Il est bien difficile de ne pas être captivé par Dominique A. Il n'y a qu'à écouter Le Convoi, sublime chanson qui clôture ces deux heures de concert pour en être convaincu. On en ressort comme déplacé, ailleurs. Avec le besoin de se poser un peu, le temps de sortir de la station A, de redescendre sur Terre. Se remettre d'un voyage ascensionnel qui nous dépose du plus angoissant (Pour La Peau, Corps De Ferme A L'Abandon) au plus beau (Le Reflet, Le Courage des Oiseaux, L'Océan).
Pour l'occasion, La Carène avait déroulé le tapis rouge. Apéro/expo autour de l'artiste Nantais : animations musicales assurées par le disquaire et label Brestois Badseeds et par la chorale Pop/Rock Les Karen Sheriff. L'occasion de découvrir sous un autre angle quelques titres emblématiques de Dominique A. Une belle initiative saluée plus tard par Dominique A sur scène.
C'est le groupe Tiny Feet (alias Emilie Quinquis), qui assure une première partie tout en délicatesse. La chanteuse Brestoise oscille subtilement entre spleen et évasion, entre cordes et électronique sans jamais brusquer les choses, sans briser l'harmonie créée.
Toute Latitude, le dernier album de Dominique A, sorti en mars, est la première partie "électrique" d'un diptyque qui sera complété d'une seconde œuvre à l'ambiance plus intimiste. L'artiste est donc entouré de quatre musiciens pour proposer un set tout en puissance (deux batteries simultanées sur plusieurs morceaux) ainsi qu'une ré-orchestration audacieuse de chansons initialement plus épurées (Cap Farvel, Eléor, Au Revoir Mon Amour). Le tout baignant dans une ambiance Cold Wave assumée.
Devant la salle pleine Dominique A est très détendu, il scrute les réactions du public et intervient à la moindre occasion. Après l'ovation reçue pour L'Océan : "C'est sûr que ça marche moins bien à Nancy cette chanson ! " ou après la ferveur déclenchée par Rendez-Nous La Lumière : "Finalement vous êtes pas si chaud que ça à Brest, on pourrait se croire, je ne sais pas moi, à Alençon par exemple". Un spectateur répond du tac au tac "ou à Nantes". Et que dire de celui qui lui réclamait en criant Pour la Peau, chanson jouée au tout début du set..."Mais t'es arrivé à quelle heure toi ? A moins que ce ne soit un moment d'absence" répond-il tout sourire.
Entre ballet de changement de guitares et danse saccadée, Dominique A hypnotise son auditoire. Les titres du dernier opus se révèlent totalement sur scène, mention spéciale à Se Décentrer, Corps de Ferme A L'Abandon et surtout Le Reflet, titre d'une poésie magistrale et clôturant l'album.
On retient également le puissant Exit. "Aussi bizarre que cela puisse paraître, cette chanson m'a été inspirée par la coupe du monde de Football 98" nous confie mister A. Puis Le Twenty-Two Bar aux guitares tendues, aux accords nerveux et au texte stressant, jusqu'à finir sur un dernier couplet relâché. Tout l'art de figer le moment et de retranscrire l'ambiance.
Nous sommes déjà au deuxième rappel, il va bien falloir le laisser partir (27 titres joués ce soir). Le Convoi scelle en beauté ce premier chapitre. La suite en fin d'année pour la tournée solo.
Jérôme
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