Cinquième édition pour le festival God Save The Kouign de Penmarc'h et troisième venue en ce qui me concerne. La météo très moyenne de ce premier weekend d'été n'a pas découragé les festivaliers venus en nombre vibrer devant New Model Army, The Heavy, Graveyard ou encore Bad Nerves, les têtes d'affiche de cette splendide programmation 2024. Un samedi complet et un vendredi qui l'était à quelques centaines de places près, le festival penmarchais fait de plus en plus d'adeptes. Rien de surprenant tant l'ambiance ici est excellente et la qualité musicale et scénique des artistes présents est élevée. Les organisateurs ont eu la bonne idée de se démarquer de la plupart des autres festivals en programmant des groupes essentiellement axés sur le Rock et ses multiples ramifications, du Blues au Punk, du Garage au Psyché, avec pour seule ambition de faire découvrir un maximum d'artistes aux festivaliers tout en prenant le plus de plaisir possible. Amen.
Consigne suivie à la lettre, j'ai profité un maximum des groupes présents sur les deux scènes du site, sans pour autant tous les voir. Retour sélectif sur les concerts vus et aimés.
Le savoir-faire de The Heavy.
Ça semble si facile pour Kelvin Swaby et ses camarades de scène que ça en est déroutant. Le groupe anglais a attrapé le public en moins de deux minutes. Un Rock/Soul à la sauce Stax, des musiciens pointus, une choriste impeccable, des cuivres groovy, une voix puissante et un lien avec l'auditoire que le chanteur tisse sans relâche en véritable showman. On pense à Otis Redding et Curtis Mayfield bien sûr comme influences et on s'imagine bien Eric Burton des Black Pumas s'inspirer des six albums qu'a produit The Heavy depuis 2007. Soul et funk baignant dans une noirceur plutôt Rock...le mélange est savoureux. Le set passe à vive allure, on retient bien sûr Short Change Hero, Same Ol' ou encore How You Like Me Now qui clôture ce concert qui aura peut-être été celui du weekend faisant le plus l'unanimité.
Dead Chic, comme une évidence.
Dans ma chronique du concert de Dead Chic au Novomax de Quimper en janvier 2023, j'annonçais le coté GSTK compatible de ce groupe. Nul doute que les riffs de Damien Félix ont résonné jusqu'au radar des organisateurs qui avaient booké ce groupe peu de temps après pour l'édition 2024. Bien leur en a pris car comme il y a un an et demi à la salle quimpéroise, le félin Andy Balcon, au chant, n'a fait qu'une bouchée du public. Dans le sillon d'un Nick Cave ou d'une Anna Calvi, la musique de Dead Chic pourrait être la B.O. entière de Peaky Blinders. Des complaintes puissantes de Blues Rock (You Got It, Good God, Too Far Gone) aux variations Surf voire Jungle comme sur Ballad Of Another Man ou l'excellent The Belly Of The Jungle. Andy Balcon, seul anglais du groupe, prend un malin plaisir à jouer avec le public et à le solliciter dans un français à l'accent très britannique :
- Je vais lancer un CD pour vous mais si cela tape la tête, ce n'est pas ma faute d'accord ?
Stylés et techniquement très bons, les quatre compères de Dead Chic ont offert une prestation très convaincante. Ils quittent la scène tout sourires sous une belle ovation méritée. Ce groupe était fait pour jouer ici, c'est aussi simple que ça !
Incroyables Dynamite Shakers !
Tellement bons en 2023 sur la scène extérieure que les organisateurs avaient décidé de les reprogrammer cette année sur la grande scène. En douze mois, le jeune groupe vendéen a fait l'unanimité partout où il est passé et a sorti un Lp (Dont Be Boring) qui lui aussi recueille les louanges de toutes les critiques spécialisées. J'avais encore la joue rouge avec la claque reçue il y a un an, et bien j'ai repris la même en plus fort encore cette année. Ils ont tout ! Le talent, le charisme, la fougue et la culture musicale. Parmi tous les titres joués ce soir, on retiendra les furieux Look How Fast It Goes, Blow My Mind, une très belle version de The Gate To That Sweet Song Of Yours et un excellent nouveau morceau Black Boots. En fait, il n'y avait rien à jeter et j'étais scotché du début à la fin. Deux rappels seront nécessaires pour que le public accepte de les laisser partir. Le dernier titre joué sera Strychnine une cover magistrale des Sonics...épatant !
