dimanche 12 décembre 2021

Yes Basketball + Bantam Lyons @ Le Novomax - Quimper, 11 décembre 2021

La soirée est placée sous le signe de Patchrock ! La structure de développement musical bretonne invite deux groupes largement plébiscités et loués de toutes parts. Ce que propose Yes Basketball est tant atypique et travaillé qu'il me semblait tout bonnement indispensable d'être au Novomax ce soir. Quant à Bantam Lyons, après avoir raté le coche à plusieurs reprises, je ne pouvais définitivement pas louper la prestation des brestois cette fois, je l'aurais considéré comme une faute grave. 


YES BASKETBALL

Laissez-moi tout d'abord vous présenter l'équipe : Pierre Marolleau (Fordamage, Fat Supper, My Name Is Nobody…), Christophe Le Flohic (Totorro), Stéphane Fromentin (Trunks) et Benoît Guchet (Bantam Lyons, Classe Mannequin). Un assemblage de musiciens chevronnés donc, pour un groupe étonnant et forcément intéressant, aux vibes rappelant parfois Cannibale ou La Jungle. Une déferlante de décibels noisy et percutante frappe très fort d'entrée avec Slow Cat. On oublie la soirée tranquille, faut s'échauffer vite fait sous peine d'être vite K.O. Musicalement exigeant, Yes Basketball joue sur plusieurs terrains : hip Hop sur Gotta Click On It ou Joke Jokes, noisy sur Cast One ou To Dream And Forget. Quatre musiciens, mais 3 guitares, 1 basse, 3 consoles électro et 2 percu' au gré des titres... Voilà ! Mention spéciale à To Get Old With Her et son final dantesque. On a vite compris qu'avec Yes Basketball, mieux vaut ne pas trop se fier au flow "indé" des débuts de morceaux, ça bascule vite en déluge de gros son Rock/Transe. Même punition avec Last Dance qui clôture magnifiquement une prestation tout en puissance.


 

BANTAM LYONS

Si Brest était une galaxie lointaine, très lointaine... Bantam Lyons serait à coup sûr du côté obscur de la Force. Et même si, à l'instar de leurs potes des Slow Sliders et de Lesneu (entre autres), le groupe a posé sa pinte du côté de Nantes aujourd'hui, la musique de Bantam Lyons transpire toujours cette mélancolie prenante, brute et sans concession propre à la cité du Ponant. Parmi les cinq musiciens qui occupent la scène, Benoît Guchet enchaîne à la guitare après avoir assuré synthé et percu pour Yes Basketball juste avant. Le groupe fondé il y a bientôt 10 ans vient présenter Mardell, son second Lp sorti il y a 2 mois à peine et c'est avec Christopher Champagne, qui ouvre l'album, que le set débute.

 

Il y a la noirceur d'Interpol, d'Arcade Fire période Funeral, et l'intensité de Mogwaï dans la musique de Bantam Lyons. C'est tendu, suffocant parfois comme sur Wilhelmine, Philatélie Frontale ou Branque. Captivante, déconcertante, la prestation du groupe est freinée par une panne d'ampli. Le groupe hésite entre impro ou bar...ce sera impro ! Nous aurons droit à une version Bantamesque de Sultan Of Swing. Pas mal ! Passé ce petit pépin, le concert reprend avec St Dô et ses accords de guitares lancinants suivi du "Foalsien" Away From The Bar, petit bijou issu de leur premier album Melatonin Spree. La voix particulière et le chant de Loïc Le Cam, qui oscillent entre tristesse et puissance, sont déchirants. Sur The Lass Of Brecon, étendu sur plus de 10 minutes et qui clôt le set, on est submergé comme il se doit. Les lumières sont rallumées mais le public en redemande. Le groupe ne se fait pas prier et démarre le rappel sur une grosse ligne de basse avec Beds. Devant la scène, les corps bougent et les yeux se ferment, totalement absorbés par la prestation. Une fin de concert très bien menée qui claque ses dernières notes sur un savoureux Teenage Kicks (reprise des Undertones).


 


 

Très belle soirée au Novomax pour clôturer notre année de festivals et de concerts. On oubliera les reports, les annulations en cascades et les reports des reports pour ne garder que le plaisir d'avoir à nouveau pu profiter de ces moments indispensables. Les yeux et les oreilles rivés sur 2022, une année qui peut s'annoncer exceptionnelle si rien ne vient gâcher la fête.

