Le Festival
Beauregard présentait pour sa 5ème édition, une affiche imparable. Sans aucun
doute la plus attrayante depuis sa création en 2009. Volontairement orienté
Pop/Rock Anglo-Saxon, Beauregard aligne une programmation exigeante, capable de
proposer le même jour des artistes tels que NICK CAVE et DEAD CAN DANCE. Choix
audacieux des organisateurs qui font petit à petit de ce festival, un
rendez-vous musical incontournable.
John Who ?
Tel Keiser
Söze, Robin Masters ou Starbuck, le propriétaire du somptueux château de
Beauregard rechigne à révéler son identité. Certains festivaliers s’en donnent
pourtant à cœur joie pour provoquer ce personnage virtuel : silhouette
fantomatique noire, pancarte ou Tattoo « I ♥ John »,
Merchandising autour du personnage, les « Merci JOHN » qui pleuvent
sur les réseaux sociaux. Le coup est réussi, le festival est quelqu’un !
Jour 1 :
Le groupe
69 annulé la veille pour raison médicale, c’est le régional de l’étape GOODBYE
HORSES qui se charge d’ouvrir les festivités sous un soleil de plomb. Vient
ensuite HALF MOON RUN, le trio Canadien nous surprend avec des mélodies
impeccables pouvant rappeler certains titres de Radiohead. Souriants et
détendus, les 3 jeunes musiciens charment sans difficulté le public. Ce groupe
est très prometteur ! THE VACCINES prend un relai un peu plus énervé, on a
adoré "Wreckin
Bar" et ses 1min25 joués à fond façon Ramones.
Les moustachus de LOCAL
NATIVE arrivèrent à point nommé pour une petite pause dans l’herbe sur fond
musical de luxe. Courte pause car l’un des évènements de la soirée se prépare
scène A. Le groupe culte de Manchester NEW ORDER est en exclu nationale ce soir
à Beauregard. Plutôt rare sur scène, les fondateurs de JOY DIVISION sont bien
là. Seul Peter Hook, le bassiste légendaire, est absent puisque fâché avec les
autres membres du groupe depuis 7 ans. Qu’importe, nous n’avons pas boudé notre
plaisir avec les fabuleux "Ceremony", "Blue Monday",
"Temptation" et un final bercé d’émotion avec "Love will tears
us apart". L’écran affiche une photo de Ian Curtis…hommage inévitable que
New Order n’a pas esquivé.
La transition est de haute volée puisque ALT-J prend
place à l’autre bout du parc. Le groupe de Leeds est bon…très bon ! La voix
de Joe Newman est irrésistible, le charme opère immédiatement. Mention spéciale
pour "Mathilda" en hommage au film de Luc Besson.
C’est
l’incontournable -M- qui enchaine et fait le show. "Mojo",
"Machistador", "Océan", Lunettes lumineuses, snippet de Daft
Punk de circonstance, le français a su toucher un large public par sa poésie et
son énergie. Les amateurs de riffs acérés étaient déjà devant la scène B, prêts
à prendre une bonne rasade de Rock’n Roll avec les gros malades de JON SPENCER
BLUES EXPLOSION. Pendant une heure, le trio New Yorkais a enchainé les titres
non stop comme un boxeur enchaine les coups pour mettre son adversaire au
tapis. On est ressorti K-O !
Jour 2 :
Arrivés tôt en ce début de 2ème
jour de festival, nous avons eu un gros coup de cœur pour GABLé. Le groupe
Caennais inclassable a littéralement capté notre attention, jouant un Rock
autiste puissant entrecoupé de bruitage en tout genre…bluffant, à écouter
d’urgence!
Ceux qui ne connaissait pas ROVER ont pu apprécier sa Pop tout en
finesse tandis que OXMO PUCCINO faisait étalage de tout son talent d’écriture.
Peu connu en France et adulé en Angleterre, THE MACCABEES n’a pas raté
l’occasion de briller. Guitares soutenues, belles envolées musicales, le groupe
de Rock indépendant emmené par 6 musiciens sur scène est lui aussi une belle
découverte. Passons au Folk avec l’étonnant JAKE BUGG qu’on ne cesse de
comparer à Dylan (jeune…je précise), le prodige de 18 ans se débrouille
franchement bien et son tube "Lightning Bolt" trouve naturellement
écho.
Tout comme l’inévitable "Hey Ho" que THE LUMINEERS entonne quelques minutes plus
tard et que la foule reprend en cœur.
