Non, nous n'étions pas tous au Pavillon devant Obispo vendredi soir ! Nous ne sommes pas tous encore perdus ! Un bon nombre d'irréductibles quimpérois occupait Le Novomax pour ce beau plateau aux sonorités orientales avec les locaux de Mansion's Cellar (Douarnenez) et le groupe Şatellites (Israël). De quoi finir en beauté ce joli mois de concerts aux styles très variés (Didier Wampas Psycho Attack !!!, Dominique A, Mathieu Boogaerts, Timber Timbre et Peter Hook & The Light).
Il parait déjà loin le concert de Mansion's Cellar au festival God Save The Kouign en 2023. Depuis, la troupe douarneniste a sorti son premier Ep Faces Sag Like Melted Wax et a été l'une des révélations des dernières Trans Musicales de Rennes en retournant Le Liberté et ses 3 000 personnes. Une performance qui ne surprend pas tant que ça tant Mansion's Cellar fait preuve d'énergie et de talent sur scène. Ce concert au Novomax n'a pas fait exception et la mayonnaise prend immédiatement. Il faut dire qu'une grosse délégation de fans chauds bouillants venus de Douarn' occupe les premiers rangs de la salle quimpéroise. Grosse ambiance donc et sur scène une prestation de haute volée. Saz, saxo, basse groovy, guitare 12 cordes et rythmique hypnotique un brin saccadée, on ne peut que se réjouir de voir un jeune groupe jouer une musique aussi atypique. Mansion's Cellar ne prend pas l'autoroute Rock Garage, mais plutôt les ribines du Psyché, du Surf et de l'Oriental. De Space Cookie, à How Many en passant par Working Man Saz ou encore World War Z, Mansion's Cellar passe en revue son Ep en se partageant le micro au fil des titres. Le groupe termine son set avec l'irrésistible Mid Mid, tout droit sorti de la cuisse de King Gizzard And The Lizard Wizard. Je confirme que, neuf mois après le filage de sortie de résidence au Run Ar Puns qui présageait déjà un bel avenir à Faces Sag Like Melted Wax, tous les feux sont au vert pour Mansion's Cellar !
Parfaitement chauffé par Mansion's Cellar, Le Novomax pousse un peu plus loin le curseur du groove oriental avec Şatellites. Pour être honnête, hormis quelques écoutes de leur dernier album Aylar, je ne connaissais pas beaucoup ce groupe avant ce soir. Cinq musiciens aguerris autour d'une chanteuse virevoltante, musicienne elle aussi, qui revisitent la musique traditionnelle turque à la mode Funk et Psyché. C'est de cela dont il s'agit avec Şatellites. Là aussi, le public est immédiatement pris par la musique entrainante du groupe et par l'envoutante Rotem Bahar qui rayonne sur scène comme personne et qui n'hésite pas à descendre danser parmi les spectateurs. Orientale mais pas que, la musique de Şatellites prend d'un coup des allures Blaxploitation sur Gizli Ajan où les percussions sont omniprésentes et parfaitement exécutées par Tal Eyal. L'auditoire danse, se prête au jeu en chantant sur Yar Oi, et ne quitte plus des yeux Rotem Bahar qui, avec sa flûte traversière, semble manipuler le public telle une charmeuse de serpent. À l'instar d'Altin Gün, Şatellites honore avec la manière le folk turque et oriental en y apportant une modernité bienvenue pour un rendu très convaincant. Excellent concert et très belle découverte pour ma part.
Jérôme
ps: un grand merci à Cyrille pour les photos de Mansion's Cellar.
