mercredi 27 novembre 2019

Festival Invisible #14 @ La Carène, 23 novembre 2019 - Brest

Après le Bivouac de la veille où se produisait notamment Young Gods, place au Hamac pour cette seconde soirée de Festival Invisible à La Carène. L'intitulé de la soirée était trompeur, et ceux qui s'attendaient à du farniente, à l'ombre d'une enceinte réglée sur volume 2, ont vite vissé leurs bouchons d'oreilles. Les groupes au programme : Charnel Ground (USA), Motorama (RUS), It It Anita (BEL) et Rats On Rafts (HOL). Quatre styles, quatre énergies, quatre beaux spécimens réunis dans une même jungle, avec la même envie féroce de nous bouffer tout cru. 

Pour l'occasion, La Carène est configurée en mode festival. Les groupes se produisent à tour de rôle sur une scène installée dans le Hall près du bar et sur la scène du Club. Les changements de plateaux sont rapides et placés sous la maîtrise d'un Didier Set, du disquaire brestois Bad Seeds, capable de passer au cours de la même soirée, Ascension Day de Talk Talk et Histoire Merveilleuse des Charlots. Respect !

C'est Charnel Ground qui lance les hostilités. Power Trio constitué de véritables pointures du genre. Le set est exclusivement instrumental et oscille entre performance Psyché et gros son. Chris Brokaw (Come, Codéine, Dirtmusic, Pullman) à la guitare, alterne entre notes cristallines et riffs noisy. Doug McCombs (Tortoise), à la basse, dégaine un son lourd et millimétré, quant à Kid Millions (Oneida) à la batterie, il régale avec son style jazzy et sa justesse d'exécution. Le groupe est précis, semble parfois basculer vers l'impro tout en étant d'une impressionnante maîtrise. Derrière une allure faussement ordinaire, Charnel Ground nous offre une entrée en matière remarquable.

 

Motorama prend le relais au Club. Eux aussi sont en mode trio, pour cette nouvelle tournée européenne dont c'est la première date ce soir. Vlad Parshin, Maksim Polivanov et Mikhail Nikulin sont toujours aussi taiseux. Cette austérité qui caractérise le groupe russe sur scène est un vrai cliché à lui tout seul. Mais comme pour un défilé de mode, si le mannequin fait la gueule, c'est pour mieux se concentrer sur le travail de l'artiste. Musicalement c'est nickel. Motorama, que l'on comparait à ses débuts à Joy Division ou encore aux Smiths, fait désormais du Motorama. Une Cold Wave, qui de part sa clarté, met en valeur un vrai sens de la mélodie. Mention spéciale à Tell me, Heavy wave, Wind In Her Hair, Alps et Second Part. Au cours du set, Vladislav Parshin alterne les instruments (guitare, basse, synthé) et malmène les cymbales à coup de câble électrique, de baguette ou au poing. Maksim Polivanov lui, est imperturbable et s'applique sur chaque note solo. Son jeu est devenu une véritable signature musicale. Devant le public totalement conquis, Vlad peut enfin esquisser un sourire avant de quitter la scène.

 

 

A voir les musiciens de It It Anita, complètement au taquet et ruisselants de sueurs à la fin de Tanker 2, Pt.1, ceux qui débarquaient à ce moment là auraient pu croire à la fin du concert. Non, c'était le premier morceau ! Totalement déchaînés, les zicos de It It Anita ont retourné La Carène en trente secondes. Leur musique est speed, hyper puissante et chaque riff de guitare envoyé par Damien Aresta est une vraie morsure de Pitbull. En face de lui, Michael Goffard semble faire du rodéo avec sa gratte, qu'il envoie aux quatre coins de la scène. En arrière plan, Elliot Stassen (basse) et Bryan Hayart (batterie) assurent une rythmique façon semi-remorque. Bref, je transpire rien que d'y repenser. It It Anita a beaucoup tourné avec Lysistrata cette année et partage, avec le jeune groupe français, ce côté destroy et sans concession. Le public est chauffé à blanc et pogotte autour de Damien descendu dans la foule sur Another Cancelled Mission. Il est rejoint par le reste du groupe pour un final dantesque dont on ressort complètement sonné.

 

 

J'imaginais les Hollandais de Rats On Rafts un peu fébriles à l'idée de passer après la furie belge, il n'en fut rien. David Fagan (guitare et chant) et sa bande en ont vu d'autre et ne se laissent pas démonter. Moins sages qu'ils en ont l'air, le style musical de Rats On Rafts est plutôt Post-Punk mais pas que. Sur le morceau d'ouverture, l'accélération progressive provoquée par Arnoud Verheul (guitare) est irrésistible. Là encore, on est rapidement attrapé et on n'est plus lâché. Il faudra un rapide coup d’œil à l'horaire pour nous extirper de notre Hamac dans lequel nous serions bien restés lovés, malgré les secousses.

 

Après 5 heures de musique, nous quittons La Carène, encore une fois conquis par cet indispensable Festival Invisible qui régale chaque année, de part sa diversité, sa qualité d'organisation et de programmation.

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dimanche 10 novembre 2019

ARCHIVE @ La Carène, 8 novembre 2019 - Brest

La France aime Archive. Le groupe anglais qui fête ses 25 ans cette année le sait bien et sur les 49 dates de cette tournée anniversaire, 18 sont programmées dans l'hexagone !  L'étape brestoise est la troisième de la liste et affiche complet (comme toutes les dates en France) depuis plusieurs jours. Le souvenir du magnifique concert, joué ici même il y a deux ans lors de la tournée The False Fondation, est encore frais et nous avions hâte de retrouver Darius Keeler, Danny Griffiths, Pollard Berrier, Dave Pen et surtout Maria Q, de retour au chant avec le groupe (une première pour nous en 4 concerts de Archive). Toutes ces bonnes vibrations étaient la promesse d'un bon concert, ce fût bien plus que ça ! 