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Jérôme

jeudi 9 décembre 2021

KLÔ PELGAG @ Cabaret Vauban, Brest 4 décembre 2021

Heureux·ses les brestois et les brestoises, la talentueuse Klô Pelgag passait par le Cabaret Vauban samedi soir pour y jouer son 3ème album : Notre-Dame-des-Sept-Douleurs. Avec ce nouvel opus, d'une beauté et d'une sincérité fascinantes, l'artiste québécoise a raflé quasiment tous les trophées du gala de l'ADISQ (hautes récompenses québécoises de l'industrie du disque), égalant au passage un record détenu par Céline Dion. Rien que ça ! Pour ma part, j'ajoute à tout cela les chaudes recommandations d'une amie, installée à Montréal, qualifiant cette soirée comme immanquable. Bref... Je me suis précipité dans l'écrin brestois avec l'excitation des grands soirs.

On frissonne dès le début. Quelle entrée en matière ! Klô Pelgag, au piano et entourée de sa troupe de musiciens, fait montre de toute sa puissance vocale avec La Maison Jaune. Il est rare qu'un concert dégage autant d'intensité aussi vite. Le public est complètement happé par la chanteuse qui, à l'image de son dernier album, joue les montagnes russes en terme d'émotions. Joie et douleur explosent. Tantôt entrainante et malicieuse, tantôt bouleversante, à fleur de peau. Impossible de ne pas penser à l'immense Kate Bush à l'écoute de Für Elise ou Le Sexe Des Etoiles. La sorcière du son a son héritière avec Klô Pelgag, dont l'univers créatif complexe et exigeant fait rejaillir des œuvres profondes et totales.

 

Tout s'enchaîne très vite. Si l'on est secoué par les vibrations de Rock Progressif sur Mélamine ou Insomnie, on est ensuite submergé d'émotion lorsque Klô Pelgag interprète seule au piano J'aurai Les Cheveux Longs ou Soleil. Malgré la force et la gravité de certains textes, l'artiste se plait à dédramatiser tout cela très vite. Renversant sa chaise ou déplaçant les sacs du public pendant le show devant les regards amusés. Elle s'en étonne d'ailleurs : « Vous me laissez partir avec vos affaires sans rien dire, vous êtes d'une bienveillance étonnante ! ». Touchante et déconcertante dans ses échanges, Klô Pelgag nous parle de Carlos et du Big Bisous sans trop que l'on sache pourquoi, de la pandémie, avant de balancer, comme un cri du cœur : « Let's go ! La vie s'est fait pour vivre ! ». 

 

Après les superbes Samedi Soir À La Violence et Rémora, Klô Pelagg et ses musiciens quittent la scène pour y revenir quelques secondes plus tard pour un rappel qui sonne la fin du concert. Alors on profite une dernière fois de sa vitalité et de son talent avec Les Animaux et Les Ferrofluides-fleurs que le public entonne. Klô Pelgag balaie des yeux une dernière fois l'ensemble du public : « C'était le spectacle de Brest, belle vie à tous ! ». C'est fini. On ressort boosté, chamboulé par cette immersion, ce voyage dans le monde de Klô Pelgag, qui a écrit ce soir, une très belle page de la mythique salle brestoise.

 

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Jérôme

vendredi 3 décembre 2021

Blanketman + Daði Freyr @ Trans Musicales 2021

Un rapide passage à Rennes nous a permis d'aller poser nos oreilles au Parc des Expositions où se déroulait la deuxième soirée Trans Musicales 2021. Timing oblige, il nous a fallut choisir deux concerts parmi la belle sélection offerte, une fois de plus, par Jean-Louis Brossard. 


