50 ans de carrière pour les NITS ! L'évènement justifiait amplement le déplacement à Paris pour revoir Henk, Robert Jan et Rob se produire dans l'écrin du Trianon. Au fil des décennies, ils sont restés d'une élégance folle, de leurs compos jusque dans le graphisme de leurs œuvres, en passant par la syntaxe des chansons ou des titres d'albums. Jamais vraiment dans l'air du temp, le groupe néerlandais n'a pas eu le succès commercial qu'il mérite, pourtant les puristes s'accordent à dire que les NITS sont surement les plus légitimes héritiers des Beatles tant leur compositions sont créatives, éclatantes et toujours finement travaillées. Artistes complets et intelligents, les Nits sont bel et bien l'un des trésors les mieux gardés de la pop, pour reprendre une formule qui leur sied parfaitement.
Le concert a débuté avec une longue standing ovation dès l'instant où nos 3 compères sont arrivés sur scène. Je ne crois pas me rappeler avoir vu cela avant et ça en dit long sur l'émotion et la reconnaissance du public envers le groupe. La déco, sobre représente un arbre, une maison et le feu. Celui qui a ravagé le home studio du groupe il y a deux ans, réduisant à néant toutes les archives, instruments et souvenirs que les Nits y abritaient depuis 40 ans. Leur dernier Ep est né de ce tragique évènement, les Nits sont toujours là mais la plaie est vive et le chagrin se ressent dans chacune des 6 chansons qui le composent. The fire had no heart, the fire had no mercy...chante Henk sur The Attic que n'aurait pas renié Leonard Cohen.
Ce premier set du concert est principalement consacré à ce dernier album, le 25ème de la carrière du groupe. L'émotion est palpable sur The Bird et sur The Tree, qui entre directement dans mon top 5 des chansons du groupe tant cette ballade est sublime. La voix de Henk Hofstede est impeccable, sa chemise longue, sa veste verte et son regard profond et bienveillant le font ressembler à un vieux maitre des beaux arts en pleine démonstration. Autour de lui, deux compagnons de longue date tout aussi doués : Rob Kloet à la batterie, dont les baguettes semblent glisser d'un fût à l'autre, capable d'une métrotomie d'orfèvre et d'improvisations jazz bluffantes et Robert Jan Stips aux claviers, impressionnant de maitrise derrière son air triste lorsqu'il joue. Un véritable Droopy virtuose ! C'est lui qui prend le relais au chant sur The House, premier "ancien titre" de cette première partie. Après le délicieux A Touch Of Henry Moore qui nous replonge dans les années new wave du groupe et l'inclassable The Infinite Shoeblack, digne de Prokofiev, les Nits terminent ce premier set avec Nescio, autre titre emblématique et salué longuement par le public.
Après 20 minutes de pause, le concert reprend sur les notes entrainantes de dA dA dA, titre très McCartnéen, malgré la voix de Henk qui penche plus Lennon. Le clin d'œil aux Beatles ne s'arrête pas là car lorsque une fois de plus le public ovationne le groupe, Henk s'exclame : "Paris et les Nits sont des mots qui vont très bien ensemble ! Et nous nous sommes les marchands de pommes de terre !" Les chansons s'enchainent, passant en revue une discographie raffinée et brillante. Des chansons graves comme Lits-Jumeaux, qui évoque le destin parallèle d'un enfant juif et d'un jeune soldat SS, d'autres plus légères comme J.O.S. Days qui raconte les états d'âmes d'un jeune footballeur maladroit. La nostalgie n'est jamais loin avec les Nits, en introduction de Yellow Socks & Angst, Henk se rappelle et nous raconte son enfance (en français). Sa grand-mère qui tricotait tout le temps pendant que ses oncles jouaient aux cartes et que la télévision diffusait Johnny Hallyday. Idem pour les superbes The Bauhaus Chair et Beromünster, où il s'imagine voir ses parents danser à travers un poste de radio situé dans leur chambre. Le set s'achève avec Cars & Cars, où encore une fois Robert Jan est incroyable, ouvrant le morceau sur des notes douces, allant crescendo pour finir dans un tourbillon qui fait se lever le Trianon comme un seul homme.
Le rappel est magistral avec tout d'abord The Eiffel Tower, deuxième titre de leur très bel album Les Nuits joué ce soir, puis In The Dutch Mountains, surement la chanson la plus connue du groupe. Quel bonheur, quel plaisir ! Henk, Rob et Robert Jan sont tout sourire, se marre comme des gosses et le public en redemande forcément. On ne va pas se quitter comme ça ! Pas avant une dernière ode à Paris, une évidence : la gare du Nord, le centre Pompidou, l'hôtel d'Angleterre...tout ces lieux qui valsent dans l'ultime chanson du concert Adieu Sweet Banhof que le public reprend en cœur avec le groupe. Les Nits saluent avec un bonheur visible un public qui n'en finit pas de les applaudir et de les remercier. C'est beau tout simplement, c'est 50 ans d'amour !
Jérôme
Merci pour vos mots ! Jy étais et c'était sublime, d'une classe foĺle ,d'une humanité. De l'émotion pure !
RépondreSupprimerCe fut extraordinaire d'émotion. Les Nits sont peut-être le dernier joyau vivant de la pop.
RépondreSupprimerC est si vrai ! Quel bonheur
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