Aucune première partie n'est programmée ce soir. Pendant deux heures et demi, Archive va puiser ses chansons dans ses 12 albums studios et offrir le meilleur et le plus représentatif de leur carrière. C'est Maria Q qui débute au chant avec You Make Me Feel. Avec Pollard Berrier et Dave Pen, ils se partageront le micro et la scène tout au long de la soirée, rappelant que la raison d'être et l'essence d'Archive est avant tout d'être un collectif musical. La première émotion forte arrive sur Pills que la chanteuse interprète à merveille sur un crescendo clavier/guitare/rythmique, véritable signature musicale du groupe. Suit le lancinant Bullets. Darius quitte ses clavier une première fois pour se positionner comme chef d'orchestre au centre de la scène martelant le tempo de ses bras pendant le déluge de guitare qui tombe en fin de morceau. Danny Griffiths, l'autre hémisphère d'Archive est plus statique. Positionnés face à face, chacun à une extrémité de la scène, les deux maîtres à composer du groupe semblent, comme à leur habitude, contrôler tout le concert avec une précision d'horloger. 


Ce soir les titres sont enchaînés sans temps mort et le light show, toujours très efficace, est plus sobre que lors de la précédente tournée. Vocalement c'est aussi très impressionnant ! Wiped Out, Baptism, Finding It So Hard sont magistralement interprétés par dessus un rythme qui s'accélère petit à petit. Du trip/hop vers l'électro/rock progressif, comme très peu savent le faire. Qui fait ça aussi bien d'ailleurs ? C'est l'occasion aussi d'apprécier le son impeccable renvoyé par La Carène de là où nous étions positionnés.
Deux nouveaux morceaux sont joués : Erase et Remains Of Nothing où les trois voix se croisent entre couplets Art rock et Rap (initialement avec le groupe britannique Band Of Skulls sur l'album anniversaire 25).  Là encore, une très grande maîtrise. 


Marie Q revient une dernière fois au chant pour interpréter Collapse/Collide avant de laisser Pollard Berrier enchaîner avec Controlling Crowds, sûrement le titre le plus connu du groupe en France. La puissance des claviers tranche avec les passages a capella du chanteur. L’enchaînement est parfait avec Dangervisit qui commence en doux phrasé répétitif pour finir en transe electro/rock noyée dans une déluge de lasers qui balaie la salle.


Le rappel est splendide : Lights tout d'abord et ses longues minutes hypnotisantes avec là encore un jeu de lumières en accord parfait avec l'ambiance musicale. L'ultime part de ce gâteau d'anniversaire est Again, également joué en version longue, débuté à la guitare sèche et se terminant en une puissante mélodie progressive qui rappelle Shine On You Crazy Diamond des Pink Floyd. Référence à qui Archive peut être comparé légitimement. 
Totalement comblée, La Carène ne se privera pas pour ovationner comme il se doit ce groupe si créatif et talentueux.


                                                                                                                                                    Jérôme
 
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samedi 2 novembre 2019

THE DIVINE COMEDY @ La Carène, 30 octobre 2019 - Brest

Qui veut faire des heures sup' au bureau ce soir ? Environ 1 200 personnes !
Il faut dire que la réunion est animée par Neil Hannon, charismatique leader de The Divine Comedy qui vient présenter son dernier opus (le 12ème!) intitulé Office Politics. Un concept album qui pose un regard amer sur la société du travail et "les joies" de l'open space. Les temps modernes version Neil Hannon, c'était mercredi soir à La Carène.


Le groupe entre en scène après une première partie sympathique Man & The Echo. 
Neil Hannon ose le costume orange sans se ridiculiser pour autant. Il y a des gens comme ça... Entouré de cinq collaborateurs, le Britannique est au centre d'un bureau vintage reconstitué et surplombé par une horloge géante dont les heures vont défiler au rythme du set. Impossible d'échapper à ce terrible cadran, le public est lui aussi à la place de l'employé confronté à ses horaires. Il est 08h00, réveil tonique avec Europop, Infernal Machines et Generation Sex. Malgré quelques mots en français, Neil Hannon préfère converser en anglais entre les morceaux. «Sinon, vous n'allez rien comprendre», explique-t-il tout sourire. L’enchaînement qui suit abrite son lot de petites merveilles, notamment Commuter Love, Norman And Norma, le Beatlesien Absolutely Obsolete et To The Rescue. Il est déjà 14h00


 

Nous sommes pile au milieu du set, c'est l'heure de la publicité promotionnelle. «Vous aimez les synthétiseurs ?» Question anodine que Neil Hannon pose au public qui ne se méfie de rien.  Il se lance alors dans un phrasé rapide et monocorde, noyé dans une marée de notes synthétiques fusant de toute part. The Synthetiseur Service Centre Super Summer Sale. Et lorsque, sur les dernières notes de cet interlude, un spectateur lance un suppliant «Stop it !», cela provoque l'hilarité sur scène comme dans la salle. La suite est bien plus agréable avec I'm a Stranger Here, interprété à la guitare acoustique et accompagné de chœurs façon chorale. Splendide.

Il se passe toujours quelque chose avec The Divine Comedy. Il est 21h00, et après une bonne quinte de toux émanant des musiciens, l'heure est à la détente et à la fête. Office Party ! Chapeaux pointus sur la tête, ballons de baudruche aux quatre coins de la scène, le bureau se transforme en dancefloor avec At The Indie Disco, Becoming More Like Alfie et le génial National Express dont le swing est repris par toute la salle : Ba ba bada ba ba bada...
Le final est plus doux, il est désormais 02h00 du matin : After The Lord Mayor's Show, A Lady Of A Certain Age, le magnifique Absent Friends avant de finir avec When The Working Day Is Done, naturellement.

 

Rappel exigé, le groupe se rassemble au devant de la scène pour un ultime tour de chant : Songs Of Love et Tonight We Fly, merveilleux titre qui résume, à lui seul, le ressenti de la soirée. Après une longue ovation, Neil Hannon, visiblement ravi, quitte le bureau...cravate sur la tête. Nice job !

                                                                                                                                                    Jérôme

mercredi 23 octobre 2019

PIXIES @ Le Liberté, 21 octobre 2019 Rennes

La foule des grands soirs s'est pointée à l'heure au Liberté pour l'un des trois concerts français de la tournée Beneath The Eyrie, le septième album des Pixies. L'ouvrage est une vrai réussite, mêlant les sonorités Surf qui prédominaient sur Bossanova à celles plutôt Folk des albums solo de Franck Black. C'est d'ailleurs sur les notes de Cecilia Ann que le concert débute. Franck Black, Joey Santiago, Paz Lenchantin sont regroupés autour de la batterie de David Lovering avant de se répartir la scène équitablement pour jouer 40 titres non-stop, sans aucun temps morts, enchaînant chaque nouveau morceau sur la dernière note du morceau précédent. Du Pixies tout craché, taiseux mais tellement généreux.


