En arrivant sur le parking du festival, je reconnais la personne qui m'aide à trouver un emplacement pour me garer (on croise toujours quelqu'un que l'on connait aux Vieilles Charrues, ce n'est pas une légende !). Nous discutons un peu :
-Tu es toujours bénévoles ?
-Tu sais, bénévole un jour, bénévole toujours.
-Comment se sont passés les autres soirées ? Tu as pu voir des concerts ?
-Hier Gaël Faye a été incroyable, je ne m'y attendais pas, c'était vraiment super. Il y a des gens qui râlent par rapport à cette formule mais au moins il y a quelque chose. Les artistes sont tellement heureux de retrouver la scène et un public, franchement ça fait du bien.
Il a raison. Je traverse la plaine déserte de Kerampuilh pour me diriger vers les entrées du festival reconfiguré, j'aperçois le site, les bannières, les barnums, la scène. Tous ces repères, ces habitudes ces émotions perdues depuis 2 ans me reviennent d'un coup. Le site est bien entendu plus petit mais très bien agencé. Le public est peut-être un peu plus calme, plus âgé aussi. La zone de concert forme comme une petite arène avec les gradins qui font face à la scène. Une configuration agréable et confortable pour accueillir 5 000 personnes maximum. On est loin du festival habituel et ses 280 000 festivaliers sur 4 jours. Sans aller plus loin dans le débat, le constat est clair : ça fait un bien fou !
REQUIN CHAGRIN
Avec un thème "20 000 lieux sous les mers" le groupe de Marion Brunetto est bien à sa place. Celle-ci ne cache pas sa joie d'être sur la scène des Vieilles Charrues d'ailleurs : « C'est un vrai rêve de jouer ici, nous sommes très heureux d'être avec vous, enfin ! On va vous jouer plein de nouvelles chansons » (Requin Chagrin a sorti son 3ème album Bye Bye Baby il y a quelques mois seulement, la majeure partie des titres joués seront issus de ce nouvel opus). Dès les premières minutes du set, on est pris par l'univers spécial dégagé par Requin Chagrin. Une Dream/Pop délicate où le synthé se mêle à la guitare tendance Surf, parfois Shoegaze. La voix particulière de Marion Brunetto vient poser une touche de mélancolie à cette ambiance finalement plus aérienne que sous marine, le résultat est très élégant.
Le public, un peu timide au début s'est vite rapproché de la scène et fait les chœurs sur l'excellent Bye Bye Baby. Parmi la douzaine de titres joués, mention spéciale aux très beaux Volage, Mauvais Présage ainsi qu'à Adélaïde, la chanson qui a mit le groupe en lumière il y a 6 ans. Ebloui par le soleil situé pile en face de la scène, pour parfaire le tableau de ce 14 juillet musical, Requin Chagrin termine son set avec Sémaphore, Perséides et Le Chagrin, sur lequel Marion Brunetto échange sa place avec Axel Le Rey à la batterie. Le timing est serré et malgré les appels du public à jouer encore, Requin Chagrin quitte la scène après une prestation très réussie.
Comme Requin Chagrin, Feu ! Chatterton a sorti son 3ème album intitulé Palais D'Argile, cette année. Un album sublime et unanimement salué, dont les compositions évoquent sans détours les dérives de la société actuelle. Les textes sont toujours empreints d'une poésie raffinée et moderne et la musique prend, quelques virages électro surprenants parfaitement maitrisés. Le groupe entre en scène sous les ovations du public, impatient de découvrir en live les nouvelles chansons. Arthur Teboul, au chant, est comme à son habitude très bien habillé. Le costume qu'il revêt est retiré au bout d'une chanson, l'ambiance est déjà chaude et va l'être encore plus après Ecran Total qui fait déjà danser toute la foule.
Il est temps d'embarquer sur le Côte Concorde, premier succès de Feu ! Chatterton qui reste toujours aussi poignant et intense. Encore une fois Arthur, visiblement très ému, évoque le plaisir à retrouver le live et le public et clame sa gratitude aux organisateurs du festival pour avoir rendu cela possible malgré les nombreuses contraintes. Le concert est parfaitement lancé, A L'aube, Cantique, La Mort Dans La Pinède, la set-list est impeccable. Sébastien, Clément (guitares et claviers) et Antoine (basse) dynamisent la scène sur le tempo assuré par Raphaël à la batterie.
La grosse claque arrive avec Libre : complainte post-apocalyptique de Rock Progressif de plus de 10 minutes se terminant dans un déluge de guitares. Feu ! Chatterton explore ici de nouveaux horizons musicaux dans lesquels on plongerait bien un peu plus longuement tant le potentiel est vaste. Superbe ! La chanson suivante : Monde Nouveau, est spécialement dédicacée à Jérôme Tréhorel, le directeur Général du festival que l'on aperçoit, tout sourire sur les écrans géants. Arthur est maintenant dans la foule qui reprend le refrain à l'unisson. Quelle ambiance ! Pas le temps de souffler, c'est l'heure de La Malinche. Le titre s'étoffe d'un final électro puissant, Arthur lui, est porté par le public et change malicieusement les paroles de sa chanson qui se termine désormais par : « Et je reste à Carhaix...oh oui ! ». Enorme succès et rappel exigé, ce sera Sari D'Orcino, magnifique ballade issue du second album du groupe (L'Oiseleur), qui clôture de belle manière un des grands moments du festival à n'en pas douter.
Merci aux bénévoles pour leur disponibilité et leur gentillesse.
Merci aux techniciens et aux divers intervenants pour avoir rendu l'évènement possible
Merci à Requin Chagrin et à Feu ! Chatterton le partage et pour la joie
Merci aux Vieilles Charrues pour cette parenthèse festive et musicale inespérée.
Le festival continue jusqu'au dimanche 18 juillet 😉.
Toutes les photos ICI
Jérôme
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire