dimanche 1 décembre 2024

TINDERSTICKS @ Le Quartz, 30 novembre 2024 - Brest

Je ne ferai pas offense aux fans du groupe qui suivent de près chacun de leurs albums depuis 30 ans. Pour ma part j'ai pris le train en marche il y a une dizaine d'années avec The Waiting Room. Cette chronique n'est pas celle d'un fin connaisseur des Tindersticks mais plutôt celle d'un récent converti. Mieux vaut tard que jamais ! Ceci étant, je suis tombé raide dingue de Soft Tissue, leur 14ème Lp sorti en septembre dernier. Cette date à Brest est la dernière de leur longue tournée 2024, et le Quartz est logiquement complet pour l'occasion. La dernière fois que j'étais venu au ici, c'était pour voir Henri Salvador, il y a 22 ans... J'ai l'impression que c'était dans une autre vie. Depuis peu, le Quartz s'est offert une rénovation quasi totale qui a duré 2 ans et demi. Autant dire qu'en pénétrant dans la célèbre enceinte brestoise je ne reconnaissais pas grand chose. Arrivé assez tôt, j'étais idéalement placé et très impatient de retrouver les Tindersticks que je n'avais vu qu'une seule fois, au festival de Beauregard en 2012. Le temps passe vite mon bon ami !

Le concert débute avec How He Entered, magnifique chanson de l'album The Waiting Room dont les paroles ont donné le titre du dernier ouvrage des Tindersticks, Soft Tissue... Vous me suivez ? Suivent A Night So Still, Trees Fall et Falling The Light. David Boulter, aux claviers, est aussi élégant dans son jeu que physiquement, il laisse sa place sur quelques titres au bassiste Dan McKinna. Neil Fraser, à la guitare, fait résonner des notes cristallines qui donne un équilibre parfait à l'ensemble, accompagnant à merveille la voix grave de Stuart Staples, reconnaissable entre mille. Earl Harvin, aux percussions, effleure cymbales et fûts dans un style très jazzy qui finit de donner cette touche si particulière au groupe. Une pointe de baroque à la Divine Comedy, un soupçon de Soul à la sauce Stax, un joli penchant Jazz et une profondeur qui rappelle Nick Cave et Leonard Cohen. Rien que ça ! 


Les titres s'enchaînent : Nancy, Second Chance Man, Lady With The Braid puis Willow où l'attention du public est telle, qu'on entend le moindre toussotement. Le son est parfait, aucun des quatre musiciens qui entourent Stuart Staples, ne dépassent d'un cheveu la partition, c'est d'une maîtrise et d'une finesse impressionnantes. Les Tindersticks semblent appliquer à la lettre la ligne de conduite que Mark Hollis, le regretté leader de Talk Talk, s'imposait sur ses derniers albums, je cite : "Avant de jouer deux notes, apprends d'abord à en jouer une... C'est aussi simple que cela, vraiment. Et ne joue pas une seule note à moins d'avoir une bonne raison de la jouer." 

 

La seconde moitié du show fait la part belle au dernier album. L'acclamation, dans la salle, qui accompagne les premières notes de Always A Stranger en dit long sur la qualité de l'ouvrage et sur l'accueil que le public lui a réservé. Stuart Staples semble habité par ses textes et communique peu. Avec son air de promeneur/rêveur, il remercie timidement le public et reprend son ouvrage, plus concentré que jamais. Après les superbes enchaînements Turn My Back et Don't Walk, Run, le concert se termine sur Slippin' Shoes et New World. Le public est debout et réclame le rappel. Les Tindersticks reviennent sur scène jouer trois derniers bijoux : Stars At Noon, Pinky In The Daylight et le sublime For The Beauty avec cette sombre intro de Dan McKinna au piano et Stuart Staples totalement bouleversant dans son chant. C'est superbe ! 
Longue ovation pour cette Masterclass des Tindersticks.

 

Jérôme