La totalité du dernier album est joué ce soir. Les 12 morceaux de Beneath The Eyrie sont répartis entre ceux des premiers albums du groupe. À l'honneur notamment : Surfer Rosa Doolittle et Bossanova. Les intros sont toujours aussi incroyables. De celles qui vous envoient direct au tapis (St. Nazaire, Isla De Encanta, Rock MusicU-Mass) à celles qui vous mettent les poils (Caribou, Debaser, Ana, Hey, Where Is My Mind).

 

Franck Black est encore plus imposant que dans mes souvenirs, on sent bien que, même si chaque musicien est indispensable au groupe, aucun doute là dessus, le patron c'est lui ! Paz Lenchantin, à la basse et au micro (sur Los Surfers Muertos) est impeccable. Au sein du groupe depuis maintenant 5 ans, elle a su trouver sa place et remplacer dignement Kim Deal, qui avait bien du mal à suivre le rythme en plus de se prendre la tête régulièrement avec le groupe. Joey Santiago est toujours aussi calme et pourtant si tueur, avec ses riffs aigus qui fusent sans prévenir. Sur Vamos, c'est avec la prise Jack de sa guitare qui fait hurler l'ampli avant de frapper les cordes avec sa casquette. Un vrai Peaky Blinders ! David Lovering quant à lui est tout en maîtrise, passant d'un jeu léger à un tempo puissant avec une facilité déconcertante.

 

Le concert file à toute allure, comme prévu. Les anciens morceaux n'ont pas pris une ride et sont toujours aussi canons (Cactus, Nimrod's Son, Wave Of mutilation, Bone Machine) et les nouveaux comme Bird Of Prey, This Is My Fate, Silver Bullet sont franchement à la hauteur. Pixies vieillit bien et après une reprise de Neil young (Winterlong), nous quitte sur Velouria, après deux heures intenses.

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lundi 30 septembre 2019

SAMBA DE LA MUERTE "A Life With Large Opening"

Une fois n'est pas coutume, c'est une chronique d'album que je vous propose en ce début d'automne. Parmi les nombreuses nouveautés musicales de cette rentrée, le nouvel opus de Samba De La Muerte a particulièrement attiré notre attention et notre écoute. C'est le deuxième album du groupe caennais porté par Adrien Leprêtre, généreux musicien que nous avions suivi à la sortie de Colors, son premier album mais également au sein de Concrete Knives, dont la belle aventure s'est achevée en début d'année (chronique du dernier concert caennais de CCKS ici). Nous retrouvons d'ailleurs deux autres membres de CCKS, Corentin Olivier et Martin Bonnet, parmi les musiciens collaborant à ce nouvel album, entièrement réalisé en Home Studio.

A Life With Large Opening : titre qui symbolise à merveille la musique de Samba De La Muerte résolument tournée vers l'ouverture et la créativité. Si Colors, véritable ode aux grands espaces, nous transportait de Tanger aux côtes bretonnes, A Life With Large Opening, sans jamais occulter cette philosophie d'exploration et d'éveil permanent, se veut plus proche et plus urbain. Land, qui ouvre l'album, est une invitation à plonger dans ce nouvel ouvrage. Tout en contraste, ce morceau commence sur un rythme lent, un chant doux et rassurant, avant d'accélérer puis s'assombrir dans un tempo hypnotisant pour enchaîner avec Fast, surprenant titre post punk tenu par un somptueux riff de basse. 


Avec Park, puissante complainte trip-hop, Adrien pose des balises sur des territoires musicaux qui s'ouvrent naturellement à lui. Comme une évidence. Loin, débute par un chant a cappella avant que des sonorités tribales viennent conforter l'aspect transcendantal de la composition. Quant à Side By Side qui clôture la face A de la galette, il est un bel ambassadeur du style Samba De la Muerte. Aérien, dansant et dénué de tout excès superflu. Une fluidité révélatrice d'une belle maîtrise. 


Dansant toujours, Even If nous bascule du côté de la transe. Intensité et puissance s'élevant au fur et à mesure jusqu'à exploser dans un déluge de sonorités électro que l'on aurait bien prolongé au delà des 4 minutes 27 secondes qui composent le morceau. Nul doute que ce titre là prendra encore plus d'ampleur sur scène. 
Le cœur de l'album est ici : Motech est un bijou de ballade electro, rythmée, là encore, par une ligne de basse impeccable et une batterie comme parfait métronome. Le chant est doucement submergé de vagues électroniques et de notes synthétiques rappelant le chant des baleines. Ou quand Moby Dick rencontre le 3ème Type. 
La fin de l'album est un doux atterrissage. Avec tout d'abord Home, où Adrien, à la manière de Bon Iver, pose sa voix sur une rythmique calée comme un cœur qui bât, ajoutant ainsi une émotion palpable à cette magnifique chanson. Puis Marguerite, ballade, qui débute à la guitare acoustique et se mue en hymne et qui clos l'album de la plus belle des manières.

Samba De La Muerte invite une nouvelle fois au voyage, à l'urbex, à l'évasion. Telle une bande originale parfaite, A Life With Large Opening reste terriblement cohérent tout en se nourrissant d'influences multiples. Une vraie réussite.

Pour écouter l'album : 👉 A Life With Large Opening

dimanche 15 septembre 2019

Namdose + Equipe De Foot + Monolithe Noir @ Le Novomax, Quimper 13 septembre 2019

Une rentrée comme je les aime avec, dans mon nouvel emploi du temps, une matière mêlant sport, musique et technologie...Ça existe ça ? Carrément ! Et ça se passe au Novomax, une de mes salles de cours favorites. Les intervenants, Monolithe Noir, Equipe De Foot et Namdose, sont très appréciés des élèves et l'ambiance promet d'être excellente. J'ouvre mon cartable et vérifie une dernière fois mes affaires : tout y est. Saison 2019/2020 c'est parti !

