jeudi 16 mars 2023

MORRISSEY @ L'Amphithéâtre, 12 mars 2023 - Lyon

Mardi 22 décembre 1992, j'ai vingt et un ans et je pars en train à Paris voir Morrissey qui passe au Zénith. Je me souviens me retrouver avec mes Dr. Martens et mon perfecto, très mal à l'aise, à boire une bière à La Coupole. Au milieu du décor arts déco et sous le regard des vieilles bourgeoises, j'apercevais mon cousin derrière la vitrine qui hésitait à entrer et qui se demandait bien pourquoi j'avais choisi ce point de rendez-vous. Ma grande amie qui m'avait conseillé ce lieu facile à trouver depuis la gare Montparnasse en rigole encore. Je me souviens des chemises colorées scintillantes que le leader des Smiths portait tout au long du concert. Je me souviens d'une ambiance énorme et d'un concert superbe qui sera d'ailleurs son premier album live : Beethoven Was Deaf. C'était le temps où les tickets de concert étaient beaux, on les achetait par courrier des semaines avant sur Best ou Rock & Folk. Tout le monde clopait dans la salle et on se cherchait un hôtel après le concert au hasard des rues. Trente ans après, à l'Amphithéâtre de Lyon, au moment où les lumières se sont éteintes, annonçant le début du show, j'avais quelques frissons et des souvenirs plein la tête.


Les performances live de Morrissey sont assez rares en France, surtout hors Paris (Lyon est l'une des quatre dates françaises de la tournée), et l'on ressent toute l'excitation du public venu d'un peu partout y compris de l'étranger. À 63 ans, le Moz est toujours aussi élégant et sa voix est vraiment impeccable. Accompagné de cinq musiciens brillants, la star britannique a offert un concert somptueux à ses fans, mêlant les chansons de ses treize albums à celles des Smiths (cinq seront jouées ce soir). Cerise sur le gâteau, des nouveaux titres sont aussi joués et laissent entrevoir un excellent album à venir. Morrissey s'en amuse : "Malgré tous ceux qui me conseillent d'arrêter, j'ai décidé de sortir un nouvel album...".
 

En arrière plan des photos agrémentent chaque chanson. Frankenstein, Steve McQueen, Oscar Wilde, Yves Montant pour ne citer qu'eux. Sur The Bullfighter Dies, ce sont des extraits sanglants de corrida qui sont projetés. L'ex-leader des Smiths est un militant végan, il a toujours dénoncé le barbarisme envers les animaux de façon assez frontale et cette séquence ne fait pas exception. Côté public, les fans sont bouillants. Ils lui tendent des fleurs, des lettres et des cadeaux qu'il prend ou qu'il ignore, simulant à merveille la star blasée. À la jeune fille qui brandissait depuis le début une pancarte lui demandant de chanter There Is A Light, chanson emblématique des Smiths, Morrissey lui répondra gentiment : "Vous vous fatiguez pour rien car je ne la chanterai pas...". Personne ne lui en voudra car les joyaux sont là : Everyday Is Like Sunday, Stop Me If You Think You've Heard This One Before, Half A Person, The Loop, Suedehead et le sublime Trouble Loves Me, l'un des moments forts de la soirée.



La fin de set est compliquée pour la sécu. Les fans tentent de monter sur scène pour enlacer leur idole. Ce jeu là dure depuis près de quarante ans et c'est devenu un tendre rituel auquel Morrissey se prête sans rechigner. Les deux ou trois gaillards qui surveillent le devant de la scène ne sont pas de cet avis et plaquent sans ménagement celui ou celle qui s'extirpe des rangs. Certains y parviennent et repartent aussitôt l'exploit accompli. Sur le furieux Sweet And Tender Hooligan qui clôture le concert, Morrissey jette son t-shirt dans la foule qui se l'arrache littéralement. Un membre du staff passera ensuite plusieurs minutes à séparer ceux qui s'accrochaient à leur bout de tissu, en découpant des petits morceaux avec une méga paire de ciseau. Je n'avais encore jamais vu ça !

 

Les retrouvailles sont déjà terminées, je n'aurais pas refusé 15 à 20 minutes de plus mais je ne vais pas bouder mon plaisir. Morrissey est toujours Morrissey. Dans l'attitude, dans la voix et l'effet qu'il produit sur son public ne s'est jamais estompé malgré les années. Promis, on se revoit avant trente ans !

Jérôme



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire