jeudi 26 mai 2022

Matmatah @ La Carène, 24 mai 2022 - Brest

Nous étions quelques privilégié·es, mardi au Club de La Carène, à assister au mini concert de Matmatah qui se rodait en vue de leur concerts à venir. Un set pêchu d'une heure, qui retrace, en une dizaine de titres, plus de 25 ans de carrière. On mesure alors à quel point certaines chansons du groupe sont ancrées dans notre mémoire. À Brest, certes, mais pas que. La Ouache, en 1998, avait propulsé le groupe au rang de prophète en terre bretonne et de curiosité pour le reste du territoire. La force de Matmatah fut ensuite de s'affranchir de cet énorme succès sans le renier pour autant. D'aller là où on ne l'attendait pas, préférant la difficulté au confort d'une situation en place. Au bout du compte, un rang tenu et un rayonnement national, gagnés à grands coups d'albums ambitieux, mêlant mélodies entêtantes, textes engagés et musique résolument Rock. Leur dernier opus, Plates Coutures, sorti il y a 5 ans, recélant de superbes titres tels que Marée Haute ou Nous Y Sommes, en est la preuve. 


Ce concert offert à un public "cobaye" donc, était une belle occasion de revoir Tristan, Eric et Benoît, le noyau dur du groupe, auxquels se sont ajoutés Julien aux claviers et Léo à la guitare (véritable sosie de Will Butler d'Arcade Fire). Ce dernier, qui n'est autre que le fils de Jean-Pierre Riou (autre pilier du Rock made in Bzh), apporte la fraicheur et l'énergie de son jeune âge et semble comme un poisson dans l'eau, sur scène, entouré de ses ainés. Nul doute que le concert aux Vieilles Charrues, devrait être mémorable pour lui aussi. Sans trop dévoiler ce qui se jouera cet été, à Carhaix, on y retrouvera bien sûr les morceaux emblématiques du groupe, quelques titres plus rarement joués en live, des versions plus musclées et certainement des surprises. De quoi fêter dignement les 30 ans du festival.


En attendant le nouvel album et la tournée à venir, le plaisir était grand de retrouver Matmatah sur scène. Comme celui de revoir des amis de longue date.

Jérôme



samedi 21 mai 2022

SUEDE @ Salle Pleyel, 17 mai 2022 - Paris

Unique date en France (initialement programmée en octobre 2020) de SUEDE pour célébrer les 25 ans de Coming Up, le 3ème album du groupe, le plus équilibré, le plus réussi et qui reste, encore aujourd'hui, une référence. L'affaire n'était pas gagnée d'avance pourtant. En 1996, Bernard Butler, le guitariste emblématique du groupe, s'est fait la malle et SUEDE est clairement distancé par Oasis et Blur dans les charts anglais. Leur deuxième album Dog Man Star, bien que somptueux, s'est avéré moins accessible et n'a eu qu'un succès mitigé. Au bord de l'explosion, le groupe se reconfigure avec les arrivées de Richard Oakes à la guitare et de Neil Codling aux claviers, et prend tout le monde à contre pied en sortant, Coming Up, une œuvre flamboyante, débarrassée de toute noirceur, un vrai bijou Glam/Rock digne d'un Bowie au top de sa forme. L'album est unanimement salué par les critiques et apporte à SUEDE un nouvel élan inespéré et une reconnaissance internationale méritée. Un coup de maître qui valait bien une célébration dans l'une des plus belles salles parisiennes.


Elias Dris avait 2 ans lorsque SUEDE sortait Coming Up. Doté d'une voix magnifique, le jeune artiste à l'allure androgyne n'a pris que 30 minutes pour séduire le public de la salle Pleyel. Ses mélodies Folk, sa bonne humeur et ses invitations au chant ont fait mouche et ont fait de cette première partie, que parfois on subit, un moment très agréable. Un talent indéniable et un artiste à suivre assurément.

Il est 20h30, SUEDE entre en scène en débute le set avec Trash, qui reste à ce jour son plus gros hit et qui ouvre admirablement l'album Coming Up. Un départ en trombe qui fait se lever d'un bond toute la salle. La mayonnaise a pris d'entrée, aucun round d'observation. Le public danse et répond immédiatement à l'enthousiasme du groupe. Brett Anderson en pleine forme, est souriant et visiblement ravi d'être de retour à Paris. Il y a parfois des concerts comme cela qui débutent si bien que l'on devine tout de suite que la soirée sera très bonne.

À l'occasion de cette tournée anniversaire, le groupe a décidé de jouer l'album dans son intégralité et dans l'ordre avant d'interpréter d'autres titres issus de sa discographie. Enchainement avec Filmstar, où Brett Anderson fait, comme à son habitude, tournoyer le micro comme une fronde autour de lui. L'album n'a pas pris une ride, la chronologie est parfaite et les chansons, dont certaines étaient rarement jouées, sont valorisées en live. Mention spéciale à By The Sea, She et The Chemistry Between Us. Ce premier set se termine sur la sublime ballade Saturday Night, reprise en chœur par la salle entière.

