dimanche 3 août 2025

Festival du Bout du Monde 2025 - Samedi

Très heureux de revenir au Bout Du Monde pour cette 25ème édition. Ce festival, qui n'a jamais augmenté sa jauge (20 000/jour), est complet chaque année et bénéficie d'une réputation très solide grâce à une programmation métissée de qualité et une ambiance good vibes et multi générationnelle. Le public du Bout Du Monde est fidèle à cet état d'esprit et se rue sur les billets dès leur mise en vente. On pourrait presque parler d'abonnés ou de communauté du Boudu. Rarement disponible début août, je n'ai pu profiter du festival qu'une poignée de fois seulement, mais je garde en mémoire des concerts splendides: Manu Dibango, Matmatah, Robin Foster & Dave Pen, Technobrass, Calexico and Iron & Wine ou encore Stephan Eicher & Traktokestar pour ne citer qu'eux. Cette année, j'ai pu me libérer et venir jusqu'à Crozon pour la journée du samedi qui flashait sur mon radar depuis l'annonce de la programmation. Direction la presqu'île, c'est parti !

Il y a trois scènes au Boudu : la scène Landaoudec, la plus important où se produisent les têtes d'affiche, ainsi que le chapiteau Cabaret de Seb' et la scène François Kermarrec, deux espaces où les groupes programmés assurent 2 passages par jour. En entrant sur le site, je retrouve la déco plutôt rustique du festival. Des panneaux de bois, du fait main, pas d'écrans sur les scènes : un minimaliste qui donne au Bout du Monde un aspect artisanal qui convient à tous ici. Mais surtout pas de méprise, derrière cette simplicité affichée et assumée se cache une organisation bien rodée et une grande tribu de fidèles bénévoles qui œuvrent chaque année pour le bon fonctionnement du Boudu. En me dirigeant vers le premier concert de la journée, je longe une palissade du festival qui regroupe les affiches et les photos des précédentes éditions, sympa ! 

Je commence avec Dieuf-Dieul de Thiès qui ouvre la journée sur la scène F. Kermarrec. Le groupe sénégalais formé en 1979, séparé au bout de 4 ans et reconduit en 2015 est un petit phénomène ne serait-ce que de part son histoire. Le line-up n'est plus le même qu'il y a 46 ans, seul Bass Sarr, membre fondateur, reste à la baguette du collectif constitué de plusieurs chanteurs et musiciens sénégalais. Leur Afro/Jazz est parfaitement réalisé et s'inscrit dans le sillage du grand Manu Dibango entre autres. Le groupe est peu bavard et l'annonce dès le départ : «Les paroles sont inutiles laissons la place à la musique...». Après 32 ans de silence ! Démarrage idéal malgré quelques soucis techniques, le tout sous un magnifique soleil breton.


Direction la grande scène Landaoudec pour Ayo. En mode intimiste, piano, guitare et contrebasse, la belle chanteuse allemande va enchanter le public avec ses balades folks teintées de soul. Throw It Away, Wildfiya, Tears Of Joy... La voix est parfaite et, chose que j'aime beaucoup, elle n'en fait pas des caisses alors que franchement elle pourrait. On est dans le suave, la contemplation, douceur, calme et volupté. Souriante, attachante, lorsqu'elle raconte sa relation lointaine avec son fils et ses ruses pour le suivre à distance sur les réseaux sociaux, Ayo a enchanté le Bout du Monde qui lui aura offert une belle ovation après le fameux Down On My Knees qui clôture son set. 




Troisième concert et troisième scène avec Robert Finley sous le chapiteau de Seb'. Reconnu sur le tard ce Bluesman aveugle venu de Louisiane arrive guidé sur scène par sa fille Christie qui chante avec lui. Une entrée hésitante juste quelques secondes car cet enfant du Bayou qui affiche désormais 71 ans au compteur se déhanche et bouge comme un beau diable. Grosse présence, un capital sympathie indéniable auprès du public, une voix faite pour chanter le blues, la mayonnaise prend immédiatement. De là où je me situe je lui trouve un air de Samuel L. Jackson à la sauce B.B. King. Du blues à la Bill Deraime pour prendre une référence nationale. Medecine Woman, I Just want To tell You, I Can feel Your Pain,... Autant de titres qu'on pourrait déjà prendre pour des standards. Le set ne dure que 40 minutes, c'est court mais c'est le jeu sur cette scène, le Bluesman reviendra finir le job au même endroit à 23h pour une seconde représentation.


 

Petite balade sur le site, le temps de prendre une Coreef Blonde Bio (il fait chaud !) et de profiter des jongleurs ou des fanfares répartis sur le festival. Je constate une fois encore que le Bout du Monde réunit toutes générations, du bébé de quelques semaines aux septuagénaires confirmés, on trouve d'ailleurs une garderie sur place (pour les enfants pas pour les septuagénaires...).



De retour devant la grande scène, j'ai le plaisir de croiser  mon "vieux" camarade Erwann et son épouse (quand on se connait depuis plus de 30 ans, on a le droit de dire vieux camarade), avec qui j'échange quelques bons souvenirs. Rapidement nous en venons à parler de concerts et de festival et notamment du Festival La Corde Raide. Erwann fait partie du staff du festival qui se déroule à Pont-Château et garde toujours une oreille et un œil alertes sur les artistes pouvant y être programmés et nos échanges sont toujours enrichissants. Cela fait un moment que j'observe avec envie la programmation Rock/Blues de La Corde Raide et il faut que je pense sérieusement à y aller. Avec un pote sur place, y'a pas d'excuse !

