Mathieu Boogaerts @ Cabaret Vauban, 16 mars 2025 - Brest
Mathieu Boogaerts vient jouer au Vauban pour la quatrième fois, à l'occasion de la sortie de son neuvième album intitulé Grand Piano. Il semble aussi heureux que le public d'être là et déboule sur scène seul sans tambours ni trompettes cinq minutes avant l'heure annoncée. Il nous présente illico son "grand piano", alias son groupe de trois musiciens qui le rejoignent sur scène depuis le fond de la salle. La seule fois que j'ai vu Mathieu Boogaerts en concert, ici même, il y a 22 ans, il était seul sur scène et projetait sur un écran un groupe qui l'accompagnait. Je me rappelle aussi d'un faux rocher sur lequel il se posait avec sa guitare. Un très bon souvenir qui ne demandait qu'à être ravivé ce soir.
Vêtu de la même chemise jaune qu'il porte dans son dernier clip, Mathieu Boogaerts explique avoir écrit le nom des toutes les chansons qu'il va jouer ce soir sur des petits bouts de papier entassés dans sa poche. Hormis la première et la dernière, l'idée est donc d'en tirer au sort l'ordre au fur et à mesure de la soirée, rendant ce concert unique. Idée originale qui colle bien au personnage. Le concert débute tout en douceur avec Faut Pas Que J'oublie, magnifique chanson qui ouvre également l'album Grand Piano. Vient ensuite ce qui va être le rituel de la soirée : main au fond de la poche, lecture du petit papier (sans en souffler mot au public), annonce discrète au musiciens, indications d'éclairage et c'est parti ! Lumière rouge, fesses qui frétillent en rythme c'est Bas De Laine qui est le premier titre sorti de la poche, suivi de Bancal et du magnifique Avant Que Je M'ennuie.
Je suis vraiment admiratif des sons de Mathieu Boogaerts. Il est l'un des seuls, je trouve, à manier aussi bien la musicalité des syllabes et des mots, la phonétique dans les textes. Plus Jonasz que Nougaro, Plus Annegarn que Gainsbourg, Mathieu Boogaerts mêle admirablement poésie et rythmiques jazzy ou bossa comme sur Come To Me ou Vallée. La danse n'est jamais loin. Entre les chansons et le rituel du tirage au sort, l'artiste est bavard, pour le plus grand plaisir du public. On se régale de le savoir incapable de prononcer le mot insatisfaction ou de le voir déboutonner sa chemise au fil du concert, quitte à faire un peu kéké comme il le dit en souriant. Une cool attitude qui me rappelle Philippe Katerine, Vincent Delerm ou Mac DeMarco, et tout comme eux, Mathieu Boogaerts, sous son air timide et un brin maladroit, est un grand charmeur. Et comment ne pas succomber à Ma Jeunesse, Bien ou Vegas, Annie ou encore Une Bonne Nouvelle ?
Malgré les interrogations de l'artiste à ce sujet à un moment, j'ai trouvé le son du Vauban vraiment excellent. L'auditoire, dans la poche depuis longtemps, se déhanche et chante en chœurs sur On Dirait Que Ça Pleut et pour ma part, je savoure Bel Et Bien Là, ma chanson préférée du répertoire de Mathieu Boogaerts, revisitée ce soir en version plus musclée, façon Sultans Of Swing, puisque comme il l'explique au public, il ne supporte plus la façon dont il chantait il y a trente ans sur son premier album Super. Le hasard nous place les tubes en fin de set, Comment Tu T'appelles ?, Le Ciment et l'incontournableOndulé. Mention spéciale aux musiciens qui accompagnent Mathieu Boogaerts sur scène : Jean Thévenin à la batterie, Vincent Mougel à la guitare et au clavier et Elise Blanchard à la basse, tous les trois impeccables et complétant parfaitement leur ainé. Le concert s'achève après deux rappels durant lesquels sont joués C'est Beau La Vie, Pourquoi Pas puis le bien nommé C'est Pas Drôle que Mathieu Boogaerts joue pour la deuxième fois seulement et dédie à l'horrible Trump qu'il souhaite voir mourir et à qui il envoie, avec l'aide du public, des salves de rires jaunes comme un sortilège maléfique que l'on espère le plus puissant possible. Excellent concert !
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