dimanche 28 juillet 2024

Festival de la Mer 2024

Fait du même bois que le God Save The Kouign et le Binic Folks Blues Festival, le Festival de la Mer (FDLM) c'est : un festival organisé par des passionnés de musique, ici plutôt Rock, Punk Métal et Indé, une jauge à échelle humaine, une très bonne ambiance et un cadre superbe sur la commune de Landunvez (Finistère Nord), en bout de cale...c'est pas compliqué, après c'est la mer ! L'endroit est dingue, aussi bien pour les festivaliers que pour les groupes qui se produisent presque les pieds dans l'eau. Cette année le festival honore sa 20ème édition avec une très belle affiche répartie sur 2 scènes et sur 2 soirées. Pas souvent dispo à cette période, je n'étais encore jamais venu, une vraie anomalie que j'ai pu corriger samedi soir à l'occasion du second jour du festival.


Le temps de faire la route et de me prendre une Coreff, je suis pile poil à l'heure pour le concert des Lullies qui jouent sur la scène Tomahawk, celle qui surplombe le site. J'avais vu le groupe montpelliérain en septembre dernier à l'Echonova de Saint Avé, et j'avais été bien emballé par leur Rock frontal façon Starshooter ou Téléphone 1er album. Il en sera de même ici, malgré quelques petits soucis de son en début de set. Le line up est un brin changé puisque Thibault Sonet, absent, est remplacé par Eva qui n'est autre que la bassiste de Alvilda, le groupe qui jouait juste avant Les Lullies. Belle perf, car comme l'indique Roméo, au chant, en plus d'enchaîner les deux concerts, Eva n'a eu que quelques jours pour s'approprier le set. Fidèles à leur réputation, Les Lullies ont joué sans se poser de question et sans temps mort, j'ai aimé Dernier Soir, Pas De Regrets, Station Service...pour ne citer qu'eux. Le concert fût efficace et court, ce que Didier Wampas, en grand chambreur, ne manquera de souligner à plusieurs reprises quelques minutes plus tard sur la scène Ferrailleurs. Le courant semble être bien passé entre ceux-là, tout comme avec le public.

 

Je suis toujours heureux de retrouver les Wampas en live tant leurs concerts sont à chaque fois des grands moments de plaisirs et de Rock. Là aussi, le line up a bougé puisque Niko Wampas est remplacé à la batterie. Pour le reste c'est du Wampas depuis de longues années maintenant : Didier (guitare et chant), Florian (guitare), Tony (guitare) et Jean-Mi (basse). Autour du roi Didier, les Wampas sont aujourd'hui composés de membres ou ex-membres des Dogs, des Satellites et de Effello & Les Extraterrestres...quand même ! Toujours aussi généreux dans l'effort, Didier va faire le show comme à chaque fois : dans et sur la foule pour Rising, Les Bottes Rouges et , animateur façon école des fans sur Ce Soir C'est Noël, idole des femmes sur Petite Fille et même capitaine de licorne gonflable sur Juste Une Petite Voix qu'il termine dans le port...incroyable ! Dans le public c'est la joie, ça danse et chante, ça slam nonstop et ça pogote sévère... parce que ça envoie sévère ! Drôle et touchant de sincérité, on pardonne tout au roi Didier, de ses provocations à ses oublis sur Rimini et Manu Chao (même lui n'en revenait pas). Les Wampas sont toujours là et toujours au top !


 





 

Entre The Silver Lines et Meltheads, les deux groupes qui se sont succédés après Purrs (que je n'ai pas vu pour cause de repas et de rencontres inopinées) il n'y a pas eu photo à mes yeux et mes oreilles. Les anglais de Silver Lines, sous leurs airs nonchalants ont été une des sensations des dernières Trans Musicales de Rennes. Le groupe emmené par les frères Ravenscroft, jouent un Pop/Rock offensif et très bien fait mais je n'ai pas été captivé plus que ça par la prestation malgré de bons titres tels que Hotel Room ou Cocaïne. Le public lui se plie aux volontés de Dan Ravenscroft, au chant, qui demande circle pit et wall of death...moi je me suis un peu lassé. 