On ne présente plus Altin Gün, véritable référence du rock psyché sauce turque depuis bientôt 10 ans. Changement majeur pour la formation néerlandaise avec le départ il y a un an de la charismatique chanteuse Merve Daşdemir. On pouvait alors s'interroger sur le nouveau visage du groupe qui a fait le choix de ne pas la remplacer, laissant Erdinç Ecevit Yildiz seul au chant. Inquiétudes rapidement balayées, Altin Gün, bien que plus statique (Erding Ecevit Yildiz joue aussi du saz et du clavier) est toujours aussi bon. La sensation est différente, on est finalement plus face à un groupe là où Merve Daşdemir captait une grande partie de l'attention. Un peu plus focus sur le jeu des musiciens du coup, on se rend bien compte à quel point ils maîtrisent leur sujet. Très bon concert.


Le Mefisto Brass marche dans les pas de Meute, la fanfare allemande célèbre pour ses ambiance techno. Musique éléctro oui, mais interprétée à coup de percussions et de cuivres. Un résultat détonant qui aura soulevé le public de la scène Kermarrec et celui du Faou, de Landevennec, Lanvéoc, Telgruc et Roscanvel où les intenables milanais se sont produits depuis jeudi en concerts "hors les murs". 



Je partage ce créneau avec le concert de Maija Kauhanen sous le chapiteau. Cette one woman show finlandaise vaut le détour car son concert est un véritable ovni musical baignant dans le traditionnel et le baroque. Percussions, carillons de coquillages, de pierres, ustensiles de cuisine et surtout ce magnifique kantele (instrument traditionnel finlandais) qu'elle manipule avec une aisance déconcertante tout en maintenant un chant assez élevé. Belle parenthèse dépaysante, le voyage continue !



C'est l'heure de manger, il y a 22 stands de nourritures sur site ! On a hésité un peu quand même et notre choix s'est porté sur Listo Papito et ses spécialités d'Amérique Latine Bio. 
C'était franchement délicieux ! 


J'avais vraiment hâte de voir Orange Blossom. Je connais peu ce groupe mais je sais qu'il jouit d'une excellente réputation sur scène. Pour preuve, le collectif nantais est soutenu depuis longtemps par l'illustre Robert Plant et a assuré à plusieurs reprises ses premières parties de concert, encore cette année. Maria Hassan a remplacé Hend Ahmed Hassan qui officiait au chant depuis plus de 10 ans. Autour d'elle, le noyau dur du groupe est constitué de Pierre-Jean Chabot le violoniste punk intenable et de Carlos Roblès Arenas à la batterie. Musicalement, ce fût un régal du début à la fin, j'ai trouvé Orange Blossom captivant. Un métissage parfait entre lyrisme oriental et vibrations électro puissantes. Cela m'a beaucoup fait penser à Archive version métissée. Le public est hyper réceptif et réagit à la moindre estocade de violon et à chaque décollage rythmique. La prairie Landaoudec se transforme en un nuage de poussière sous les sauts des festivaliers, que même le drapeau géant de la Palestine, déployé dans le public pendant le set, ne pourra contenir. Superbe concert !




Il a beau soutenir l'équipe de foot du Havre depuis qu'il habite en Normandie (il a même écrit une chanson sur le stade Océane dans son dernier album solo), le club de cœur de Pete Doherty reste et restera les Queens Park Rangers. Pour preuve, le fanion des QPR est méticuleusement posé sur l'ampli qui trône sur la scène où tout le monde attend The Libertines. Pour ma part, je retrouve Carl Barât, Gary Powell, John Hassall et Peter Doherty 9 ans après leur très bon concert aux Vieilles Charrues. Le temps passe vite ! Le concert a démarré fort avec Up The  Bracket, titre phare de leur premier album sorti en 2002. C'est le moment que choisit mon appareil photo, dont le zoom souffrait depuis un moment, pour rendre l'âme. Damned ! Je bascule sur mon téléphone portable pour faire quelques photos mais la qualité est moindre. Le groupe a l'air plutôt en forme et la complicité entre les deux leaders du groupe est visible, tant mieux ! Après une petite accalmie, le set reprend de l'intensité dès les premières notes du "Kinksien" What Katie Did, l'enchaînement avec Shiver et Merry Old England est parfait. Je ne suis pas idéalement placé, autour de moi ça rigole et bavarde, c'est un festival je comprends, mais du coup j'ai du mal en rentrer dans le concert. et je décide de reculer pour la seconde moitié de set. De là où j'arrive à me poster, assez loin et sur le côté, le son est plutôt mauvais, ce qui n'arrangera pas mon affaire. Run Run Run, Times For Heroes, Gunga Din, et pour finir Can't Stand Me Now et Don't Look Back Into The Sun, la set list est irréprochable pourtant, j'ai trouvé le set un peu "pépère". Peut-être est-ce juste un problème de ressenti car je ne suis jamais vraiment rentré dedans malgré tout le bien que je pense du groupe. J'étais peut-être trop attentif au beau milieu de cette ambiance un peu dissipée de festival.


 


Le Boudu continue encore demain mais sans moi. Ce fût une très belle journée de festival, une ballade sonore et visuelle qui nous a conduit du Sénégal au Royaume-Uni en passant par l'Allemagne, les Pays-Bas, la Turquie, l'Italie, la Finlande et la France... Tout ça en 8 heures ! 
Il est temps de poser la valise maintenant !