BLANKETMAN

Faire du Rock quand tu viens de Manchester c'est un peu comme faire du rap quand tu es Marseillais. Ce n'est pas surprenant, ça coule un peu dans tes veines. Alors comme une évidence, Blanketman, pourtant tout juste sorti du nid, assure déjà comme un grand et envoie un pur son British. Forcément on pense à The Fall, on retrouve cette musique frontale, brute, efficace et ce chant saccadé. Adam Hopper au micro et guitare a de faux airs de Feargal Sharkey, chanteur des Undertones, qui dégainait il y a plus de 40 ans l'un des plus grands hymnes punk de tous les temps : Teenage Kicks. Sur scène, le groupe est déjà parfaitement en place et fait honneur à ses ainés. Les titres joués sont tous très accrocheurs et le public est rapidement convaincu. Programmé deux soirs de rang sur le festival, Blanketman confirme méchamment toutes les bons retours entendus à son sujet.

 
 
 


 DAÐI FREYR

Vous avez forcément déjà vu Daði Freyr Pétursson, ce grand bonhomme de 2m08, multi instrumentiste et génial touche à tout de l'informaticomusicoretrogaming. Il y a quelques mois, il a défendu honorablement les couleurs de son pays natal, l'Islande, au grand concours de l'Eurovision. Le chanteur du groupe de potes qui jouait de la guitare synthé en pulls de Noël ...c'était lui ! Ce soir, c'est plus sobre, du moins en apparence. Accompagné d'une percussionniste/chanteuse et d'un guitariste, le géant islandais se présente devant la scène dans un seul but : faire danser la foule. Et ça marche ! La rythmique est ancrée 80's, très "Rick Astley" par moment (ne me demandez pas comment je me souviens encore de ça...), mais sans la prise au sérieux. Pour preuve, cette reprise assez déconcertante de la Danse Des Canards version synthé...Nan ?....si ! Passé cette bizarrerie, on retiendra la bonne humeur du personnage, sa voix grave utilisée comme un instrument à part entière et qui apporte un vrai plus à ses compositions, mais surtout le fait qu'on passe un moment joyeux et très dansant. On ne va pas s'en plaindre par les temps qui courent.



 


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 Jérôme

samedi 2 octobre 2021

VOX LOW + HEIMAT@ La Carène - 1er octobre 2021, Brest

Il y a 3 ans, l'indispensable label Born Bad Records publiait un album à la pochette austère (grand ensemble industriel sur fond rouge) qui fit l'effet d'une grosse claque : Vox Low. Un 1er album et un coup de maître que beaucoup considèrent à juste titre comme une référence ColdWave/Electro. A l'occasion d'une soirée "découverte" où se produisait également le duo underground Heimat, Vox Low débarquait pour la première fois à Brest et sans surprise, c'était à guichet fermé.

Véritable ovni musical, Heimat compte 2 albums au compteur. Le dernier, intitulé Zwei et sorti en mai, a reçu un bel écho de la part des critiques. Plongé dans une quasi obscurité sur scène, le duo propose une étrange association de rythmes synthétiques composés par Olivier Demeaux (du groupe Cheveu), sur lesquels Armelle Oberle vient pianoter des accords parfois tordus et imposer sa voix forte. Les textes sont en allemand, en italien (peut-être aussi dans un autre langage que je n'ai pas capté) mais le style vocal oscille entre incantations chamaniques et chant asiatique. Ce rendu étrange a de quoi surprendre forcément, déstabiliser peut-être, mais finalement captive le public resté réceptif tout le set. 

A l'instar de Frustration ou Cannibale, d'autres groupes du label parisien Born Bad Records, les 4 zicos de Vox Low ne sont pas des perdreaux de l'année. Tous sont excellents dans leur domaine et ont une grosse expérience du métier, que ce soit en production ou en création. La musique du groupe transpire la maîtrise et le haut niveau avec de belles influences. Celles et ceux qui aiment Joy Division, Kraftwerk, Neu!, Gary Numan ou encore Killing Joke seront forcément accrochés par Vox Low. J'y ai retrouvé aussi un peu de Mary Goes Round, groupe français sous-estimé qui œuvrait à la fin des années 80. 