En revanche j'ai été assez épaté par la prestation des belges de Meltheads. Quand ils sont entrés en scène, je me suis demandé si le chanteur Sietse Willems était majeur. Mais sous son air de jeune branleur, le petit blond s'avère être une vraie bête de scène bien énervée. La comparaison avec Iggy Pop est évidente, entre verre de vin et rasade à même la bouteille, la petite tornade ne tient pas en place et se met à grimper aux échafaudages de la scène, se retrouve dans une position plutôt scabreuse mais s'en sort bien au final. Musicalement c'est très bon, un punk-rock mêlé de fusion sous les riffs distordus de Yunas De Proost à la guitare et la session rythmique de Tim Pensaert et Simon De Geus. Très belle découverte que je vous conseille chaudement !



 



Pouvait-on faire pire niveau dégaine que The Silver Lines ? La réponse est oui avec Tramhaus. Je m'étais promis de les revoir au plus vite après leur passage aux Vieilles Charrues l'année dernière. À 2 mois de la sortie de leur premier Lp, les néerlandais gonflent un peu plus leur belle réputation à grands coups de concerts intenses et déroutants. Au premier abord, les 5 membres de Tramhaus ne payent pas de mine. Certains pourraient même rigoler devant la coupe mulet et le déhanché de Lukas Jansen au chant, surtout que le moustachu a l'œil brillant et le sourire facile. C'est là qu'est le traquenard, car sous ses allures de groupe sympa, Tramhaus camoufle une violence à la Nick Cave ou Pixies. Cette ambiguïté est assez irrésistible et le public, un peu moins nombreux à cette heure et un peu fatigué après ces 2 jours, est tout de suite happé par The Goat, Make It Happen ou Once Again. Prestation très convaincante et plus musclée qu'il y a un an, Tramhaus est à mes yeux l'un des groupes les plus excitant du moment.


 


Je pensais venir ici pour passer un bon moment, j'en ai passé un excellent ! La soirée a filé à toute vitesse et la programmation était impeccable. Un grand bravo aux organisateurs, techniciens et bénévoles, tous avaient le sourire, autant que les festivaliers et ça...ça en dit long sur le Festival de la Mer, pas de hasard !

Jérôme 

lundi 15 juillet 2024

VIEILLES CHARRUES 2024

Pas si simple au départ cette 32ème édition du festival des Vieilles Charrues. Entre la météo pourrie qui a compliqué l'installation du site et le conflit ouvert qui règne depuis plusieurs mois avec le maire de Carhaix... L'ambiance pouvait être lourde. Heureusement, en ce qui concerne le premier point, les organisateurs ont pu, une fois de plus, compter sur des équipes techniques compétentes et efficaces, et tout est prêt à temps pour cet évènement incontournable. En ce qui concerne le second point, au lendemain d'une médiation qui aurait pu aboutir à la fin des Vieilles Charrues à Carhaix, la situation semble s'être bien débloquée et tout le monde pousse un grand ouf de soulagement. La présence de Loïg Chesnais-Girard, président de la Région Bretagne, dans les locaux au moment de la conférence de presse d'ouverture est plus qu'un signe, un véritable engagement. Les 4 fantastiques du festival, à savoir, Jérôme Tréhorel, Jean-Luc Martin, Jeanne Rucet et Jean-Jacques Toux sont dans les starting blocks au moment de lancer cette nouvelle édition et insistent, lors de cette conférence, sur les valeurs du festival : tolérance, partage, développement durable et prix d'entrée accessible à tous. Cette conférence inaugurale est aussi l'occasion d'évoquer le thème et la déco de cette année : La Sorcellerie, de rendre un hommage à El Globos, célèbre illustrateur des Vieilles Charrues décédé en avril dernier et de faire un tour d'horizon sur les têtes d'affiche et les découvertes coups de cœur de la programmation. Y'a plus qu'à ! Vielles Charrues 2024...c'est parti !