À 69 ans Peter Hook, bassiste de Joy Division/New Order au jeu reconnaissable entre tous, trace son chemin avec sa propre formation, The Light, depuis presque 20 ans maintenant, régalant les fans du monde entier avec des concerts "marathon" digne du Boss. Le mancunien s'est lancé pour objectif de jouer la totalité de la discographie de ses deux groupes au fil des tournées et des années. Un vrai cadeau pour les fans de New Order mais aussi pour ceux de Joy Division car certaines chansons du groupe n'avaient jamais été jouées en live auparavant (Ian Curtis, chanteur iconique de Joy Division, s'étant donné la mort avant la sortie de Closer leur second album). Taulier du post-punk, pionnier du mouvement Madchester et de la vague Acid/House qui a déferlé sur l'Europe fin 80's, co-propriétaire d'un des night-club les plus importants de l'histoire de la musique (l'Haçienda), bagarres, drogues, faillite, procès, excès en tout genre...Peter Hook a eu une vie agitée mais est toujours là ! Il demeure aujourd'hui, à juste titre, une légende vivante et sans surprise, ce concert ainsi que tous ceux de sa tournée affichent complet.
Cette date brestoise est la dernière de la tournée Substance où Hooky reprend l'intégralité des deux albums/compilations de New Order et de Joy Division. Pas de première partie puisque le groupe joue près de 3 heures ! Le concert débute avec Crystal, Regret puis What Do You Want From Me ? titre du groupe Monaco que Peter Hook avait fondé fin 90 avec David Potts, le guitariste de The Light, sur scène aujourd'hui. Après cette intro changeante à chaque concert de la tournée, place à l'album Substance de New Order. Pendant 1h30, passage en revue des hits du groupe en commençant par Ceremony titre symbole par excellence puisqu'il demeure le dernier écrit par Joy Division et le premier sorti par New Order.
La première partie du set est très bonne avec les emblématiques Temptation, Everything's Gone Green, Confusion, The Perfect Kiss et bien entendu Blue Monday, peut-être le plus gros tube de New Order, que la foule accueille d'une belle clameur. Peter Hook, plié en deux sur sa basse qu'il balance au niveau de ses genoux, vient dès qu'il peut au plus près de la scène regarder son public droit dans les yeux avant de retourner au micro, bras levé et tournoyant. À sa droite, un autre bassiste, plus jeune, au même physique, s'active autant que son ainé : c'est Jack Bates le fils de Peter Hook qui l'accompagne depuis plus de 10 ans maintenant. Les chiens ne font pas des chats ! La seconde moitié du set est moins convaincante. Les chansons comme Sub-Culture, Shellshock, State Of The Nation et Bizarre Love Triangle sont vraiment ancrées période 80's et vieillissent un peu mal je trouve. L'ambiance redescend d'un cran même si True Faith, qui clôture cette première moitié de concert, trouve un bon accueil auprès du public. Le groupe fait ensuite une pause de quelques minutes avant de revenir en mode Joy Division. Peter Hook semble plus grave, dédie ce set à Ian Curtis et la soirée prend une allure plus solennelle. Le ton est beaucoup plus dur, la voix de Hooky est plus adaptée à ce registre, c'est un tout autre concert qui débute.
Aucune fausse note et aucun ennui dans cette seconde partie de concert. C'est brut, rock, sombre et on mesure à l'écoute de Warsaw, Digital, Leaders Of Men, Autosuggestion ou Disorder, toute l'influence que Joy Division a pu avoir sur les générations entières de groupes. De Killing Joke qui est arrivé dès 1980 jusqu'à Frustration aujourd'hui. Le public semble plus apprécier également et pogote au milieu de la salle. La dernière ligne droite du set est superbe : Transmission, She's Lost Control, Shadowplay, Incubation puis Dead Souls. Peter Hook explique avec émotion qu'elle était la chanson préférée de Ian Curtis et qu'il aimait danser dessus lors des concerts pendant la longue intro du morceau et ainsi voir la réaction du public interloqué de le voir exécuter sa fameuse "Epilepsy Dance". Cette séquence qu'évoque Peter Hook est l'une des scènes cultes du très bon film "Control" d'Anton Corbijn qui retrace la vie de Ian Curtis. Le concert touche à sa fin, le final est splendide avec les très attendus Atmosphere et Love Will Tear Us Apart, hymne intemporel repris par toute la salle. Quel plaisir ! Peter Hook, toujours aussi généreux et sincère avec son public, quitte la scène de La Carène le devoir accompli, non sans avoir jeté son tee-shirt dans la foule et embrassé son fils. Excellent concert !
