L'indispensable Festival Invisible a cette réputation de faire découvrir aux oreilles curieuses de véritables pépites musicales dénichées ça et là, dans les méandres de la scène underground internationale. Pour ma part, je garde des souvenirs mémorables des passages de Stanley Brinks, Rats On Rafts, It It Anita ou encore Motorama, pour ne citer qu'eux. Pour cette 18ème édition, la programmation de Micah P. Hinson est, encore une fois, un coup de maître de la part des organisateurs. L'Américain au parcours très cabossé (homeless, addictions, dépressions, accident grave...) est l'un des songwriters les plus talentueux de sa génération et ses prestations live, parfois inégales, sont toujours très intenses. Il y a plus de sept ans, je l'avais vu à Port Louis à La Chapelle Saint-Pierre pour un concert aussi incroyable que bancale et que je n'ai jamais oublié. Je me faisais donc une joie de le revoir après tout ce temps, même si, honnêtement, je ne savais pas du tout à quoi m'attendre.
C'est d'abord le groupe Gros Cœur, venu de Belgique, qui avait ouvert les hostilités sur la scène du Hall. Distillant un Rock Psyché Tropical groovy et très dansant, les quatre lascards de Gros Coeur ont carrément enflammé le public à grand coup de percussions, guitares et jeu de basse à la Jah Wobble. Le style musical du groupe m'a rappelé le très bon concert des Québécois de Chocolat ici même en 2016 ou encore celui du groupe normand Cannibale venu à Brest en 2019. Irresistibles Java, Ventre Volcan, Monique... Je ne peux que vous conseiller l'écoute de Gros Disque, l'album de Gros Coeur. Gros Kif assuré ! (Je n'ai pas pu m'en empêcher).
Micah P. Hinson, natif du Tennessee, est un descendant direct du peuple Chickasaw, une de ces communautés vivant il y a plusieurs siècles en Amérique, avant la création des Etats-Unis. L'homme est atypique : allure de cow-boy désenchanté et fragile, chapeau qui recouvre une longue tresse au milieu d'un crâne rasé, une guitare qu'il porte presque jusqu'au cou et surtout une voix incroyable, unique, cabossée qui donne à ses compositions une noirceur déchirante. Depuis vingt ans, il chante ses douleurs et ses inquiétudes dans un style dépouillé et tourmenté, qui s'apparente au genre Dark Folk ou Violent Country. Ce soir, dès les premiers morceaux joués, j'ai compris que personne ne sortirait d'ici indemne. Sur Ignore The Days, magnifique chanson de séparation, l'émotion est palpable. Le visage grave, les yeux humides...l'artiste se dévoile comme jamais et bouleverse le public dès le second morceau. Un frisson de dingue !
Après un concert pareil, j'avoue sans détour n'avoir jamais pu entrer dans le rock déjanté et avant- gardiste de Badaboum qui a pris le relais sur la scène du Hall. On pense à Yoko Ono, sur des paroles en allemand, le tout sur un tempo inégal et volontairement agressif. Pas facile d'accès et définitivement pas mon truc. Le public, lui, était nombreux et bien regroupé devant la scène et m'a semblé apprécier et c'est bien là l'essentiel. Je reporte à plus tard ma découverte de Piët Du Congo qui clôturait la soirée. je suis resté bloqué sur la prestation de Micah P. Hinson et j'ai bien du mal à descendre de mon nuage pour écouter autre chose pour le moment.
Jérôme
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