Monolithe Noir ouvre la soirée et la saison du Novomax. Derrière le mystérieux bloc de pierres se cache Antoine Pasqualini, véritable orfèvre du son modulaire qui, derrière un synthétiseur d'où débordent des câbles électriques, s'emploie à actionner potards et boutons faisant osciller signaux et fréquences audio. A ses côté Tim Philippe (batteur/chanteur de BRNS qui officie avec Namdose également) apporte une rythmique acoustique qui fonctionne parfaitement avec la machine électronique. La batterie intensifie les montées en puissance et les changements de rythme du Monolithe comme de véritables battements de cœur. Juste derrière les deux musiciens, se trouve un écran sur lequel sont figées des séquences apocalyptiques d'éruptions volcaniques et de brasiers inarrêtables. Le tout en couleurs saturées et images à demi cassées. Le rendu est plutôt angoissant, comme une parfaite B.O. de film catégorie SF ou Anticipation. Devant le public, un peu interloqué mais néanmoins captivé, Antoine balance en toute simplicité : « Il est peut être un peu tôt pour ce genre de musique. Non ? ».



Equipe De Foot prend le relais et la soirée prend d'un coup une autre tournure. Maillot floqué, short/chaussettes, le tenue est de circonstance. Musicalement ça va vite et ça fait du bruit. Le Rock/Grunge de ces deux là peut rappeler parfois Les Pixies voire Nirvana. La voix fine d'Alex apporte une touche glam et le son heavy de sa guitare associés au jeu puissant de Mike, qui malmène sa batterie, donnent un rendu assez inédit qui fait mouche. On est clairement plus "frappe de Pavard" que "tête de Giroud". Si le set comporte quelques douceurs comme le très beau titre Marilou, c'est pour mieux nous contrer avec des morceaux redoutables tels que The Dictionary Guys, A Plastic Bag Or The Oven ou encore Fireworks. Et quand Mike nous propose de nous jouer de la flûte, il l'utilise d'abord pour taper sur ses fûts. "Brutal, mais pas trop quand même", voilà qui caractérise plutôt bien ce groupe. Auteurs d'un excellent concert, Alex et Mike quittent la scène trempés de sueurs et lâchant gentillement « Merci, c'était très chou !».

 
 

Namdose avait largement contribué à faire de mon jeudi aux Vieilles Charrues une excellente journée. Il me tardait de retrouver ce groupe, né de la collaboration entre Ropoporose et BRNS, et de confirmer ce bon feeling de juillet. La configuration scénique est toujours aussi originale puisque les deux batteurs Romain et Tim se font face au premier plan de la scène. Derrière, nous retrouvons Pauline Diégo et Antoine aux guitares, basse et claviers. Le groupe débute avec All That You Have, Wake Up et l'entêtant I Know.


Un nouveau morceau, Shelter est joué avant un somptueux You Can Dance que Pauline chante sur une rythmique Trip hop et des claviers planant. J'ignore le titre de la chanson quasi instrumentale qui a suivi, mais ça m'a rappelé un peu My Bloody Valentine : j'ai adoré ce morceau. La deuxième partie de set est impeccable : Woe dans le pur style Arcade Fire, Fast (drôle de titre pour une chanson plutôt douce), Hands Free (cover de The Chap), pour terminer dans un déluge de batteries sur Off The Hook. Mission accomplie pour Namdose qui mérite plus que jamais la très bonne réputation forgée au fil des concerts.
Ce groupe restera l'une de mes découvertes les plus intéressantes cette année.

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jeudi 8 août 2019

Bout Du Monde 2019

Ça faisait bien longtemps que nous n'étions pas allés au festival du Bout Du Monde à Crozon. Suffisamment longtemps pour ne plus vraiment avoir de repères une fois arrivés sur le site, c'est dire ! Il suffira d'un tour d'observation pour situer l'ensemble des stands et les trois scènes où se produisent les artistes de cette édition anniversaire. Le festival n'a jamais augmenté la jauge (20 000/jour) depuis les premières éditions, souhaitant rester à taille humaine et garder un esprit convivial et familial. La déco est sommaire, l'aspect esthétique du festival étant principalement assuré par les festivaliers eux-même magnifiquement costumés pour certains. Adultes, enfants, grands-parents, tous parés à fêter comme il se doit cette 20ème édition.
Nous étions présents samedi et dimanche, alors retour sur ces deux jours au Boudu.


Nous arrivons au milieu du set de Jenny & The Mexicats sur la scène Kermarrec (la plus petite des trois scènes) et franchement nous n'avons pas été très convaincus par la prestation du groupe que j'imaginais un peu plus énergique.


La belle Mayra Andrade prend place sur la scène Landaoudec, face au soleil et au public qui envahit peu à peu le site. Native du Cap-Vert, Mayra Andrade est une véritable globe-trotteuse et sa musique en est le reflet parfait. Bossa, Reggae, Folk chaloupé sur des textes en Portugais, Créole ou Espagnol : c'est la musique idéale pour un voyage vers les tropiques. Accord parfait avec le moment et le thème du festival.

 

Robin Foster joue à domicile puisque le musicien anglais est, depuis de nombreuses années maintenant, installé à Camaret. Ses albums sont autant de références et d'hommages à la presqu'île de Crozon et c'est en toute logique que les organisateurs lui ont donné carte blanche pour son passage sur la scène du Cabaret de Seb. Il en fera bon usage puisque le guitariste s'entoure pour l'occasion de musiciens, chanteur et chanteuse de talent : Steven Prigent (SPS Project) au piano, Gaëtan Fagot en seconde guitare, Hibu Corbel et Fred Lucas à la batterie et à la basse (Red Cardell) et enfin la chanteuse bretonne Madelyn Ann et le chanteur anglais Dave Pen (Archive). Rien que ça ! Le résultat est splendide, une vrai bande son planante et captivante avec pour toile de fond les plus belles images aériennes du littoral et de la presqu'île projetées sur écran.