La musique de Vox Low n'est pas rassurante du tout. Elle pourrait être la B.O. parfaite d'un film d'anticipation ou post apocalyptique. D'ailleurs, quand je vois la tempête qui s'abat sur Brest au lendemain de ce concert, je me demande si tout ceci n'est qu'une malheureuse coïncidence... Le plan satanique de Vox Low est bien rodé : une montée en puissance progressive, rythmique d'enfer, imposée par un jeu de basse très présent et un batteur généreux d'une précision impressionnante. Ajoutez à cela des nappes électroniques, une guitare bien dosée, un chant grave, monocorde, presque synthétique, et vous obtenez ce style hypnotisant et irrésistible comme sur It's Rejuvenation ou encore Now We're Ready To Spend

 

Les titres sont puissants et s'étendent souvent au delà des 10 minutes, You Are A Slave, The Hunt, Some Words Of Faith puis le mix final Something Is Wrong. Le tempo basse/batterie maintenu par Benoît Raymond et Mathieu Autin se mêle aux ondes parfois hautes fréquences que Guillaume Léglise et Jean-Christophe Couderc balancent depuis leurs synthés analogiques. Ce dernier répète inlassablement, telle une I.A. en plein bug, I Am A Strange Machine Sometimes. Superbe final, Vox Low maîtrise parfaitement l'art de la vibration, cette petite touche de Moroder qui dégage, dans cette moiteur inquiétante, ce coté groove très addictif. A voir absolument.


                                                                                                                                                         Jérôme

vendredi 1 octobre 2021

LES TÊTES RAIDES @ La Carène - 30 septembre 2021, Brest

Sept ans après leur dernier passage, les Têtes Raides sont de retour ce soir à La Carène pour un double événement : pour les 30 ans de Ginette, chanson incontournable et véritable hymne du groupe sur scène, mais aussi pour la sortie toute fraîche de leur 17ème album Bing Bang Boum. Une tournée qui rassemble le groupe dans la formation d'origine, ce qui ne s'était pas produit depuis un bon bout de temps ! Autant de bonnes raisons pour débuter idéalement une nouvelle saison de concerts et de festivals.

Alors...On y va !!!???

Un gyrophare géant inonde la salle d'une lueur rouge et inquiétante lorsque le groupe entre en scène. Le ton est donné dès la première chanson : «...cyclones, fureurs, incendies, tremblements...En avant ! ». Pas de tiédeur ou de demi-mesure avec les Têtes Raides, que ce soit léger ou grave, glaçant de vérité ou bouleversant de poésie, on est toujours captivé par le charisme dégagé par ce collectif. Le public est réactif d'emblée. Nul besoin de s'observer, de s'apprivoiser, on se connait, on partage tant de choses déjà. Retrouver les Têtes Raides sur scène c'est un peu retrouver des amis de longues dates. Christian, Grégoire, Edith, Serge, Anne-Gaëlle, Kropol, Cali et Jean-Luc : le canal historique comme ils se sont amusés à l'annoncer eux-mêmes.

Christian Olivier se livre un peu plus que d'habitude et évoque la privation de concerts et de la joie de retrouver le public et la scène : «...Il y a des chansons que l'on joue pour la deuxième fois seulement ce soir, on est heureux d'être ici...c'est très émouvant de vous retrouver...il faut profiter de ces moments là, des moindres failles où la culture peut s'immiscer, c'est très important...». Les émotions qui alternent au gré des chansons et des textes sont renforcées par un excellent éclairage, qui passe du blanc stroboscopique (Georgia), au spots multicolores (Abécédaire) et à la lumière chaude et tamisée (Emily). Une mise en scène, qui secoue le public lorsque Christian Olivier récite le superbe texte de Jean-Pierre Siméon Levez-Vous Du Tombeau, l'amuse lorsqu'il s'affuble d'une tête de mort géante en papier mâchée sur Latuvu, et enfin le chavire lorsqu'il envoie valser la fameuse lampe de Ginette

 

Le plaisir est partout. Dans la section de cuivres sur Are You Ready ?, dans le jeu délicat de piano/batterie sur Des Silences, dans la présentation clownesque du groupe sur Latuvu, dans l'intensité de Fragile, de L'Iditenté, dans la joie de Journal et de Bas Quartier, dans la guitare et le violoncelle de Fulgurance, dans le chant du public sur Gino et Saint Vincent. Parmi les vingt-sept titres joués ce soir et piochés dans la riche discographie du groupe, une dizaine est extraite du dernier album Bing Bang Boum. Mention spéciale au sublime Le Frisson qui continue de me troubler à l'heure où j'écris cette chronique. 

