La pluie, La Quête, L'odeur De L'essence, Basique, La Terre Est Ronde, Shonen...désormais des classiques. Mention spéciale à Notes Pour Trop Tard, vraiment magnifique. 
Epuisés par cette longue journée de très bons concerts et après 4 jours de festivals dans les pattes, nous décidons avec regrets de faire l'impasse sur GusGus pour aller nous reposer. 

JOUR 5

Originaires de Giverny, le groupe You Said Strange est sur la scène Beauregard pour ce dernier jour. Le quatuor normand me fait beaucoup penser à Ride. Un son tendu orienté shoegaze, des mélodies accrocheuses et un talent indéniable niveau compo. Les médias ne s'y trompe pas car You Said Strange fait partie des quatre lives du jour filmés et disponibles sur Arte Concert. Ajoutez à cela un album unanimement salué et une tournée anglaise en septembre. Tous les voyants sont au vert et c'est amplement mérité.



Programmé il y a quelques jours seulement en remplacement de Oscar And The Wolf, Lewis Ofman a semblé bien s'amuser entre ses trois machines et claviers. Dans le public nous croisons Pop The Fish, artiste caennais multi talents qui jouait sur la grande scène il y a 11 ans. Pop, toujours très actif à Caen en pop culture, possède un lieu d'exposition participatif qui vaut le détour si vous êtes de passage en ville. Et de loin, c'est visible ici : La Vitrine De Pop 

 

Autre groupe programmé tardivement suite à l'annulation de Other Lives, Ko Ko Mo est venu retourner le festival à grands coups de batterie et de riffs puissants. Rappelant Led Zeppelin ou Rory Gallagher, généreux dans l'effort, les Nantais n'ont pas failli à leur réputation de bêtes de scène. Ni le soleil qui cognait aussi fort qu'eux, ni le problème technique rencontré sur Last Night A DJ Saved My Life n'auront eu raison de leur énergie incroyable. Ko Ko Mo c'était chaud chaud chaud !

 

Pendant que General Electriks s'en donnait à cœur joie scène John, c'était l'heure du bilan pour les deux co-directeur et co-directrice Paul Langeois et Claire Lesaulnier. Après deux années à construire et déconstruire sans jamais être certains de pouvoir à nouveau organiser un festival, le soulagement et la satisfaction étaient perceptibles. Les organisateurs sont revenus sur les évènements marquants de cette 14ème édition, la vente record de la soirée Muse, l'émotion d'Orelsan, le show Skunk Anansie, avant de mettre en avant les 1 200 bénévoles qui œuvrent chaque jour pour que le festival existe. A la question y'aura-t-il un 5ème jour comme cette année, Paul Langeois a répondu : "Non, le festival est sur un format de 4 jours, après si Bruce Springsteen veut absolument venir, on s'arrangera...".
Le rendez-vous est donné à tous pour la 15ème. ce sera les 6, 7, 8 et 9 juillet 2023.


PNL commence sont set avec 25 minutes de retard, ça tombe bien on y était pas.

Feu ! Chatterton est venu enchanter Beauregard avec une set-list qui fait la part belle à son magnifique album Palais D'argile. Arthur Teboul au chant est comme toujours délicieux dans ses paroles et souriant. Malgré les nombreuses fois où nous avons vu le groupe sur scène, nous ne nous lassons pas d'entendre La Mort Dans La Pinède, Côte Concorde, Ecran Total et surtout Libre, complainte post-apocalyptique de rock progressif de plus de 10 minutes se terminant dans un déluge de guitares. Superbe ! Après l'inévitable Monde Nouveau, c'est l'heure de La Malinche. Le titre s'étoffe d'un final électro puissant, Arthur change malicieusement les paroles de sa chanson qui se termine désormais par : " Et je reste à Beauregard...oh oui ! ".

 

Très talentueux pourtant, -M- nous laisse indifférents. Malgré la présence de la légendaire bassiste Gail Ann Dorsey, nous n'arrivons pas à être "pris" par le show et nous assistons passifs à un live que le public semble apprécier à 100%. L'essentiel est bien là, l'artiste a un public fidèle et ses prestations son toujours très appréciées. A noter le bel hommage rendu à l'organisation du festival et surtout aux bénévoles. Aux Vieilles Charrues, on a souvent vu Matthieu Chédid aider les bénévoles, diner avec eux ou leur faire un concert spécial en fin d'année. Il sait très bien de quoi il parle. 

 

Dernière date de la tournée pour SUM 41. Deryck Whibley le charismatique leader du groupe était visiblement détendu et ne s'est pas privé de jouer les animateurs face à un public très chaud. On s'assoie, on saute (enfin quand on peut au 5ème jour de festival), on chante de chaque coté, on pogote... tout y est passé. La déco de scène est, comme souvent avec SUM 41, imposante et le skate/punk que renvoie le groupe en live est diablement efficace. Nous étions agréablement surpris d'entendre autant de jeunes gens reprendre un bon nombre des chansons par cœur : Walking Disaster, With Me, Pieces et bien entendu Into Deep et Fat Lip. Très bon show.



Martin Solveig clôture le festival. DJ "à la Guetta", le public connait tout, dance et semble apprécier cette ambiance boite de nuit. En bande sonore sur le chemin du retour ça passe bien.

 

Ainsi se termine le marathon Beauregard. Pour un retour au festival après trois années, ces 5 jours ont été épuisants et réjouissants. Cette édition aura été celle des records avec 147 000 festivaliers et pas une goutte de pluie ne sera venue contrarier les retrouvailles entre John et ses fidèles. Un méga remerciement à tous les bénévoles qui ont rendu la fête belle et agréable. Nous avons trouvé le site encore plus propre que d'habitude malgré l'affluence record. La phrase que nous retiendrons, pour finir, sera celle d'une personne de la sécurité que nous saluons une dernière fois en quittant le festival : "On se voit dans un an, nous avons rendez-vous " 😊

Notre traditionnel TOP 5

1 Skunk Anansie
2 Frank Carter & The Rattlesnakes
3 Orelsan
4 Sleaford Mods
5 Rival Sons

Coup de cœur : You Said Strange, Cannibale, Goat Girl

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Jérôme & Aurélie