 

Retour sur la grande scène pour Feu! Chatterton. Embarquement immédiat pour Boeing et Côte Concorde sans attendre. Arthur Teboul n'est pas avare de propositions indécentes et nous incite à L'ivresse et à l'amour physique : La Mort Dans La Pinède. Clément Doumic et Sébastien Wolf, aux guitares et claviers, sont parfaits autour du dandy parisien. Saluons le choix du groupe d’interpréter en festival des chansons aussi intimistes que Souvenir, La Fenêtre ou le magnifique Sari D'Orcino joué en rappel. Alors que le concert se termine sur La Malinche, Arthur se permet de modifier le dernier couplet et propose au public totalement acquis à sa cause : "Et je reste à Crozon..." La foule lui répondra évidement "Oh oui !".

 

Le Traktorkestar arrive sur scène en traversant la foule ! Les 12 musiciens suisses chauffent le public cinq minutes avant d'être rejoints par Stephan Eicher dans un déluge de bulles de savon projetées depuis la scène. Très élégant, Stephan Eicher commence par s'excuser de n'avoir pu honorer sa programmation en 2018. "J'ai un an de retard, pardonnez-moi". Il enchaîne avec Déjeuner En Paix, revisité comme il se doit par la fanfare bernoise. Au milieu de tous ces jeunes musiciens dissipés, Stephan Eicher joue le père amusé. "Lorsque j'ai écrit cette chanson, aucun d'entre eux n'était né !", déplore-t-il en introduction de Les Filles Du Limmatquai. Entre ces explosions de cuivres, il offre deux moments magnifiques : Étrange et Prisonnière, joués seul au piano. La fête reprend de plus belle avec Pas D'ami (Comme Toi) et la chanson traditionnelle Guggisberglied pour se finir en joyeuse pagaille avec Combien De Temps. Excellent !


 

The Kooks entre sur la bande son de Rock The Casbah des Clash et ce sera l'instant le plus Rock du set. Malgré la bonne volonté de Luke Pritchard, nous nous sommes rapidement lassés de leur Brit Pop sucrée malgré quelques bons titres : Always Where I Need To Be, Sweet Emotion ou Bad Habit Comme l'impression que les Kooks jouent la même chose depuis 15 ans sans vraiment surprendre ou évoluer un tant soit peu. Bof, bof.

 

Dimanche commence très bien. C'est en allant vers la scène Kermarrec que nous tombons nez à nez avec Joey Burns de Calexico qui s'imprègne tranquillement de l'ambiance. Ce dernier nous confie être heureux d'être ici et très impatient de monter sur scène. Rien d'extraordinaire certes, mais nous étions ravis de le croiser et un peu intimidés quand même. Il a été adorable.
C'est donc La fanfare brésilienne de TechnoBrass qui ouvre cette dernière journée de festival. Tout est dit dans le nom du groupe. Les sept musiciens jouant cuivres et percussions, rappellent les allemands de Meute dans leur style hypnotisant et dansant. La connexion avec le public est immédiate et la fosse Kermarrec prend des airs de carnaval de Rio. Entre deux morceaux fiévreux, le groupe tiendra à rendre hommage à Marielle Franco, militante socialiste, fortement engagée contre le pouvoir conservateur en place, assassinée en mars dernier.

 

En Bretagne, Soldat Louis fait partie des meubles et tout le monde connaît ses chansons. Rapidement le public s’époumone sur Encore Un Rhum, Bobby Sand, Tirer Des Caisses, C'est Un Pays et bien sûr Du Rhum, Des Femmes. Pour l'occasion et pour fêter les 30 ans du groupe, celui-ci est rejoint sur scène par le Bagad de Plomodiern. Un accompagnement qui lui sied à merveille et qui étoffe parfaitement  les standards du groupe lorientais.

 

Nous partons ensuite vers le Cabaret de Seb où s'installe Nans Vincent, un des artistes invités dans le cadre de la carte blanche donnée à La Rue Kétanou ce dimanche. Le jeune chanteur, accompagné sur scène par le guitariste Youenn PadChoeur, mêle habilement chanson à texte et tempo speed. Résultat, ces deux là font beaucoup de bruit sans pour autant perdre la poésie en route. Intéressante découverte !

 

Dionysos est de retour ! Le groupe joue sa dernière date à Crozon pour cette tournée qui précède la sortie d'un nouvel album prévu pour l'automne. Le groupe se présente au complet, Mathias Malzieu porte un costume trois pièces, nœud papillon et arbore un belle casquette verte. Stéphane Bertholio lance les festivités à coup de perceuse sur sa guitare : ça commence fort avec Wet, sur laquelle Mathias se jette une première fois dans la foule. Le set est pêchu et le groupe est déchaîné. Coccinelle, Giant Jack, il faudra le son du ukulélé du tendre Miss Acacia pour temporiser un peu. Répit de courte durée puisque la tornade Dionysos souffle de plus belle avec entre autres McEnroe's Poetry, Tais-Toi Mon Cœur et Song For A Jedi. Mention spéciale à Neige que Mathias termine a cappella dans la foule, encore une fois. Le final sur la reprise de David Bowie, Heroes sera complètement dingue, entre le slam de l'intenable Mathias jusqu'à la régie située à plus de 50 mètres de la scène (aller-retour), sans oublier cette demande en mariage en live d'un spectateur à qui le groupe tendait le micro pour chanter le refrain. Quelle énergie !

 

Nous retrouvons Joey Burns sur scène cette fois (véritable sosie de Paddy McAloon). Calexico s'offre une tournée avec Samuel Beam alias Iron & Wine qui fait suite à leur très bel album Years To Burn tout juste arrivé dans les bacs. Musicalement, c'est superbe, le doux folk de Samuel Beam se mariant parfaitement avec le style Americana/Mariachis de Calexico. Le public n'est pas aussi nombreux que pour Dionysos mais ceux qui sont là écoutent religieusement cette ode aux grands espaces et à l'Ouest américain. Father Mountain, Follow The Water, Prison On Route 41, qui a des airs de Sur La Route De Memphis, Red Dust ou encore Sunken Waltz tiré du répertoire de Calexico. Nous aurons également le droit à une belle reprise de Echo & The Bunnymen : Bring On The Dancing Horses.  La qualité des musiciens qui accompagnent le groupe à l'accordéon, à la contre-basse et à la trompette est aussi à relever. Rien à jeter dans cette magnifique prestation. Le groupe reviendra même jouer Dead Man's Will en rappel réclamé par le public. Splendide.