Retour au Pop/Rock avec BLOC PARTY. Le
groupe ayant décidé de faire un break à l’issu de la tournée estivale, son passage
était très attendu à Beauregard. Bien sûr les tubes "Banquet" ou
"Helicopter", ont été joués mais ce sont les morceaux de leur dernier
Lp "Four" qui auront retenu notre attention, notamment le splendide
"Truth". Retour au calme avec une autre exclusivité du
festival : BAT FOR LASHES. La venue du groupe emmené par la magnifique
Natasha Khan est une des fiertés des organisateurs. La suite va leur donner
raison. La chanteuse vêtue d’une combinaison à fleurs très ₺ABBA₺, va captiver à elle seule tout le
public. Les chansons de Bat for Lashes sont aériennes, rythmées, toutes
marquées par le talent de la jeune chanteuse. En témoigne le splendide "Laura"
issu de son dernier album qui restera comme l’un des grands moments de la
soirée. Elle, a capella, la foule comme envoutée dans un silence de cathédrale.
Magique.
Tout juste remis, nous filons pour le début du set des SMASHING
PUMPKINS. Billy Corgan et sa bande débute le show très fort avec "Tonight,
tonight", "Bullet for butterfly wings", une belle reprise de
Bowie "Space oddity", et dans la foulée "Today". Billy
Corgan, 25 ans après ses débuts a toujours cette même voix exceptionnelle. Le
concert est un peu statique mais au final, tous les tubes du groupe seront
joués pour le plus grand plaisir des fans. La foule rassemblée devant la scène
est nombreuse et en réclame un peu plus au rocker chauve. A la fin du concert,
il revient et offre en rappel "1979".
Après ce retour quelques années
en arrière avec les Smashing, c’est l’infatigable MILES KANE qui va démontrer à
tous une fois de plus que la POP est anglaise et que lorsque vous venez de
Liverpool, elle coule dans vos veines. Toutes ses chansons sont des modèles du
genre, refrains impeccables, guitares omniprésentes, une énergie débordante et
une maitrise telle que tout semble facile. C’est dans les gènes j’vous
dis !
Jour 3 :
Le soleil cogne toujours autant, le
chanteur des JUVENILES a sorti ses belles lunettes colorées pour lui faire
face. Le groupe Rennais qui fait sensation sur les radios avec "We are
young", œuvre dans un pur style électro/Pop proche de Phoenix. Très bonne
entame en ce dernier jour de festival.
Sur l’autre scène, BALTHAZAR est
maintenant habitué à jouer devant des foules. L’année dernière aux Vieilles
Charrues le groupe Belge avait fait un passage remarqué sur la scène Xavier
Grall. Marchant dans les pas de leurs glorieux ainés DEUS, Balthazar joue une
musique à la fois tendue et raffinée et se montre très efficace. Place à la
chanson Française, puisque c’est OLIVIA RUIZ et BENJAMIN BIOLAY qui se relaient
avant de laisser le champ libre au show dévastateur de THE HIVES. Les Suédois
ont rappelé de la plus belle des manières que les Vikings sont chez eux en
Normandie. Dès les premières mesures de "C’mon" The Hives a mis le
feu. Un set calibré pour la scène où le chanteur Pelle Almqvist, fils scénique
de Mick Jagger, a soulevé la foule une nouvelle fois. Bavard, généreux, un brin
mégalo, le leader du groupe va même jusqu’à s’approprier le célèbre château de
JOHN « Maintenant, c’est le château de LES HIVES ! Nous serons là
tous les ans ! » …Je pense que personne n’y trouvera d’inconvénients.
Les Lillois de SKIP THE USE ont la lourde tâche d’enchainer derrière eux et de
précéder le monumental NICK CAVE & THE BAD SEEDS…car c’est bien l’un des
évènements de la soirée. Le dandy Australien débute très fort avec
"Jubilee street". Très en forme, tactile avec les premiers rangs,
NICK CAVE régale. Les Bad Seeds sont impressionnants de puissance et de précision.
Alternant titre punk tel que "The
Mercy Seat" et ballade façon Leonard Cohen comme"Push the sky
away". Une énorme claque !
Et comme si cela ne suffisait pas, c’est
avec le groupe mythique DEAD CAN DANCE que la soirée se poursuit. Lisa Gerrard
et Brendan Perry, nous transportent avec leur musique coldwave/tribal. Les voix
sont incroyables, l’ambiance est planante, c’est parfait tout simplement. Les
Nantais de C2C vont ensuite assurer le show et clôturer cette 5ème
édition en beauté.
Beauregard se termine après 3 jours de
très grande qualité. L’affluence est
estimée à environ 53 000 festivaliers soit l’équivalent de l’année précédente
qui fût l’année record. Pas de baisse notable donc, ce qui n’est déjà pas si
mal en cette période difficile pour les festivals.
Nos TOPS:
Nick Cave & the
Bad Seeds
The Hives
Bat For Lashes
Jon Spencer Blues
Explosion
Miles Kane
New Order
Smashing Pumpkins
Dead Can Dance
Nos Coups de Coeur:
Gablé
The
Maccabees
Alt-J
Le
bus Dj set installé dans la zone franche entre les deux scènes (avec
l’excellent POP THE FISH)
Jérôme,
Stan & Aurel’
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