mardi 11 juillet 2023

Festival Beauregard #15

Pour sa 15ème édition, le festival Beauregard a vu les choses en grand ! Cinq journées de festival réunissant des grands noms de la scène française et internationale, des retours attendus, des artistes locaux et des jeunes pousses qui ne demandent qu'à faire leur preuve. Le tout dans un cadre qui reste l'un des plus agréable parmi l'ensemble des festivals de l'hexagone et une ambiance toujours très bonne et familiale... C'est tout cela qui a fait la réputation de Beauregard et qui l'a conduit au sold out depuis plusieurs semaines déjà. Une première ! Seule ombre au tableau, l'annulation au dernier moment de Blur, l'une des têtes d'affiche de cette édition, remplacé au pied levé par Royal Blood. Une réactivité à saluer malgré la grande déception des fans mais aussi des organisateurs. Je suis arrivé au festival normand le jeudi, le lendemain du "before" spécial Indochine qui aura fait l'unanimité si l'on s'en réfère aux retours du public avec qui j'ai pu discuter tout au long des quatre autres jours. Beauregard 2023, sélection Milouze En Live, c'est parti !


Ma sélection du jeudi : Alias, dEUS, Royal Blood, Royal Republic.

J'arrive devant la grande scène Beauregard, celle près du château, pour la seconde moitié de set du français Alias. Exilé au Québec depuis plusieurs années, cet artiste accompli, évolue aussi bien vers le rock psyché que vers la pop façon Beck. Un spectre musical large qui peut déstabiliser un peu mais qui ne laisse pas indifférent. Une belle entrée en matière. 

 

Deux semaines après les avoir vus au festival God Save The Kouign à Penmarc'h, je retrouve Tom Barman et sa bande. dEUS m'avait laissé sur ma faim en terres bigoudènes il faut bien le dire, mais cette fois il n'y aura pas débat. La set-list a été revue et raccourcie pour coller au timing de Beauregard et la prestation est plus cohérente et convaincante. Rien à jeter, superbe maîtrise, concert solide et gros frissons sur Bad Timing. 

 

Belgique toujours, je laisse ma place aux jeunes pour Angèle, qui se produit sur la scène John et qui est de toute façon inaccessible pour celles et ceux qui, comme moi, sont restés au bout du concert de dEUS. Je vais m'en remettre. 

Challenge accepted ! Royal Blood a donc la lourde tâche de faire oublier Blur. Le duo basse batterie de Mike Kerr et Ben Thatcher va relever le défi et bombarder sans retenue lux et décibels sur la plaine du festival. C'est très puissant, cela fonctionne à merveille même si encore une fois le format peut lasser au fil des minutes. Dans le sillon musical de Muse, certains titres comme Out Of The Black ou Come On Over sont très efficaces, d'autres le sont moins à mes oreilles. Contrat rempli et prestation convaincante pour Royal Blood compte tenu du contexte. 

 

Place à Royal Republic. Groupe suédois musicalement situé entre The Hives et Franz Ferdinand dont l'énergie et le fun communicatif ont été un vrai moment de plaisir partagé. De leur entrée en scène sur Fireman & Dancer en passant par le tubesque RATA-TATA, la prestation acoustique sur Boomerang et jusqu'aux reprises de Metallica et Motörhead en fin de set. Excellent concert ! 


 

Kungs que j'aperçois au loin derrière ses boutons en train d'ambiancer la foule façon Guetta ou Solveig aura retenu mon attention environ 10 minutes et c'est déjà beaucoup vu la prestation. Allez hop, au dodo ! 

Ma sélection du vendredi : Cemented Minds, The Haunted Youth, M83, Tamino, Interpol, Louise Attaque.

C'est Cemented Minds qui ouvre la journée sur la scène John devant un public déjà nombreux. Le groupe de Caen possède une belle énergie post punk qui rappelle par moment Opposition ou encore Killing Joke. Le jeu de scène est encore un peu timide et, sans tomber dans la caricature ou l'excès, on leur reprocherait presque un léger manque de posture ou d'agressivité. 



Autre jeune groupe qui se produit aujourd'hui, les Belges de The Haunted Youth. Je suis impatient de les voir sur scène tant leur premier album, Dawn Of The Freak, sorti l'année dernière m'a plu. Impossible de ne pas penser à Diiv ou encore à MGMT à l'écoute du rock psyché de Joachim Liebens et de sa bande. En plein soleil et sous une chaleur étouffante, The Haunted Youth a été à la hauteur de mes attentes et peut tranquillement aller bousculer la hiérarchie de l'indie rock. A suivre !