Après un arrêt délicieux au stand de restauration Malgache, nous revenons nous poster devant la scène Landaoudec pour Yuri Buenaventura. Nous suivrons le concert du colombien d'un peu loin mais suffisamment près pour faire quelques pas de salsa sur Je Me Suis Fait Tout Petit ou encore Besame Mucho.

 

Nous terminons notre BouDu 2019 avec Antibalas. Afrobeat, funk, le collectif new-yorkais peut rappeler Budos Band, Manu Dibango mais surtout Fela Kuti. Seul bémol : le peu de monde devant la scène alors que le cabaret de Seb était complètement saturé pour le concert de La Rue Kétanou quelques instants plus tôt. Une inversion de scènes aurait sûrement été profitable à tous.

 

Le Bout Du Monde a 20 ans, l'anniversaire s'est très bien déroulé. On soulignera particulièrement cette ambiance excellente et cet état d'esprit allié à une programmation de qualité qui font mouche chaque année. On comprend bien pourquoi !

Notre top :
Calexico & Iron And Wine
Stephan Eicher & Traktorkestar
Feu! Chatterton
Dionysos
Robin Foster

Coup de cœur : TechnoBrass

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jeudi 25 juillet 2019

Vieilles Charrues 2019

C'est carnaval ! Les organisateurs du festival breton ont eu du flair en choisissant ce thème pour la 28ème édition des Vieilles Charrues. Parce que la déco forcément festive et colorée, parce que les festivaliers déguisés en arlequin, licorne, tigrou, majorette, marquise, cônes de signalisation, Casa Del Papel, et tant d'autres. Enfin, parce que la programmation cette année fût plus que jamais variée voire déstabilisante : de Bror Gunnar Jansson à Booba, de Jane Birkin à Aya Nakamura, de Columbine à Iggy Pop, de Vald à Etienne De Crecy. De quoi rajeunir brutalement la moyenne d'âge des spectateurs tout en essayant de garder les fidèles des premières années.

Notre sélection de concerts sur ces 4 jours de Vieilles Charrues.
Camélia Jordana, Hubert Lenoir, Balthazar, Bror Gunnar Jansson, Namdose, Flavien Berger, Nile Rodgers  Chic, Clara Luciani, Gainsbourg Symphonique avec Jane Birkin, Soadaj', Razorlight, Tears For Fears, Iggy Pop, Alice Merton, Lalala Napoli, Vendredi Sur Mer, Georgio, Mnnqns, Black Eyed Peas, BCUC, Hubert Félix Thiéfaine, Tamino, Nakhane, Parcels.


JEUDI : Gwernig a la tête qui tourne

Camelia Jordana ouvre cette édition 2019 devant un public encore un peu timide. Elle étrenne par la même occasion la nouvelle scène Kerouac, plus grande, plus haute et avec avancée. La chanteuse présente son nouvel album Lost, un bel ouvrage de world musique mêlant textes arabes, français et anglais. J'ai bien aimé Gangster, le poignant Inch Allah et Dhaouw. Ça commence en douceur mais ça commence plutôt bien.


Je pars sur Grall pour le concert de Hubert Lenoir. Look androgyne, voix féminine, bondissant aux quatre coins de la scène (et même au dessus), le Québécois a assuré un show plein d’énergie entouré de ses six musicien·ne·s. Tantôt langoureux (Recommencer) ou punchy (Fille De Personne, Sucre Et Sel), Hubert Lenoir m'a rappelé un peu Jad Wio et sa fleur de métal. Rien que pour ça, merci !

 

Les nombreux adolescents amassés contre les barrières du premier rang pendant Balthazar sont là pour Columbine qui passera dans deux heures. Ils auront au moins eu le plaisir de découvrir les Belges, encore une fois impeccables (Balthazar vu à Beauregard il y a deux semaines). Il est bien difficile de trouver des défauts à ce groupe si talentueux.

 

Je file ensuite sur Gwernig pour Bror Gunnar Jansson que je souhaitais revoir dans des conditions plus intime que lors du festival normand. Vœu exaucé puisque les organisateurs des Charrues ont eu la bonne idée de proposer aujourd'hui une scène Rock 360° sous le chapiteau. La scène est à 30 cm du sol, on ne peut pas faire plus en terme de proximité. Une configuration idéale pour apprécier pleinement le Blues du Suédois. Le public est ravi et l'ambiance est excellente. Des conditions live que les groupes semblent beaucoup aimer également.

 


Idem pour Namdose, groupe né de la fusion entre Ropoporose et BRNS. Les deux batteurs, Tim et Romain se font face, Pauline, Diego et Antoine sont aux guitares et clavier. Leur Rock indé est très rapide, rythmé par une guitare jouée sur les graves sur certains morceaux. Le rendu est obsédant et met rapidement le feu au public qui les entoure. On verra même une tentative de slam d'un spectateur optimiste et désinhibé sur Fast (tentative bien foirée, mais bon, en partant du sol c'est pas facile non plus !). Superbe concert.


 

Je retourne sur Grall pour Flavien Berger que je ne rate pas cette fois. Je me laisse tranquillement embarqué par sa pop/synthé planante. En plus, le visuel de la scène est sympa, l'artiste étant entouré de colonnes en mouvement recouvertes d'un drap, comme cerné par des robots fantômes. Le public accroche bien, Flavien Berger s'en étonne presque : "Vous avez tenu jusque là, c'est incroyable, on va pouvoir envoyer le son alors !". Il enchaîne avec La Fête Noire que n'aurait pas renié le regretté Alan Vega. Très bon set.

 

Je termine cette première journée de Charrues avec Nile Rodgers & Chic sur Kerouac. Quelques titres du groupe pour débuter puis des reprises de toutes les collaborations du guitariste : Diana Ross (I'm Coming Out, Upside Down), Madonna (Material Girl, Like A Virgin), David Bowie (Modern Love, Let's Dance) Sheila (Spacer), Daft Punk (Get Lucky) pour finir avec Le Freak et Good Times. Un passage en revue qui souligne bien toute l'influence de Nile Rodgers sur la musique Soul, Pop, Funk et Disco depuis 40 ans. La prairie de Kerampuilh s'est transformée en boite de nuit géante pour un moment dansant très fédérateur.

