samedi 7 décembre 2024

PAUL McCARTNEY @ PARIS DEFENSE ARENA, 5 décembre 2024

J'ai hésité à faire cette chronique car honnêtement je ne pense pas être très objectif tant j'ai une admiration immense pour cet artiste. De plus, il me semble compliqué de retranscrire toutes les émotions ressenties lors de ce concert. Escapade parisienne terminée, de retour en Bretagne, je me mets au travail parce que, quand même, je ne peux pas ne pas parler de ce concert qui restera comme l'un des meilleurs shows auquel j'ai pu assister. Dans mon top 10 assurément ! Paul McCartney - Got Back Tour 2024 - Paris Défense Arena, j'y étais bordel !

Bien installé en tribune basse latérale, avant la seconde moitié de salle, une première constatation s'impose à moi : le public est totalement multigénérationnel. Moi même, j'étais accompagné de mon frère et de ma mère pour l'évènement. La salle de la Défense Arena est vraiment gigantesque. J'étais pourtant quasiment à la même place en 2018, pour McCartney déjà, mais je reste vraiment impressionné par la taille de ce stade indoor et lorsque je vois la foule s'accumuler en fosse, je suis bien content d'être en tribune. Il est 20h40, les écrans passent une vidéo rétrospective d'animation et sur les notes de A Day In A Life, l'écran fait apparaître la célèbre basse Höfner aux allures de violon. C'est le top départ du concert, Paul McCartney arrive et une clameur immense s'élève des 40 000 spectateurs. "Bonsoir la France ! Salut Paname !" s'exclame Macca avant de débuter avec Hard Day's Night


Depuis longtemps maintenant Paul McCartney ne se refuse plus rien en termes de choix de chansons. Cette soirée ne fera pas exception puisque en 2h40 de show ce sont 36 titres issus des différents albums des Beatles, des Wings ou de sa carrière solo qui vont être joués. Autour de lui, sa troupe de zicos, fidèles de puis plus de 20 ans. Tous excellents ! En arrière plan les animations sont bien à leur place, sans trop étouffer le visuel global de la scène. Le light show est splendide et les effets pyrotechniques (Live And Let Die) et techniques (Blackbird) sont parfaitement intégrés à un spectacle qui n'aura pas été prétentieux une seule seconde, à l'image du personnage, pourtant véritable légende vivante. Sir Paul McCartney, 82 ans au compteur semble plus en forme que jamais, élégant, souriant et jouant avec le public et s'exprimant en français la plupart du temps. Sa voix est bien meilleure qu'il y a 6 ans et j'ai trouvé le son meilleur également. J'avais ressenti une résonnance un peu gênante la dernière fois, ce ne fût pas du tout le cas ce soir et j'étais quasiment au même endroit dans la tribune. 



Côté chansons, tout y est ou presque. De la toute première compo, In Spite Of All The Danger, enregistrée en 1958 à Now And Then, écrite en 1977 par John Lennon et finalisée en 2023 grâce aux nouvelles technologies d'intelligence artificielle. Cette dernière, que j'avais trouvé belle sans plus, m'a bouleversé ce soir...comme quoi ! Parmi toute les chansons jouées, on retrouve les cultissimes Love Me Do, Getting Better, Drive My Car, Let It Be, Get Back, Hey Jude, toutes ces chansons des Beatles qui font intégralement partie de l'histoire de la musique. Cela parait fou de les entendre chantées par leur auteur encore aujourd'hui ! Personnellement, en live ce soir, j'ai ma préférence pour la période solo post Beatles avec un incroyable Maybe I'm Amazed et un Here Today (que Paul dédie à son ami John) ainsi que pour les chansons des Wings qui sont, à mon sens, les plus puissantes sur scène. Jet, Let 'Em In, Live And Let Die, Let Me Roll It, Band On The Run et le formidable Nineteen Hundred And Eighty-Five. On notera des chansons plus légères bien sûr, mais chantées par 40 000 personnes à l'unisson...ça le fait carrément !



Côté émotion, c'était le grand chahut dans ma tête et mon coeur. Je me suis rendu compte à un moment que j'étais totalement dans la contemplation, presque à ne plus bouger sur mon siège. Groggy, sous le choc de ce qui se déroulait devant moi, notamment lorsque Paul McCartney reprend, en duo virtuel avec John Lennon, I've Got A Feeling...c'était incroyable. Idem pour Something, sublime chanson de George Harrison que Paul McCartney commence seul au ukulélé avant d'être rejoint par le groupe. Assurément l'un des grands moments de la soirée. Mais il y en a tellement ! Que dire du furieux Helter Skelter, chanson issue du double album blanc des Beatles (mon préféré) et qui est considérée comme la première chanson Heavy Metal de l'histoire. Ecrite par celui qui a composé Ob-La-Di, Ob-La-Da... Le final est grandiose : Golden Slumber, Carry That Weight et The End qui se termine par cette phrase entrée dans la postérité : "And in the end, the love you take is equal to the love you made". Derniers mots de la dernière chanson du dernier album des Beatles. Un vrai mantra qui correspond si bien à Sir Paul McCartney qui, comme il y a 6 ans, quitte la scène en lançant un malicieux : À la prochaine ! 

Magnifique concert d'un artiste hors normes et dont je suis à peine remis. 