JEUDI : Yamê, Baby Volcano, Alias, Gossip, Meule, Sam Smith

C'est Yamê, révélation masculine de l'année aux dernières Victoires de la Musique, qui ouvre le festival sur la scène Kerouac. Le jeune artiste n'a pas volé son trophée, le talent est là, dans son écriture et son style, oscillant entre Jazz et Rap. On pense à Jonasz, Stromae ou Oxmo Puccino. Yamê, très bien entouré sur scène, enchante avec Business, La Maille, Bécane, fait jouer et participer le public à une battle de vocalises et lance de la plus belle des manières les Vieilles Charrues 2024. 



Le phénomène Baby Volcano arrive sur Gwernig (scène chapiteau) et se place au centre de la scène entre deux musiciens aux synthés. Masque en laine rouge, voix magnifique et chorégraphie appliquée, la chanteuse suisso-guatémaltèque, qui a collaboré avec Lucie Antunes sur le morceau Luchadora, va nous offrir une vraie performance visuelle et scénique à grands coups de déflagrations hip hop/électroniques qui ne laisseront personne indifférent. C'est puissant, déroutant, avant-gardiste et ça frappe un grand coup, comme souvent sur cette scène dont nous apprécions très souvent la programmation. Sacrée découverte !





Pendant que PLK performe sur la scène Kerouac, nous en profitons pour faire un petit tour du site avant de retourner sur Gwernig pour Alias. Exilé au Québec depuis plusieurs années, cet artiste touche à tout multiplie les influences, allant de Prince à Idles en passant par Beck. Large spectre qui peut déstabiliser un peu mais qui fait mouche auprès du public nombreux et visiblement emballé. 





Retour de Gossip aux Charrues, 12 ans après leur dernier passage. Beth Ditto, toujours aussi provocatrice, arrive en combinaison noire et arbore une chevelure orange fluo. En très grande forme et visiblement ravie d'être là, elle a fait le show du début à la fin. Parlant français la plupart du temps, reprenant L'Homme À La Moto de Piaf ou encore Sur Le Pont d'Avignon, interpellant le public sur le drapeau mi Gwenn Ha Du mi LGTBQ+, bref : elle était intenable. Le retour du public est très bon et le concert est une réussite. Ce qui n'est pas toujours le cas avec Gossip. À 5 sur scène, le groupe a sorti le grand jeu. Un set pêchu et une ribambelle de tubes, de Long Long Distance à Standing In The Way Of Control en passant par Yr Mangled Heart et un final brillant sur Heavy Cross.

 



Gwernig encore, avec Meule, projet musical insolite de 3 tourangeaux avec deux batteries face à face au premier plan et un synthétiseur modulaire qui surplombe l'ensemble. Peu de paroles, un rythme fou évidement et une belle invitation à la transe psyché qui peut rappeler BRNS ou La Jungle. Une véritable expérience live !





Place à la star internationale Sam Smith que de nombreux fans attendent devant la scène Glenmor. Son entrée en scène est extrêmement bien ficelée, près de 10 minutes de suspense avec musique de tension, feux à main et finalement il arrive telle une diva, mi Elton John, mi Céline Dion. Impressionnant ! D'entrée de jeu Sam Smith régale avec Stay With Me puis I'm Not The Only One que le public reprend en cœur soulevant une marée de téléphone portable. Il tient ensuite à rendre hommage à Beth Ditto qui jouait ici quelques heures avant, avant de reprendre de plus belle avec Like I Can. Très bien entouré sur scène, Sam Smith a donné à son public un concert idéal, jouant de tous les leviers et de tous les gimmicks qui font réagir l'auditoire au quart de tour, comme toutes les stars savent très bien le faire. 