Le groupe après plus de deux heures de concert est largement ovationné par le public de Brest. Avant de partir Christian Olivier tient à remercier tous les techniciens et toute l'équipe de La Carène avant de s'adresser une dernière fois au public : « Merci infiniment, vraiment ! Et, une dernière chose...on va revenir ! ». Not Dead sont Les Têtes Raides, pour notre plus grand bonheur ! 

...On va s'aimer encore

Là, pendant des années

J'étais là moi monsieur !

                                                                                                                                                                                                  Jérôme



samedi 28 août 2021

WE HATE YOU PLEASE DIE @ Le Ferrailleur - 26 août 2021, Nantes

A l'occasion des concerts sauvages, organisés dans le cadre du Voyage à Nantes, We Hate You Please Die est venu décaper sans ménagement la terrasse du club/concert Le Ferrailleur. Le groupe rouennais, que nous avions vu il y a deux ans au festival Beauregard, a sorti en juin dernier son deuxième Lp : Can't Wait To Be Fine, un bijou de Rock/Garage mêlant fureur, amour, espoir et colère. Un album fort, véritable témoignage d'une génération qui doit exister au milieu des dérèglements climatiques, des fumées de Lubrizol, de la violence sociale et de la pandémie. Le résultat, plutôt brutal et d'une intensité rare, fait de WHYPD l'un des groupes les plus excitants et intéressants du moment.

Les terrasses sont pleines, et l'attroupement se crée naturellement autour du groupe sans trop freiner le passage des cyclistes et des piétons, formant une scène de concert atypique et un cadre franchement sympa. Le dernier album est mis en valeur dès le début du concert et le public, plutôt observateur au départ va vite prendre part au show, certains improvisant même une fosse à pogo devant le parterre de fleurs près du groupe. Le furieux titre Barney aura raison d'une corde de guitare, l'occasion pour Raphaël, au chant, de présenter ses partenaires : Mathilde à la batterie, Joseph à la guitare et Chloé à la basse et au chant. 

  

L'orientation musicale de WHYPD peut se trouver chez Sonic Youth, Ty Segall, Thee Oh Sees et certainement plein d'autres. S'ajoute la voix surprenante de Raphaël, oscillant entre très grave et très aigüe sur Melancholic Rain, ou celle plus pop de Chloé sur Minimal Functiondeux titres issus de leur premier album Kids Are Lo-Fi. Au final, ces quatre là font une musique qui leur ressemble et possède déjà une vraie identité de groupe. 

 

Après Bad Girls (une cover de M.I.A.) et le très bon Coca Collapse, le set se termine sur deux titres monstrueux. D'abord DSM-VI, qui réussit l'exploit de mêler dans un seul morceau : grunge, surf /pop, mélodie soft et punk...énorme ! Enfin, le titre emblématique We Hate You Please Die : violente complainte qui monte crescendo jusqu'à l'explosion finale et qui vous met les poils pour un bon moment (et à chaque fois que vous l'entendrez ensuite). 


Grand talent, gros charisme et une attitude qui force le respect. 

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jeudi 15 juillet 2021

Requin Chagrin + Feu ! Chatterton @ Vieilles Charrues 2021

En arrivant sur le parking du festival, je reconnais la personne qui m'aide à trouver un emplacement pour me garer (on croise toujours quelqu'un que l'on connait aux Vieilles Charrues, ce n'est pas une légende !). Nous discutons un peu :
-Tu es toujours bénévoles ? 
-Tu sais, bénévole un jour, bénévole toujours.
-Comment se sont passés les autres soirées ? Tu as pu voir des concerts ?
-Hier Gaël Faye a été incroyable, je ne m'y attendais pas, c'était vraiment super. Il y a des gens qui râlent par rapport à cette formule mais au moins il y a quelque chose. Les artistes sont tellement heureux de retrouver la scène et un public, franchement ça fait du bien.

Il a raison. Je traverse la plaine déserte de Kerampuilh pour me diriger vers les entrées du festival reconfiguré, j'aperçois le site, les bannières, les barnums, la scène. Tous ces repères, ces habitudes ces émotions perdues depuis 2 ans me reviennent d'un coup. Le site est bien entendu plus petit mais très bien agencé. Le public est peut-être un peu plus calme, plus âgé aussi. La zone de concert forme comme une petite arène avec les gradins qui font face à la scène. Une configuration agréable et confortable pour accueillir 5 000 personnes maximum. On est loin du festival habituel et ses 280 000 festivaliers sur 4 jours. Sans aller plus loin dans le débat, le constat est clair : ça fait un bien fou !