Jérôme






dimanche 1 décembre 2024

TINDERSTICKS @ Le Quartz, 30 novembre 2024 - Brest

Je ne ferai pas offense aux fans du groupe qui suivent de près chacun de leurs albums depuis 30 ans. Pour ma part j'ai pris le train en marche il y a une dizaine d'années avec The Waiting Room. Cette chronique n'est pas celle d'un fin connaisseur des Tindersticks mais plutôt celle d'un récent converti. Mieux vaut tard que jamais ! Ceci étant, je suis tombé raide dingue de Soft Tissue, leur 14ème Lp sorti en septembre dernier. Cette date à Brest est la dernière de leur longue tournée 2024, et le Quartz est logiquement complet pour l'occasion. La dernière fois que j'étais venu au ici, c'était pour voir Henri Salvador, il y a 22 ans... J'ai l'impression que c'était dans une autre vie. Depuis peu, le Quartz s'est offert une rénovation quasi totale qui a duré 2 ans et demi. Autant dire qu'en pénétrant dans la célèbre enceinte brestoise je ne reconnaissais pas grand chose. Arrivé assez tôt, j'étais idéalement placé et très impatient de retrouver les Tindersticks que je n'avais vu qu'une seule fois, au festival de Beauregard en 2012. Le temps passe vite mon bon ami !

Le concert débute avec How He Entered, magnifique chanson de l'album The Waiting Room dont les paroles ont donné le titre du dernier ouvrage des Tindersticks, Soft Tissue... Vous me suivez ? Suivent A Night So Still, Trees Fall et Falling The Light. David Boulter, aux claviers, est aussi élégant dans son jeu que physiquement, il laisse sa place sur quelques titres au bassiste Dan McKinna. Neil Fraser, à la guitare, fait résonner des notes cristallines qui donne un équilibre parfait à l'ensemble, accompagnant à merveille la voix grave de Stuart Staples, reconnaissable entre mille. Earl Harvin, aux percussions, effleure cymbales et fûts dans un style très jazzy qui finit de donner cette touche si particulière au groupe. Une pointe de baroque à la Divine Comedy, un soupçon de Soul à la sauce Stax, un joli penchant Jazz et une profondeur qui rappelle Nick Cave et Leonard Cohen. Rien que ça ! 


Les titres s'enchaînent : Nancy, Second Chance Man, Lady With The Braid puis Willow où l'attention du public est telle, qu'on entend le moindre toussotement. Le son est parfait, aucun des quatre musiciens qui entourent Stuart Staples, ne dépassent d'un cheveu la partition, c'est d'une maîtrise et d'une finesse impressionnantes. Les Tindersticks semblent appliquer à la lettre la ligne de conduite que Mark Hollis, le regretté leader de Talk Talk, s'imposait sur ses derniers albums, je cite : "Avant de jouer deux notes, apprends d'abord à en jouer une... C'est aussi simple que cela, vraiment. Et ne joue pas une seule note à moins d'avoir une bonne raison de la jouer." 

 

La seconde moitié du show fait la part belle au dernier album. L'acclamation, dans la salle, qui accompagne les premières notes de Always A Stranger en dit long sur la qualité de l'ouvrage et sur l'accueil que le public lui a réservé. Stuart Staples semble habité par ses textes et communique peu. Avec son air de promeneur/rêveur, il remercie timidement le public et reprend son ouvrage, plus concentré que jamais. Après les superbes enchaînements Turn My Back et Don't Walk, Run, le concert se termine sur Slippin' Shoes et New World. Le public est debout et réclame le rappel. Les Tindersticks reviennent sur scène jouer trois derniers bijoux : Stars At Noon, Pinky In The Daylight et le sublime For The Beauty avec cette sombre intro de Dan McKinna au piano et Stuart Staples totalement bouleversant dans son chant. C'est superbe ! 
Longue ovation pour cette Masterclass des Tindersticks.

 

Jérôme


vendredi 29 novembre 2024

ALAIN CHAMFORT @ Cabaret Vauban, 28 novembre 2024 - Brest

Pour reprendre, l'expression d'un ami qui a toujours le bon mot, Alain Chamfort est un peu le Bryan Ferry français. Un taulier de la variété dans ce qu'elle sait faire de mieux, un dandy délicat et discret, un anti Sardou/Hallyday. Son dernier album intitulé L'Impermanence, sorti en mars de cette année, est, de loin, celui que j'ai préféré parmi tout ce que j'ai écouté en 2024, catégorie chanson française. À l'instar de Christophe, qui, en 2016, à plus de 70 ans, avait sorti le sublime Les Vestiges Du Chaos, Alain Chamfort signe un retour magistral avec un album oscillant entre fragilité et modernité. Un album d'une grande élégance, qui  lui ressemble tout simplement. 

Dans un Cabaret Vauban complet et plein à craquer, je faisais clairement partie des plus jeunes du public. Pendant les 30 minutes qui ont précédées le début du concert, c'est le best of de Joe Dassin qui était diffusé dans la salle.  De quoi chauffer l'ambiance ? Carrément ! Toutes les personnes autour de moi reprenaient en cœur L'Équipe à Jojo ou Dans Les Yeux D'Émilie...un peu flippant d'ailleurs ! Les lumières s'éteignent, c'est parti ! Ce sont d'abord les quatre jeunes musiciens du groupe qui commencent et interprètent Baby Boum, avant qu'il arrive à son tour sur les notes de La Fièvre Dans Le Sang. Après cette entrée en matière plutôt directe, Alain Chamfort, indique avec humour avoir hésité entre stades ou petite salles pour cette nouvelle tournée. Il en a confié la direction musicale à Adrien Soleiman qui s'est donc chargé de piocher dans le répertoire du chanteur, entre anciennes et nouvelles compos pour façonner une set-list assez irréprochable je trouve. Dans ce début de show, les tubes sont présents avec Clara Veut La Lune et Bambou, pourtant, ce sont finalement les titres Amour Année Zéro, Contre L'Amour ou Notre Histoire qui ont ma préférence. Sur cette dernière chanson, Julia Jérosme (clavier et chant) apporte une très belle intensité sur le final.


