Magnifique concert de Christophe vendredi dernier au Théâtre de Cornouaille, trois ans après une tournée magistrale où l'artiste, très bien entouré sur scène, présentait dans son intégralité son dernier album Les Vestiges Du Chaos (chronique du concert brestois ici). C'est cette fois en mode solo que le beau bizarre parcourt les plus belles salles du pays, offrant encore une fois un précieux moment de partage. La scène est divisée en plusieurs périodes instrumentales, pour autant de chapitres proposés ce soir (piano, synthés, guitares, théâtre et jeu surprise). Malgré la taille imposante de la salle, nous nous sommes complètement projetés dans cette ambiance feutrée, avec la sensation folle d'être les privilégiés d'une session intimiste avec Christophe, oubliant même par moment les 700 autres convives.
Crédit photo © Site officiel Christophe
C'est au piano que Christophe débute le concert avec Les Marionnettes, Comme Un Interdit, Succès Fou et La Dolce Vita. A quelques jours de la sortie du premier volet de son album de duos, il énumère les collaborations et les rencontres faites à cette occasion. Sur ce projet où se croisent naturellement ancienne et nouvelle génération d'artistes (Son Lux, Sébastien Tellier, Camille, Eddy Mitchell, Etienne Daho, Juliette Armanet, Nusky, ...), Christophe s'arrête plus particulièrement sur Arno : «Une rencontre incroyable, un type formidable mais... pas facile à gérer, voyez-vous.».
Changement d'ambiance, c'est le moment de se glisser au milieu des synthés pour parcourir Les Vestiges Du Chaos, somptueux album sorti en 2015. De Océan D'amour à Tangerine (en duo virtuel avec Alan Vega), en passant par Dangereuse et Stella Botox. Quatre titres symbolisant parfaitement le talent immense de Christophe, alternant ambiance électro irrésistible et mélodie au texte déchirant.
On quitte les synthés pour le tabouret de bar. «T'as pas un p'tit remontant ?». Glisse le chanteur à son roadie qui vient lui apporter sa guitare. Ce dernier s'exécute illico et lui ramène un verre aux teintes ambrées. «C'est du Jack, j'aime bien, ça me réchauffe la voix...». Il enchaîne avec Petite Fille Du Soleil et Señorita, jouée dans une version elvissienne ce soir. Après ce "moment guitare", Christophe s'installe à un bureau pour une "phase théâtre" qu'il aurait aimé baptiser Arty Show confie-t-il ironiquement... C'est un dialogue, une confession autobiographique, ou plutôt audiobiographique comme il le souligne. Un échange drôle et inattendu pendant lequel il évoque ses souvenirs d'enfance avec ses grands-parents, les Bevilacqua de Milan, sa suspension de permis de conduire et son amitié avec Lucky Blondo. Il évoque sa façon de travailler, de vivre mais surtout sa passion pour le moment présent et sa curiosité pour les lendemains, tout en assumant la totalité de son passé artistique. Une vrai modernité qui enchante encore aujourd'hui et qui le rend si fascinant.
Après cette heureuse parenthèse, le concert reprend côté piano. «Dans ma veste de soie rose...», Christophe, quasi à capella, dans un silence de cathédrale interprète Les Paradis Perdus pour un des moments les plus beaux de la soirée qu'il poursuit avec Drone, Les Mots Bleus et Mal Comme. Bien sûr l'incontournable Aline est jouée. Chantée peut être plus par le public que par son auteur. Les quimpérois la chantent avec plaisir, sans lassitude, comme un enfant chanterait sa comptine préférée, tout naturellement.
Crédit photo Christophe © sadaka edmondsipa
La dernière partie du concert est un cadeau offert au public. Christophe se propose de jouer et de chanter les chansons à la volée, selon les désirs du public (Springsteen sort de ce corps!). Les demandes ne se font pas attendre : J'l'ai Pas Touchée, Minuit Boulevard, Le Dernier Des Bevilacqua, Parle Lui De Moi, et Daisy sont interprétées "naked", débarrassées de tout ornement, juste piano/voix pour un moment parfait encore une fois. Entre chaque chanson, Christophe fait un peu le pitre, se déplaçant sur sa "chaise audio", équipée de roulettes et de micros, du piano jusqu'au devant de la scène pour mieux parler avec son auditoire. «C'est un prototype qui demande à être amélioré mais c'est pas mal quand même...Il manque des rétros c'est vrai !».
Les deux heures trente de concert se terminent avec Le Petit Gars puis sur les puissantes notes électroniques de Comm' Si La Terre Penchait. Le public est debout et ovationne longuement cet artiste inclassable qui s'efface de la scène simplement.
Jérôme
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