VENDREDI : Championne, Our Lights, PJ Harvey, Cheval De Trait, Rodolphe Burger + Sofiane Saidi + Mehdi Haddab

Avant que la foule ne déboule sur Kerampuilh, nous en profitons pour faire un tour de grande roue près de l'entrée du festival, histoire de prendre un peu de hauteur, de calme et de grand air avant de replonger dans la marée humaine...ça fait du bien !



Vendredi est le jour des lauréats du Label Charrues, le tremplin du festival qui attise toujours notre curiosité. C'est Championne qui ouvre sur Graal. Artiste rennaise, Championne débute son set timidement avant de progressivement prendre un peu plus confiance au fil du concert. Musicalement cela n'est pas sans rappeler Dolly, The Cardigan's ou encore Beth pour celles et ceux qui se souviennent de cet excellent groupe brestois. Les textes sont forts, principalement en français et c'est à saluer. Mention spéciale à Fête et à Petite Mort particulièrement. Pour la fin du concert, Pierre et Mickaël, du groupe Gwendoline, viennent compléter la troupe sur scène et apportent une profondeur musicale très intéressante, une intensité cold wave qui convient bien à Championne et qui lui ouvre un territoire à explorer. Belle découverte.

 



Malgré leur enthousiasme digne d'un groupe sélectionné à l'Eurovision, nous avons eu du mal à adhérer à l'électro pop auto-tuné de Our Lights, jeune groupe vannetais, second lauréat du jour du Label Vieilles Charrues 2024. On pense un peu à Housse De Rackett ou à L'Impératrice. Le public, lui, est bien présent et est rapidement contaminé par le dynamisme des quatre musiciens. C'est bien là l'essentiel, Our Lights peut savourer le moment, contrat rempli haut la main. 



Au moment de quitter Graal, le constat est sans appel, il y a des gens partout...c'est impressionnant ! Le plus incroyable dans tout ça, c'est encore de tomber nez à nez avec un ami parmi ces dizaines de milliers de festivaliers. Ce qui arrive chaque jour sans exception. La magie des Vieilles Charrues.
 
C'est au tour de la reine du jour d'entrer en scène sur Glenmor. La scène est belle, la déco sobre, tout en bois, et le public trépigne d'impatience de retrouver, 13 ans après, la divine Polly Jean Harvey, toujours accompagnée de ses musiciens experts dont John Parish. Le set est sublime, divisé en deux parties distinctes : PJ La Blanche consacrée à son délicat dernier album I Inside The Old Year Dying et PJ La Grise pour une sélection pêchue de sa grande discographie. On prend un plaisir immense sur ce concert, rien est à jeter et la prestation est splendide : Prayer At The Gate, The Glorious Land, Let England Shake, 50ft Queenie, Angelene, Dress, Down By The Water et Bring You My Love pour un final sublime. PJ Harvey, au charisme incroyable et à qui le thème de l'édition collait à merveille, a envoûté comme jamais Kerampuilh. Mémorable !







La seule ombre au tableau de ce somptueux concert fût la présence, devant nous, d'une dizaine de personnes d'une même famille au premier rang (certainement pour Sting), bruyants, sans gène, riants, parlant fort au beau milieu de chansons magnifiques, illustrant à merveille l'expression donner de la confiture aux cochons. On attendait que PJ, telle Circé, leur jette un sort et les transforme porcs ou en bouses, mais ce n'est malheureusement pas arrivé. 

Encore sous les charmes de PJ Harvey nous allons nous restaurer au jardin des chefs. Au menu, du classique : Burger et frites, mais la sauce ...délicieuse ! Petit crochet à la maison hantée devant le manoir pour assister à une performance assez originale menée par Cheval De Trait. Projet de Koupaïa et de Bravo Béton qui mêle voix trad' en français ou en breton sur des nappes de synthé et des rythmes électro. Contes et légendes en mode rave party, l'idée peut paraître étrange mais le résultat est franchement sympa et mobilise un beau petit monde devant cette grande bâtisse ouverte où il se passe pas mal de choses intéressantes. Une très bonne idée !