Le décor de scène est sobre, un vase et des fleurs comme sur la pochette de L'Impermanence, son dernier album dont il joue ensuite 4 titres : L'Apocalypse Heureuse, Whisky Glace, l'irrésistible En Beauté et le fragile Par Inadvertance. Alain Chamfort, qui se charge essentiellement de composer les musiques de ses chansons, rend ensuite hommage à ses paroliers, Jacques Duvall et Pierre-Dominique Burgaud pour ne citer qu'eux. C'est le moment d'enchainer un Medley très années 80, même dans le son : Bébé Polaroïd/Bons Baisers D'Ici/Souris Puisque C'Est Grave. Le public est au taquet, et Alain Chamfort semble lui aussi passer un très bon moment. Tout en regardant sa troupe, il lâche comme un cri du cœur : "Je suis vraiment content d'être là...". Et puis, il est presque à domicile finalement, lui qui a des origines morbihannaises et dont le "vrai nom" est Alain Le Govic. 



C'est l'heure du slow ! Lumière chaude, back to 1986 pour un langoureux Traces De Toi. Le Vauban est sous le charme, la séduction opère depuis longtemps et l'osmose est parfaite. Avant de quitter la scène, Alain Chamfort, visiblement ému, tient à remercier son public fidèle, sans qui il n'aurait pu traverser les décennies et exercer ce métier encore aujourd'hui. Le dernier morceau est une magnifique reprise de Barry Manilow : Le Temps Qui Court. À côté de moi une dame demande à sa voisine : "C'est pas une chanson de Alliage au départ ?"...Misère ! Longuement ovationné, Alain Chamfort ne se fait pas attendre et revient une première fois, plongé dans une lumière rouge, pour interpréter Noctambule puis Géant que le public chante avec lui. J'ai, pour ma part préféré Paradis et le Gainsbourien Volatile, présent sur l'album Secrets Glacés paru en 1983. Ce rappel s'achève sur l'incontournable Manureva, qui, 45 ans après sa sortie, n'a pas pris une ride et se retrouve même boosté par une magnifique rythmique, assurée par Antoine Boistelle (batterie) et Jérôme Arrighi (basse et chant). 



Les notes hautes de Palais Royal n'ont pas effrayé le chanteur revenu une seconde fois à la demande du public. Les deux derniers titres, qui scelleront une fois pour toute le concert, sont issus du dernier album : Tout S'Arrange À La Fin, chanson très disco, dans le même esprit que Souris Puisque C'Est Grâve et que n'aurait pas renié Claude François, lui qui avait lancé la carrière d'Alain Chamfort il y a 50 ans. Puis, les musiciens quittent la scène, Alain Chamfort reste seul au piano pour interpréter La Grâce, peut-être sa plus belle chanson où il pose un regard tendre sur le passé et sur les émotions qu'il a pu transmettre autour de lui, au public et aux générations d'artistes dont il a été l'oncle magnifique. Un moment suspendu qui clos un superbe concert au cours duquel je ne me suis pas ennuyé une seule seconde. C'est la première fois que je voyais Alain Chamfort sur scène, il a été comme je l'imaginais, impeccable, d'une humilité et d'une simplicité dont beaucoup devrait s'inspirer. La classe de bout en bout. 


Jérôme

lundi 18 novembre 2024

The Silencers @ Cabaret Vauban, 16 novembre 2024 - Brest

The Silencers au Vauban, c'était clairement inratable pour toutes celles et ceux qui, comme moi, étaient tombés raides dingues de A Letter From St Paul, A Blues For Buddha et Dance To The Holy Man (mon préféré), les 3 premiers albums du groupe. Que de souvenirs ! Aujourd'hui, l'adorable Jimme O'Neill, est le seul rescapé de la formation d'origine qu'il avait créée il y a 40 ans avec ses potes. Le groupe a vu passer un bon nombre de musiciens depuis. The Silencers est même devenu une affaire de famille puisque Aura et James O'Neill, les enfants de Jimme, ont intégré la formation il y a plusieurs années déjà. Après la mort de Cha Burns, (guitariste et compagnon de route de toujours de Jimme O'Neill) en 2007, The Silencers se sont fait plus discrets. L'album Come paru en 2004, restait leur dernier en date jusqu'à ce que paraisse, un peu à la surprise générale, le superbe Silent Highway il y a 1 an. Pendant tout ce temps, Jimme O'Neill n'était pas resté inactif, loin de là. Il n'a jamais quitté la scène, se produisant régulièrement avec son groupe, en solo ou avec d'autres projets musicaux tels que The Honkytonk Hicks ou The Celtic Social Club. Avec ce nouvel album des Silencers, l'inépuisable Jimme signe un magnifique retour aux sources et repart en tournée pour le plus grand bonheur des fans dont je fais partie.