Pause Kouign et passage au merchandising puis retour sur sous le chapiteau pour Graveyard. Le groupe suédois de Blues Rock ne m'a pas aussi emballé que prévu, sans mettre en doute la qualité de la prestation, je n'étais peut-être pas dans les meilleures dispositions pour apprécier le concert. Sûrement encore trop secoué par Dynamite Shakers.
New Model Army, les tauliers au rendez-vous !
On a du mal à croire que Justin Sullivan, le charismatique leader de New Model Army, vient de fêter ses 68 ans ! Quelle présence et quel magnétisme chez ce groupe qui approche les 45 ans de carrière. Pour être honnête, lorsque les Struts ont annulé leur tournée et que GSTK les remplace par NMA, j'étais plutôt content. J'avais hâte de revoir ce groupe, vu une seule fois il y a 10 ans et dont j'étais un peu passé à côté durant mon adolescence alors que tous mes potes ne juraient que par Vaganbond, leur titre qui a eu le plus de résonnance en France à l'époque. La voix était impeccable, la rythmique impressionnante et les guitares omniprésentes. Passage en revue en règle de leur imposante discographie, pas de Vagabond mais Green And Grey, Winter, Purity et plusieurs titres de leur dernier album dont l'excellent First Summer After. Le concert s'achève sur I Love The World .Pendant plus d'une heure, jamais le feu dans les yeux de Justin Sullivan n'a faibli. Prestation exemplaire !
La surprise Howlin' Jaws !
Il y a quelques mois, Howlin' Jaws faisait la couv' de Rock & Folk et était clairement désigné comme l'un des groupes les plus prometteurs de sa génération. La pression est grande ! C'est peut-être pour cette raison qu'à l'écoute de leur album Half Asleep Half Awake, j'étais un peu plus modéré que les journalistes du célèbre magazine. Maintenant j'ai compris. Ces trois potes de lycée ont mis le feu à la scène (en passant après NMA ...respect !) de la plus belle des façons. Une énergie folle, un Rock qui tend vers la Pop Psyché et autour de moi deux connaisseurs et deux mêmes avis à 10 secondes d'intervalles : Beatles ! Mais oui bien sûr ! Mais qu'est-ce que j'ai avec ce groupe pour ne pas avoir vu ce qui pourtant crève les yeux. Cela ne m'est pas venu tout de suite mais oui, l'influence des Fab Four est bel et bien là et jaillit maintenant à mes oreilles. Down Down et le superbe Mirror Mirror qui clôture le set en sont les parfaites illustrations. Faute avouée est à moitié pardonnée, j'avais quelques réserves et clairement j'avais tort. Gros coup de cœur pour Howlin' Jaws.
La tornade Bad Nerves.
Le groupe londonien se définissant comme Power Pop/Rock 'n' Roll était très attendu notamment par les organisateurs qui ne cachaient pas leur enthousiasme lorsque je les ai croisés sur le site à quelques reprises. Effectivement, Bad Nerves est impressionnant sur scène. T-shirt Ramones de circonstances, cheveux décolorés, jeans troués, attitude de branleur assumée, les cinq lascars nous en ont mis plein la vue mais surtout plein les oreilles. Une déferlante de décibels en pleine face et à pleine vitesse façon Pixies ou The Hives mais à la mode anglaise. Bobby Nerves au chant fait le show, pendant que ses potes aux guitares jouent à celui qui gratte le plus vite. Seul bémol à mes oreilles, sa voix trop déformée vers les aigus qui laisse parfois une impression bizarre et accélérée. Aucun temps mort : ce sera à fond jusqu'à la fin. Mention spéciale à Radio Punk et You Should Know By Now qui restent bien en tête après ce concert en mode essorage.
L'édition 2024 est terminée pour moi, je rentre rincé et jette l'éponge avant Diskopunk qui entre en scène pour clôturer le festival. Quel bonheur God Save the Kouign, quelle chance d'avoir un festival de cette qualité avec une ambiance aussi bonne. Ne changez rien c'est tout simplement parfait. Alors un grand merci à toutes celles et ceux qui ont œuvré pour le préparer et le faire vivre, des organisateurs aux bénévoles, des techniciens aux artistes, des partenaires aux festivaliers. MERCI !
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