samedi 23 février 2019

BRENDAN PERRY + SPS Project @ La Carène 22 février 2019, Brest

Bien évidement c'est complet. Un live de l'immense Brendan Perry, dans le cadre intimiste du Club de La Carène, est une opportunité à ne laisser filer sous aucun prétexte et le public présent ce soir l'a bien compris. Le Britannique, qui forme avec Lisa Gerrard le duo céleste de Dead Can Dance, habite désormais en Bretagne et on peut franchement se réjouir d'être dans son périmètre de vie et de travail. Les Bretons en profitent bien : Projet No Land avec Olivier Mellano et passage aux Vieilles Charrues l'année dernière, nouvelle tournée de Dead Can Dance qui débutera en mai avec seulement trois villes françaises (Paris, Nantes et Rennes) et ce soir en mode solo, en préambule d'un nouvel album qui sortira à l'automne. Largement de quoi faire une danse de la joie !


En ouverture de cette soirée, La Carène accueille SPS Project, l'aventure solo du pianiste virtuose Steven Prigent. Très concentré derrière ses claviers et ses machines, le Finistérien fait preuve d'une maîtrise impressionnante, alternant synthé, piano, boucles vocales, rythmiques et mixage. Une attitude de musicien/chef d'orchestre derrière ses instruments qui n'est pas sans rappeler celle de Darius Keeler, le leader du groupe britannique Archive dont SPS Project est très proche musicalement. Les morceaux instrumentaux sont ornementés de samples ou de paroles enregistrées. C'est le cas sur le premier titre MenezHome où résonnent les paroles de Severn Suzuki, prononcées lors de son discours, au sommet de la Terre en 1992. On pense à Yann Tiersen également sur l'intro piano de Tribute, superbe morceau qui décline tranquillement en rythmique TripHop obsédante. Totalement habité par sa musique, Steven Prigent semble y laisser beaucoup d'énergie et apparaît presqu'aussi essoufflé qu'un sportif après une compétition. Le dernier morceau joué s'intitule Ensemble. Bien vu ! Le bar est déserté, la salle est restée pleine du début jusqu'à la fin du set. Chapeau !

 

Brendan Perry prend place sur un siège au centre de la scène et scrute le public. Son regard perçant transperce littéralement l'assistance. Le charisme est tel que l'on se dit qu'il pourrait rester là assis pendant une heure et que l'on en sortirait chamboulé. Pour ce set assis donc, il est entouré de Astrid Williamson aux claviers et de Richard Yale à la basse et le premier morceau joué est Labour Of Love, de Dead Can Dance. La voix du maître est toujours aussi incroyable, d'une noirceur absolue et d'une puissance intacte. Rapidement le set va prendre une tournure plutôt inattendue avec tout d'abord une série de quatre reprises de Tim Buckley puis une autre de standards brésiliens dont le fameux Berimbau que Claude Nougaro avait formidablement adapté en Bidonville.


Être là où on ne l'attend pas, c'est un peu ce que propose Brendan Perry avec cette plage folk et bossa. Un peu déstabilisant j'imagine pour le fan hardcore des incantations gothiques de Dead Can Dance, qui se retrouverait ce soir à deux doigts de remuer des hanches la main sur le ventre, mais franchement pas désagréable du tout. Seul bémol, que l'on perçoit très vite : la rythmique très superficielle émanant du synthé de Astrid Williamson. Loin, très loin de l'orfèvrerie proposée par SPS Project quelques minutes avant. C'est bien dommage car quitte à faire dans le concert intimiste, autant se débarrasser des ces effets superflus, à défaut d'avoir sur scène un vrai percussionniste qui aurait tant valorisé cette musique. Pour le reste c'est un régal. Chase The Blues, The Carnival Is Over, et Song To The Siren interprétées sans artifices sont des purs moments de bonheur.


  

Les deux nouvelles chansons, annoncées en Français, Killing The Dream et The Rising Tide, sont excellentes, si l'on se détache de cette orchestration assez pénible. Avant l'ultime morceau de la soirée, la boite à rythme redémarre soudainement. Brendan Perry s'en amuse et s'exclame en haussant les épaules "ah ! drum box " C'est peu de le dire ! Quoiqu'il en soit, on gardera de ce concert les moments forts et la fin de set en fait partie. Severance, interprété dans un silence religieux, puis Don't Fade Away, où la voix de Brendan Perry passe magistralement de la sombre complainte à la vibrante prière. Superbe final sous les ovations et les mercis.

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                                                                                                                                              Jérôme

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