REQUIN CHAGRIN
Avec un thème "20 000 lieux sous les mers" le groupe de Marion Brunetto est bien à sa place. Celle-ci  ne cache pas sa joie d'être sur la scène des Vieilles Charrues d'ailleurs : « C'est un vrai rêve de jouer ici, nous sommes très heureux d'être avec vous, enfin ! On va vous jouer plein de nouvelles chansons » (Requin Chagrin a sorti son 3ème album Bye Bye Baby il y a quelques mois seulement, la majeure partie des titres joués seront issus de ce nouvel opus). Dès les premières minutes du set, on est pris par l'univers spécial dégagé par Requin Chagrin. Une Dream/Pop délicate où le synthé se mêle à la guitare tendance Surf, parfois Shoegaze. La voix particulière de Marion Brunetto vient poser une touche de mélancolie à cette ambiance finalement plus aérienne que sous marine, le résultat est très élégant. 

 

Le public, un peu timide au début s'est vite rapproché de la scène et fait les chœurs sur l'excellent Bye Bye Baby. Parmi la douzaine de titres joués, mention spéciale aux très beaux Volage, Mauvais Présage ainsi qu'à Adélaïde, la chanson qui a mit le groupe en lumière il y a 6 ans. Ebloui par le soleil situé pile en face de la scène, pour parfaire le tableau de ce 14 juillet musical, Requin Chagrin termine son set  avec Sémaphore, Perséides et Le Chagrin, sur lequel Marion Brunetto échange sa place avec Axel Le Rey à la batterie. Le timing est serré et malgré les appels du public à jouer encore, Requin Chagrin quitte la scène après une prestation très réussie.

 

 

FEU ! CHATTERTON
Comme Requin Chagrin, Feu ! Chatterton a sorti son 3ème album intitulé Palais D'Argile, cette année. Un album sublime et unanimement salué, dont les compositions évoquent sans détours les dérives de la société actuelle. Les textes sont toujours empreints d'une poésie raffinée et moderne et la musique prend, quelques virages électro surprenants parfaitement maitrisés. Le groupe entre en scène sous les ovations du public, impatient de découvrir en live les nouvelles chansons. Arthur Teboul, au chant, est comme à son habitude très bien habillé. Le costume qu'il revêt est retiré au bout d'une chanson, l'ambiance est déjà chaude et va l'être encore plus après Ecran Total qui fait déjà danser toute la foule.



Il est temps d'embarquer sur le Côte Concorde, premier succès de Feu ! Chatterton qui reste toujours aussi poignant et intense. Encore une fois Arthur, visiblement très ému, évoque le plaisir à retrouver le live et le public et clame sa gratitude aux organisateurs du festival pour avoir rendu cela possible malgré les nombreuses contraintes. Le concert est parfaitement lancé, A L'aube, Cantique, La Mort Dans La Pinède, la set-list est impeccable. Sébastien, Clément (guitares et claviers) et Antoine (basse) dynamisent la scène sur le tempo assuré par Raphaël à la batterie. 

La grosse claque arrive avec Libre : complainte post-apocalyptique de Rock Progressif de plus de 10 minutes se terminant dans un déluge de guitares. Feu ! Chatterton explore ici de nouveaux horizons musicaux dans lesquels on plongerait bien un peu plus longuement tant le potentiel est vaste. Superbe ! La chanson suivante : Monde Nouveau, est spécialement dédicacée à Jérôme Tréhorel, le directeur Général du festival que l'on aperçoit, tout sourire sur les écrans géants. Arthur est maintenant dans la foule qui reprend le refrain à l'unisson. Quelle ambiance ! Pas le temps de souffler, c'est l'heure de La Malinche. Le titre s'étoffe d'un final électro puissant, Arthur lui, est porté par le public et change malicieusement les paroles de sa chanson qui se termine désormais par : « Et je reste à Carhaix...oh oui ! ». Enorme succès et rappel exigé, ce sera Sari D'Orcino, magnifique ballade issue du second album du groupe (L'Oiseleur), qui clôture de belle manière un des grands moments du festival à n'en pas douter.