C'était la course pour ne rien vous cacher ! La route, les travaux du tramway dans le quartier du Vauban, chercher une place de parking, retrouver les copains et casser la croûte... Je suis arrivé pile poil au début du concert. Bon, comme c'était complet, je me suis retrouvé tout au fond de la salle, près du bar. Pas la meilleure place pour bien voir le spectacle mais on peut dire que j'étais dans l'ambiance. Les solides et bruyants buveurs de bières qui m'entouraient ont transformé le cabaret Vauban en un vrai pub de Glasgow. Bruyants certes, mais fans ceci dit ! Ils reprenaient joyeusement en cœur la quasi totalité des chansons. En revanche il m'était impossible de bien entendre les échanges que Jimme O'Neill avait avec le public. Du coup, j'étais bien placé pour prendre moi aussi une bonne bière. On se console comme on peut !


Une set list best of qui débute en fanfare avec Painted Moon et son fameux solo d'harmonica suivi de I See Red et Answer Me, titre qui ouvre l'album A Blues For Buddha que j'ai tant écouté. Quel plaisir ! Arrive ensuite Hey Mr. Bank Manager, la plus Beatles des chansons des Silencers, comme un mélange des classiques Money et Mr. Postman. Ce soir, Jimme O'Neill est entouré de 3 musiciens dont Baptiste Brondy, batteur du groupe Delgrès, avec qui il a produit et arrangé Silent Highway. Ce dernier nous gratifiera d'un solo magnifique à la fin de I Want You un peu plus tard. Mais pour l'heure, c'est le nouvel album qui est mis à l'honneur avec 67 Overdrive, Western Swing, Whistleblower et Sunny Side


Ces nouveaux titres sont vraiment bons et s'intègrent parfaitement aux anciennes compos. Le temps défile, on entre dans la seconde moitié du concert dont je retiens bien sûr Scottish Rain, Number One Friend, I Want You et le formidable Bulletproff Heart, que Jimme O'Neill avait composé en 1980 avec son premier groupe Fingersprintz. C'est un autre tube imparable qui clôture le set : The Real McCoy, lui aussi repris en cœur par un public qui aura été très bon ce soir. 

 

Après une ovation méritée, Les Silencers reviendront pour un ultime tour de piste, en reprenant tout d'abord The Letter des Box Tops avant de finir une fois pour toute le show sur I Can Feel It dans un Vauban bouillonnant. Un superbe show, des retrouvailles dignement fêtées, une joie partagée, bref, un excellent concert ! Alors qu'il avait joué en showcase un peu plus tôt dans la journée (chez Dialogues Musiques) et après 2 heures de concert, Jimme O'Neill, toujours aussi humble, passera de longs moments avec le public, se rendant disponible pour les dédicaces, les selfies et les échanges passionnés. Vers 2 heures du matin, dans un cabaret Vauban passé en mode boîte de nuit, il était encore derrière une pinte de bière à discuter... Inépuisable !

Jérôme

dimanche 17 novembre 2024

VOX LOW @ L'Archipel, 14 novembre 2024 - Fouesnant

Elle était bien étrange cette soirée à L'Archipel. Si la programmation de Vox Low, dont j'écrivais le plus grand bien il y a 3 ans lors de leur venue à La Carène, me réjouissait totalement, je ne pouvais pas cacher une certaine appréhension quant à la configuration du concert. L'Archipel est une salle magnifique dotée de sièges très confortables et... non démontables. Idéal pour apprécier comme il se doit une pièce de théâtre, un concert de jazz ou un live de Dominique A certes, mais pour la Coldwave/Electro du groupe parisien, je me demandais bien ce que cela allait donner. 

Les quatre musiciens  s'installent au milieu de la scène, presque trop grande pour le coup et dénuée de tout artifice. Juste les instruments, le fond noir et le light show. Un minimalisme qui colle assez bien à la musique de Vox Low, même si j'imagine assez bien des séquences vidéo en fond de scène renforcer la noirceur et le côté anticipation du groupe. Un atout visuel très bien utilisé par exemple par Gwendoline, autre groupe du Label Born Bad Records. Mais peut-être est-ce mieux ainsi... Au micro et clavier, Jean-Christophe Couderc salue le public et aborde directement la question de la configuration de la salle. "C'est la deuxième fois seulement que nous jouons devant un public assis, c'est différent, un peu bizarre mais en même temps nous ne bougeons pas beaucoup non plus, donc...". Bien parlé ! Le concert peut commencer avec Now, We're Ready To Spend et Some Words Of Faith, deux titres du premier album, qui oscillent entre un groove sombre et monocorde pour l'un et un acid/électro angoissant pour l'autre. 