Nous terminons la soirée avec Rodolphe Burger, Sofiane Saidi et Mehdi Haddab, hydre à trois têtes du projet Mademoiselle. Sous le chapiteau Gwernig, le génial métissage blues, raï et électro met le feu aux poudres dès le premier morceau Vous Êtes Belle. Les festivaliers qui sont ici ont délaissé l'immense foule amassée devant Glenmor pour le concert de Sting. Bien leur en a pris : le show est superbe et l'ambiance est excellente. Rodolphe Burger et Sofaine Saidi se partagent le chant, l'un dans un style typiquement "gainsbourien", l'autre en virtuose du raï, tandis que Mehdi Haddab fait preuve d'une maîtrise incroyable sur son oud électrique. Le chapiteau prend des airs de tente bédouine sous laquelle le public danse et chante. Et puisqu'on baigne dans la magie et la sorcellerie, on imagine aisément le fantôme de Rachid Taha, dont la présence et l'inspiration transparaissaient de partout, planer au dessus de nous. Superbe ambiance et concert parfait !





SAMEDI : Fulu Miziki, Dakh Daughters, Les Vulves Assassines, Lagon Noir, Rival Sons

Nous commençons notre 3ème jour de Vieilles Charrues très tôt afin d'assister à la performance du collectif Fulu Miziki qui, comme vendredi, donne deux représentations sur la scène du Park, une à 15h00, l'autre à 22h30. Les 6 artistes venus de La République Démocratique du Congo, jouent sur des instruments fabriqués à partir de déchets trouvés dans les poubelles et sont habillés et masqués avec également avec des matières de récup'. Un message fort sur notre conscience écologique sur fond danse et musique. 




C'est le retour du Cabaret Freaks avec les ukrainiennes de Dakh Daughters, déjà présentes sous Gwernig en 2014. Le contexte est bien différent cette fois et l'ambiance est plus grave. Comment concilier spectacle et guerre, divertissement et tragédie ? C'est pourtant ce que vont réussir les 5 artistes à travers cette pièce de théâtre musicale découpée en plusieurs actes qui mêle Horreur, Colère, Tristesse, Cynisme et Espoir. Sur l'écran de fond de scène où des images de guerre se succèdent, les paroles des chansons s'affichent en français, le message est fort : La guerre et la terreur sont à nos portes. La foule est attentive et ne rate pas une miette du spectacle. Comme à leur habitude les Dakh Daughters alternent les instruments et le chant, et ne lâchent pas le public du regard. La fin du concert est intense, ovationnées longuement, les Dakh Daughters sont submergées par l'émotion et les larmes coulent sur scène et dans le public. On s'y attendait un peu, on ressort bien secoué par cette prestation choc.





Besoin de redescendre un peu après tout ça, nous profitons d'un petit temps mort dans notre planning pour jeter un œil sur la Safe Zone. Plusieurs stands de prévention sont regroupés : sécurité routière, protection auditive, prévention des risques liés à la consommation de substances psychoactives, aux relations sexuelles et aux risques associés, prévention contre toutes les formes de violences et de sexisme et également distribution de tampons et serviettes hygiéniques par le collectif Changeons les Règles. Des stands indispensables présents sur le festival depuis plusieurs années.


Sans transition, nous partons voir Les Vulves Assassines sur la scène Graal. Grosse ambiance devant l'électro-punk-rap du groupe parisien. Les messages sont on ne peut plus clairs et très revendicatifs. "On est en colère, Attal est toujours 1er ministre..." scande MC Vieillard au chant avant de provoquer un Wall Of Death Bourgeoisie contre Prolétariat. Le concert est franchement foutraque, au point d'en oublier de brancher l'ordinateur resté sur batteries et qui s'éteint brutalement. De grosses punchlines, une énergie débordante, pas mal de provoc' et au final un joyeux bordel qui a mis le feu au public de Las Vegas (comme le groupe l'a appelé tout du long).