C'est dans le cadre du festival Folk En Scènes que le VIP, salle de concert de Saint-Nazaire, a programmé la venue de Timber Timbre. Pour cette tournée, c'est un format duo qui est constitué avec l'élégante musicienne et choriste Marianna D'ama aux côtés de celui qui est Timber Timbre, le mystérieux Taylor Kirk, fondateur du groupe et seul aux commandes depuis plusieurs années. Le concert, qui affichait complet, se déroulait hors les murs, à Montoir-de-Bretagne dans la salle Bonne Fontaine.
C'est la cinquième fois que je vois Timber Timbre. La première fois c'était en 2011 à Caen dans le cadre des Nuits de L'alligator. La première partie était assurée par CW Stoneking, je découvrais alors ces deux artistes atypiques et la scène du Cargö : cela reste, encore aujourd'hui, l'un de mes meilleurs souvenirs de concerts. À l'époque, Taylor Kirk était baigné dans une lumière rouge constante, assis, guitare à la main tout en assurant la rythmique du pied sur une grosse caisse. Ce soir, j'ai l'impression de revivre ce concert à l'ambiance Lynchienne et à l'orchestration réduite. Ce format intensifie d'autant plus l'atmosphère sombre et inquiétante dégagée par les compositions de Taylor Kirk et par sa voix incroyable, qui n'est pas sans rappeler celle de Stuart Staples (Tindersticks) ou Leonard Cohen. Sans surprise, le dark crooner, se tient éloigné de l'avant scène et la lumière rouge intense et omniprésente, rend quasi impossible toute photo, pour moi en tout cas. L'année dernière, lorsque j'avais été voir Timber Timbre à Laval au 6par4, Taylor Kirk se tenait carrément derrière ses musiciens.
Avec 7 albums au compteur, Timber Timbre à de quoi faire, mais ce sont surtout Hot Dreams, Lovage (le dernier album en date) et le 3ème album éponyme, celui qui a fait connaitre la groupe, qui sont mis en avant ce soir. Les morceaux sont joués dans des versions dépouillées, tendues, ralenties, c'est d'une intensité et d'une noirceur magnifiques. Mieux vaut être préparé ceci dit, mais pour les amateurs du genre ce concert est une bénédiction. Mention spéciale aux superbes Lonesome Hunter, Holy Motors, Beat the Drum Slowly et Sugarland, que TT augmente ce soir de quelques mesures.
Beret de berger sur la tête, bouteille de vin à ses pieds, Taylor Kirk est d'humeur joviale et échange avec le public presque aussi étonné que moi de le voir autant détendu. Le concert se termine avec le superbe Run From Me, où Marianna D'ama couvre d'une complainte glaçante la voix grave et lugubre de Taylor Kirk qui prie son amour de le fuir. La salle ovationne l'artiste qui ne tarde pas à revenir sur scène pour un rappel somptueux. Le béret est jeté dans la foule, seul à la guitare et cette fois debout face au public, Taylor Kirk nous offre 3 derniers titres magnifiques, peut-être les plus beaux du set : I'm Coming To Paris To Kill You (que j'espérais entendre ce soir....bonheur et joie dans mon cœur), Demon Host, toujours aussi bouleversante et Troubles Comes Knocking, blues magistral qui vient clore une prestation qui le fut tout autant.
Mathieu Boogaerts vient jouer au Vauban pour la quatrième fois, à l'occasion de la sortie de son neuvième album intitulé Grand Piano. Il semble aussi heureux que le public d'être là et déboule sur scène seul sans tambours ni trompettes cinq minutes avant l'heure annoncée. Il nous présente illico son "grand piano", alias son groupe de trois musiciens qui le rejoignent sur scène depuis le fond de la salle. La seule fois que j'ai vu Mathieu Boogaerts en concert, ici même, il y a 22 ans, il était seul sur scène et projetait sur un écran un groupe qui l'accompagnait. Je me rappelle aussi d'un faux rocher sur lequel il se posait avec sa guitare. Un très bon souvenir qui ne demandait qu'à être ravivé ce soir.