 

VENDREDI : Gainsbourg pleure sur les Charrues


Le temps se couvre et la pluie est annoncée. Clara Luciani ouvre la journée sur Kerouac, "Il n'y a que les Bretons pour mettre une telle ambiance à l'heure du thé !" s'exclame-t-elle. Je me demande bien où elle a vu du thé, vu qu'ici c'est la bière de 8h du mat' à 8h du mat' ! Son set ne me touche toujours pas, je file voir Atoem en show case au stand Label Charrues/Bretagne au Cœur. Leur musique  intrigante s'apparente à du synthé modulaire. Ils sont, avec le rappeur quimpérois Di#se, les gagnants du Label Charrues 2019.


La pluie tombe sur Kerampuilh, les tonnelles protègent l'orchestre symphonique qui accompagne Jane Birkin. Pendant 1h15, nous voilà bercés par toutes ces mélodies que nous connaissons par cœur, interprétées par la plus légitime des chanteuses de Gainsbourg et merveilleusement orchestrées par Nobuyuki Nakajima : Requiem Pour Un Con, La Chanson De Prévert, Pull Marine, La Gadoue (de circonstance), L'anamour, pour finir en beauté avec La Javanaise. Une belle averse de poésie.

 
Peu avant 18h, je m'offre une bière locale et un burger étoilé préparé au jardin des chefs, c'était délicieux et cela m'a permis d'assister au rush impressionnant de plusieurs centaines d'ado arrivant du camping et s'entassant aux fouilles avant de sprinter pour se placer au concert de Aya Nakamura. Santé et puis bonne chance surtout...
Je vais sans hésitation sur Gwernig pour le concert de Saodaj' qui fût un très bon moment. Le groupe venu de La Réunion est un beau métissage des cultures où se mélangent chants polyphoniques percussions traditionnelles et nombreux instruments atypiques. Une belle découverte.

 

Le Rock arrive enfin à 20h avec Razorlight sur la scène Grall. Johnny Borrel à la guitare et au chant est en pleine forme et la mayonnaise prend aussitôt. Alternant titres Pop comme In The Morning avec morceau Rock "à la Led Zep" comme In The City, Razorlight  nous offre une prestation très honnête et sans chichi. Ça fait du bien par où ça passe.

 

Deux semaines après leur passage à Beauregard, j'assiste à mon deuxième concert de Tears For Fears. Le set étant rallongé de 20 minutes, les Charrues auront le droit à 4 titres supplémentaires dont Advice For The Young At Heart, Woman In Chains, Suffer The Children et Badman's Song que j'ai beaucoup aimé. Très bonne prestation de Tears For Fears encore une fois et mention spéciale à Roland Orzabal pour sa reprise de Creep de Radiohead et pour toute la sympathie qu'il dégage sur scène.

 

C'est la 4ème fois qu' Iggy Pop vient aux Vieilles Charrues. Les aboiements qui retentissent depuis la scène Glenmor ne laissent planer aucun doute sur l'entrée en scène de l'iguane. I Wanna Be Your Dog, Gimme Danger, The Passenger, Lust For Life, Skull Ring, ça démarre très très fort. Iggy Pop est intenable, squattant l'avancée, torse nu sous la pluie...à 72 ans ! Quelle ambiance et quelle énergie ! La réalisation caméra que les écrans renvoient est vraiment top et dynamise encore plus le set. Toujours proche de son public, Iggy descend dans le crash barrière pendant un Search And Destroy mémorable avant de chanter The Jean Genie de Bowie. Il est vraiment incroyable, il n'y a que lui pour pouvoir porter un blouson mi-cuir mi-panthère et garder une telle allure. LE concert du weekend !

 

 

SAMEDI : Georgio vs Black Eyed Peas

J'assiste à la conférence de presse de Georgio. Détendu et souriant, le jeune rappeur y raconte avec franchise  comment les voyages, son entourage et la psychanalyse l'ont aidés à sortir de la dépression. Il explique son processus de création et son désir de rester libre artistiquement. Côté album, le rendez-vous est donné aux fans en 2020 pour un nouvel opus (17 à 18 chansons dans les tuyaux, pas forcément toutes exploitables aujourd'hui).

 

Je me place ensuite devant Alice Merton sur Kerouac. Je reste de marbre devant sa pop variétoche et je fuis au bout de 4 chansons (quand même).

 

Je me réfugie sur Gwernig devant Lalala Napoli où je passe un excellent moment. La musique est traditionnelle et chaleureuse. Nous ne sommes malheureusement que quelques dizaines à profiter de cette Italie aux reflets tziganes qui méritait plus de monde. Mais ce n'est pas grave. Dansons !

 

Je ne sais pas si j'ai bien fait mais j'ai choisi ensuite Vendredi Sur Mer qui jouait en même temps que Muthoni Drummer Queen. Le groupe porté par la jeune Charline Mignot n'est pas dénué de charme. Deux danseurs contemporains complètent l'ambiance nacrée du concert. Côté textes, on plonge dans le carnet intime d'une jeune femme aux pensées érotiques et ambiguës. Un côté Sphynx de La Femme et Maman A Tort de Mylène Farmer. Je me suis laissé embarquer sans rechigner.

 

J'ai ensuite partagé mon temps entre Georgio et Mnnqns. La chaude ambiance promise par le jeune rappeur parisien s'est transformée en véritable chaudron. Une prestation vraiment appréciée par un grand public de fans et une véritable osmose qui se terminera au milieu de la foule pour un final explosif.
Mnnqns a le difficile rôle de remplacer au pied levé Fontaines D.C. et endosse le costume de seul groupe de Rock du jour ! Il en faut plus pour déstabiliser les Rouennais auteurs d'un très bon set.

 


 

Retour sur Glenmor pour la tête d'affiche du jour : The Black Eyed Peas. Ça faisait longtemps que les organisateurs voulaient les programmer, ça arrive enfin mais le groupe de Los Angeles s'est séparé de sa star chanteuse Fergie qui reste très emblématique. Devant la scène, c'est la foule des grands événements à Carhaix, le set débute après 15 minutes de retard, un quart d'heure animé par un DJ chauffeur de public. Le groupe arrive finalement sur scène sur Let's Get It Started. Vêtus de tenues fluorescentes et gesticulants dans tous les sens sur une musique en grande partie enregistrée, j'ai l'impression de voir les 2 Be 3 version américaine. Ce n'est pas l'arrivée sur scène de Jessica Reynoso qui changera grand chose. La suppléante de Fergie chante bien et twerk bien, c'est super ! Tout comme Limp Bizkit il y a 15 jours, le concert de Black Eyed Peas m'est apparu très superficiel.