Retour au calme avec Lagon Noir sur Gwernig. Groupe originaire de France métropolitaine, du Burkina Faso et de La Réunion, ce quartet que nous découvrions nous a enchanté avec son mélange de musiques allant du jazz à la fusion, du Trad' à la musique africaine. La World Musique par excellence menée d'une main de maître par Quentin Biardeau aux synthé et saxo, sur une rythmique impeccable de Valentin Ceccaldi à la basse et de Marcel Balboné aux percussions et qui partage le chant avec Ann O'aro chanteuse réunionnaise. Très belle découverte !




La fatigue se fait ressentir en ce 3ème jour de festival. Et pas seulement dans nos guiboles ou notre dos. Autour de nous, il commence a y avoir pas mal de festivaliers au jeu de jambe incertain et au regard vide. Cela ne nous empêche pas de profiter de l'excellent concert des californiens de Rival Sons. On pense bien entendu à Led Zeppelin à l'écoute du rock vintage et de la voix incroyable de Jay Buchanan. Comme à son habitude Scott Holiday nous offre un magnifique défilé de guitares plus belles les unes que les autres, sur lesquelles il se lance dans des solos d'enfer comme sur Tied Up. Mention spéciale à Feral Roots, Pressure And Time et Shooting Stars





 

DIMANCHE : Komodrag And The Mounodor, Simple Minds, Baxter Dury, Kings Of Leon

Dernier jour du festival. Nous commençons avec nos chouchous de Komodrag And The Mounodor que nous voyons pour la 5ème fois en moins de 2 ans ! On ne va pas vous refaire la même chronique à chaque fois mais juste vous dire qu'on ne s'en lasse pas pour autant. Les 7 lascars ont pris une belle dimension depuis ces derniers mois et se sont vus programmés un peu partout en France et notamment au Hellfest où ils ont mis le feu comme on pouvait s'y attendre. La recette est simple et efficace, un gros talent rock vintage, un jeu de scène au top et une énergie à toute épreuve. Dans le public nombreux, nous apercevons l'équipe du festival God save The Kouign, venue pour constater que le groupe qu'ils ont programmé l'année dernière est encore meilleur aujourd'hui. Les titres de leur album Green Fields Of Armorica s'enchaînent, mention spéciale au magnifique It Could Be You, Voodoo Love et au nouveau morceau Ready For Boogie. La mayonnaise a pris ici aussi : Komodrag And The Mounodor met tout le monde d'accord partout où il joue et c'est tout sauf un hasard. Beaucoup de talent et de sincérité ça finit par payer et c'est amplement mérité.





C'est l'heure du bilan pour l'équipe des Vieilles Charrues. Les organisateurs ont tenu a rassembler à cette conférence un maximum de permanents et membres de l'association pour rappeler l'importance de cette solidarité humaine qui fait le festival. Les Vieilles Charrues sont avant tout une histoire de femmes et d'hommes comme le souligne justement le président Jean-Luc Martin. Inscrit dans un contexte difficile de part la concurrence, l'absence de grandes têtes d'affiche et la baisse du pouvoir d'achat, le festival clôture son édition avec un déficit de plus d'1 million d'euros. Les Vieilles Charrues ont rassemblé cette année environ 250 000 personnes, ce qui, sur 4 jours, dans une pairie, reste une véritable performance. Jérôme Trehorel, le directeur du festival rappelle à cette occasion la nécessité de sécuriser les terrains et de pérenniser les installation afin de baisser les coûts de montage et d'installation. Une nouvelle réunion entre les différentes parties prenantes est prévue en octobre afin de faire un point sur les engagements pris par la Mairie et la Région à ce sujet. En attendant les organisateurs donnent rendez-vous  les 17, 18, 19 et 20 juillet prochain pour la 33ème édition du festival.


