vendredi 29 janvier 2016

HUGH COLTMAN @ L'Archipel 28 janvier 2016 Fouesnant

Après deux magnifiques albums solo "Stories From The Safe House & Zero Killed",  Hugh Coltman (également chanteur du groupe The Hoax) s'est lancé dans un projet jazz, basé sur l’œuvre du grand Nat King Cole.  C'est ainsi qu'est né en 2015 "Shadows - Songs Of Nat King Cole". Plus qu'un simple album de reprises, c'est la lecture, le projet d'adaptation d'un des plus grands crooners de tous les temps, qui fût aussi le premier artiste noir à présenter une émission de télévision dans l'Amérique des années 50 en pleine ségrégation raciale.


Entouré de musiciens plus talentueux les uns que les autres, Hugh Coltman prend rapidement ses marques. Are You Disenchanted, Pretend, la voix est superbe, et musicalement c'est vraiment très très bon.  Intro à l'harmonica pour Sweet Lorraine qui élève d'un ton le curseur du swing. Toujours très élégant, notre ami anglais (qui réside en France depuis plusieurs années) aime discuter avec son public et raconter un peu l'histoire et la genèse des chansons. Il explique alors dans un français quasi parfait (parfois aidé par le public) que Smile fût écrit par un autre anglais bien connu, Charlie Chaplin pour son film "Les Temps Modernes", ou comment un hippie persévérant a pu faire parvenir à l'artiste les partitions de Nature Boy malgré le refus de son manager de l'époque.


Régulièrement pendant le set, Hugh Coltman s'écarte un peu du centre de la scène et laisse la lumière à ses musiciens qui nous régalent de solos. Thomas Naim à la guitare est impeccable, Gaël Rokotondrable au piano alterne avec brio les moments feutrés et les swings de feu. Christophe Mink et sa liberté capillaire (dixit Hugh Coltman) se ballade sur sa contrebasse et donne au concert cette indispensable ambiance noire et blanche, quant à Raphaël Chassin à la batterie, le tempo qu'il génère, sa façon de décaler un nouveau rythme sans jamais perdre le fil, c'est du grand art. C'est surtout un très bon équilibre. Aucun des cinq artistes sur scène n'est isolé, aucun d'entre eux ne prend le dessus sur l'autre : belle harmonie.


Puis vient Morning Star que Hugh Coltman dédie à sa mère décédée lorsqu'il avait 8 ans, la version est magnifique et le moment intense. Petit clin d’œil à l'actualité de la part du chanteur qui commente les statues de Vénus cachées et encoffrées lors de la visite du président Iranien en Italie avant d'entonner en souriant Mona Lisa. Le public se lève pour danser sur I Can't be Bothered et sur Walkin'. Le groupe quitte la scène sous les ovations, les mains sont chauffées à blanc. Hugh Coltman revient pour un rappel, scrute son auditoire qui le réclame et s'exclame "I love my job"  ! Tu m'étonnes ! Il termine son set sur Small Towns Are Smile Towns, douce mélodie empreinte d'ironie visant le racisme et la violence de l'Amérique blanche d'une époque révolue...ou pas.


La tâche était rude. Plus d'un se serait pris les pieds dans le tapis à s'attaquer au répertoire d'une légende comme Nat King Cole. Hugh Coltman lui, est parfaitement dans son élément. Il ne se contente pas de reprendre ses chansons, il les adapte. Oscillant parfois entre Stevie Wonder et Tom Waits pour mieux revenir aux douces mélodies du crooner, prouvant une fois de plus toute l'étendue de son talent et s'ouvrant ainsi à de nouveaux horizons.

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