Jérôme Pichon partage son temps entre notes new wave au synthé et guitare agressive. Le jeu de basse de Benoît Raymond est omniprésent et forme avec Mathieu Autin, à la batterie, une rythmique précise, puissante véritable poutre maitresse de l'édifice Vox Low. Place aux titres de  Keep On Falling, second album du groupe sorti il y a 1 an. Dans ce nouvel ouvrage, Vox Low est un peu plus humain que machine. Plus de guitare, un son plus Rock, plus Cure, Depeche Mode (Violator) ou Sister Of Mercy. C'est assez flagrant sur Henry Rode, Keep on Falling et le superbe Breathless Tuesday. Les interactions avec le public sont réduites certes mais l'écrin qu'est la salle de L'Archipel offre à Vox Low la possibilité de mettre en avant d'autres aspects du live. Le light show est très bon et le son est tout simplement parfait ! Les applaudissements soutenus du public entre les morceaux ne trompent pas. La température monte d'un cran après It Grows et We Walk. Aussi, lorsque Mathieu Autin décide d'enlever son t-shirt, quelques réactions admiratives se font entendre parmi l'auditoire. Du tac au tac, Jean-Christophe Couderc réplique avec humour : "ça, c'est prévu dans le contrat". C'est l'heure du dernier morceau, et face à la déception non dissimulée que certains spectateurs expriment à voir le show se terminer si vite, Jean-Christophe Couderc, toujours, les rassure en précisant que ce titre dure très longtemps. Effectivement l'enchainement Something Is Wrong avec I Am A Strange Machine Sometimes doit se situer aux alentours de 15 minutes de trip hypnotisant et vibratoire. 



Le concert aurait très bien pu s'arrêter là, mais Vox Low viendra une dernière fois inonder L'Archipel de ses vagues synthétiques et dansantes avec Distance, autre titre du dernier album dont 6 morceaux auront été joués ce soir. Excellent concert de Vox Low dans un cadre particulier où j'ai eu le sentiment paradoxal d'être freiné dans l'ambiance tout en étant le privilégié d'une broadcast session ou d'une résidence. Habitué à une proximité bien plus importante avec le public, je me demande aussi comment le groupe a vécu cette soirée. 

Jérôme

samedi 16 novembre 2024

Beauregard #17 - Les premiers noms

Le Big Band Café d'Hérouville-Saint-Clair était plein à craquer mardi dernier pour l'annonce des premiers noms du Festival Beauregard 2025. Après une vente de 5 000 billets "Offre Fan" en un temps record quelques jours avant, les co-organisateurs Paul Langeois et Claire Lesaulnier pouvaient être confiants et donner le départ de la 17ème édition sereinement. Le nouveau graphisme s'inspire directement du Château d'Hérouville et du soleil, deux véritables emblèmes du festival, car de mémoire, depuis 2009, il n'y a eu qu'une seule édition pluvieuse. Si en Bretagne il ne pleut que sur les cons, à Beauregard, aussi incroyable que cela puisse paraître, il ne pleut (quasiment) pas du tout ! John met le cap sur 2025, on y était, on vous raconte.

Une annonce programmée à 19h et une confirmation officielle de certains groupes à peine 30 minutes avant. Autant dire que le timing était serré pour parler des nouveautés de cette nouvelle édition. Paul Langeois a tenu à rappeler l'importance de la démarche locale que le festival a toujours valorisée et qui va être renforcée (cette année, les restes de nourriture et le surplus en tout genre avaient été offerts à des associations locales). Fini les goodies made in China, Beauregard veut plus de tri, plus de local, plus de bio. On ne peut que s'en féliciter. Très attaché aux valeurs de protection de l'environnement, Paul Langeois a également profité de l'occasion pour rendre hommage à Paul Watson, le militant écologiste fondateur de Sea Sheperd actuellement emprisonné au Groenland. Côté nouveautés, Beauregard devient partenaire du Festival Rose de Toulouse crée par BigFlo & Oli. Les vainqueurs de leur tremplin respectif se produiront donc chez l'un et l'autre. 

Place aux premiers artistes programmés ! Il y a comme un retour aux sources et aux racines Pop/Rock du festival normand dans cette première liste. Clairement ce ne sont ni Gazo ni SDM qui nous font rêver, il en faut pour tout les goûts et le rap n'est pas la tasse de thé de Milouze En Live. En revanche, nous salivons d'avance à voir Les Black Keys, Fontaines D.C., Amyl And The Sniffers et Blonde Redhead se produire pour la première fois à Beauregard. Du côté de l'Electro, Kompromat et Air devraient largement satisfaire les amateurs du genre, quant aux plus jeunes, ils se réjouiront de voir Martin Garrix clôturer l'édition 2025. Les artistes francophones sont en bonne place également dans cette première salve de 14 noms : Jean-Louis Aubert, Malik Djoudi et le collectif Lamomali emmené par -M- et Fatoumata Diawara qui sera à n'en pas douter un des moments forts du weekend. Enfin, la sensation norvégienne Girl In Red et le quintet baroque britannique The Last Dinner Party peuvent aussi être des découvertes scéniques marquantes parmi l'ensemble de la programmation à venir. 

Une première annonce qui a fière allure donc, un line up qui sera complété au fil des semaines jusqu'à être totalement révélé en début d'année comme le font habituellement les organisateurs. La répartition des artistes par journées est visible sur le site du festival et la billetterie est ouverte avec plusieurs options de choix en pass 1, 2, 3 ou 4 jours.

https://www.festivalbeauregard.com/fr/Billetterie

Franck et Jérôme - Milouze En Live

lundi 4 novembre 2024

LA JUNGLE + PAPIER TIGRE @ Le Novomax, 2 novembre 2024 - Quimper

Malgré ce long weekend, qui aurait pu faire se détourner les quimpérois d'une soirée de concert, il y avait du monde au Novomax samedi pour cette très belle affiche Math Rock et Noise Trans avec respectivement Papier Tigre et La Jungle au programme. Ceinture de sécurité obligatoire, c'est clairement le genre de soirée qui secoue. Pour l'occasion, nous y sommes allés en tribu. Après une étape au pub puis au restau indien, nous voici devant les portes de la salle, baignant dans nos effluves de curry, prêts à nous faire bouffer tout cru. 


Six ans après leur dernier concert, les Nantais de Papier Tigre reviennent sur scène à l'occasion des 20 ans de leur partenaire historique Murailles Music. Les trois zicos ont une expérience qui force le respect, que ce soit avec Papier Tigre, avec qui ils ont tourné dans le monde entier, où à travers leurs multiples projets tels que La Colonies De Vacances, Claptrap ou Spelterini. Pour ma part c'était la première fois que je les voyais sur scène, contrairement à mon camarade Cyrille, fan de la première heure, croisé quelques instants plus tôt dans le hall du Novomax et qui me racontait, encore tout ému, les avoir fait venir au festival Massey Fergusound de Briec il y a une quinzaine d'années. Tout une époque ! Pas de nouveaux titres ou de nouvel album ce soir, le set sera composé essentiellement de morceaux (une quinzaine au total) issus des 3 premiers albums du groupe, faisant même l'impasse sur The Screw leur dernier Lp datant de 2016. Pierre-Antoine Parois est installé derrière ses fûts au bord et au centre de la scène tandis que Eric Pasquereau (chant et guitare) et Arthur de La Grandière (guitare) occupent chaque extrémité. 


Dès les premiers titres, le style singulier de Papier Tigre fait mouche ! Guitare noisy, riffs aigus, mélodies déstructurées et jeu de batterie mi Rock, mi Jazz, on y retrouve clairement du Nirvana, du Foals premières années et du Jesus Lizard entre autres. Une signature complexe et atypique, qui a ouvert la voie à d'autres groupes tels que Totorro, BRNS, It It Anita ou Lysistrata pour ne citer qu'eux. J'ai particulièrement aimé Health And Insurance, Dance Dealer et Some Statues Are Easily Destroyed With A Shotgun, dont les cassures et les reprises puissantes sont assez irrésistibles. Le public est très attentif, à commencer par Jim le guitariste de La Jungle, installé dans les premiers rangs du public et présent du début à la fin du set. Eric Pasquereau lui semble un peu fermé et agacé, et balance entre deux morceaux un sévère "on vous entend respirer...". Le public réagit et quelqu'un scande "c'est super bien..!" comme pour le rassurer sur son ressenti. L'ambiance restera plutôt linéaire jusqu'au rappel où les furieux A Killer Gets Ready et Wandering Cage clôturent une très bonne prestation malgré des sensations visiblement mitigées. 



Place à La Jungle ! Le duo belge prend de longues minutes à s'installer, régler et ajuster câblages, pédales et fûts, on va vite comprendre pourquoi ! Jim à la guitare et au chant précise avant de débuter le show : "On nous a présenté avec la typographie du groupe anglais Jungle il y a quelques jours. Donc si certains ici s'attendent à écouter une sorte de Soul Trip/Hop, je préfère vous prévenir... cela n'arrivera pas". Pas de lézard, c'est bien pour LA Jungle qu'on est venu ! C'est la troisième fois que l'on voit Jim et Roxie sur scène après les Charrues en 2022 et le Run Ar Puns en 2019, à chaque fois  impressionnants dans le rythme, le bruit et l'énergie déployés. 


Des boucles électroniques, des onomatopées, des cris et des sons telles des incantations. On se sent par moment entourés de singes, d'oiseaux ou de batraciens avant d'être coursés par une centaines de rhinocéros en furie. Il est bien difficile de raconter la Transe Rock radicale de La Jungle. La rythmique est folle, Roxie à la batterie est rapidement trempé de sueur et semble totalement épuisé. Baguettes cassée en 20 minutes, il passe les quelques instants de répit entre les morceaux à s'étirer et à rafistoler ses pieds de cymbales et ses fûts tant il les martyrise. Les morceaux sont piochés dans la discographie foisonnante du groupe, Liberté Totale, Couleur Calcium entre autres et la part belle à ceux de Blurry Landscapes, leur dernier album en date. 


Le public est en transe, comme envoûté, Le Novomax se transforme en dancefloor chamanique, à faire réveiller les morts, en ce jour de fête des défunts. Le rappel, je n'y croyais pas trop, vu l'état d'épuisement de Roxie que l'on irait bien aider à sortir de scène. Pourtant, La Jungle va revenir et finir son set avec The Knight The Transe, incroyable morceau pendant lequel Jim semble utiliser sa guitare comme une tronçonneuse tandis que Roxie trouve encore les ressources pour faire trembler la salle tout entière. Quelle énergie ! Nous repartons sain et sauf de cette soirée sauvage, finalement plus fatigués que Jim qui cherchait des adresses et semblait motivé pour une after. Insasiables !


Jérôme & Cie

vendredi 13 septembre 2024

PETER DOHERTY @ Cabaret Vauban, 12 septembre 2024 - Brest

J'ai toujours eu un faible pour Peter Doherty. Je lui reconnais du talent, du charisme et de la poésie. J'ai eu l'occasion de le voir 4 ou 5 fois déjà, avec The Libertines, Babyshambles ou en solo. Des prestations très inégales allant du très bon au mauvais selon la période. Mais même quand il était à côté de la plaque, je lui trouvais un côté attachant et authentique, c'est comme ça ! Peut-être parce physiquement il ressemblait un peu à mon frère il y a quelques années. Aujourd'hui, Peter Doherty semble apaisé, bien dans ses pompes, moins torturé. Sa venue à la mythique salle brestoise, annoncée mi-juillet, semblait presque trop belle pour être vraie et pourtant...en ce jeudi soir, dans un Cabaret Vauban plein à craquer, Peter Doherty est bel et bien là. Un vrai cadeau de rentrée.

La première partie est assurée par Liza Mauzole, une jeune artiste brestoise qui chante un folk, pas si doux que ça, oscillant entre Joni Mitchell et Dick Annegarn à qui, Vacille, Tangue, sa seule chanson en français m'a fait penser. Liza Mauzole nous raconte son histoire en toute simplicité et honnêteté, ses chansons sont convaincantes et ses mélodies accrocheuses : Super Hero et Single Song en sont de parfaits exemples. La jeune artiste, très honorée d'assurer la première partie d'une légende, comme elle le déclare avant son dernier titre, clôture sa très bonne prestation par un titre de circonstance : There She Goes des Babyshambles. 

Il fait au moins 30°C dans la salle et pourtant, Peter Doherty arrive avec un long manteau d'hiver et coiffé d'un chapeau qu'il ne quittera pas. Il est accompagné sur scène, par intermittence, par le guitariste Andrew Newlove, compagnon de route depuis plusieurs années, mais c'est essentiellement en mode solo que le concert va se dérouler. Pas de set list, Peter Doherty se laisse aller au gré de ses envies et inspirations. Il débute avec Empty Room (nouvelle chanson ?) puis enchaîne très vite avec des titres plus anciens, ceux des Libertines et des Babyshambles : The Ha Ha Wall, Can't Stand Me Know ou le sublime Beg, Steal Or Borrow

 

L'ambiance est excellente, intimiste au point de voir débouler sur scène les deux chiens de l'artiste qui vont et viennent et se prennent une bonne dose de caresses avec les spectateurs du premier rang. Peter Doherty est souriant, bavard et échange beaucoup avec le public :  «How it is to live in Brest ? Is it Nice ? This place is so beautiful, i can live here i guess...maybe one day !».

 

Le Brestois est taquin et l'Anglais espiègle. Depuis le public une voix s'élève : «Il parle bien Français l'Anglais !», sur scène du tac au tac, Peter Doherty l'œil malin et le sourire en coin répond quasiment sans accent : «En fait oui...». Un délicieux moment comme Le Vauban, avec son atmosphère si particulière, sait en offrir très souvent. Les échanges avec le public se multiplient, chacun demandant sa chanson favorite. Aussi lorsque Peter Doherty réclame une cigarette aux spectateurs, ce sera en échange de Salome, l'un des plus beaux titres de sa carrière. Il grimace mais s'exécute...en vain car malgré quelques tentatives il n'arrivera pas à retrouver les accords de la chanson. Sur le côté de la scène, une petite tête blonde dévore l'artiste des yeux et applaudit presque aussi fort que le public : c'est Billie-May, la fille de Peter Doherty, âgée de 15 mois seulement. Son père la regarde tendrement et lui chante en français Mon Petit Lapin A Bien Du Chagrin, à la fin de la chanson on entend un aboiement...on se croirait vraiment dans son salon ! Quel plaisir de le voir si heureux et souriant quand on connaît son parcours.

 

 

Le spectacle continu avec quelques incursion de guitare électrique et les moments forts se succèdent : For Lovers (que Peter dédie à un barman du Vauban qui lui avait demandé un peu plus tôt et qui bosse 1'étage au dessus pendant le show), Merry Old England, Fuck Forever et une poignée de nouvelles chansons que nous découvrons ce soir. Le public chante et en redemande sans cesse : Horrorshow, Boys In The Band, Night Of The Hunter, Time For Heroes... Au final, plus de la moitié des titres joués ce soir (25 en tout) sont issus du répertoire des Libertines. Peter Doherty régale sur l'irrésistible What Katie Did et son fameux "shoop, shoop, shoop de-lang-a-lang" puis termine ses deux heures de live avec Don't Look Back Into The SunIl quitte la scène du Vauban sous une ovation à la hauteur de l'excellent concert vécu ce soir. De l'interprétation à l'ambiance, c'était parfait en tout point. Merci frangin, je t'aime !

Jérôme

dimanche 28 juillet 2024

Festival de la Mer 2024

Fait du même bois que le God Save The Kouign et le Binic Folks Blues Festival, le Festival de la Mer (FDLM) c'est : un festival organisé par des passionnés de musique, ici plutôt Rock, Punk Métal et Indé, une jauge à échelle humaine, une très bonne ambiance et un cadre superbe sur la commune de Landunvez (Finistère Nord), en bout de cale...c'est pas compliqué, après c'est la mer ! L'endroit est dingue, aussi bien pour les festivaliers que pour les groupes qui se produisent presque les pieds dans l'eau. Cette année le festival honore sa 20ème édition avec une très belle affiche répartie sur 2 scènes et sur 2 soirées. Pas souvent dispo à cette période, je n'étais encore jamais venu, une vraie anomalie que j'ai pu corriger samedi soir à l'occasion du second jour du festival.