Simple Minds était aux Vieilles Charrues en 1997. 27 ans plus tard, le groupe et le festival existent encore, tout est dit ! Nous avions en mémoire un concert plutôt moyen de Jim Kerr et de Charlie Burchill à Beauregard en 2018 et nous avions hâte de les revoir ici aux Charrues. Il n'aura pas fallu longtemps aux écossais pour nous faire oublier ce piètre souvenir. Quel concert et quel show ! Simple Minds n'aura joué que des tubes pendant plus d'une heure faisant la joie de tous les festivaliers réunis devant la scène Glenmor qui ont chanté à gorge déployée sur Waterfront, Mandela Day, Promise You A Miracle, Someone, Somewhere In Summertime ou Don't You. J'ai rarement vu quelqu'un solliciter autant le public de long en large et d'avant en arrière comme l'a fait Jim Kerr. La voix est toujours impeccable, l'énergie est présente aussi et la qualité également. Il faut dire que les musiciens qui entourent Jim Kerr et Charlie Burchill apportent pas mal de punch, à l'image de Cherisse Osei, à la batterie, souriante et impeccable sur son solo de mi-concert. Le gros frisson arrive sur Belfast Child, magnifiquement interprété par Jim Kerr toujours habité par ses paroles. Le final magistral sur Alive And Kicking finit de placer ce concert comme l'un des meilleurs de cette édition.





Pas trop le temps tergiverser, nous filons sur Graal pour revoir Baxter Dury, 1 semaine pile après le concert de Beauregard. Set-list un brin changée et surtout une meilleure interaction avec le public. Le concert pourtant similaire est bien meilleur de part ce retour chaleureux et mérité. Musicalement c'est toujours très très bon. Baxter Dury en dandy punk ne masque pas sa joie et se donne à fond. On a adoré Oï, Slumlord, I'm Not Your Dog, Palm Trees et Miami entre autres. Bref...ça l'a fait grave !





L'évènement du jour est le retour aux Vieilles Charrues de Kings Of Leon, 20 ans après leur première programmation. Depuis, ils sont passés d'un statut de petit groupe pêchu à celui de grosse machine rameutant des dizaines de milliers de fans à chacun de leur concert. Notre pays fait plutôt exception et reste assez indifférent à cet engouement mondial. C'est peut-être pour cela que le groupe américain n'a pas joué en France depuis 2009 ! Ce concert a donc fait déplacer pas mal de monde comme on peut l'imaginer. Nous les avions vu en 2007 au Bataclan puis en 2008 au Zénith de Paris et depuis, comme tous les autres...nada ! L'impatience était donc palpable et lorsque le groupe est entré en scène une énorme clameur a retenti sur Kerampuilh. Kings Of Leon a passé en revue ses 9 albums en faisant la part belle à Can We Please Have Fun son dernier en date. Le public ne les lâche pas et est très réactif. Sur scène, la famille Followill est appliquée, et par moment chacun d'entre eux est affublé d'un type, caméra à la main, pour une diffusion d'images en direct sur les écrans façon clip vidéo. Bref, c'est très pro. Le concert, qui a duré 1h30, a été à l'image de leurs albums depuis 15 ans : très bon mais sans folie. Ceci dit nous n'avons pas boudé notre plaisir d'entendre jouer The Bucket, Sex On Fire, Taper Jean Girl, Fans, Molly's Chambers ou encore le magnifique Closer. Caleb Followill au chant explique regretter de ne pas savoir parler français mais remercie le public de le faire sentir ici comme chez lui. Puisse-t-il dire vrai et ne pas attendre 15 ans pour revenir en France. Le final sur Use Somebody est magnifique et achève un set qui est passé à toute vitesse. 



 

 



La potion magique Vieilles Charrues a fait son effet et nous quittons Kerampuilh en nous promettant de revenir pour la 33ème édition...à Carhaix bien sûr !

Notre traditionnel top 5 (sélectif car nous n'avons pas tout vu) :

1 PJ Harvey
2 Simple Minds
3 Kings Of Leon
4 Baxter Dury
5 Rodolphe Burger + Sofiane Saidi + Mehdi Haddab

Coups de cœur : Yamê, Baby, Volcano et Lagon Noir


Jérôme & Louise