Vêtu de la même chemise jaune qu'il porte dans son dernier clip, Mathieu Boogaerts explique avoir écrit le nom des toutes les chansons qu'il va jouer ce soir sur des petits bouts de papier entassés dans sa poche. Hormis la première et la dernière, l'idée est donc d'en tirer au sort l'ordre au fur et à mesure de la soirée, rendant ce concert unique. Idée originale qui colle bien au personnage. Le concert débute tout en douceur avec Faut Pas Que J'oublie, magnifique chanson qui ouvre également l'album Grand Piano. Vient ensuite ce qui va être le rituel de la soirée : main au fond de la poche, lecture du petit papier (sans en souffler mot au public), annonce discrète au musiciens, indications d'éclairage et c'est parti ! Lumière rouge, fesses qui frétillent en rythme c'est Bas De Laine qui est le premier titre sorti de la poche, suivi de Bancal et du magnifique Avant Que Je M'ennuie.
Je suis vraiment admiratif des sons de Mathieu Boogaerts. Il est l'un des seuls, je trouve, à manier aussi bien la musicalité des syllabes et des mots, la phonétique dans les textes. Plus Jonasz que Nougaro, Plus Annegarn que Gainsbourg, Mathieu Boogaerts mêle admirablement poésie et rythmiques jazzy ou bossa comme sur Come To Me ou Vallée. La danse n'est jamais loin. Entre les chansons et le rituel du tirage au sort, l'artiste est bavard, pour le plus grand plaisir du public. On se régale de le savoir incapable de prononcer le mot insatisfaction ou de le voir déboutonner sa chemise au fil du concert, quitte à faire un peu kéké comme il le dit en souriant. Une cool attitude qui me rappelle Philippe Katerine, Vincent Delerm ou Mac DeMarco, et tout comme eux, Mathieu Boogaerts, sous son air timide et un brin maladroit, est un grand charmeur. Et comment ne pas succomber à Ma Jeunesse, Bien ou Vegas, Annie ou encore Une Bonne Nouvelle ?
Malgré les interrogations de l'artiste à ce sujet à un moment, j'ai trouvé le son du Vauban vraiment excellent. L'auditoire, dans la poche depuis longtemps, se déhanche et chante en chœurs sur On Dirait Que Ça Pleut et pour ma part, je savoure Bel Et Bien Là, ma chanson préférée du répertoire de Mathieu Boogaerts, revisitée ce soir en version plus musclée, façon Sultans Of Swing, puisque comme il l'explique au public, il ne supporte plus la façon dont il chantait il y a trente ans sur son premier album Super. Le hasard nous place les tubes en fin de set, Comment Tu T'appelles ?, Le Ciment et l'incontournableOndulé. Mention spéciale aux musiciens qui accompagnent Mathieu Boogaerts sur scène : Jean Thévenin à la batterie, Vincent Mougel à la guitare et au clavier et Elise Blanchard à la basse, tous les trois impeccables et complétant parfaitement leur ainé. Le concert s'achève après deux rappels durant lesquels sont joués C'est Beau La Vie, Pourquoi Pas puis le bien nommé C'est Pas Drôle que Mathieu Boogaerts joue pour la deuxième fois seulement et dédie à l'horrible Trump qu'il souhaite voir mourir et à qui il envoie, avec l'aide du public, des salves de rires jaunes comme un sortilège maléfique que l'on espère le plus puissant possible. Excellent concert !
"Quatre concerts et trois résidences ici ! Je suis le recordman en la matière, d'après l'organisateur. On se demande bien pourquoi ?", annonce malicieusement Dominique A devant la salle comble de l'Archipel. Pour sa première date de l'année, il a choisi Fouesnant comme rampe de lancement de cette tournée intimiste sans être solo. Dominique A est accompagné sur scène de Julien Noël aux claviers et de Sébastien Boisseau à la contrebasse, deux musiciens qui officiaient déjà à ses côtés lors de la précédente tournée il y a deux ans. Pour ma part, c'est la septième fois en dix ans que je le vois en concert. On se demande bien pourquoi ?
Le truc avec Dominique A, c'est que l'on n'assiste jamais au même concert. Chaque tournée est différente et pas seulement à cause de la sortie d'un nouveau disque. Avec plus de trente ans de carrière et une quinzaine d'albums au compteur, l'artiste dispose d'un impressionnant vivier de chansons qu'il sélectionne et revisite en fonction de la texture qu'il souhaite donner au spectacle. Tantôt électrique et nerveux, tantôt acoustique et délicat. Les deux styles lui vont bien. La simplicité, qu'elle soit dans le furieux ou dans le doux, sied le mieux à Dominique A, la poésie de ses textes en ressort magnifiée. À chaque tournée, ses chansons sont souvent retravaillées et le public peut ainsi les recevoir sous un tout autre angle, à l'image du Courage Des Oiseaux, La Poésie ou encore Dernier Appel De La Forêt, présentée ce soir en mode distorsion.
Le public est attentif et savoure, comme moi, le moment. Dans son répertoire de chansons, Dominique A est allé en chercher quelques unes que l'on entendait peu en live ces dernières années comme Sous La Neige, Elle Parle À Des Gens Qui Ne Sont Pas Là, La Relève ou encore le superbe La Douceur qui figure sur l'album "bonus" Autour d'Éléor. Le trio est impeccable, on ne décèle aucune hésitation ou flottement pour cette première. Il est important de souligner également la qualité du son et du light show sobre, raffiné, parfaitement cohérent avec l'ambiance du concert. La lumière rouge sur Music Hall, la froideur sur Corps De Ferme À l'Abandon, ou l'éclairage jaune qui transperce le chanteur sur Le Sens...bref, c'est une vraie réussite.
Deux inédits extraits du dernier ouvrage de Dominique A sont joués ce soir, Les Animaux et le superbe L'Humanité. Encore une fois un texte puissant et tellement bien écrit. La poésie est partout. Et que dire de Valparaiso, Immortels, (en mode réverb aérien), Tout Sera Comme Avant et Au Revoir Mon Amour que la salle entière applaudit dès les premières notes jouées. Touché, Dominique A remercie chaleureusement le public : "Tous réunis, nous sommes une antidote à l'air du temps...dont on ne parlera pas ce soir". Le set se termine avec l'entrainant Par Le Canada, titre provenant de l'album Éléor dont six morceaux seront joués ce soir pour mon plus grand bonheur, puisqu'il est mon préféré.
De retour sur scène pour un rappel fortement réclamé, Dominique A répète une dernière fois tout le plaisir qu'il a eu à jouer une nouvelle fois à l'Archipel. "Cette salle est superbe, et ce n'est pas dans les Pays de la Loire donc ça va continuer à bien se passer...". C'est dit ! Un tacle propre et mérité pour le conseil régional des Pays de la Loire, en référence aux importantes coupes budgétaires pour la culture votées par ce dernier avec une désinvolture hallucinante. Allez, profitons de cette ultime tour de chant, Quelques Lumières, L'Océan, le Twenty-Two Bar, Éléor et un final magnifique avec une chanson qui parle de l'Amérique, celle du siècle dernier : Oklahoma 1932. Là non plus, on n'en dira pas plus. Standing ovation, forcément.
Un mois et demi sans concerts... Autant dire que j'étais tel un ours en hibernation. Alors Didier Wampas Psycho Attack !!!, il fallait au moins ça pour me sortir de ma grotte et ainsi lancer pour de bon cette nouvelle année de concerts et de festivals. Cerise sur le gâteau, le show se déroulait à La Loco de Quimperlé, une toute nouvelle salle de spectacle à la splendide déco Steampunk et à la programmation allant du Jazz au Punk. Plus qu'un simple lieu de concerts, La Loco se veut être une véritable coopérative culturelle et associative, prête à tracter mille et un projets : expos, danses, rencontres, formations, bars, coworking, etc... Mais pour l'heure, place au roi Didier Wampas période psychobilly, éloignez-vous de la bordure du quai... Attention au départ !
