Le Novomax attaque 2025 en force avec une soirée sold out. Le raison est cette très belle affiche qui réunissait la suprenante troupe bretonne de Kaolila et le génial groupe de blues créole Delgres. Cidre et rhum au menu, de quoi braver le froid de l'hiver, même en semaine. Retour sur ce premier concert de l'année.
C'est Kaolila qui ouvrait le bal et que je découvrais ce soir. Quatre femmes, un homme, un style assez particulier, plus proche des Dakh Daughters que des Sœurs Goadec malgré des textes chantés essentiellement en langue Bretonne. Kaolila nous raconte la vie (de m****, dixit Marion Guen au chant) de femmes fortes et courageuses. Guerrières, vengeresses, chiffonnières, sorcières, reines, femmes amoureuses ou trompées, Kaolila rend un hommage vibrant à ces héroïnes qu'elles soient célèbres ou anonymes. Culottées de Pénélope Bagieu en version musicale en quelque sorte. Entre chaque chanson, Marion Guen, en explique l'histoire avec un humour qui fait mouche et qui vient dédramatiser immédiatement les tragédies contées. Percussions très présentes, voix qui s'entremêlent, guitares et violon qui jouent entre folk et tradi, moi qui ne suis pas forcément fan des chansons bretonnantes, je me suis vraiment régalé devant ce groupe atypique et plein de charme.
Cela faisait un bail que je voulais voir Delgres en concert et malgré leurs nombreuses venues en Bretagne, je n'en avait pas encore eu la possibilité. En les programmant à 10 kms de chez moi, Le Novomax m'a fait bien plaisir, merci les gars ! Qualifié de Black Keys créoles, les 3 lascars de Delgrès jouent effectivement un blues cher à Dan Auerbach et Patrick Carney. On peut penser aussi à Hanni El Khati ou encore GA-20. C'est leur 3ème et dernier album intitulé "Promis Le ciel" qui est à l'honneur ce soir. Devant un public bien chauffé par la prestation de Kaolila, Pascal Danaë (guitare et chant), Rafgee (soubassophone et trompette) et Baptiste Brondy (batterie et guitare) vont très vite embarquer les Quimpérois. Quand on aime le Blues/Rock, Delgres sur scène est un cadeau, un bonbon sucré. Il régale avec des titres imparables tels que 4 Ed Maten, Walking Alone ou encore Respecte Nou. Les textes sont forts, les trois musiciens sont excellents et le style est assez unique avec ce soubassophone en guise de basse.
Le set est très bien ficelé, Pascal Danaë ne lâche pas le public et le sollicite régulièrement pour donner de la voix. Baptiste Brondy nous gratifie d'un somptueux solo de batterie sur Pourquoi Ce Monde, et Rafgee fera le sien à la trompette sur Vivre Sur La Route. Au milieu du set, le groupe se met en mode salon pour quelques titres plus intimistes avant de remettre les gaz avec une belle reprise de John Lennon. Un Working Class Hero que Delgrès s'est magnifiquement approprié. Attachant et proche du public, Pascal Danaë envoie, entre ses chansons, des messages bienveillants sans jamais être moralisateur. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, il a mis dans sa poche, un public quimpérois qui n'est pas toujours facile. Mais ce soir, il est comme moi, totalement conquis. La fin de concert est splendide avec Lanme La, À La Fin et enfin Mo Jo Di, la chanson étendard du groupe qui évoque le combat de Louis Delgrès contre l'esclavagisme. Ovation méritée pour Delgres qui a été largement à la hauteur de mes attentes et je repars du Novomax enchanté. Ce soir, en breton ou en créole, il était question de lutte, de dignité et de liberté...plus que jamais d'actualité en 2025 !
Jérôme