 

DIMANCHE : Bon anniversaire HFT

Couché tôt, j'arrive tôt ! Les jambes sont un peu lourdes à l'aube de ce quatrième jour de Charrues. Il faut dire que le site est vraiment grand et on marche beaucoup pendant le festival, ce qui n'est pas une mauvaise chose. Je tiens à me placer correctement pour BCUC (prononcer Bissiyoussi) dont j'ai entendu le plus grand bien  sans jamais pouvoir le vérifier de mes propres yeux...jusqu'à aujourd'hui. Pour faire court, j'ai pris une grosse claque devant les rythmes transcendants et tribaux du groupe africain. Après avoir fait résonner une corne ancestrale, Jovi Zithulele au chant s'échauffe tel un boxeur sur un ring. En véritable leader, ce dernier vient interpeller le public au plus près avant de lancer un déluge de percussions d'un coup de sifflet ou d'un cri. Il ira même jusqu'à nous faire une série de pompes claquées après une heure de concert. Peu de monde à cette heure pour profiter de ce groupe épatant. Le public présent lui est aux anges, il ovationne le groupe réuni pour un dernier salut et un Kenavo de rigueur. Génial !

 

 

Hubert Félix Thiéfaine est en tournée anniversaire. Quarante ans de discographie que le chanteur résume en un set d'une heure et quart, entouré de dix musiciens (dont son fils Lucas à la guitare).
Plus jeune, Thiéfaine je ne captais pas, je n'étais pas assez poète ou pas assez fumé. J'étais passé à côté, plus sensible aux textes de Couture ou Higelin à l'époque. Aujourd'hui j'aime beaucoup, y compris les dernières chansons, je ne sais pas ce qu'il faut en déduire ! 😄
Mais voilà, 22 Mai, Les Dingues Et Les Paumés, La Ruelle Des Morts, La Vierge Au Dodge.51, Lorelei Sebasto Cha, Confessions D'un Never Been, Mathématiques Souterraines, Alligators 427, Sweet Amanite Phalloïde Queen et pour finir La Fille Du Coupeur De Joints, autant de titres que j'ai beaucoup de plaisir à écouter, surtout en formation Rock comme aujourd'hui.
Je repars réjouis fredonnant tout seul "♫ Oh mais laisse allumé bébé, y'a personne au contrôle...♫"

 

Pendant la conférence de presse finale, les organisateurs parlent d'une édition colossale à 270 000 festivaliers. Jérôme Trehorel, le directeur des Vieilles Charrues, met en avant le confort et l'accueil du public, les efforts réalisés en matière de décoration pour faire de la prairie de Kerampuilh un vrai lieu de fête, une bulle de rêve et d'évasion de quatre jours. Jean-Luc Martin, le président de l'association, insiste quant à lui sur le caractère associatif du festival qui ne reçoit aucune subvention de qui que ce soit et qui, au contraire, reverse chaque année environ 135 000 euros à plus de 130 associations. Un audit sur l'impact économique du festival sur la région est d'ailleurs programmé pour l'automne.


J'arrive pour le dernier quart d'heure du concert de Tamino. Le jeune chanteur est accompagné à la basse par Colin Greenwood de Radiohead. Avec Creep, interprété vendredi par Tears For Fears, je me prend à rêver de voir Tom Yorke et son groupe à Carhaix...

 

"Je dois beaucoup à Le Bretagne. Mon parcours commence il y a deux ans aux Transmusicales de Rennes. Avant, personne ne savait que j'existais. Depuis, je suis sur les routes et je ne sais même pas quel jour on est ! ". Ainsi se présente Nakhane sur la scène Graal. Doté, tout comme Tamino juste avant d'une voix magnifique, j'ai été plus touché par la grâce du Sud Africain. Beaucoup d'émotions dans ses chansons et une présence sur scène très magnétique. Seul bémol, on entendait beaucoup le son de Glenmor où se produisait Lomepal dans le même temps. A revoir pour confirmer cette très belle impression.

 

C'est la fin du set de Lomepal que je vois sur écran : je comprend pourquoi nous n'étions pas très nombreux devant Nakhane ! Impressionnante foule qui s'étend jusqu'à la scène Kerouac et qui reprend par cœur les paroles du rappeur parisien.


Les Australiens de Parcels ont de la French Touch dans les veines. Forts de leur collaboration avec les Daft Punk, leur musique pourrait tout à fait être issue de l'Interstellar 5555 des robots parisiens. Louie, Patrick, Jules (troublant sosie de George Harrison), Noah et Anatole ont la banane : ça se voit et ça s'entend. Illuminés par les derniers rayons de soleil du jour, les cinq garçons sont tout sourire et prennent un plaisir non dissimulé à jouer ici, maintenant. Le public lui aussi s'éclate sur Lightenup, Withorwithoutyou, Everyroad, ou sur Tieduprightnow. C'est très bien joué, c'est très dansant et ça colle parfaitement avec le moment.  Brillant !

 

 

Ainsi se termine pour moi cette nouvelle édition des Vieilles Charrues qui aura eu, une nouvelle fois, son lot de très bons concerts et de belles découvertes. Le samedi m'est apparu un peu long je dois l'avouer mais les trois autres journées ont suffit à mon bonheur. C'est la première année où je passe si peu de temps sur Glenmor, mais l'avantage ici, c'est qu'il y a trois autres scènes pour y trouver son compte. Le festival s'est beaucoup rajeuni, l'ambiance est restée vraiment très bonne, que ce soit avec les bénévoles (plus de 7 000), les groupes et les artistes visiblement ravis d'être là et avec les festivaliers qui ont fait la fête comme jamais. Si cette édition ne fût pas mémorable au niveau de la programmation, elle l'a été au niveau de l'ambiance. C'est ça les Vieilles Charrues.

Mon top 5 :
1 Iggy Pop
2 BCUC
3 Namdose
4 Hubert Félix Thiéfaine
5 Razorlight

Toutes les photos ICI                                                                                                                      Jérôme