 

Suite à un changement d'horaire, M83 se produit en fin d'après midi sans light show digne de ce nom. Musicalement c'est très bien fait. À six musiciens sur scène, le rendu est puissant mais le manque de visuel se fait cruellement ressentir et ne permet pas d'apprécier le groupe comme il se doit. 

 

En découvrant le décor de scène de Pomme, j'ai pensé à un happening de la brigade Javotte qui sévit tout au long du festival. Mais non. La jeune artiste évolue donc au milieu d'une forêt de champignons et pousse le concept graphique de son dernier album jusqu'au bout. C'est mignon, c'est très bien pour se poser un moment, voilà...


Si je n'ai pas été spécialement convaincu par les autres concerts de Tamino que j'ai pu voir (aux Vieilles Charrues et ici en 2019), cette fois, je l'ai été totalement. The Flame, Sunflower, Tummy, jusqu'à Habibi en clôture de set. Bien qu'un chouilla fermé, c'était tout simplement beau. J'ai aperçu l'artiste plusieurs fois sur le site depuis hier, mêlé à la foule. Un signe qui n'est pas anodin quant à la bonne réputation du festival.

 

Interpol revient à Beauregard pour célébrer les presque 20 ans de leur formidable album Antics, joué ce soir dans son intégralité et dans l'ordre. À la basse, Brad Truax est vraiment impeccable de justesse et comme à son habitude, Paul Banks, à la guitare et au chant, est droit comme un i mais est souriant et semble prendre un vrai plaisir à se produire une nouvelle fois ici. Fin de set, les lumières rouges s'allument, annonçant les 3 derniers titres issus cette fois d'un autre album culte : Turn On The Bright Lights. Le public ne s'y trompe pas et salue la prestation comme il se doit. Grande classe !




Deuxième groupe de la soirée à jouer un album dans sa (quasi) totalité : Louise Attaque. Gaëtan Roussel, Arnaud Samuel et Robin Feix y sont allé pied au plancher avec Amours, J't'emmène Au Vent, et tous les titres emblématiques de leur premier album éponyme. Plaisir immédiat pour le public qui a littéralement envahi la plaine de la scène John au point de la rendre inaccessible encore une fois. Je reste donc à l'écart et profite au loin de l'énorme succès du groupe. Un festival se joue sur la durée, je décide donc de sacrifier mon amour pour Damso et Hamza qui jouent après pour aller me reposer.



Ma sélection du samedi : Fatoumata Diawara, Anna Calvi, Nothing But Thieves, Alt-J

J'entre sur le site sur les dernières notes de Bertrand Belin que j'entends au loin. Ce sera pour une autre fois. Idem pour Animal Triste que je voulais voir : la circulation toujours aussi compliquée sur le périph' de Caen alliée aux nombreux départs en vacances auront eu raison de moi malgré ma motivation. 
Ce sera donc Fatoumata Diawara pour débuter la journée. Magnifique comme toujours et entourée d'excellents musiciens, la belle Malienne a mis le feu au public, comme une évidence. De l'émouvant Seguen au groovy Nsera, tout était parfait ! 

 

Anna Calvi aura bien du mal a s'emparer du public malgré son talent, malgré un bel enchaînement Wish, Desire, Suzanne & I et I'll Be Your Man. La faute à un horaire pas idéal (plus tôt aurait été préférable je pense) et un style musical clivant et moins adapté au grand public. Il y a 12 ans devant des spectateurs curieux et deux fois moins nombreux, elle était l'un des coups de cœur de l'édition.  Dommage. 



Nothing But Thieves fait partie de la quinzaine d'artistes de cette édition qui sont déjà passés à Beauregard. Le groupe anglais fait la part belle à Dead Club City, leur quatrième album sorti il y a tout juste une semaine. Comme il y a 5 ans, le public est chaviré. Mais comment ne pas aimer la voix incroyable de Conor Mason ?

Retour à Beauregard également pour Alt-J, attendu au tournant par une partie du public normand (et par moi aussi) après un live très moyen en 2015. On sera rassuré dès les premières notes. Le concert est sublime en tous points. Du son nickel à la création visuelle sobre et élégante. De la set-list parfaite au public respectueux et attentif. Mention spéciale pour Tessellate et Something Good, j'étais complètement happé ! Superbe !


Je quitte le site mais la fête continue sur l'autre scène avec Lomepal, dans le studio dancefloor (pour celles et ceux qui veulent attendre Irène Drésel ou Vladimir Cauchemar) ou dans la grande roue qui illumine le site. 