J'ai découvert les Wampas en 1993 avec leur 4ème album intitulé Simple et Tendre, le premier enregistré sans le guitariste Marc Police, décédé l'année précédente. Il n'en sera pas question ce soir puisque le projet DWPA nous replonge essentiellement dans les 3 premiers albums des Wampas. Une belle occasion d'entendre d'anciens titres iconiques et d'autres moins connus issus de Tutti Frutti, Chauds Sales et Humides et de Les Wampas Vous Aiment, mon album favori. En attendant le début du concert, je peux tranquillement faire un tour du propriétaire et admirer ce lieu atypique où l'on se sent bien immédiatement, parce qu'en plus d'être jolie et bien agencée, La Loco fourmille de personnels et bénévoles carrément sympas. En fond de scène, le panneau bois géant d'une locomotive en perspective me rappelle la déco de scène d'AC/DC lors du Black Ice World Tour. Très chouette !
C'est parti ! Le groupe entre en scène à 21h pile. Dans cette configuration, on retrouve Gaybeul à la batterie, Thomas à la contrebasse et Effello à la guitare. Ce dernier, en plus d'avoir sa propre formation : Effello & Les Extraterrestres, est le guitariste permanent des Wampas depuis une dizaine d'année maintenant. À l'image de Léopold Riou avec Matmatah, son arrivée chez les Wampas a donné un coup de fouet salvateur et un vrai regain de jeunesse au groupe. Enfin, vêtu de la même chemise rose hawaïenne qu'il portait au Hellfest l'éte dernier lorsque le groupe s'y est produit, Didier arrive et le set débute avec Marie-Lou et Wampas le bien nommé.
À63 ans, Didier Wampas est toujours aussi généreux et intenable sur scène. Par où commencer ? Dès la 3ème chanson, Houa Houa Hou, le punk ouvrier se retrouve dans le public où il passera près de la moitié de son concert, dansant, pogotant, criant et chantant comme sur Snuff, Ballroom Blitz, Dracu Pop ou Vautours. Dans le public mais aussi au dessus et même en dessous sur Ver De Terre, où Didier fait le tour de la salle en rampant sur le dos et en chantant que cette danse est pourrie et qu'il faut vraiment être inadapté, attardé ou alcoolique pour danser comme un lombric. Complètement dingue et génial ! Une Bombe Sur Washington, écrite initialement pour charrier les Washington Dead Cats, autre groupe de psycho des années 80, pourrait dans le contexte actuel résonner différemment, c'est l'un des moments forts du concert. Mais il y en a eu tant !
Je ne me lasserai jamais des textes de Didier Wampas. Ceux qui nous touchent, nous font sourire, ceux qu'on ne comprend pas, ceux qui nous font lever le poing, ceux qui sont absents comme sur C'est Facile De Se Moquer ou Yeah Yeah. Et puis il y a ce sens inné du show et des interjections Rock'n Roll. Personne d'autre que lui ne maitrise aussi bien les Wouaouh, les Yeah, les Shalala ou les Han Han. Ça envoie grave avec ou sans paroles. Il est le seul à mêler aussi bien les codes de la variété et du punk. Capable de pogoter et de venir hurler à 10 cm du visage d'un spectateur puis, 5 minutes plus tard, d'interpréter sa chanson suppliant, main sur le cœur et doigt pointé vers le public façon je chante pour toi. J'adore ! Mention spéciale aux superbes J'ai Quitté Mon Pays, L'Éternel, Rien À Foutre et Eccl. 5:1 ma préférée. Autre grand moment de la soirée, Vie, Mort Et Résurrection D'un Papillon, chantée au milieu du public par Didier Wampas, encore une fois totalement habité et semblant complètement épuisé.
Mais ce n'était qu'un leurre, dans la foulée l'infatigable DW se retrouve à escalader le balcon de la Loco, près du poulpe qui y est accroché, pour accéder à la mezzanine et y ramener une chaise qui ressemble fortement à un trône. Il se retrouve ensuite porté par son public sur Jungle Rock tandis que, sur scène, Effello, Gaybeul et Thomas maintiennent un tempo d'enfer. Généreux jusqu'au bout, Didier Wampas joue devant 400 personnes exactement comme il le fait devant des dizaines de milliers à la warzone du Hellfest. Une énergie toujours aussi impressionnante, une loyauté sans faille envers son public qui le lui rend bien et ça fait plus de 40 ans que ça dure ! Longue vie au Roi Didier, longue vie au Wampas !
Le Novomax attaque 2025 en force avec une soirée sold out. Le raison est cette très belle affiche qui réunissait la suprenante troupe bretonne de Kaolila et le génial groupe de blues créole Delgres. Cidre et rhum au menu, de quoi braver le froid de l'hiver, même en semaine. Retour sur ce premier concert de l'année.
C'est Kaolila qui ouvrait le bal et que je découvrais ce soir. Quatre femmes, un homme, un style assez particulier, plus proche des Dakh Daughters que des Sœurs Goadec malgré des textes chantés essentiellement en langue Bretonne. Kaolila nous raconte la vie (de m****, dixit Marion Guen au chant) de femmes fortes et courageuses. Guerrières, vengeresses, chiffonnières, sorcières, reines, femmes amoureuses ou trompées, Kaolila rend un hommage vibrant à ces héroïnes qu'elles soient célèbres ou anonymes. Culottées de Pénélope Bagieu en version musicale en quelque sorte. Entre chaque chanson, Marion Guen, en explique l'histoire avec un humour qui fait mouche et qui vient dédramatiser immédiatement les tragédies contées. Percussions très présentes, voix qui s'entremêlent, guitares et violon qui jouent entre folk et tradi, moi qui ne suis pas forcément fan des chansons bretonnantes, je me suis vraiment régalé devant ce groupe atypique et plein de charme.
Cela faisait un bail que je voulais voir Delgres en concert et malgré leurs nombreuses venues en Bretagne, je n'en avait pas encore eu la possibilité. En les programmant à 10 kms de chez moi, Le Novomax m'a fait bien plaisir, merci les gars ! Qualifié de Black Keys créoles, les 3 lascars de Delgrès jouent effectivement un blues cher à Dan Auerbach et Patrick Carney. On peut penser aussi à Hanni El Khati ou encore GA-20. C'est leur 3ème et dernier album intitulé "Promis Le ciel" qui est à l'honneur ce soir. Devant un public bien chauffé par la prestation de Kaolila, Pascal Danaë (guitare et chant), Rafgee (soubassophone et trompette) et Baptiste Brondy (batterie et guitare) vont très vite embarquer les Quimpérois. Quand on aime le Blues/Rock, Delgres sur scène est un cadeau, un bonbon sucré. Il régale avec des titres imparables tels que 4 Ed Maten, Walking Alone ou encore Respecte Nou. Les textes sont forts, les trois musiciens sont excellents et le style est assez unique avec ce soubassophone en guise de basse.
Le set est très bien ficelé, Pascal Danaë ne lâche pas le public et le sollicite régulièrement pour donner de la voix. Baptiste Brondy nous gratifie d'un somptueux solo de batterie sur Pourquoi Ce Monde, et Rafgee fera le sien à la trompette sur Vivre Sur La Route. Au milieu du set, le groupe se met en mode salon pour quelques titres plus intimistes avant de remettre les gaz avec une belle reprise de John Lennon. Un Working Class Hero que Delgrès s'est magnifiquement approprié. Attachant et proche du public, Pascal Danaë envoie, entre ses chansons, des messages bienveillants sans jamais être moralisateur. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, il a mis dans sa poche, un public quimpérois qui n'est pas toujours facile. Mais ce soir, il est comme moi, totalement conquis. La fin de concert est splendide avec Lanme La, À La Fin et enfin Mo Jo Di, la chanson étendard du groupe qui évoque le combat de Louis Delgrès contre l'esclavagisme. Ovation méritée pour Delgres qui a été largement à la hauteur de mes attentes et je repars du Novomax enchanté. Ce soir, en breton ou en créole, il était question de lutte, de dignité et de liberté...plus que jamais d'actualité en 2025 !