 

Merci aux bénévoles pour leur disponibilité et leur gentillesse.
Merci aux techniciens et aux divers intervenants pour avoir rendu l'évènement possible
Merci à Requin Chagrin et à Feu ! Chatterton le partage et pour la joie
Merci aux Vieilles Charrues pour cette parenthèse festive et musicale inespérée.

Le festival continue jusqu'au dimanche 18 juillet 😉.

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dimanche 13 juin 2021

VICTOR SOLF @ La Carène, 12 juin 2021 - Brest

Heu-reux !

Heureux de revenir à La Carène. Heureux d'assister à nouveau à un concert (233 jours depuis la dernière chronique). Heureux de revoir cet artiste talentueux qui m'avait laissé une superbe impression lors de son passage au festival Beauregard en 2017 avec HER, son précédent groupe. Oui, heureux que ce soit Victor Solf qui, après de longs mois bien pénibles, incarne cette douce sensation d'un nouveau départ. Après ses débuts avec The Popopopops il y a presque 15 ans, puis le beau chapitre Her clôturé en 2019, c'est désormais sous son propre nom qu'il poursuit sa route. Il était à Brest samedi soir pour son 1er concert de l'année.

La Carène s'est adaptée et la fosse est transformée en gradins avec une jauge limitée à 65% de sa capacité. Mais le public est bien là, masqué puisqu'il le faut, impatient, bouillonnant depuis l'ouverture des portes. Victor Solf entre en scène entouré de 4 musiciens et vêtu d'une tenue blanche customisée de dessins et d'écritures. Cette même tenue, comme un uniforme, qu'il porte dans ses clips et sur la pochette de son 1er album solo, Still. There's Hope, conçu en pleine pandémie et sorti il y a 2 mois. 

Le set débute avec Traffic Lights, superbe ballade qui dévoile d'emblée l'aisance vocale du chanteur. Victor Solf affiche un sourire quasi permanent qui ne fait planer aucun doute sur le soulagement et le plaisir qu'il ressent à se retrouver enfin face au public. Cette belle intro laisse place au funky How Did We ? qui n'est pas sans rappeler le style du groupe anglais Jungle. Victor ne tient pas en place. Il  tourbillonne et se tortille sur scène dès le micro posé. Il est bien difficile, il faut l'avouer, de ne pas pouvoir danser aussi dans le public. Ce sera la seule et unique frustration du concert. Même chose sur I Don't Fit, excellent titre qui ouvre l'album et qui est joué dans une version un peu plus longue ce soir.


 

Mention spéciale à Fight For Love, Drop The Ego et Utopia qui mêlent parfaitement Soul et Electro. Un style exigeant vocalement, et où la qualité de la mélodie se confronte à une rythmique dansante. Style que Victor Solf maîtrise parfaitement. Le public est aux anges, Victor aussi, au point d'en perdre un peu ses mots : « Je voulais vous dire tout un tas de choses, j'avais préparé toute une liste mais voilà...c'est tellement bon de vous revoir, quel plaisir, vraiment ! ». Un bonheur non dissimulé, partagé à 100%, et un beau cadeau pour Mathieu Gramoli à la batterie qui se voit chanter son anniversaire par toute la salle.



La première chanson du rappel est un titre de Her : Blossom Roses. Victor est seul au piano, chante quasi a capella dans le silence respectueux du public totalement sous le charme. Magnifique. Le groupe revient pour un final qu'on voudrait repousser le plus tard possible. Le touchant Comet, écrit pour son fils de 2 ans, puis Hero titre issu de son EP Aftermath. Cette dernière chanson est jouée spécialement pour une famille, présente ce soir, ayant perdu un proche, emporté par la maladie. Un bel hommage et un soutien pour se reconstruire malgré tout. Un geste qui a du sens quand on connaît le parcours de Victor Solf. Le public se lève et ovationne comme il se doit cet artiste talentueux et attachant. Lui, restera longuement après le show, pour échanger et se prêter au jeu des dédicaces avec les fans restés en nombre. On gardera de beaux souvenirs de cette belle soirée. Des sourires, de la danse, une superbe ambiance et un concert impeccable qui tombe à point nommé. 


 

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Jérôme