Ma sélection du dimanche : Hada, The Murder Capital, Airbourne, Sting.

Dernier jour de festival, le temps se couvre mais toujours pas de pluie sur les festivaliers comme d'habitude (1 ou 2 éditions pluvieuses en 15 ans). C'est Hada, un groupe local qui ouvre le bal, une belle voix et un style plutôt pop rock qui passe bien. Le public apprécie.

Dans le genre branleur, il y avait un gros client sur la scène John avec James McGovern, le chanteur de The Murder Capital. Lunettes de soleil, provocateur, clope au bec, attitude de blasé, il nous a fait la totale. Il faut dire que le groupe irlandais n'a pas eu le public qu'il méritait. Devant la scène, une foule d'ados agglutinés attendait déjà pour le rappeur PLK qui officiait 4 heures plus tard. Ça discute, ça se fait des tresses, ça se met des paillettes, bref ça s'en fout complètement du groupe qui joue au dessus de leur tête. Certains avaient même leurs Airpods ! Résultat : malgré un très bon set et un style indéniable, l'ambiance n'y était pas, dommage.

 

C'est l'heure de la conférence finale. Paul Langeois et Claire Lesaulnier à la tête du festival Beauregard dressent un bilan plus que positif en évoquant le sold out des cinq  journées, l'ambiance familiale du festival, les adaptations et les changements de dernières minutes et les bons retours sur Royal Blood encore une fois. L'avenir semble radieux pour le festival dont la bonne réputation rayonne et qui fidélise de plus en plus tôt son public. L'organisation des jeux olympiques en France l'été prochain ne devrait pas avoir d'impact sur la tenue du festival mais Paul Langeois joue la prudence : "Depuis l'épisode Covid, j'ai compris que tout pouvait changer du jour au lendemain. On nous dit que c'est ok mais Darmanin serait capable d'annuler le festival 1 semaine avant... Je ne serais même pas surpris". Pour le moment tous les feux sont au vert : cap sur 2024 !



C'est l'heure de l'apéro, Airbourne s'occupe de tout ! Fidèles à leur réputation, le groupe australien a mis le feu à Beauregard et a arrosé qui le voulait bien. Lancés de bières dans le public, distribution de Jack Daniel's en hommage à Lemmy depuis le bout de l'avancée... C'était open bar ! Musicalement c'est sans surprise, du rock à fond pendant 1 heure, de Ready To Rock à Runnin' Wild. Gros kif !


 

Il ne fallait pas être agoraphobe avant, pendant et même après le concert de Sting. C'était assez oppressant et limite inconfortable tant la foule s'est rassemblée devant la scène et a envahi tout le site pour acclamer la star anglaise. Le concert a été splendide, impeccable ! Sting, qui, physiquement semble défier le temps, n'a pas fait attendre son public en attaquant direct avec Message in the Bottle et Englishman In New york. Souriant, mettant en avant ses musiciens et choristes, partageant la scène avec son fils sur King Of Pain, Sting était attendu et a été au rendez-vous. J'ai pour ma part particulièrement apprécié les hits de sa période solo comme Shape Of My heart, All This Time, Heavy Cloud No Rain et Brand New Day. Grand concert !





Le festival se terminera un peu plus tard avec Shaka Ponk mais ce sera sans moi. Je quitte le site sur le triomphe de Sting et cela me va très bien. 
Cette édition restera celle des records en terme d'affluence. Il semble toutefois que Beauregard franchit une étape importante dans ses futures orientations et futurs choix. La jauge max de 28 000 festivaliers sur site, longtemps préservée pour assurer un confort convenable, a été abandonnée. Avec 30 000 personnes par jour, la situation était parfois compliquée au niveau des changements de scènes, des toilettes, des stands et des sorties. Côté programmation, on regrettera tout de même le nombre élevé d'artistes et de groupes déjà passés ici (une remarque qui ne concerne que les habitués du festival) et l'orientation générale que prend le festival qui perd petit à petit sa fibre pop/rock (moins vendeur aujourd'hui bien sûr). Celle qui, justement, faisait sa différence il y a quelques années.
Retenons bien sûr les aspects positifs, un accueil comme nul autre pareil, un confort réel sur place lorsque le site n'est pas plein, des concerts mémorables et une ambiance vraiment excellente. Enfin un grand coup de chapeau à tous les bénévoles, adorables, souriants, dévoués et bosseurs. C'est tellement important, de voir un festival si propre et qui fonctionne si bien. Bravo à eux !

Top 5 Milouze En Live

1  Alt-J
2  Sting
3  Interpol
4  Tamino
5  Airbourne

Jérôme

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