 

 

La seconde moitié du concert débute avec Snowblind et Killing Of A Flashboy, autre moment fort du show. Chaque titre joué est simplement paré de sa pochette et de son art graphique projetés sur écran. Lorsque celle de Dog Man Star apparait sur les premières notes de We Are The Pigs, une clameur de joie envahit tout Pleyel. Derrière un Brett Anderson intenable, le groupe est impeccable et parfaitement en place. S'ils laissent la lumière à leur charismatique leader, SUEDE ne serait rien sans Mat Oasman, Simon Gilbert, Neil Codling et Richard Oakes. Ce dernier est particulièrement excellent.

 

Dog Man Star toujours avec The Power, que Brett Anderson chante en Français, seulement accompagné de Richard Oakes à la guitare acoustique. L'exercice est difficile, l'intention est appréciée et le chanteur tout sourire envoie à son public "Oh come on ! I tried ". On félicitera le public respectueux de Pleyel lorsqu'un peu plus tard, Brett Anderson, ruisselant de sueur, interprète seul à la guitare The Wild Ones dans un silence de cathédrale, sans le moindre boulet pour gâcher l'instant. C'était beau. 

 

Après ce petit moment de grâce, place au triptyque ravageur du premier album : So Young, Metal Mickey et Animal Nitrate pour une fin de concert bouillante. Osmose parfaite entre le groupe qui se donne à fond et le public chauffé à blanc qui fait écho. L'ultime récompense arrive au rappel, Brett Anderson présente sa dernière chanson comme un cadeau au public et à Paris où ils sont heureux de revenir à chaque fois. "Ce dernier morceau, nous ne l'avons pas joué depuis un moment, on voulait vous l'offrir". Ce sera Still Life, tout simplement l'une des plus belles chansons du groupe qui clôturera ce superbe concert. 
Très grande prestation de SUEDE à Pleyel !

Jérôme
ps: merci à Laurent pour les photos

 




vendredi 20 mai 2022

Peter Hook & The Light @ Hydrophone, 14 mai 2022 - Lorient

Petit récap pour les deux du fond : A 66 ans, Peter Hook est une légende. Bassiste au jeu unique et reconnaissable entre mille, il est l'un des membres fondateurs de Joy Division et de New Order. La Cold Wave et la New Wave lui doivent beaucoup. En 2007, après une énième prise de tête et de multiples désaccords avec les autres membres de New Order, Peter Hook se barre définitivement et monte son propre groupe : The Light. Depuis, il écume les salle de concert et multiplie les tournées en jouant entre 2 et 3 heures à chaque prestation, puisant dans l'immense répertoire des groupes dont il a été le pilier. Et puisqu'on est jamais mieux servi que par soi-même, c'est lui qui officie désormais au chant, la main droite toujours accrochée à son manche de basse.

Ce concert aurait du avoir lieu il y a deux ans. C'était bien sûr complet, comme sur chacune des dates de Peter Hook. Autant vous dire que l'impatience et l'excitation étaient grandes ! Le programme annoncé est magnifique : quelques titres emblématiques de New Order en guise de première partie puis l'intégralité des deux albums cultes de Joy Division (Unknown Pleasures et Closer). 


Le premier set était donc composé de titres de New Order. Une sélection qui évolue chaque soir de la tournée et qui était particulièrement bonne à l'Hydrophone. Seul le tube True Faith me semble avoir un peu pris les années alors que In A Lonely Place, Crystal et Temptation sont toujours aussi efficaces.


A deux jours du 42ème anniversaire de la mort de Ian Curtis, le désespéré chanteur et parolier de Joy Division, Peter Hook monte au front et enchaîne donc dans l'ordre Unknown Pleasures et Closer, les deux seuls Lp du groupe. Je ne vais pas énumérer toutes les chansons les unes après les autres mais l'émotion fût grande à l'écoute de Day Of The Lords, Disorder, New Dawn Fades, Isolation, Twenty Four Hours ou The Eternal. Avec une mention spéciale pour les très intenses She's Lost Control et Heart And Soul. Le public est à la messe et l'ambiance oscille entre écoute respectueuse et danse frénétique. Peter Hook est en pleine forme, chante mieux que lors des précédentes tournées et se donne sans s'économiser pour célébrer, comme il se doit, la discographie culte du groupe. 

 

Généreux, concentré et se prêtant facilement au jeu des poses avec le public, Peter Hook est aujourd'hui loin de l'image de "vieil ours bagarreur" qui  lui a longtemps collé à la peau. Jusqu'à un certain point tout de même. Le type relou du 1er rang qui pensait pouvoir perturber le set en voulant choper le pied de micro en a fait les frais et a échappé de peu un un gros coup latte "made in Manchester" avant d'être dégagé sous les "F*cking get out ouf here..." de Peter, légèrement énervé sur ce coup là ! Pas de quoi gâcher la fête, le public est chaud bouillant et la salle va totalement s'embraser au rappel avec un enchainement superbe : Ceremony, Transmission puis l'inévitable Love Will Tears Us Apart, devenu avec le temps un véritable hymne. Le public est renversé et l'ovation reçu par le groupe est énorme. De quoi se répandre au-delà des épais murs de la base sous-marine qui abrite l'Hydrophone. Grand, grand respect.



Jérôme