Le lieu tout d'abord : Le Sew, ancienne manufacture des tabacs qui regroupe aujourd'hui trois structures culturelles morlaisiennes. Un écrin superbe qui convient parfaitement à la tournée de Herman Dune qui l'aura amené à jouer dans des salles conventionnelles mais aussi des endroits atypiques tels que haras, base sous-marine, église et autres lieux insolites.
L'artiste ensuite : David Ivar Herman Dune, désormais seul aux commandes du groupe qui porte son nom (crée avec son frère André Herman Dune aka Stanley Brinks) et qui compte une vingtaine d'albums au compteur en autant d'années d'activité. Cette tournée est un véritable évènement à plus d'un titre. Exilé aux Etats-Unis, Herman Dune se fait désormais rare en France (sa dernière tournée date d'il y a 10 ans) et chacun de ses concerts est précieux. Faut-il le rappeler, il est une référence du mouvement anti folk, multi instrumentiste, créateur de son propre Label (Santa Cruz Records), touche à tout et artiste complet dont le talent et l'inspiration semblent inépuisables. Autant de bonnes raisons qui rendent ce rendez-vous incontournable.
En ouverture de soirée Quinquis, le projet d'Emilie Tiersen accompagnée sur scène par le producteur anglais Gareth Jones, orfèvre de Some Great Reward, Black Celebration de Depeche Mode et de Turn On The Bright Lights d'Interpol pour ne citer qu'eux. Une invitation à la méditation, essentiellement en breton, où les histoires chantées sont soutenues par des voûtes électroniques travaillées avec une précision d'horloger. La génèse des textes est expliquée avec soin. On y parle de femmes, de volonté, de solidarité. L'auditoire est attentif, respectueux, comme pour mieux s'imprégner de cette ambiance assez mystérieuse et surprenante. L'identité est forte, teintée d'une spiritualité oscillant entre racines bretonnes et modernité. Après la cover Take My Breath Away, du groupe Berlin, le set s'achève sur Te, délicate déclaration d'amour d'une mère à son petit garçon.
C'est sur une musique de western qu'entre en scène Herman Dune, décontracté, un verre de bière à la main pour la dernière date bretonne de sa tournée faite à l'image de son dernier album The Portable Herman Dune Vol.1 (3 volumes sont annoncés). Une tournée comme un véritable regard sur sa discographie, une rétrospective de titres dénudés, interprétés seul à la guitare sans artifices comme il aime le faire, que ce soit lors de concerts hebdomadaires sur les réseaux sociaux ou autour de chez lui à San Pedro, Californie. La salle est pleine et immédiatement enthousiaste. Les lumières chaudes des lanternes disposées sur scènes ajoutent un effet "feu de camp" parfaitement raccord avec l' ambiance intimiste du concert. Les titres pleuvent, plus beaux les uns que les autres : Black Dog, Heart Broken & Free, My Home Is Nowhere Without You et son intro magnifique en solo flamenco, Good For No One, complainte éraillée et glaçante à vous mettre les poils et le fameux I Wish That I Could See You Soon que le public reprend en chœur.
David Ivar profite des changements d'instruments (guitare, mandoline, harmonica) pour évoquer son amour pour la Bretagne qui l'a si bien accueilli au cours de ces dernières semaines. "Je me sens ici comme à Montréal où j'adore jouer..." Il évoque sa ballade sur le viaduc de Morlaix, ses confitures de pêches à San Pedro, Shane McGowan et la Guinness, la chanteuse canadienne Julie Doiron qu'il affectionne particulièrement : le public est totalement sous le charme, déterminé à profiter au maximum de tout ce que Herman Dune donnera ce soir. Not On Top puis Why Would That Hurt comme dernier bijou. Rappel exigé et obtenu ! Herman Dune nous offre The Anchor Song, sublime reprise de Björk que lui a inspiré sa ballade sur le port quelques instants plus tôt. Autre moment fort : Tell Me Something I Don't Know puis Holding A Monument, chanson issue de la B.O. du film Mariage à Mendoza composée par ses soins.
Jérôme
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