Le temps de faire la route et de me prendre une Coreff, je suis pile poil à l'heure pour le concert des Lullies qui jouent sur la scène Tomahawk, celle qui surplombe le site. J'avais vu le groupe montpelliérain en septembre dernier à l'Echonova de Saint Avé, et j'avais été bien emballé par leur Rock frontal façon Starshooter ou Téléphone 1er album. Il en sera de même ici, malgré quelques petits soucis de son en début de set. Le line up est un brin changé puisque Thibault Sonet, absent, est remplacé par Eva qui n'est autre que la bassiste de Alvilda, le groupe qui jouait juste avant Les Lullies. Belle perf, car comme l'indique Roméo, au chant, en plus d'enchaîner les deux concerts, Eva n'a eu que quelques jours pour s'approprier le set. Fidèles à leur réputation, Les Lullies ont joué sans se poser de question et sans temps mort, j'ai aimé Dernier Soir, Pas De Regrets, Station Service...pour ne citer qu'eux. Le concert fût efficace et court, ce que Didier Wampas, en grand chambreur, ne manquera de souligner à plusieurs reprises quelques minutes plus tard sur la scène Ferrailleurs. Le courant semble être bien passé entre ceux-là, tout comme avec le public.

 

Je suis toujours heureux de retrouver les Wampas en live tant leurs concerts sont à chaque fois des grands moments de plaisirs et de Rock. Là aussi, le line up a bougé puisque Niko Wampas est remplacé à la batterie. Pour le reste c'est du Wampas depuis de longues années maintenant : Didier (guitare et chant), Florian (guitare), Tony (guitare) et Jean-Mi (basse). Autour du roi Didier, les Wampas sont aujourd'hui composés de membres ou ex-membres des Dogs, des Satellites et de Effello & Les Extraterrestres...quand même ! Toujours aussi généreux dans l'effort, Didier va faire le show comme à chaque fois : dans et sur la foule pour Rising, Les Bottes Rouges et , animateur façon école des fans sur Ce Soir C'est Noël, idole des femmes sur Petite Fille et même capitaine de licorne gonflable sur Juste Une Petite Voix qu'il termine dans le port...incroyable ! Dans le public c'est la joie, ça danse et chante, ça slam nonstop et ça pogote sévère... parce que ça envoie sévère ! Drôle et touchant de sincérité, on pardonne tout au roi Didier, de ses provocations à ses oublis sur Rimini et Manu Chao (même lui n'en revenait pas). Les Wampas sont toujours là et toujours au top !


 





 

Entre The Silver Lines et Meltheads, les deux groupes qui se sont succédés après Purrs (que je n'ai pas vu pour cause de repas et de rencontres inopinées) il n'y a pas eu photo à mes yeux et mes oreilles. Les anglais de Silver Lines, sous leurs airs nonchalants ont été une des sensations des dernières Trans Musicales de Rennes. Le groupe emmené par les frères Ravenscroft, jouent un Pop/Rock offensif et très bien fait mais je n'ai pas été captivé plus que ça par la prestation malgré de bons titres tels que Hotel Room ou Cocaïne. Le public lui se plie aux volontés de Dan Ravenscroft, au chant, qui demande circle pit et wall of death...moi je me suis un peu lassé. 


En revanche j'ai été assez épaté par la prestation des belges de Meltheads. Quand ils sont entrés en scène, je me suis demandé si le chanteur Sietse Willems était majeur. Mais sous son air de jeune branleur, le petit blond s'avère être une vraie bête de scène bien énervée. La comparaison avec Iggy Pop est évidente, entre verre de vin et rasade à même la bouteille, la petite tornade ne tient pas en place et se met à grimper aux échafaudages de la scène, se retrouve dans une position plutôt scabreuse mais s'en sort bien au final. Musicalement c'est très bon, un punk-rock mêlé de fusion sous les riffs distordus de Yunas De Proost à la guitare et la session rythmique de Tim Pensaert et Simon De Geus. Très belle découverte que je vous conseille chaudement !



 



Pouvait-on faire pire niveau dégaine que The Silver Lines ? La réponse est oui avec Tramhaus. Je m'étais promis de les revoir au plus vite après leur passage aux Vieilles Charrues l'année dernière. À 2 mois de la sortie de leur premier Lp, les néerlandais gonflent un peu plus leur belle réputation à grands coups de concerts intenses et déroutants. Au premier abord, les 5 membres de Tramhaus ne payent pas de mine. Certains pourraient même rigoler devant la coupe mulet et le déhanché de Lukas Jansen au chant, surtout que le moustachu a l'œil brillant et le sourire facile. C'est là qu'est le traquenard, car sous ses allures de groupe sympa, Tramhaus camoufle une violence à la Nick Cave ou Pixies. Cette ambiguïté est assez irrésistible et le public, un peu moins nombreux à cette heure et un peu fatigué après ces 2 jours, est tout de suite happé par The Goat, Make It Happen ou Once Again. Prestation très convaincante et plus musclée qu'il y a un an, Tramhaus est à mes yeux l'un des groupes les plus excitant du moment.


 


Je pensais venir ici pour passer un bon moment, j'en ai passé un excellent ! La soirée a filé à toute vitesse et la programmation était impeccable. Un grand bravo aux organisateurs, techniciens et bénévoles, tous avaient le sourire, autant que les festivaliers et ça...ça en dit long sur le Festival de la Mer, pas de hasard !

Jérôme